vendredi 19 février 2010

ONU - IRAK



Iraq : l'ONU enjoint le Conseil de sécurité à ne pas céder à l'impatience

Une femme iraquienne avec une carte électorale.

16 février 2010 – Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Iraq, Ad Melkert, a engagé aujourd'hui le Conseil de sécurité et la communauté internationale à ne pas céder « au scepticisme persistant et à l'impatience » à propos de l'Iraq, alors que les préparatifs des élections du 7 mars se poursuivent.

« Il y a toujours des forces qui tentent d'interférer de manière violente dans le processus de reconstruction et de réconciliation qu'une écrasante majorité de la population iraquienne souhaite voir couronné de succès », a-t-il déclaré.

« La détermination des Iraquiens à résister au retour de ces dangers du passé est réelle et solide, plus solide que les forces odieuses qui sont derrière ces attaques », a-t-il toutefois assuré, soulignant qu' « une attention et un engagement internationaux plus grands sont nécessaires ».

Al Melkert a notamment abordé la question du processus de débaassification (en référence au parti Baas de Saddam Hussein), rappelant que la Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Iraq (MANUI) s'était constamment abstenue d'en juger les résultats. En effet, « au bout du compte, ce qui sera le plus important sera l'acceptation par la population iraquienne des résultats de l'élection ».

Les infrastructures sont en place pour permettre aux 18,9 millions d'Iraquiens de voter dans 48.000 bureaux de vote le 7 mars prochain, et l'ONU joue un rôle actif dans ces préparatifs, notamment en finançant un programme de formation pour 29.000 observateurs locaux. « L'observation du processus électoral a un rôle pivot pour garantir la crédibilité et l'évaluation de l'élection », a-t-il souligné.

Le Représentant spécial a aussi estimé qu'en matière économique, l'Iraq avait besoin de moins de projets et de plus de conseil stratégique. Le pays doit répondre aux normes mondiales de gouvernance et s'attaquer d'urgence aux inégalités sociales, a-t-il dit. De même, la transparence et la lutte contre la corruption dans l'industrie pétrolière auront un impact majeur sur l'avenir de l'économie iraquienne et la confiance des investisseurs.

Dans le cadre de son Plan national de développement, le gouvernement de l'Iraq compte sur un soutien élargi des Nations Unies et l'arrivée au pouvoir d'un nouveau gouvernement après les élections sera l'occasion pour l'ONU d'évoluer de tâches principalement humanitaires vers un rôle de conseil en matière de développement et de réforme politique, a-t-il affirmé.

En outre, Ad Melkert a estimé de la plus haute importance de cimenter la stabilité à long terme de l'Etat fédéral d'Iraq et de la région kurde. « Différents signes de bonne volonté, notamment certains arrangements de sécurité communs, semblent montrer un potentiel de progrès », a-t-il déclaré.

Une autre priorité après les élections sera de travailler à des relations de voisinage constructives entre l'Iraq et le Koweït, a-t-il enfin dit.

jeudi 18 février 2010

comme à Fallujah....

Comme à Fallujah

jeudi 18 février 2010 - 07h:01

Enrico Piovesana


[...] Le capitaine Ryan Sparks, commandant de la compagnie Bravo du 1er Bataillon, 6° régiment Marines, a comparé l’intensité des combats en cours à Marjah à ceux de l’attaque contre Fallujah en Irak, en 2004.
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Terroriser et massacrer des civils, voici les premières missions des forces occidentales d’occupation en Afghanistan...

“C’est comme à Fallujah, sauf qu’ici ils nous tirent dessus de tous les côtés parce que nous n’avançons pas en ligne droite, mais depuis différentes directions”.

Selon les commandements alliés, il y a jusqu’à présent 35 insurgés tués, et 5 pertes civiles seulement. Les talibans ont cependant déclaré n’avoir perdu que 6 hommes (tous les autres seraient des civils), et avoir tué 192 soldats, afghans et étrangers.

Des talibans, un message est arrivé hier pour le président Obama à l’occasion du 21eme anniversaire du retrait des troupes soviétiques d’Afghanistan (15 février 1989) : “Les américains (états-uniens, ndt) devraient comprendre que s’il leur faut 15 mille hommes pour prendre le contrôle d’un seul district, pour prendre possession des 350 districts de l’Afghanistan il leur faudrait plus de 5 millions de soldats.

Les dirigeants de la Maison Blanche tireraient plus de profits à comprendre la leçon de l’histoire plutôt que de se laisser aller à des exhibitions de force : Obama, comme Gorbatchev, doit regarder de façon réaliste la réalité sur le terrain afin de mettre fin à la tyrannie et à la répression à l’égard des afghans, au lieu d’apporter d’autres mésaventures aux USA (...).”

Enrico Piovesana

15 février 2010 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://it.peacereporter.net/articol...

Voir aussi la video : Marjah. La situation des blessés à l’hôpital d’ Emergency a Lashkargah, Helmand

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

mercredi 17 février 2010

Irak - Les cicatrices ouvertes de l’occupation

mercredi 17 février 2010 - 07h:21

UCI


Depuis la montée en puissance de l’offensive américaine en Afghanistan, décidée par Obama au lendemain de son élection à la présidence américaine, c’est ce pays qui paraît avoir remplacé l’Irak au premier rang des champs de bataille de l’impérialisme.

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Des membres de la famille se tiennent debout près du cercueil de Mahomet Ajeel et ses trois fils, massacrés dans une attaque des troupes américaines, dans la ville chiite de Najaf, à 160 kms au sud de Bagdad, le samedi 13 février 2010 - Photo : AP/Alaa al-Marjani

Mais ce n’est pas pour autant que l’occupation impérialiste de l’Irak est encore près de prendre fin, ni l’état de guerre qu’elle y crée, loin s’en faut. Obama a beau devoir son élection, pour une bonne part sans doute, à la promesse d’un retrait rapide des troupes américaines d’Irak qu’il avait faite durant sa campagne, ce retrait n’a pas tardé à se révéler bien moins rapide qu’il l’avait laissé entendre dans ses discours électoraux.

Même à plus long terme, il est encore moins question que le quadrillage militaire de la région par l’impérialisme américain soit allégé. Au contraire, il sortira renforcé de l’occupation irakienne, pour protéger d’encore plus près les intérêts des trusts impérialistes en général, et ceux des trusts américains en particulier, contre la population irakienne et celle des autres pays de la région.

Un retrait en forme d’installation permanente

C’est en février 2009 qu’Obama a formellement annoncé son calendrier pour le retrait des troupes américaines. Mais il n’avait rien en fait de bien nouveau, puisqu’il s’agissait d’une version à peine remaniée du Status of Forces Agreement (SOFA - Accord sur l’état des forces) passé l’année précédente par son prédécesseur George Bush avec le gouvernement irakien.

Ce SOFA remanié prévoyait qu’à partir du 30 juin 2009 les quelque 130 000 soldats américains se replieraient dans leurs bases et cesseraient toute présence dans les villes, sauf « nécessité opérationnelle ». La date du 31 août 2010 était définie comme « fin des opérations de combat », ce qui implique que d’ici là les troupes américaines, toutes reléguées dans leurs bases qu’elles soient, pourront toujours, par exemple, déclencher des opérations offensives là où les généraux le jugeront bon.

Avant cette « fin des opérations de combat », le SOFA prévoyait que le nombre de soldats devrait être progressivement réduit. La version initiale du SOFA parlait d’un « effectif résiduel » de 35 à 50 000, ce qui était déjà bien supérieur à ce qu’avaient laissé entendre les porte-parole du Parti démocrate. Mais en plus, Obama tint à préciser que, sur ce point, la décision serait laissée entièrement à l’appréciation des généraux responsables du théâtre des opérations. Il faut croire que ceux-ci n’envisagent pas un retrait rapide avec trop d’enthousiasme puisqu’un rapport de la commission d’audit du gouvernement américain en date du 2 novembre 2009 indique que, finalement, cet effectif résiduel sera de 50 000 hommes.

Reste à savoir à quoi ces 50 000 hommes, qui ne seront donc plus censés participer à des opérations de combat, pourront bien servir. En théorie, ils seront là exclusivement pour remplir des tâches logistiques et d’entraînement auprès de l’armée et de la police irakiennes. Mais en fait, là aussi, tout est laissé à l’appréciation des généraux, y compris la possibilité que ces hommes soient quand même, après tout, équipés pour le combat, pour le cas où.

Finalement le SOFA prévoyait que cet « effectif résiduel » devrait définitivement quitter le pays au 31 décembre 2011 - c’est-à-dire exactement à la date qu’avait déjà choisie George Bush en 2008 ! Bien que le SOFA reste beaucoup plus flou sur ces points, selon le département de la Défense, à cette date, les 295 bases militaires américaines en Irak devraient être fermées ou remises à l’armée irakienne, tout l’armement stocké devrait avoir été rapatrié ou neutralisé, et la totalité des quelque 115 000 mercenaires et employés civils qu’il emploie sur le terrain devrait avoir quitté le pays.

Mais il y a tout lieu de douter que tel soit réellement l’avenir que prépare Obama. En mars, par exemple, la chaîne de télévision NBC rapporta que des officiers supérieurs américains étaient en pourparlers avec les autorités provinciales kurdes (dans le nord-est du pays) en vue de la construction d’une base aérienne américaine permanente sur leur territoire. La même chaîne cita également des conseillers militaires d’Obama prédisant que les États-Unis conserveraient une présence militaire en Irak pendant quinze à vingt ans et soulignant que le SOFA pouvait toujours être renégocié en cas de besoin.

D’ailleurs, même tel qu’il est, le SOFA comporte des clauses qui n’ont de sens que dans l’hypothèse où resterait sur le sol irakien aussi bien du personnel civil que militaire. En particulier, il prévoit que, contrairement à la situation actuelle, les militaires et employés sous-traitants de l’armée américaine seront sujets à la loi irakienne, mais dans le cadre de procédures spéciales, permettant la « collaboration » des autorités policières et judiciaires des deux pays. D’ores et déjà des antennes du FBI ont été mises en place en Irak pour mettre en place ces procédures. Pourquoi faudrait-il que soient définies de telles procédures si le retrait américain devait être aussi complet qu’Obama le dit ?

