jeudi 29 avril 2010

Afghanistan : massacre d’enfants par les troupes françaises

jeudi 29 avril 2010

Al Jazeera


L’armée française a reconnu avoir massacré quatre enfants par un tir de missile dans une zone de l’Afghanistan sous contrôle des Talibans [résistance afghane].

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Troupes françaises d’occupation en Afghanistan. Les enfants afghans n’avaient pas compris que ces Rambos surarmés étaient là pour les protéger...

« Cela s’est passé le 6 avril, mais cela ne s’est su qu’aujourd’hui car, selon le porte-parole militaire français, il a fallu tout ce temps pour mener l’enquête », a rapporté ce jeudi depuis Kaboul notre correspondante Hoda Abdel Hamid.

Les enfants ont été tués quand les soldats français ont tiré un missile à partir d’une base militaire dans la province de Kapisa, après avoir été attaqués par les Talibans.

« Ils disent avoir tenu leur position pendant environ une heure afin de comprendre d’où les tirs venaient, avant qu’ils ne reçurent l’ordre de lancer un missile téléguidé Milan qui est tout à fait précis », a déclaré Abdel Hamid.

Un porte-parole de l’armée française a confirmé que les enfants avaient été tués lorsque les troupes ont riposté, mais il a déclaré que les troupes n’avaient pas réalisé qu’il y avait des civils dans la zone.

« Nous nous attendons à une grande indignation de la part peuple afghan comme des officiels du gouvernement à la suite de ce qui s’est passé », a déclaré Abdel Hamid.

« Les attaques de ce genre où des civils sont massacrés, sont parfaites pour la propagande des Talibans », a-t-elle ajouté.

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29 avril 2010 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/a...
Traduction : Info-Palestine.net




publié le 29/04/2010 Le Point.fr

OPÉRATION

BAVURE - L'armée française admet avoir tué par erreur quatre jeunes civils afghans

Par Jean Guisnel

BAVURE - L'armée française admet avoir tué par erreur quatre   jeunes civils afghans

Selon l'état-major des armées, les faits se sont produits lors d'une opération associant des soldats français et afghans dans la vallée de Bedraou © José Nicolas/ABACAPRES.COM

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Cette fois, l'armée française a acquis la certitude que c'est bien le tir d'un missile antichars Milan qui a causé la mort de quatre jeunes civils afghans, le 6 avril dernier. Cette annonce a été faite jeudi par l'amiral Christophe Prazuk, chef d'état-major des armées, à l'issue d'une enquête de trois semaines conduite conjointement par l'IJC (ISAF Joint Command) et par le représentant du chef d'état-major des armées en Afghanistan, le colonel Jacques Lapassé. Selon l'état-major des armées, les faits se sont produits lors d'une opération associant des soldats français et afghans dans la vallée de Bedraou. À cette occasion, les troupes engagées venant des deux GTIA de Kapisa et de Surobi font l'objet de prises à partie sporadiques et détectent un renforcement des insurgés, qui laisse prévoir "une manoeuvre de débordement", explique l'amiral Prazuk. Un groupe d'intervention constitué par les servants d'un poste de tir de missiles Milan et des tireurs d'élite repère "sept insurgés armés" à 1,5 km de leur position, cachés derrière un mur. Suivant les procédures, et après avoir constaté qu'aucun mouvement de civil ne s'était produit au bout d'une heure, ils demandent l'autorisation de tirer un missile Milan, que leur "accorde le commandant du bataillon de Kapisa".

Environ une heure après ce tir, une voiture se présente au camp de Tagab, et demande à voir des médecins. À bord du véhicule se trouvent cinq jeunes civils, âgés de dix à quinze ans, "polycriblés" par des éclats. Évacués par hélicoptère vers l'hôpital de Kaboul, quatre jeunes décèdent des suites de leurs blessures. Le cinquième, toujours hospitalisé, est hors de danger. Son témoignage a été très précieux lors de l'enquête. Le porte-parole a indiqué lors d'un point de presse tenu au ministère de la Défense qu'il y a "régulièrement dans cette province de Kapisa (est) des combats assez durs, dans une région où la population est assez dense, avec donc des règles d'ouverture du feu très strictes qui jusqu'à présent avaient permis d'éviter un incident malheureux".

