Douze thèses sur la guerre et la paix au Moyen-Orient |
AUTEUR: James Petras Traduit par Maria Poumier |
1. L'invasion de l'Iraq a été le produit d'un effort concerté par les sionistes usaméricains qui occupent des positions stratégiques au Pentagone (la seconde et la troisième dans le commandement), au Conseil National de Sécurité, et au Bureau des Plans Spéciaux (OSP). Paul Wolfowitz, numéro 2 au Pentagone a dessiné le plan d'attaque, Douglas Feith, numéro 3 au Pentagone, a arrangé les données falsifiées sur les armes de destruction massive, et David Frum, un autre sioniste, a rédigé les discours de Bush, y compris son discours sur « l'axe du mal ». Qui plus est, les lobbies juifs puissants - comme on les appelle à juste titre en Israël - ont mobilisé le Congrès par des pressions directes et à travers leur puissante influence dans les médias de masse. Les grandes compagnies pétrolières n'ont pas fait ouvertement campagne pour l'invasion, parce que la guerre était perçue comme un facteur de déstabilisation pour leurs intérêts. Les sionistes usaméricains ont poussé à la guerre pour renforcer la domination d'Israël sur le Moyen-Orient et pour affaiblir l'opposition arabe à sa politique coloniale en Palestine. 2. La principale opposition à l'invasion fut conduite par les forces de gauche extra-parlementaires, parce que les "parlements" au Moyen-Orient sont les chambres d'enregistrement des clients des USA. En Europe les parlements reflètent des forces variées, mais leur opposition à la guerre fut surtout diplomatique et inefficace. L'activité extra-parlementaire a exprimé l'opposition aux politiques génocidaire des USA à grande échelle en Iraq, où 300 000 anciennes recrues militaires ainsi que des policiers furent mis d'office à la retraite, tandis que les forces religieuses tentaient d'instaurer un État musulman indépendant. 3. La force des mouvements mondiaux varie selon l'efficacité de la résistance intérieure en Iraq. Plus d'une douzaine de pays ont retiré leurs forces d'Iraq en raison de leurs pertes et de leur perception selon laquelle les forces d'invasion conduites par les USA ont d'ores et déjà perdu la guerre. Les pertes (morts et blessés) en Iraq, plus de 20 000, a fait monter l'opposition interne de 15% au début de l'invasion à 65% aujourd'hui (juin 2006). Il n'existe pas de mouvements sociaux apolitiques : ils visent principalement l'État, particulièrement l'État impérial, que ce soit lorsqu'ils ils demandent une réforme agraire, des emplois ou la nationalisation de ressources naturelles privatisées. Le grand défi est de parvenir à transformer ces revendications en une lutte pour le pouvoir au sommet, ce qui est un point faible des mouvements sociaux. 4. La conscience libérale en Iraq est surtout un phénomène propre à la classe marchande, à certains intellectuels et surtout à des expatriés vivant aux USA ou en Europe et qui sont rentrés avec l'invasion usaméricaine. Si tant est qu'elle ait jamais existé en Iraq, elle a évolué vers une opposition nationaliste diffuse à l'occupation usaméricaine, même dans le Bazar. Le support principal des expatriés dans la classe politique est l'armée usaméricaine. La société du Moyen Orient, y compris l'Iraq,comporte des nationalistes, des socialistes, des républicains laïques, des mouvements religieux et modérés. Bien des forces fondamentalement laïques-républicaines ont rejoint les mouvements à direction religieuse, à cause des ressources qu'ils contrôlent. On ne peut pas toujours opérer une distinction tranchée et claire. 5. L'invasion usaméricaine de l'Iraq avait rapport avec l'expansion de la puissance israélienne et les intérêts géopolitiques usaméricains. C'est un cas classique de guerre impérialiste contre un mouvement national de libération. Il y a des différences culturelles, mais elles existaient avant l'invasion et continueront d'exister après. D'elles-mêmes, les différences de « cultures » ou de religions ne mènent pas à la guerre. Ce sont les conflits d'intérêt politique, économique et idéologique qui déclenchent les guerres. 6. Les effets à court et à moyen terme de la guerre imperialiste ont donné lieu à un degré formidable d'hostilité à la présence européenne et usaméricaine au Moyen-Orient et aillieurs, qui ne pourra pas être surmontée aisément, surtout avec la « doctrine de la guerre préventive" usaméricaine et l'intervention terroriste étendue au monde entier. 7. Les principaux bénéficiaires de la "guerre contre le terrorisme" sont les Israéliens qui s'emparent de la terre palestinienne, le mouvement sioniste mondial parce qu'il consolide leur "patrie", l'industrie mercenaire multimilliardaire (ce qu'on appelle les "agences de sécurité ») qui reçoit des contrats militaires et exerce le pillage, les industries d'armement et la lumpen-bourgeoisie [1] qui s'empare des ressources de l'État dans les territoires occupés ainsi que de l'aide étrangère pour son enrichissement personnel. 