De toute façon, il ne manque pas de déclarations émanant aussi bien des hautes sphères militaires américaines que de l’entourage d’Obama pour indiquer qu’effectivement, après le 31 décembre 2011, l’armée américaine maintiendra une présence importante en Irak. D’abord parce qu’elle aura des « conseillers » auprès des forces de répression irakiennes, sous prétexte d’aider à leur formation, à l’instar de ce qui se fait dans tous les pays appartenant au pré carré de l’impérialisme américain. Ensuite, comme, selon les experts militaires, l’armée irakienne n’aura pas la technicité nécessaire pour se doter de ses propres forces aériennes, ni d’artillerie lourde avant 2015 au moins, il faudra lui adjoindre des unités opérationnelles avec leur armement et leur personnel (car il n’est pas question pour Washington que des soldats américains servent sous commandement irakien !). Tout cela pourra être dûment coordonné à partir du colossal bunker que se sont construit les États-Unis à Bagdad, leur ambassade, qui est la plus importante de la planète et qu’il n’est pas question de démanteler !

Et puis, comme le disaient les conseillers d’Obama mentionnés plus haut, rien n’empêche le SOFA d’être renégocié plus tard, pour régler des « détails » tels que la mise en place de bases militaires permanentes, par exemple. Simplement, le moment n’est pas très bien choisi pour l’instant : ni pour Obama, qui n’a pas forcément envie de dévoiler ses plans trop tôt alors qu’il doit déjà faire avaler bien des couleuvres à son opinion publique, ni surtout pour le gouvernement irakien qui doit faire face à une période qui pourrait se révéler très délicate d’ici aux élections prévues pour le 7 mars prochain.

En attendant, même avec un effectif militaire notablement réduit en Irak, l’armée américaine restera une menace permanente pour la population irakienne. Car depuis la première guerre du Golfe, et surtout depuis 2001, Washington a déversé des milliards dans les émirats du Golfe tout proches, pour y établir une solide présence militaire. Tout récemment, le général Petraeus, responsable du Centcom, le commandement central de l’armée américaine, expliquait que « nous travaillons à la mise en place d’un réseau intégré de défense aérienne et de missiles pour le Golfe » grâce « aux bases et installations portuaires d’une importance critique que Bahrein, le Koweit, le Qatar, les Émirats arabes unis et d’autres fournissent aux forces américaines ». Et effectivement, en plus de la flotte américaine qui patrouille en permanence dans cette partie du monde, chacun de ces pays accueille des bases avec, par exemple, un effectif permanent de 15 000 au Koweit et de 3 000 à Bahrein.

Les vautours se placent pour la curée

La fin de l’occupation sous sa forme actuelle et son remplacement par une situation plus stable, avec une présence américaine plus permanente mais plus discrète, s’appuyant sur des forces de répression locales nombreuses (les polices et l’armée irakiennes totalisent environ 600 000 hommes), qui pourraient garantir le maintien de l’ordre autour des champs pétroliers et dans les grands centres du pays, commencent à ouvrir aux trusts impérialistes des perspectives qu’ils attendaient depuis longtemps.

C’est ce que l’on a vu, par exemple, lors de la foire organisée à Bagdad en novembre dernier, à laquelle quatre cents entreprises étrangères, dont quarante françaises, ont participé dans l’espoir de capter une part du marché irakien, le tout au milieu d’une débauche de contrôles policiers dans les rues de la capitale, et sous une nuée d’hélicoptères de combat veillant au grain. À l’occasion, la société française Aéroports de Paris a paraît-il décroché le contrat pour la conception d’un nouvel aéroport international en Irak.

Plus significative encore a été la dizaine de contrats préliminaires adjugés par le gouvernement irakien à autant de consortiums de compagnies pétrolières depuis juillet dernier.

Jusqu’à présent, les trusts pétroliers ne voulaient entendre parler que de contrats de « partage de production », où ils conserveraient le pétrole produit et la maîtrise du niveau de production, moyennant des royalties payées à l’État, ce qui leur permettrait, en particulier, de jouer sur les fluctuations des prix du pétrole. Les autorités d’occupation avaient bien multiplié les pressions sur le gouvernement irakien pour qu’il concocte une loi en faveur de cette option. Mais cette loi, très impopulaire, devint un tel enjeu dans les rivalités politiques entre factions irakiennes qu’elle ne fut jamais finalisée.

Les contrats mis aux enchères à partir de juillet 2009 ont donc été des contrats de services, moins lucratifs, où les trusts pétroliers agissent en sous-traitants de l’État dans la gestion et la maintenance des gisements. Ils s’engagent à remettre en état des gisements existants dont la production est tombée quasiment à néant, et à faire monter cette production à un certain niveau à une échéance donnée. Pour signer ces contrats, les acquéreurs doivent payer des primes de signature d’un montant de 100 à 150 millions de dollars. Après quoi, l’État leur rembourse la totalité des frais de remise en état et leur paie une somme donnée pour chaque baril de pétrole qu’ils produisent pour son compte.

Les postulants n’ont finalement pas manqué pourtant. Ils ont sans doute rechigné, estimant que la prime de signature était trop salée et que le prix payé au baril était trop bas, mais ils ont fini par baisser leurs prétentions. Un fait notable est que, sur la trentaine de compagnies pétrolières participant à ces consortiums, on compte seulement deux majors américaines (ExxonMobil et Occidental Petroleum), les deux principales compagnies anglaises (BP et Shell), ainsi que Total pour la France. Les autres compagnies viennent d’Italie, de Chine, de Malaisie, du Brésil, du Vietnam, etc., bref, de pays n’ayant pas participé à l’occupation de l’Irak. C’est qu’en fait tout cela apparaît comme une espèce de jeu un peu symbolique. D’une part parce que, en principe, ces contrats devraient d’abord, aux termes de la Constitution de 2005, recevoir l’assentiment non seulement du Parlement irakien, mais aussi des assemblées des provinces concernées.

Or il n’est pas dit que cet accord soit donné, ni par le premier ni par les secondes, et de plus, le Parlement irakien sera renouvelé en mars et nul ne peut être certain de sa nouvelle composition. D’autre part - et des poursuites ont déjà été intentées à ce sujet par des politiciens d’opposition - dans l’état actuel de la loi, les contrats d’exploitation de gisements existants doivent être attribués à des sociétés irakiennes, et en particulier aux deux compagnies pétrolières d’État existantes. Seuls les gisements non encore exploités peuvent, d’après la législation, être concédés en exploitation à des entreprises étrangères. Bref, le gouvernement du Premier ministre Maliki semble nager dans la plus complète illégalité. Et en plus, la mise en œuvre de ces contrats pose encore dans la plupart des cas des problèmes de sécurité insolubles, comme par exemple en raison des attentats incessants qui continuent à paralyser pendant des semaines entières le pipe-line reliant l’Irak à la Turquie.

Autant dire que, même si ces contrats préliminaires sont effectivement signés, ils risquent de ne valoir guère plus que le papier sur lequel ils sont rédigés. Néanmoins, pour les compagnies cherchant à se tailler une part du pétrole irakien, ces enchères constituent sans doute une façon de se placer, par avance, en préparation du jour où les choses deviendront sérieuses, c’est-à-dire quand la loi sur le pétrole aura finalement été adoptée et qu’elles pourront avoir accès aux contrats de partage de production sur les gisements non exploités auxquels elles aspirent. Elles savent, et cela vaut aussi pour BP et Shell malgré la participation de la Grande-Bretagne à l’occupation, qu’elles auront à faire face à la concurrence redoutable des majors américaines et qu’elles ont intérêt à mettre par avance un pied dans la place.

Car si les majors américaines, elles, ne se sont pas précipitées en masse, c’est qu’elles sont déjà installées à la mangeoire, grâce au poids de Washington et, sans aucun doute, à des appuis haut placés dans la classe politique irakienne. Et puis elles peuvent compter sur les dignitaires américains de l’occupation qui se sont recyclés dans le pétrole, comme l’ancien chef de l’autorité d’occupation, Jay Garner, devenu conseiller de la compagnie canadienne Vast Exploitation, exploitante de gisements dans le Kurdistan irakien ; ou encore Zalmay Khalilzad qui, après avoir été consultant chez Unocal et ambassadeur de Bush en Irak et en Afghanistan, a créé sa propre firme de consultants dans le pétrole, installée à Irbil, dans le Kurdistan irakien.

Une « normalisation » dans la guerre des factions ? Nombre de responsables politiques américains et britanniques ont parlé ces derniers temps, non sans un cynisme certain, d’un début de « normalisation » en Irak, citant en particulier la diminution du nombre des victimes parmi les troupes américaines et du nombre des explosions. Comme si cette diminution prouvait quoi que ce soit puisque les soldats américains, désormais cantonnés dans leurs bases, n’ont plus l’occasion de servir de cibles aux groupes armés irakiens !

En revanche, il serait difficile d’user du même argument en s’appuyant sur les attentats contre la population irakienne. Ainsi, en novembre 2009, un article de Radio Free Europe notait qu’en septembre 2009 le chiffre officiel des victimes civiles était descendu à son plus bas niveau depuis l’invasion américaine. Le chiffre qu’il citait était de 125 victimes, un chiffre « normal ». Mais le même article corrigeait aussitôt cette remarque en ajoutant que le chiffre des victimes d’octobre, qui était de 343, était plus élevé que celui d’octobre 2008. Autrement dit la population paie plus que jamais de son sang le chaos politique créé par l’occupation.