On indique à l'état-major des armées que les familles des victimes seront suivies par la PRT (Provincial Reconstruction Team), et indemnisées. Il n'en demeure pas moins que les victimes civiles afghanes du conflit sont de plus en plus nombreuses. Un récent rapport de l'UNAMA, la mission de l'ONU en Afghanistan, estime que 2.412 civils ont été tués en Afghanistan en 2009 . En hausse de 14 % par rapport à 2008. Selon ce rapport, ces décès de civils sont imputables pour un quart à l'IASF et aux forces gouvernementales afghanes, et pour les trois quarts aux insurgés.

lundi 26 avril 2010

Des soldats américains s'excusent pour une tuerie en Irak


Mondialisation.ca, Le 26 avril 2010





Deux soldats américains actifs dans une unité apparaissant dans un film vidéo choquant et mis en ligne récemment par le site WikiLeaks ont présenté des excuses publiques au peuple irakien pour le carnage montré dans ce film. Ils précisent que, pour la durée de leur déploiement dans ce pays occupé par les Etats-Unis, c'était là la routine.

La « Lettre ouverte de réconciliation et de responsabilité au peuple irakien » a été publiée par deux anciens spécialistes de l'armée américaine, Josh Stieber et Ethan McCord, qui faisaient partie de la Compagnie Bravo, second bataillon, 16e régiment d'infanterie, première division d'infanterie de l'armée américaine en juillet 2007, au moment où la vidéo en question fut prise par la caméra de la mitrailleuse d'un hélicoptère Apache alors que celui-ci tirait sur des civils irakiens.

Plus d'une douzaine de civils furent tués et plusieurs blessés, y compris deux enfants. Parmi les morts se trouvaient le photographe irakien Namir Noor-Eldeen et son assistant Saeed Chmagh - tous deux employés par l'agence internationale de presse Reuters.

L'hélicoptère fournissait un soutien aérien à des soldats américains engagés dans des razzias maison par maison, dans l'est de Bagdad. Les soldats de la Compagnie Bravo furent les premiers à atteindre les lieux après le massacre effectué par l'hélicoptère d'attaque au-dessus d'eux.

Le film vidéo, mis en ligne par WikiLeaks sous le titre de « Collateral Murder » (assassinat collatéral) a été vu 6 millions de fois sur internet. Il a livré au public américain et mondial des images bouleversantes de ce qu'est, depuis une décennie, la tuerie menée par l'armée américaine dans les guerres d'Irak et d'Afghanistan, des images qui sont régulièrement censurées et éliminées de l'information fournie par les médias grand public.

La caméra montre des civils irakiens non armés faire une vaine tentative d'échapper aux balles de 30 millimètres qui pleuvent sur eux. Elle montre aussi que l'hélicoptère a tiré de nouveau sur une camionnette qui s'était arrêtée pour porter secours aux blessés, tuant le conducteur ainsi qu'un des blessés et blessant sérieusement deux enfants qui étaient assis à l'avant du véhicule.

Tout aussi lamentable est le bavardage des membres de l'équipage de l'hélicoptère et de leurs superviseurs sur la radio, en même temps que se déroule la tuerie. Au moment où le viseur du canon fixe le blessé qui rampe sur le sol, on entend un membre de l'équipage presser l'Irakien de « prendre une arme » afin de pouvoir lui tirer encore dessus. Et finalement, lorsqu'on les informe que deux enfants ont été blessés dans l'attaque, les membres de l'équipage sont d'accord pour dire que c'est la faute des Irakiens qui ont « emmené leurs enfants dans une bataille ».