9. La résistance islamique de masse, y compris le combat en Iraq, est perçue comme un mouvement de libération nationale dans la plupart des pays du Tiers Monde. La plupart des opérations paramilitaires en Iraq sont dirigées par les USA et leur régime fantoche, ce qui explique pourquoi on ne parvient jamais à élucider les crimes, ni à punir personne. La plupart des combattants déposeront les armes aussitôt que les USA et les puissances européennes seront forcés de se retirer. Le vote palestinien démocratique en faveur du Hamas et son offre d'un cessez-le feu pour 18 mois malgré le fait de plus d'un millier d'assassinats de civils innocents est une manifestation de la nature démocratique et pacifique de la grande majorité de la population palestinienne, malgré les violentes provocations sans fin, les incursions et les assassinats par les escadrons de la mort et les sections d'assaut [2] israéliens. Le meurtre brutal, ces jours-ci, d'une famille de sept personnes au bord de la mer, les mensonges arrogants dans la couverture de ce crime aussitôt donnée par Israël , et la reprise prévisible par le lobby juif usaméricain des mensonges de Tel Aviv sont caractéristiques d'un véritable réseau de terreur et de duperie. 10. La réponse du monde arabe au 11 septembre a été variable, comme cela a été le cas dans la plus grande partie du Tiers Monde et même en Occident. Bien des gens du Tiers Monde ont interprété le 11 septembre comme le début des guerre de Washington sur le sol usaméricain ; ayant déjà eu à supporter les bombardements et les invasions usaméricains dans leur propre pays, ils ont vu le 11 septembre comme une extension territoriale de conflits en cours. La plus grande partie des classes moyennes et supérieures ont été abasourdies, dans le monde entier, par l'attaque et par les pertes en vies humaines, particulièrement celles qui ont des liens bénéfiques avec les puissances occidentales ; c'est le cas pour les classes éduquées d'Asie, d'Amérique latine et d'Afrique qui s'identifient avec la culture de l'élite occidentale. 11. L'opinion publique occidentale, y compris en Europe et aux USA, est profondément divisée sur l'Iran. Très peu de gens en Europe et aux USA soutiennent l'appel à la guerre du lobby juif, même parmi les officiers militaires usaméricains, les cadres et d'autres catégories. Personne en Europe, même le Premier ministre Tony Blair, ne soutient un boycott total contre l'Iran. La Russie et la Chine défendent la diplomatie. La faction qui pousse à la guerre dans la classe dirigeante des USA est très isolée au plan international et faible au niveau interne à cause de sa désastreuse politique de guerre contre l'Iraq. Cependant l'administration Bush, qui est d'extrême droite, aidée et encouragée par le lobby juif, peut lancer une attaque aérienne sur l'Iran dans un effort risqué pour renforcer temporairement ses chances électorales en novembre 2006. Une guerre provoquerait le meurtre massif de civils iraniens, au-delà des 250 000 déjà assassinés en Iraq, et déclencherait une conflagration générale, particulièrement une riposte à grande échelle de la part des Gardiens de la révolution iraniens, qui pénétreraient en Iraq et d'autres qui pourraient déclencher des attaques militaires contre les installations pétrolières usaméricaines et européennes, ce qui ferait monter les prix du baril de brut au-dessus de 100 dollars, causant une récession mondiale. 12. Avant la République islamique, l'Iran était gouverné par une monarchie despotique dévouée aux USA. L'État policier du Shah était l'un des plus répressifs au monde, et fit torturer et assassiner des dizaines de milliers de gens, jetant 300 000 personnes dans l'exil. C'était un État où les inégalités étaient énormes, par l'effet du pillage de la richesse pétrolière par les compagnies pétrolières occidentales et par les USA. Le Shah était un allié militaire d'Israël et des USA, et chacun soutenait la domination de l'autre. La révolution islamique mit fin à l'exploitation étrangère, fit des distributions de terres, nationalisa l'industrie pétrolière, et introduisit des élections pluralistes, dans des limites étroitement définies par la loi islamique. La mauvaise gestion économique, le retour du capital privé dans les champs pétroliers, la corruption au sein de l'État et la répression des mouvements syndicaux de gauche ont miné une bonne partie des réformes programmées par le régime islamique, mais pas toutes. Le nouveau président a promis de faire des efforts en matière de protection sociale, de défendre l'Iran des prédateurs étrangers et de promouvoir la croissance économique. La question du développement des capacités nucléaires de l'Iran a été soulevée par Washington comme prétexte pour le faire revenir à son ancien statut de fournisseur de pétrole à bon marché. Israël et le lobby juif veulent une attaque militaire afin d'éliminer l'opposition iranienne à leur décision d'annexer la Palestine. NDT :
Par James Petras, juin 2006. English version : http://www.axisoflogic.com/ Traduit de l'anglais par Maria Poumier et révisé par Fausto Giudice, illustration de Juanito Kalvellido ("Il y a des guerres qui tuent"), membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique (www.tlaxcala.es). Cette traduction est en Copyleft. |
samedi 29 mai 2010
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