En fait, depuis l’été dernier, on a assisté à une recrudescence des attentats suicides en Irak en général, et dans la capitale en particulier. Mais alors que, dans la première partie de l’année, les attentats avaient en général le même caractère aveugle et confessionnel que les années précédentes, depuis le mois d’août les attentats les plus importants par le nombre des victimes et les moyens mis en œuvre ont tous présenté les mêmes caractéristiques : ils ont consisté en une série de plusieurs explosions simultanées, toujours dans la « zone verte » (la zone la plus strictement protégée de Bagdad où se trouvent ministères et ambassades), visant des ministères importants ou leurs annexes et faisant de cent à cent cinquante morts et plusieurs centaines de blessés.

Le gouvernement Maliki et les partis qui lui sont liés ont eu vite fait de blâmer soit Al Qaïda, soit la main de l’Iran, soit encore, dans le cas de Maliki, le parti Baath en exil à Damas (au point de rompre les relations diplomatiques entre l’Irak et la Syrie !). Mais il était clair que tout le monde était pris de court par ces attentats non revendiqués, utilisant des moyens logistiques importants, et dont l’objectif évident était de prouver la faiblesse d’un gouvernement qui se montrait incapable d’assurer la sécurité dans son propre bastion.

Et il est bien possible en fait qu’en fin de compte ce soit Maliki qui se soit approché le plus près de la vérité lorsqu’après l’attentat du 15 décembre, qui fit 112 morts, il accusa des groupes clandestins « infiltrés » dans les forces de police d’avoir été les auteurs de ces attentats.

Ce qui paraît certain, c’est que les auteurs de ces attentats préparaient, à leur façon, les élections de mars prochain, en tentant de torpiller l’image que s’est créée Maliki, dont la liste semble la mieux placée pour remporter cette élection. Cette image, c’est celle d’un homme qui se targue d’avoir rétabli l’ordre en imposant la loi de la police et de l’armée irakiennes dans les deux principaux bastions des milices chiites radicales qu’étaient Bassorah, la capitale du Sud, et Sadr City, le plus grand bidonville de Bagdad, où vit un tiers de la population de la capitale.

C’est en 2008 que cette mise au pas fut réalisée, au moyen d’opérations conjointes menées par l’armée irakienne, l’armée américaine et des milices supplétives sunnites connues sous le nom de « conseils du réveil », formées d’anciens membres des groupes armés sunnites que les autorités américaines avaient recrutés en leur offrant l’amnistie et une solde régulière. Confrontées à des forces supérieures en nombre, en organisation et en armement, les milices chiites radicales durent se fondre dans la population et laisser le contrôle de la rue à la police.

Maliki, dont le parti, Dawa (parti religieux chiite), avait entre-temps quitté la grande coalition des partis chiites qui avait remporté les élections de 2005, constitua alors sa propre liste lors des élections provinciales de janvier 2009. Et grâce au crédit acquis face aux milices radicales, sa liste arriva en première position dans neuf provinces sur les quatorze où se déroulaient des élections, y compris à Bassorah et à Bagdad, les deux principales villes du pays, où elle obtint la majorité des sièges. Dans ces élections, il y eut deux grands perdants : d’une part ISCI (Conseil islamique suprême d’Irak), le parti religieux qui faisait figure de principale force politique chiite jusque-là, qui perdit huit des onze provinces qu’il contrôlait auparavant ; et d’autre part les deux principaux courants chiites radicaux, qui furent complètement marginalisés (sur le plan électoral, car sur le terrain, ils restent les principales forces politiques dans les quartiers chiites pauvres de Bagdad et de Bassorah, en particulier parmi les réfugiés de l’intérieur).

Un régime vulnérable

Maliki comptait bien rééditer le même tour de force lors des élections de mars prochain. Il a tout fait pour ça, en constituant une coalition de partis qui se présente comme « séculière » sous le label de « coalition pour un État de droit », label qui constitue en fait l’essentiel de son programme. Le terme de « séculière » ne doit pas tromper néanmoins. Cinq des six principales coalitions qui se présentent aux élections de mars se disent « séculières », tout simplement parce que se référer à la religion sur le terrain politique rappelle à un nombre croissant d’électeurs les affrontements entre chiites et sunnites qui ont ensanglanté les années passées. Mais dans les faits, par exemple, les autorités provinciales « séculières » élues sur les listes de Maliki se sont fait remarquer en interdisant aux femmes d’assister aux délibérations de l’assemblée provinciale sans être accompagnées d’un parent de sexe masculin, dans la province de Wasit (au sud, près de la frontière iranienne), ou encore en décrétant la fermeture des magasins vendant des boissons alcoolisées à Bagdad !

Il ne manque pas de factions qui auraient de bonnes raisons de vouloir ainsi torpiller Maliki et qui en auraient les moyens logistiques. L’une d’entre elles est le parti chiite ISCI qui, s’il perd autant de terrain aux élections de mars qu’il en a perdu aux élections provinciales, risque de perdre par la même occasion son bastion du ministère de l’Intérieur où l’ont installé les autorités américaines dès le premier gouvernement provisoire mis en place au lendemain du renversement de Saddam Hussein. Or c’est à cette position qu’ISCI doit une bonne partie de son influence dans la police, où il a placé des membres de sa milice dans la plupart des postes clés.

Il y a aussi les milices sunnites des « conseils du réveil » qui ont des comptes à régler avec Maliki. Après avoir été utilisées en première ligne contre les chiites radicaux, elles n’ont guère été remerciées pour leurs services. Dès que les autorités américaines ont transféré la responsabilité de ces milices à Maliki, en septembre 2008, avec pour mission de les intégrer dans la police, la première mesure que celui-ci a prise a été de réduire leur solde de moitié. Et à ce jour, seuls 5 % de ces milices ont été intégrés dans la police. Des miliciens restants, une bonne partie ont déserté, mais il en reste 45 000 qui servent de supplétifs à la police dans les coups les plus tordus, et qui ne doivent pas manquer de rancœur à l’encontre du régime.

Enfin, il y a les victimes des « coups d’éclat » sécuritaires de Maliki, en particulier les miliciens de l’armée du Mahdi qui ont eu depuis longtemps pour politique de créer des noyaux de sympathisants dans la police et dans l’armée, en particulier pour se procurer des armes, et qui ont donc certainement les motivations et probablement les moyens de se livrer à de tels attentats pour affaiblir Maliki.

Mais même si Maliki parvient à passer le cap des élections de mars en conservant le pouvoir, il lui restera à faire face à des forces centrifuges qui depuis longtemps ont contribué au chaos politique en Irak, et qui pourraient trouver avantage à tenter leur chance.

À l’occasion de l’élaboration de la loi électorale réglementant l’élection de mars, de violentes dissensions sont revenues à la surface autour de la question de Kirkouk. La province de Kirkouk est depuis toujours revendiquée par les partis kurdes comme devant être intégrée à la province autonome du Kurdistan. Cette question avait été envisagée dans la Constitution de 2005 et une procédure comportant un référendum définie. Mais Bagdad n’a jamais voulu prendre le risque de l’organiser et cela d’autant moins que Kirkouk est, avec la région de Bassorah, celle qui comporte les plus riches réserves pétrolifères inexploitées. C’est aussi la raison pour laquelle les nationalistes kurdes en revendiquent l’annexion. Jusqu’à présent le gouvernement régional du Kurdistan a exploité dans son coin, sans rendre de comptes à Bagdad, des gisements pétrolifères d’importance moyenne. Mais si Bagdad se met à attribuer des contrats d’exploitation à des compagnies étrangères, les partis kurdes ont toutes les raisons de craindre que cela soit le cas pour ceux de Kirkouk et il leur sera alors beaucoup plus difficile de remettre la main sur cette province. D’où l’urgence pour eux de passer en force, si nécessaire, avant qu’il soit trop tard.

Symétriquement, contrairement à son rival Dawa, le parti chiite ISCI a toujours été favorable à la création d’une super-région chiite dans le sud de l’Irak, où se trouve l’essentiel de sa base traditionnelle, super-région qui ferait pendant au Kurdistan et engloberait alors plus de la moitié des réserves en pétrole du pays. Tant qu’ISCI occupait une position clé dans les allées du pouvoir à Bagdad, il n’avait pas forcément intérêt à jouer sur le régionalisme des chiites du Sud irakien. Mais si ISCI en vient à perdre cette position, cela pourrait changer et constituer un facteur d’instabilité de plus pour Bagdad.

Les cicatrices ouvertes de l’occupation

Visitant Bagdad peu après l’offensive contre les radicaux chiites, le journaliste américain Nir Rosen, opposant de toujours à l’occupation américaine en Irak, donne un aperçu de la vie de la population qui se passe de commentaire : « Il y a moins de monde qui meurt aujourd’hui parce qu’il reste moins de monde à tuer. Sunnites et chiites habitent maintenant des enclaves séparées par des murs, dirigées par des chefs de gangs et des miliciens, qui ont consolidé leur pouvoir après que les quartiers mixtes ont été nettoyés sur une base ethnique. Depuis avril 2007, les forces américaines ont érigé une série de murs en béton et de postes de contrôle au travers de la ville. (...) Bien que ces murs puissent avoir contribué à amortir la violence entre sectes religieuses, on peut penser qu’ils l’ont aussi exacerbée, en isolant les Irakiens de leurs voisins et en les rendant dépendants de milices comme l’armée du Mahdi pour leur ravitaillement et leur protection. (...)

Dans le centre de Bagdad, le quartier Washash, en majorité chiite, vit dans la misère. (...) Ses rues non pavées sont recouvertes de détritus, les câbles électriques pendent des toits en se croisant comme de vieilles toiles d’araignée. Les hommes de l’armée du Mahdi de Washash, dont la brutalité est de notoriété publique même parmi les sadristes, utilisaient ce quartier comme base pour organiser des attaques contre les militants sunnites (...) et le quartier fut parmi les premières enclaves chiites à être enfermées dans des murs de béton. Il n’y a qu’une seule entrée pour les voitures, gardée par des soldats irakiens. Ailleurs, il y a quelques entrées où les piétons peuvent pénétrer, un par un. Pratiquement tous les sunnites qui vivaient à Washash ont été contraints de partir ou ont été assassinés par l’armée du Mahdi. »

Depuis, le « nettoyage » de ces quartiers de Bagdad par Maliki a peut-être restauré l’État de droit, sous la forme d’une présence policière permanente et en contraignant les miliciens radicaux chiites à agir plus discrètement. Mais il n’a pas fait disparaître la brutalité des milices (pas plus que celle de la police, d’ailleurs, qui est notoire), ni le règne des chefs de gangs. Pas plus qu’il n’a fait disparaître le fossé creusé entre communautés par les violences passées des milices.

On estime que la combinaison des violences inter-religieuses, des destructions de l’occupation et de l’aggravation de la misère qui en a résulté, a créé 2,7 millions de déplacés intérieurs en Irak, auxquels viennent s’ajouter deux millions d’émigrants qui se sont réfugiés hors des frontières du pays, soit environ 15 % de la population. Sur ce total, on estime que seulement 300 000 personnes sont revenues de cet exil forcé à leur point de départ. C’est dire que, pour toute une partie de la population, la situation reste toujours aussi intolérable, sans même parler de « normalisation ».

Le retrait des troupes américaines, si et quand il aura lieu, ne changera rien aux conséquences catastrophiques pour la population irakienne de cette invasion criminelle et des années d’occupation, de souffrance et de guerre civile plus ou moins ouverte qu’elle a entraînées. Que ce soit sur le plan matériel, social ou politique, l’invasion aura ramené le pays des décennies en arrière. Et ce ne sont pas les nombreuses factions rivales, toutes aussi bigotes, réactionnaires et corrompues, que l’impérialisme a fait surgir, voire qu’il a poussées vers le pouvoir, qui y changeront quoi que ce soit !

4 janvier 2010 - Union Communiste Internationaliste - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.union-communiste.org/?FR...

mardi 16 février 2010

critiques du livre "nettoyage culturel en Irak"


Samir Amin

Les témoignages réunis dans cet ouvrage sont de la plus haute importance. Les faits, les violations des conventions internationales, des droits humains et de ceux des peuples et des nations sont indiscutables. La responsabilité des autorités d’occupation de l’Iraq et de leurs agents d’exécution locaux est incontestable. Il ne s’agit pas de « bavures », ou, comme avait osé le dire Madeleine Albright, du « prix à payer » pour l’établissement de la démocratie !

Il s’agit de la mise en œuvre systématique, organisée, d’une stratégie politique dont l’objectif est la destruction du peuple et de la nation irakienne. Elle n’est pas nouvelle. Robert Mac Nanamara (nommé par la suite Président de la Banque Mondiale !) ne s’était-il pas assigner l’objectif de « ramener le Viet Nam à l’âge de pierre » ? Et l’utilisation de l’Agent orange – arme chimique en principe « interdite » - n’en a-t-il pas été l’un des moyens ? L’adversaire en Iraq n’était pas Saddam Hussein (des armes chimiques lui ont été livrées par les Etats Unis quand la guerre contre l’Iran qu’il menait servait les intérêts de Washington), mais la nation irakienne. Qui veut la détruire et pourquoi ? L’impérialisme est le nom de l’adversaire. Il ne s’agit pas là de la « dérive » d’une stratégie politique de grande puissance. Cette « dérive » est le moyen – le seul en dernier ressort – indispensable pour permettre aux oligopoles du capitalisme dominant aux Etats Unis mais aussi en Europe et au Japon, (leurs alliés) de prélever leur rente impérialiste. Celle-ci implique que l’accès aux ressources naturelles de la planète soit réservée exclusivement aux sociétés du Nord (devenant de ce fait les « peuples » élus » qui ont plus droit à vivre sur Terre que tous les autres !). Et cela exige la destruction systématique des capacités de résistance de tous les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine (une « minorité » qui réunit 80% de la population de la Planète !). L’impérialisme a toujours nourri une haine féroce de tous les régimes qui ont refusé la soumission. Que cela soit au nom du socialisme (URSS, Chine, Viet Nam, Cuba) ou simplement de l’indépendance nationale (Nasser et autres). Le discours mobilisé à cet effet par les puissances impérialistes doit masquer son objectif véritable derrière la fumée de sa rhétorique concernant la « démocratie ». On reprochera donc à Saddam Hussein d’avoir massacré ses opposants (ce qui est vrai), à Robert Mugabe d’être un « vieillard autocrate » (ce qui est également plausible). On ne dira jamais que le véritable crime qu’on reproche au premier est d’avoir engagé l’Iraq dans une modernisation industrielle et scientifique jugée « dangereuse », au second l’indispensable réforme agraire. Combat de l’Occident civilisé pour l’exportation de la « démocratie » (le « devoir d’intervention » !) ? Mon œil. Le crime commis par Pinochet le 11 Septembre (1973) n’a pas été seulement « excusé » ; son auteur en a même été félicité par Henry Kissinger. La rhétorique de la « guerre des cultures » est le rideau de fumée derrière lequel se masquent les avancées les forces militaires d’intervention contre les nations du Sud. Elle nourrit en l’occurrence l’islamophobie. Mais elle alimente tout autant aujourd’hui le discours sur le nouveau « péril jaune » promu par ceux que l’éveil de la Chine inquiète. Non, l’exemple de l’Iraq, magnifiquement illustré par les témoignages réunis dans cet ouvrage, appelle à une autre conclusion : que la véritable « guerre des cultures » en cours oppose d’une part la « culture » du capitalisme des oligopoles impérialistes, l’ennemi de l’humanité entière, et d’autre part celle de l’humanisme, respectueux des droits égaux de tous les peuples. Le conflit Nord/Sud illustré par l’occupation militaire de l’Iraq et le conflit qui oppose la barbarie inhérente à la domination impérialiste au projet d’un « autre monde, meilleur » sont indissociables. L’intervention dans les affaires intérieures des pays du Sud, a fortiori l’intervention militaire – quels qu’en soient les prétextes –, ne servira jamais d’autres objectifs que ceux que la défense de la rente impérialiste impose ; elle ne peut se draper du manteau de la « guerre juste ». L’intervention criminelle des forces armées des Etats Unis et de leurs alliés européens subalternes de l’Otan en Iraq -ou ailleurs- n’a d’autre objectif que la destruction des nations et des peuples concernés ; elle doit être condamnée sans réserves. L’Iraq n’a pas été attaqué parce qu’elle possédait des armes de destruction massive, mais parce qu’elle n’en possédait pas. La leçon est à retenir. Les pays du Sud ont le devoir de développer les capacités militaires nécessaires pour mettre en déroute le contrôle militaire de la Planète par les forces armées des Etats Unis et de leurs alliés subalternes de l’Otan.

Hans von Sponeck

Pourquoi des musées ont-ils été dépouillés, des bibliothèques incendiées et des universitaires assassinés?

CULTURAL CLEANSING IN IRAQ

Combien un peuple peut-il supporter? L'ancien secrétaire général adjoint des Nations unies et coordinateur du programme humanitaire des Nations Unis en Irak. Hans von Sponeck a joint le programme de développement de l'ONU en 1968. Il a travaillé au Ghana, en Turquie, au Botswana, au Pakistan et en Inde. Ensuite, il est devenu directeur du Service européen à Genève. Il a succédé Denis Halliday dans sa fonction en octobre 1998, et est dès lors en charge des opérations humanitaires pour l'ONU. Son effectif international inclut 500 personnes, ainsi que 1000 employés irakiens. Hans von Sponeck a démissioné en février 2000, pour protester contre la politique internationale menée contre l'Irak, y compris les sanctions. À Baghdad, tout le monde connaissais Mohammed Hikmet Ghani. A l'époque, on voyait ses sculptures partout dans la ville. Elles rappelaient la richesse de l'histoire et de la culture mésopotamiennes. Certes, l'Irak a connu des jours bien meilleurs. Muni de très peu de matériaux, Ghani mettait tout en œuvre pour transformer ses idées artistiques en forme physique. Tout ce qu'il a produit au cours de ces années, reflétait la souffrance du peuple Irakien, forcé de subir des sanctions et la dictature. Juste avant que les EU et le Royaume-Uni ont envahi et occupé l'Irak en 2003, il avait complété une première moule de figurines, des femmes rassemblées en cercle qui fixaient une boîte placée devant elles. “Elles aimeraient savoir ce qui se trouve dans la boîte, quel destin leur attend. Mais elles n'ont pas la clé pour ouvrir la boîte,” le sculpteur célèbre explique. L'artiste et le peuple ont espéré avidement que la période de sanctions, qui avait durée 13 ans, se terminerait. Au lieu de cela, ils ont dû faire face à une dévastation et à des attaques d'une férocité à peine imaginable. À ce jour, beaucoup parmi eux sont morts, et l'artiste vit comme un réfugié à Amman. Les proportions de la tragédie humaine, résultante de l'attaque illégale en Irak en mars 2003 et de l'occupation qui l'a suivie, deviennent de plus en plus apparentes. Il reste encore beaucoup à en découvrir. Pour les crimes, il faut trouver une cour de justice. Entre-temps, les coffres remplis de preuves s'empilent. Le livre Nettoyage Culturel en Irak (Cultural Cleansing), a été récemment publié et témoigne de l'ampleur de la destruction que le patrimoine irakien a souffert et de l'assassinat massif des universitaires du pays. Ces événements ont ajouté un nouveau chapitre horrible à l'histoire irakienne d'après-guerre. Dans la publication douze experts, parmi lesquels des Irakiens ainsi que des non-Irakiens, ont aidé à mieux percevoir l'immensité des crimes contre l'humanité dont beaucoup, mais surtout l'occupation des EU et du RU, doivent être tenus responsables. Nettoyage Culturel en Irak montre de façon convaincante comment une culture unie s'est fortement dégradée lors de l'occupation et qu'une nouvelle structure sectaire et hostile a pu se développer. L'autorisation provisoire de la coalition américaine (APC) a fait preuve d'une détermination extraordinaire pour implémenter un nettoyage institutionnel et structurel. Les auteurs concluent que des projets systématiques étaient mis en place pour “vider l'Irak de son cerveau”. Les auteurs fournissent des faits et des preuves circonstancielles et réfèrent à une “génocide par d'autres moyens” et à “l'anéantissement historique”. Des escadrons de la mort dans les rues et dans des centres de détention, ont assassiné des milliers de médecins, de scientifiques et de professionnels, des hommes comme des femmes. Le BRussells Tribunal a compilé une liste avec 432 noms d'universitaires irakiens et 343 professionnels actifs dans les médias, tous assassinés entre 2003 et 2009. Il s'agit d'assassinats qui n'ont pas été commis par des partisans, ni par des sectes et ils pourraient être plus nombreux que ce qu'on raconte au lecteur. Jusqu'à présent, les preuves directes prouvant la culpabilité des EU semblent être peu nombreux. Cependant, les preuves se manifestent sous la forme de l'intervention continue en Irak par des groupes externes depuis l'invasion. Parmi ces groupes se trouvent des forces pro-Iraniennes, des services secrets des forces occupantes, ou des pays voisins et autres, ainsi que de l'Orient-Moyen, comme par exemple Mossad, des bandes criminelles et autres. Les forces de l'occupation ont utilisé de sites historiques comme Babylon, Ur et Samarra pour des fins militaires et ils ont refusé de protéger des sites qui contribuent à la fierté nationale et à la mémoire historique, comme le musée de l'antiquité dans la capitale, et la bibliothèque nationale, alors qu'ils assuraient la sécurité des ministères du pétrole et de l'intérieur. En ce faisant, elles ont délibérément ignoré leurs responsabilités et leurs devoirs, imposés par la législation internationale, selon les auteurs. Les auteurs allèguent que l'attaque n'a jamais eu pour but de rendre la société libre et démocratique. Ils rejettent également l'idée que l'assassinat des penseurs et la destruction de l'héritage Irakien sont dus à la naïveté ou à l'incompétence des autorités civiles américaines. Ce qui s'en est découlé n'est pas un empilement 'infortunes imprévisibles et isolés. Les vols et les assassinats ont eu lieu sous le regard bienveillant des soldats de l'occupation. Le monde entier sait qu'il y a plus. Les photos horribles de la prison d'Abu Ghraib, près d'al Fallujah -un autre lieu de carnage- sont imprimées dans l'esprit des victimes et des téléspectateurs dans le monde entier. L'excuse de dommages collatéraux ne tient pas la route. De plus, une culture d'impunité s'est installée au niveau des pertes irakiennes et personnelle et des richesses nationales. Ils considèrent qu'il est malicieux de blâmer la situation des gens désespérés plutôt que la force de l'occupation pour les pillage des artefacts. Aucun auteur ne prétend que seulement les envahisseurs sont directement ou indirectement responsables. Ils disent que le nettoyage de la culture et de l'esprit irakiens ainsi que la destruction de la structure sociale de la nation, est le résultat d'une guerre illégale. Les responsables ne seront certainement pas d'accord. Ils ont peu de chances d'obtenir leur raison. Le livre est une bonne introduction au nettoyage culturel en Irak, ce que d'autres préfèrent appeler une génocide culturelle. Les auteurs trouvent tous que leur œuvre doit être le début d'une nouvelle poussée d'études pour enregistrer l'hisoire, pour que le public connaisse la situation et pour que les responsables soient poursuivis. Hans-C. von Sponeck *

Cultural Cleansing in Iraq, Why Museums were Looted, Libraries burned and Academics murdered, Edited by R.W. Baker, Shereen T. Ismael and Tareq Ismael, Pluto Press, London, 2010

répéter le massacre de Falloujah ?

Afghanistan : répéter le massacre de Falloujah ?

mardi 16 février 2010 - 06h:08

Bill Van Auken - WSWS


Au moment où les troupes américaines et britanniques se préparent à attaquer la ville de Marjah dans la province du Helmand en Afghanistan, les commandants militaires et les médias comparent ouvertement cette opération au siège de la ville irakienne de Fallujah en novembre 2004. Ce fut l’un des crimes de guerre les plus sanglants de la guerre en Irak.

[Depuis le début de l’année, 3 soldats français ont été tués par la résistance afghane. Ces décès portent à 40 les pertes en vies humaines pour les troupes françaises d’occupation dans ce pays depuis 2001.]

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Les zombies décérébrés des troupes d’occupation, surarmés et bourrés de technologie high-tech, sont actuellement lancés dans une large offensive qui a déjà provoqué son premier massacre de 12 civils afghans touchés par des obus - Photo : Reuters

L’opération qui doit se dérouler dans la province de Helmand, pendant longtemps une région de forte résistance à l’occupation menée par les Etats-Unis, constituera la plus vaste offensive militaire depuis que Washington a envahi l’Afghanistan en octobre 2001. Au moins 15.000 soldats doivent faire le siège de cette ville située dans la vallée de la rivière Helmand. Elle compte 80.000 habitants et l’armée américaine la qualifie de bastion des talibans.

125.000 personnes en tout vivent dans le district autour de Marjah, un centre agricole à 350 miles à l’Ouest de Kaboul. La population y a été grossie par les Afghans qui ont fui des villages occupés par les Marines américains l’été dernier, une conséquence de l’annonce, faite peu de temps après sa prise de fonction, par le président Obama du déploiement de 21.000 soldats supplémentaires.

Les Marines américains, frustrés et en colère en raison du nombre de victimes que leur a infligé un ennemi invisible capable d’attaquer et de se dissoudre dans la population locale, seront lancés contre la ville dans un assaut militaire féroce et aux conséquences prévisibles.

Le général de brigade Larry Nicholson, commandant les US Marines dans le Sud de l’Afghanistan, a révélé le caractère de la prochaine offensive. Ceux qui se trouveront à Marjah auront trois possibilités : « L’une est de rester, de combattre et sans doute de mourir, » a-t-il dit. « La seconde est de faire la paix avec son gouvernement en réintégrant sa place. » La troisième serait d’essayer de s’échapper, « En quel cas, nous aurons vraisemblablement des gens là dehors pour les attendre aussi. »

« Nous n’allons pas lésiner, » a dit Nicholson, le commandant de la 2ème brigade expéditionnaire des Marines. « Je ne m’attends pas à un combat équitable, » a-t-il ajouté.

Dans une démarche hautement inhabituelle, le commandement américain a annoncé publiquement les projets pour l’offensive. « C’est une manière quelque peu inhabituelle de procéder, mais cela permet à tout le monde d’avoir la possibilité de réfléchir à ce qu’ils vont faire avant d’être subitement touché par une offensive en pleine nuit » a dit le général Stanley McChrystal, le commandant américain en chef en Afghanistan.

L’intention déclarée de révéler l’objectif de l’offensive à venir est de permettre aux civils de fuir avant l’arrivée des Marines. Elle fournit également un alibi à usage préemptif pour l’offensive américaine en dépeignant ceux qui ne tiennent pas compte de l’avertissement de talibans jusqu’au-boutistes qui méritent d’être tués.

Stratfor, un site Internet d’analyse du renseignement militaire qui a des liens étroits avec l’appareil d’Etat américain, a rapporté jeudi que « l’assaut pourrait inclure le bouclage de la région, de nombreux combattants voués à sa défense seront probablement obligés de se battre jusqu’à mort s’en suive ou de se rendre. »

L’article poursuit en disant : « Avec les assauts contre Fallujah et Ramadi en Irak à leur actif, les Marines ont acquis de l’expérience avec ce genre d’assaut en milieu urbain. »

Quel est le bilan des assauts urbains « de ce genre » ?

L’assaut des Marines contre Fallujah en novembre 2004 avait réduit en ruines la plus grande partie de cette ville de 300.000 habitants ; l’aviation y avait largué des milliers de tonnes d’explosifs, les hélicoptères et les chars de combat avaient tiré sur les bâtiments et les maisons à coup de missiles et leurs canons avaient mitraillé la ville.

Le commandement militaire américain avait affirmé avoir tué 2.000 « insurgés, » mais le véritable bilan des victimes reste inconnu. Les civils qui étaient restés dans la ville furent assujettis au même bombardement. Certains furent fusillés durant les combats de maison en maison qui s’ensuivirent et d’autres furent tués en cherchant à fuir. Les combattants blessés furent exécutés sommairement et les installations médicales furent la cible d’attaques militaires. Tous ceux présents dans la ville furent privés de nourriture, d’eau et d’électricité pendant plus de dix jours.

L’opération avait été un exercice brutal de punition collective de la population de Fallujah pour le meurtre dans cette ville de quatre mercenaires de Blackwater et eut lieu aussi en raison de la résistance prolongée de la ville contre l’occupation étrangère. Caractérisée qu’elle fut par des violations multiples et graves des lois de la guerre, elle a exprimé le caractère criminel de toute cette guerre

A en croire les commandants militaires américains, une opération identique est mise au point en Afghanistan et pour des raisons identiques, la ville de Marjah devant être transformée en champ de la mort.

Comme à Fallujah, la vengeance joue un rôle. L’armée américaine a connu au cours de l’année passée une augmentation continue du nombre de victimes tandis que la CIA a enduré une attaque humiliante fin décembre qui a entraîné la mort de sept de ses agents près de la frontière afghane.

En Afghanistan, tout comme en Irak, le commandement militaire américain estime important de faire un exemple en punissant une ville à population importante connue pour être un centre de résistance à l’occupation et en faisant parvenir le message à tout le pays qu’une telle résistance est futile et qu’on y répondra par le massacre et la destruction.

La tuerie est officiellement justifiée au nom de la lutte sans fin contre le terrorisme. Au-delà de la propagande, la force motrice de la guerre en Afghanistan, comme la guerre en Irak, se trouve la tentative de l’élite dirigeante américaine de contrer la crise du capitalisme américain par le recours à la force et par la saisie de positions stratégiques dans le Golfe persique et en Asie centrale, deux régions renfermant de vastes réserves énergétiques.

Il y a un an, lorsque Barack Obama est entré à la Maison Blanche, il y avait l’espoir parmi de vastes couches de la population américaine que son mandat reléguerait des mots comme Fallujah, Abou Ghraib, Guantánamo, Blackwater, torture et « restitution » à une époque sombre et honteuse mais révolue de l’histoire des Etats-Unis.

La préparation de l’offensive de Marjah ne fait que souligner que, loin d’être achevés, les crimes du gouvernement Bush se poursuivent et s’intensifient sous le président démocrate.

Aujourd’hui, il y a davantage de troupes américaines déployées dans des guerres et des occupations de type colonial que sous Bush et les massacres se sont propagés de l’Irak et de l’Afghanistan au Pakistan et au Yémen. Le gouvernement Obama cherche actuellement à obtenir 322 milliards de dollars pour les deux guerres et occupations en cours, une somme à laquelle s’ajouteront sûrement d’autres requêtes de financement « complémentaires. »

Le soi-disant candidat de « l’espoir » et « du changement » s’est de plus en plus clairement avéré être l’agent sélectionné par les parties de l’establishment politique et du renseignement militaire qui voulaient apporter certains changements tactiques à la politique tout en continuant à recourir à l’armée à l’étranger et à mener un assaut implacable contre la classe ouvrière à l’intérieur.

La population laborieuse américaine ne peut accepter une nouvelle série de crimes de guerre commis en son nom. La revendication pour un retrait immédiat et inconditionnel de toutes les troupes américaines et étrangères d’Afghanistan doit être liée à une offensive politique contre le gouvernement Obama et l’oligarchie financière qu’il défend.

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Du même auteur :

- Des articles font état d’attaques au Pakistan par des troupes américaines au sol - 10 janvier 2010
- L’erreur des services de renseignement concernant le vol Northwest 253 : négligence ou conspiration ? - 8 janvier 2010
- Tony Blair, la guerre en Iraq et la ligue internationale des criminels de guerre - 6 janvier 2010
- La ligue internationale des criminels de guerre - 21 décembre 2009
- L’OTAN soutient l’escalade de la guerre en Afghanistan - 9 avril 2009
- L’appel de l’UE pour une réglementation financière mondiale masque des tensions inter-européennes et internationales - 23 octobre 2008
- Le traité de l’Union européenne signé à Lisbonne : une constitution qui n’en a pas le nom - 25 décembre 2007

15 février 2010 - World Socialist Web Site - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.wsws.org/franca

mercredi 10 février 2010

Blair persiste et signe

Responsable de la guerre en Irak Blair persiste et signe

mercredi 10 février 2010 - 17h:44

François Rouleau - Lutte Ouvrière


Convoqué pour répondre aux questions de la commission Chilcot, mise en place en juillet dernier, pour examiner les conditions dans lesquelles fut prise cette décision.
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Criminel, menteur, escroc et voleur... ne sont que quelques-uns des qualificatifs qui s’appliquent à ce digne représentant de la Ligue Internationale des Criminels de Guerre

Cette commission, troisième du genre (les deux premières ont donné leur absolution à Blair) n’a certes pas pour but de faire la lumière sur les crimes commis dans cette guerre, ni sur ceux qui en portent la responsabilité. En revanche, elle a pour but de tenter de dédouaner les politiciens en activité.

C’est ainsi que certains ont parlé devant les caméras de télévision de leurs états d’âme supposés à l’époque, tandis que d’autres se sont plaints qu’on les aurait laissés dans l’ignorance de ce qui se tramait. Chacun trouve ainsi moyen de prendre ses distances par rapport à une guerre odieuse, sans rien dire sur l’essentiel -ni sur son caractère criminel ni sur le fait qu’ils ont laissé faire.

Blair qui, lui, s’est déjà recyclé dans une carrière très lucrative dans les affaires, n’a rien à se faire pardonner de l’électorat. Il assume donc tous les torts sans en reconnaître aucun, tout en revendiquant le « mérite » de la décision. De ses six heures de témoignage, il est avant tout ressorti l’arrogance d’un homme pour qui la raison d’État -c’est-à-dire les intérêts du grand capital- peut tout justifier.

Selon Blair, la participation de la Grande-Bretagne à cette guerre était « indispensable au maintien de ses bonnes relations avec les États-Unis ». Mais la fameuse « relation spéciale » dont les politiciens britanniques se vantent tant, a avant tout une odeur de gros sous. C’est d’abord et avant tout aux banques américaines que Londres doit d’être la deuxième place financière de la planète. Et il n’était pas question pour Blair, qui a tant fait pour la haute finance, de risquer de mettre en danger une relation aussi profitable pour le capital britannique.

Interrogé sur son fameux « dossier » sur les « armes de destruction massive » de Saddam Hussein, dont il s’était servi en 2003 pour justifier la participation britannique -dossier qui s’était révélé, avant même l’invasion, n’être qu’un tissu d’inventions inspiré des élucubrations postées sur Internet par un étudiant- Blair s’est contenté de botter en touche.

Il était convaincu, a-t-il dit, qu’un jour ou l’autre, Saddam Hussein pourrait fabriquer et vendre de telles armes à un « État voyou ou à des terroristes », et cette conviction était suffisante pour justifier l’invasion, par tous les moyens. Le reste ne le concernait pas. Qu’importent les mensonges éhontés faits pour tromper l’opinion publique et l’entraîner dans une guerre criminelle dont elle ne voulait pas !

À propos de mensonges, plusieurs témoignages faits auparavant devant la même commission, dont celui de l’ancien ambassadeur britannique aux États-Unis, avaient révélé que dès 2002, Blair avait assuré Bush, oralement et par écrit, de la participation britannique en cas d’expédition militaire américaine contre l’Irak -ce que Blair a nié purement et simplement.

Mais là où l’odieux est venu s’ajouter au cynisme, ce fut lorsque, interrogé sur les centaines de milliers de morts Irakiens de la guerre, Blair eut le culot de répondre en accusant « des éléments étrangers » de ce massacre !

Comme si les seuls « éléments étrangers » à raser les villes et les villages irakiens, n’avaient pas été les forces anglo-américaines, justement ! Comme si ces forces n’avaient pas laissé sur leur passage tant de radiations et de déchets toxiques qu’une commission médicale irakienne fait état d’une hausse brutale des cas de cancer dans les agglomérations touchées par les combats !

Comme si, enfin, en jouant les Chiites contre les Sunnites et les Kurdes contre les Arabes, l’impérialisme n’avait pas créé les conditions qui ont conduit aux surenchères communautaristes et aux affrontements sanglants qui en ont résulté.

Au moment où Blair allait partir, après six heures d’une rhétorique aussi arrogante qu’évasive, des parents de soldats tués à la guerre, présents à l’audience, ont laissé éclater leur indignation. La commission est en effet théoriquement publique mais le public n’y a pas droit à la parole.

Blair a dû alors s’éclipser salué par des cris de « menteur » et d’ « assassin » -un bien faible prix à payer pour les crimes que lui et ses complices dans l’ensemble de la classe politique ont commis en Irak.

Sur le même thème :

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- Blair, un politicien qui a échoué dans tout ce qu’il a entrepris au Moyen-Orient - 29 juin 2007
- Blair, un émissaire de paix ? Non, un criminel de guerre ! - 28 juin 2007
- Les mensonges et les manipulations linguistiques de Blair - 22 mai 2007

5 février 2010 - Lutte Ouvrière - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.lutte-ouvriere-journal.o...

mardi 9 février 2010

confédération syndicale internationale - IRAK

CONFÉDÉRATION SYNDICALE INTERNATIONALE


Gros plan sur Hashmeya Musshin al-Saadawi (Irak-GFIW)

«Les travailleurs irakiens ont besoin d’une législation du travail juste et équitable

Bruxelles, le 9 février 2010: Hashmeya Muhssin al-Saadawi est présidente du Syndicat des travailleurs et employés de l’électricité, à Basra, vice-présidente de la Fédération générale des travailleurs irakiens (GFIW), également à Basra, et membre du Comité exécutif de l’ICEM, dont elle est la représentante des Affaires féminines pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Elle lance un appel à la solidarité syndicale internationale en soutien à la Campagne syndicale nationale pour une nouvelle législation juste et équitable pour les travailleuses et travailleurs irakiens.

Vous êtes membre de la Campagne syndicale nationale lancée en novembre 2009. En quelques mots, quel est l’objectif essentiel de cette campagne?

Le principal objectif de la Campagne syndicale nationale est de mobiliser l’ensemble des forces, des acteurs politiques, des organisations de la société civile et des partisans syndicaux à l’échelle nationale pour faire pression sur le gouvernement et le parlement irakiens en vue de l’adoption d’une législation du travail juste et équitable remplaçant les lois iniques et antisyndicales de Saddam Hussein qui continuent d'être appliquées aujourd'hui.

-Quels ont été les résultats initiaux de cette campagne?

Depuis le lancement de la campagne sur le Code du travail à l’occasion d’une conférence de presse à Bagdad, le 8 novembre 2009, le Comité du travail national a organisé un grand nombre d’activités, y compris le lancement d’une seconde conférence de presse nationale, le 11 novembre 2009, à Erbil, dans le Kurdistan irakien. Celle-ci fut suivie d’une visite et d’un entretien avec le président irakien Jalal Talabani, qui a souscrit à l’appel de la campagne et fait don de 50 millions de dinars irakiens à la campagne.
Le Comité du travail national a organisé une troisième conférence de presse nationale, à Basra. Cette conférence de presse a réuni diverses organisations de la société civile, des syndicalistes, des journalistes, ainsi que des personnalités et des partis politiques irakiens. La conférence de presse à très vite fait place à un forum de débat. Les participants ont exprimé leur soutien et leur solidarité pour la campagne.

La campagne a réussi à rallier le soutien de 80 des 82 députés du parlement.

Au total, à Basra, 1100 personnes ont souscrit à l'appel. De nombreux journaux locaux et nationaux ont couvert les activités de la campagne.

Le camarade Hussein Fadel Hassan, président de la GFIW à Basra, et moi-même avons eu un entretien avec un membre du Conseil du Gouvernorat et président de la Commission des droits humains de Basra. Bien qu’il ait couvert d’éloges le travail mené par la GFIW à Basra en défense des droits des travailleurs et son combat contre les injustices commises contre les travailleurs, il a refusé de souscrire à l’appel malgré la longue discussion que nous avons eue avec lui. Il a, néanmoins, souscrit à la campagne pour la sécurité sociale lancée par le Syndicat des travailleurs de l’électricité.

Nous nous sommes également rendus auprès du premier adjoint du gouverneur de Basra pour faire appel à son soutien pour la campagne. Or celui-ci a renvoyé l’appel devant son conseiller politique ‘pour considération’, ce qui n’était en réalité qu’un prétexte pour éviter de devoir signer l’appel.

Le camarade Salih Abdulkhader, vice-président du Syndicat des travailleurs et employés de l’électricité à Basra et moi-même avons eu un entretien avec un délégué de la Commission du parlement irakien chargée de la sécurité et la défense nationale. Le président de la Commission de l’électricité et membre du Conseil du Gouvernorat de Basra était également présent à cet entretien. Le délégué parlementaire a refusé de souscrire à l’appel en alléguant que celui-ci pourrait être utilisé à des fins de propagande électorale. Cependant, le président de la Commission de l’électricité s’est déclaré solidaire avec la campagne et a demandé des copies supplémentaires de l’appel. Nous avons organisé une nouvelle réunion avec le président de la Commission de l’électricité pour la semaine suivante.

Nous continuerons à rallier les travailleurs en faveur d’une législation du travail juste et équitable et n’hésiterons pas à prendre les mesures qui s’imposent pour contribuer au succès de cette cause nationale juste.

Quel type de soutien syndical international recherchez-vous pour cette campagne ?

La campagne syndicale nationale a été lancée avec le concours de la Confédération syndicale internationale (CSI). Nous espérons que la CSI renforcera son soutien solidaire en encourageant ses affiliées syndicales nationales à soutenir la campagne, plus particulièrement dans les pays avec lesquels l’Irak entretient des relations diplomatiques (ambassades ou missions diplomatiques). La CSI pourrait désigner une journée où des délégations de centrales syndicales nationales se rendraient auprès des ambassades irakiennes pour signifier leur soutien en faveur de notre campagne syndicale nationale. Je pense que la solidarité internationale est importante pour ce genre de campagne, pour inciter le gouvernement irakien à promulguer un code du travail nouveau, juste et équitable.

Des élections nationales sont prévues en Irak pour le 7 mars. Quel est l’enjeu des élections nationales depuis la perspective de la Campagne syndicale nationale ?

Nous souhaitons et espérons que ces élections apporteront un changement pour le meilleur pour l’Irak et pour son peuple. Cependant, les attentes sont une chose et la réalité sur le terrain une autre. La Loi électorale passée à l'instigation des principaux blocs politiques dominants du pays prive une grande partie des Irakiens d’une représentation parlementaire équitable. En second lieu, il y a la déconvenue qu’ont suscitée auprès d’une grande partie de l’électorat irakien la falsification de votes et l’absence de progrès eu égard à l'amélioration des services essentiels promise par les partis actuellement au pouvoir. L’élection nationale du 7 mars risque d’être marquée par l'apathie de l'électorat. Je suis désolée, ce n’est pas du pessimisme mais juste ma façon de voir les choses.

Le 29 novembre 2009, la CSI dénonçait (http://www.ituc-csi.org/iraq-meurtre-d-un-dirigeant.html?lang=fr) (1) le meurtre de votre collègue syndicaliste Majeed Sahib Karrem, dernier d’une longue liste de syndicalistes assassinés. Il a été tué dans l'explosion d'un colis piégé placé sous sa voiture. Comment faites-vous face à toute cette violence contre les syndicalistes au quotidien ?

Pour ce qui est de l’aspect sécurité et la perte d'un si grand nombre de syndicalistes irakiens aux mains de terroristes et de bandes de criminels, la situation est tragique. Leur martyr ne fera que renforcer notre détermination et notre résolution à poursuivre notre combat pour la défense des travailleuses et des travailleurs. Ce n’est pas uniquement les syndicalistes que ces terroristes visent. Ils s’en prennent également aux fondements-mêmes du développement d’un Irak progressiste et démocratique. Nous
ne pouvons pas rester les bras croisés, malgré les risques.

Dans votre secteur, le secteur de l’électricité, quels sont les principaux problèmes qu’ont à affronter les travailleurs ?

Avant de vous parler du secteur de l’électricité et de ses problèmes, j’aimerais dire quelques mots à propos de Basra. Cette province est l’épine dorsale de la prospérité économique de l’Irak. Sa production de pétrole représente plus de 65% de la production de pétrole nationale. Elle abrite le seul port maritime de l’Irak. Elle possédait autrefois un nombre important d’usines qui ont peu à peu cessé de fonctionner dû au laisser-aller et aux guerres du passé, auxquels sont venus s’ajouter la négligence des gouvernements qui se sont succédé depuis 2003. C’est la capitale économique de l’Irak. Une ville de culture et d’arts. C’est la capitale culturelle de l’Irak. La ville de Basra est fière d’une longue tradition historique de syndicalisme. Son histoire récente abonde en récits de héros syndicalistes qui ont tenu tête au régime de Saddam Hussein et ont été assassinés pour leurs actions. Aujourd’hui, la ville de Basra est dotée d’une présence syndicale dans tous les secteurs de l’industrie.

Le secteur électrique de Basra se compose de trois départements (production, transport et distribution). Les centrales de production desservant Basra sont la centrale thermoélectrique d’Hartha, les usines de gaz de Khor Al-Zubair (deux nouvelles installations), la centrale thermoélectrique de Najibiyah et l’usine de gaz de Shuaiba. Il s’agit dans la plupart des cas d’anciennes installations, à l'exception de Khor Al Zubair, qui fut construite il y a trois ans.

Parmi les nombreux problèmes auxquels mon syndicat se trouve confronté, l’un des plus importants est l’absence d’une législation syndicale équitable et juste. Nous faisons campagne avec les travailleurs irakiens des autres secteurs pour une législation du travail juste et équitable. Le Décret nº 150 de 1987 interdit aux salariés du secteur public d’adhérer à un syndicat. Malheureusement, ce Décret continue d’être appliqué contre nous aujourd’hui par des responsables du gouvernement qui, ce faisant, semblent oublier que l’Article 22 de la Constitution irakienne garantit à tous les travailleurs le droit de former des syndicats.

Les conditions en matière de santé et de sécurité au travail sont précaires. Il n’y a pas suffisamment de formations et d’ateliers de travail d’éducation et de formation en santé et sécurité. Les travailleurs manquent d’équipements de protection et de procédures adéquates. Il résulte de ces négligences que de nombreux travailleurs sont blessés, voire handicapés. La corruption administrative et financière sont extrêmement répandues dans tous les secteurs de l’énergie. C’est là l’une des principales raisons pour lesquelles cette industrie continue de pâtir d’un manque de perspectives en matière de redéveloppement et de progrès. Le retour de nombreux Baathistes corrompus aux hautes sphères du pouvoir (administratif et financier) suite à leur adhésion opportune aux partis politiques dominants n’a fait qu’exacerber les problèmes.

Quelles réponses concrètes votre syndicat apporte-t-il aux préoccupations de ces travailleurs dans votre région, Basra?

Certains départements du secteur électrique essaient de spolier les travailleurs de leurs droits en arrêtant de rémunérer les heures supplémentaires qu’ils ont effectuées ou en les privant des indemnités dues en raison de l’emplacement géographique. Durant des mois, mon syndicat a été engagé dans des négociations avec ces départements concernant ces questions mais aucun progrès n’a pu être engrangé.

Nous (mon syndicat) avons organisé un sit-in devant le siège de la Direction chargée du Transfert de l’énergie. Le Bureau de l’inspection générale et un membre du Conseil du Gouvernorat de Basra/ Président de la Commission électrique sont intervenus et ont déclaré qu'ils soutenaient nos demandes. J’ai subséquemment téléphoné au conseiller national pour le transport au ministère de l'Electricité, pour plaider la légitimité des demandes des travailleurs. Les droits des travailleurs ont été rétablis et les responsables et départements corrompus ont été dénoncés.

A Basra, mon syndicat a organisé des ateliers de travail sur la santé et la sécurité et a invité des spécialistes de ce domaine à dispenser la formation.

Dans un entretien accordé à la CSI en novembre 2007 (http://www.ituc-csi.org/gros-plan-sur-hashemiyya-muhsin.html?lang=fr), vous signaliez qu'il devenait de plus en plus risqué pour les femmes irakiennes de s’organiser. Comment cette situation a-t-elle évolué?

Sur le plan de la sécurité, 2007 et les années antérieures ont été particulièrement noires. Les femmes ont constitué une cible privilégiée pour les milices et les gangs. La situation s’est, toutefois, stabilisée et s’est améliorée de façon significative pour toutes les parties concernées suite à l’opération militaire « Charge des chevaliers » lancée par le gouvernement en 2008.

Qu’en est-il de la situation des femmes syndicalistes au sein du mouvement syndical irakien?

Malheureusement, la situation de la femme dans les syndicats demeure précaire. A mon avis, les principaux facteurs sont: Manque de confiance, peur et hésitation.

Comment évoluent les rapports entre les différentes parties des mouvements syndicaux irakien et kurde irakien?

Nous entretenons des rapports cordiaux et fraternels avec les syndicats de la région du Kurdistan irakien et avons collaboré dans le cadre de nombreux ateliers de travail conjoints organisés dans le Kurdistan irakien.

Comme vous le savez, deux des membres titulaires de la campagne du Comité du travail national appartiennent aux fédérations syndicales kurdes. Ils représentent une force-clé dans le cadre de cette campagne, comme ce fut démontré lors de la conférence de presse du comité d’Erbil, et ont joué un rôle essentiel envers l’entretien obtenu avec le Président de la République irakienne, M. Jalal Talabani.

Propos recueillis par Abdullah Muhsin et Natacha David

La CSI représente 175 millions de travailleuses et de travailleurs au travers de 311 organisations nationales de 155 pays et territoires. Site web: http://www.ituc-csi.org et www.youtube.com/ITUCCSI.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter le Service Presse de la CSI aux numéros suivants:
+32 2 224 0204 ou + 32 476 62 10 18

dimanche 7 février 2010

brussels tribunal pour Irak - communiqué de presse

COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Pour diffusion immédiate
Date: 7 Février 2010


DÉCLARATION SUR LE CLASSEMENT SANS SUITE DU CAS JURIDIQUE DE L'IRAQ EN ESPAGNE
DÉPOSÉ CONTRE QUATRE PRESIDENTS USA ET QUATRE PREMIERS MINISTRES BRITANNIQUES
POUR CRIMES DE GUERRE, CRIMES CONTRE L'HUMANITÉ ET GÉNOCIDE EN IRAK

MADRID / LE CAIRE: Les enquêtes publiques sur la décision de mener une guerre contre l'Irak qui gardent le silence sur les crimes commis, les victimes concernées, et ne prévoient pas de sanctions, quelle que soit leur issue, ne suffisent pas. Les actes illégaux doivent entraîner des conséquences: les morts et les meurtris méritent justice.

Le 6 Octobre 2009, travaillant avec et au nom de plaignants irakiens, nous avons déposé un recours devant la juridiction espagnole contre quatre présidents américains et quatre Premiers ministres du Royaume-Uni pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide en Irak. Le cas présenté couvrait 19 ans, y compris, non seulement la destruction massive dont l'Irak a été victime à partir de 2003, mais aussi la période des sanctions au cours de laquelle 1,5 million de morts irakiens de plus que le taux naturel ont été enregistrés.

Nous avons porté l'affaire devant l'Espagne car ses lois de compétence universelle sont basées sur des principes consacrés dans sa constitution. L'humanité tout entière connaît les crimes commis en Irak par ceux que nous avons accusés, mais aucune juridiction ne les traduits en justice. Nous avons présenté avec les victimes irakiennes un cas solide, s'appuyant sur des preuves contenues dans plus de 900 documents et qui se réfèrent à des milliers de cas individuels à partir desquels un système de dommages accumulés et une intention peuvent être discernés.

Lorsque nous avons présenté notre cas, nous savions que le Sénat espagnol s'apprêtait à voter un amendement antérieur adopté par la Chambre basse du Parlement, visant à limiter l'application de la compétence universelle en Espagne. Nous étions conscients que cette restriction pouvait être rétroactive, et nous avons tenu compte de la teneur de l'amendement proposé dans le cas soumis.

Comme nous l'avions imaginé, 2009 s'est avérée être une triste année pour faire respecter les droits universels de l'homme et le droit international en Espagne. Un jour après que nous ayons déposé, la loi a été restreinte, et peu après, notre cas classé sans suite. Les cas d'une gravité telle que celle ci et pour lesquels, afin d'y faire face, la compétence universelle existe, sont devenus plus difficile à enquêter.

Une juridiction de plus tombe
En dépit d'avoir soumis une accusation de 110 pages référencées (dont l'introduction est jointe à cette déclaration), le procureur public espagnol et le juge affecté à notre cas ont déterminé qu'il n'y avait aucune raison de mener une enquête. Leurs arguments étaient erronés et auraient pu facilement être réfutés si l'on avait pu faire appel. Pour ce faire, nous avions besoin d'un avocat espagnol professionnel - soit à titre rémunéré ou en tant que bénévole, qui souhaite aider le peuple irakien dans sa lutte pour la justice. Comme nous avions peu de moyens, et pour d'autres raisons qui concernent principalement les affaires internes espagnoles qui ne sont pas notre préoccupation, nous n'avons pas pu obtenir un avocat qui soit en capacité de faire appel. Notre motion pour bénéficier d'un délai afin de trouver un avocat a été rejetée.

Nous continuons à croire que la mort violente de plus d'un million de personnes en Irak depuis seulement 2003, que l'occupation en cours des États-Unis - qui portent la responsabilité juridique directe - et que le déplacement de près d'un cinquième de la population irakienne du à la terreur que l'occupation a entraîné et incité, suggèrent fortement que les accusations que nous mettons en avant doivent être davantage enquêtées.

En réalité, notre cas est un exemple de première importance de cas dont les autorités de l'Occident - y compris l'Espagne - ont peur. Pour eux, ces cas représentent le double tranchant de soutenir le principe de compétence universelle. Les États Occidentaux ont utilisé la compétence universelle dans le passé pour juger les pays du Tiers Monde. Lorsque les victimes dans le Sud global ont commencé à l'utiliser afin de juger Israël et les agressions des États-Unis, les pays occidentaux se sont précipités pour la restreindre. La tendance générale est maintenant l'abandon de la compétence universelle en la diluant.

Appel à un effort collectif plus large pour mener des poursuites
Nous regrettons que les tribunaux espagnols aient refusé d'enquêter sur notre cas, mais cela ne nous découragera pas. Nous avons une cause juste. Les crimes sont évidents. Les responsables sont bien connus même si le système juridique international continue d'ignorer les victimes irakiennes. La justice pour les victimes et le souhait de toute l'humanité que les criminels de guerre doivent être punis, nous obligent à rechercher des possibilités judiciaires alternatives, pour que les crimes commis en Irak puissent être enquêtés et la responsabilité établie.

À l'heure actuelle, la justice internationale inefficace permet à des criminels de guerre américains et britanniques de se placer au-dessus du droit international. Ayant compris que cela constitue une attaque - ou rend possible des attaques futures - sur les droits fondamentaux de tous, partout, nous continuerons à préconiser l'utilisation de toutes les voies possibles, y compris: les institutions des Nations Unies, la Cour pénale internationale et les tribunaux populaires, afin de porter l'attention sur et de traduire devant la loi et devant l'opinion morale et publique, les crimes américains et britanniques en Irak.

Nous sommes prêts à mettre notre expérience et notre expertise à la disposition de ceux qui luttent dans la même direction. Nous attendons avec impatience le moment où les pays de l'hémisphère Sud, qui sont généralement les victimes d'agression, renforceront leur système juridique par l'application du principe de compétence universelle. Ce sera un grand service à l'humanité et au droit international.

Des millions de personnes en Irak ont été tuées, déplacées, terrorisées, détenues, torturées ou appauvries sous le marteau des attaques militaires, économiques, politiques, idéologiques et culturelles américaines et britanniques. Le tissu et l'existence même du pays ont été soumis à la destruction intentionnelle. Cette destruction constitue l'un des crimes internationaux les plus graves jamais commis. L'humanité toute entière doit s'unir en refusant que le droit - en omettant d'assurer la justice pour les victimes irakiennes - permette à cette destruction d'être le précédent inaugurant le 21e siècle.

Comité ad hoc pour la Justice pour l'Irak

Contacts presse:
Hana Al-Bayaty, Comité exécutif, BRussells Tribunal
20 10 027 7964 (anglais et français) hanaalbayaty@gmail.com
Dr Ian Douglas, Comité exécutif, BRussells Tribunal, coordonnateur, Initiative internationale pour juger le génocide en Irak
20 12 167 1660 (Anglais) iandouglas@USgenocide.org
Serene Assir, Comité consultatif, BRussells Tribunal (espagnol) justiciaparairak@gmail.com
Abdul Ilah Albayaty, Comité exécutif, BRussells Tribunal
33 471 461 197 (arabe) albayaty_abdul@hotmail.com
Dirk Adriaensens, Comité exécutif, BRussells Tribunal

+32 494 68 07 62 (Néerlandais) dirkadriaensens@gmail.com


Web:
www.brusselstribunal.org
www.USgenocide.org
www.twitter.com
www.facebook.com

mardi 2 février 2010

pour Hiba, blogueuse en danger (Irak)

2 02 /02 /2010

Hiba, jeune blogueuse en danger

Le régime de Bagdad a horreur des blogueurs qui disent ce qui se passe réellement en Irak. Quant il en attrape un, il lui fait payer très cher son audace. Une irakienne de 33 ans, du nom de Hanan al- Mashadani, résidant en Jordanie, en fait la terrible expérience.

Ophtalmologiste, elle était en mission en Irak pour le compte de HMOK, une organisation humanitaire indienne. Le 20 janvier, elle a été arrêtée par des « forces irakiennes » dans le quartier de Sayyediya, à Bagdad. Les policiers, spécialistes en informatique, ont découvert dans son portable son nom de plume - Hiba Al-Shamaree – et la trace d’articles placés sur son blog, critiques à l’égard de Nouri al-Maliki et de son régime. Elle est accusée d’ « incitation à la violence », de « soutenir la résistance », ce qui équivaut - pour ceux qui la détiennent – à être cataloguée de « terroriste baasiste ».

Hanan al- Mashadani sera déférée devant un tribunal. En attendant, on imagine les tortures qu’elle subit pour l’obliger à parler. La presse internationale qui se mobilise dès qu’on porte atteinte à la liberté d’expression en Chine ou en Iran, n’a pas touché mot de son arrestation. Aucun gouvernement occidental, bien sûr, n’est intervenu en sa faveur.

Une pétition circule pour exiger sa libération : signez la !

Pétition pour la libération

de Hanan al- Mashadani :

http://www.gopetition.com/online/33750.html

Vidéo :

http://www.youtube.com/watch?v=f8bkMsgceE4