Ethan McCord était l'un des soldats sur les lieux de l'attaque et sur le film on le voit porter un des enfants blessés et courir vers un véhicule militaire. Les officiers déclarèrent que l'enfant ne devait pas être emmené à l'hôpital américain de campagne et McCord fut réprimandé pour avoir réagi humainement.

Josh Stieber, tout en faisant partie de cette compagnie, n'avait pas été emmené en mission à cause d'une dispute préalable avec ses supérieurs.

La lettre souligne le fait que les actes de violence meurtrière contre des civils montrés dans le film vidéo ne sortent pas de la normale, mais qu'il s'agit plutôt en Irak « d'occurrences quotidiennes ».

L'armée US qui a essayé d'étouffer le film vidéo a défendu avec constance les actions qu'il révèle. Le 13 avril, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates eut recours à une conférence de presse afin de stigmatiser WikiLeaks pour avoir rendu le film public la semaine précédente. « Ces gens peuvent mettre tout ce qu'ils veulent en ligne et ils n'ont jamais à en répondre » a-t-il dit.

Il affirma que regarder cette vidéo était un peu comme regarder la guerre par le trou d'« une paille » et il reprocha au film d'être dénué de « tout contexte ou perspective ».

Mais comme le montre clairement la lettre des deux ex-soldats, le réel « contexte et [la réelle] perspective », c'est une sale guerre d'agression coloniale et ses « règles d'engagement » qui considèrent l'ensemble de la population irakienne comme étant une menace pour les forces d'occupation.

Dans une interview précédente sur ABC News, Gates avait justifié le massacre, y compris les tirs sur les blessés et les gens qui tentaient de les aider, un crime de guerre patent, donnant pour raison que les soldats américains se trouvaient alors dans une « situation de combat ».

Pour sa part, le Commandement central de l'armée américaine qui supervise les opérations militaires dans la région, annonça qu'il n'avait pas l'intention de rouvrir une enquête sur la tuerie de 2007. Il publia des copies censurées des résultats de l'enquête d'origine faite par l'armée sur cette opération sanglante. Cette enquête avait excusé l'équipage de l'hélicoptère d'avoir pris l'appareil du photographe pour un lance-grenade. Elle accusa aussi les journalistes assassinés de « n'avoir fait aucun effort pour montrer de façon visible leur identité en tant que membres de la presse ». Le rapport ne précisait pas comment ils auraient dû s'identifier à un hélicoptère volant au-dessus d'eux.

« Le commandement central US n'a actuellement aucun plan de recommencer une enquête ou de passer en revue cette action de combat », dit le contre-amiral Hal Pittman, le directeur de la communication du Commandement central.

Dans leur lettre mise en ligne sur Internet (visible ici letter en anglais) et co-signée par des milliers d'autres ex-soldats, les deux vétérans de l'Irak s'identifient comme des « soldats qui ont occupé votre quartier pendant quatorze mois ».

La lettre se poursuit ainsi : « Ethan McCord a sorti votre fille et votre fils de la camionnette et ce faisant il a vu les visages de ses propres enfants chez lui. Josh Stieber était dans la même compagnie mais n'était pas là ce jour-là, bien qu'il ait contribué en de nombreuses autres occasions à votre peine et à la peine de votre communauté ».

Les deux anciens soldats insistent pour dire que « ce qu'on voit sur la vidéo de WikiLeaks ne fait que commencer à montrer la souffrance que nous avons infligée. De par notre expérience et celle d'autres vétérans à qui nous avons parlé, nous savons que les actes montrés dans cette vidéo se produisent tous les jours dans cette guerre : c'est là la nature des guerres conduites par les Etats-Unis dans cette région ».

Stieber et McCord écrivent encore : « En disant aux Américains ce que nous avons été formés à faire et ce que nous avons fait au nom de "Dieu et de la patrie" nous reconnaissons la part que nous avons prise aux morts et aux blessures des êtres que vous chérissez. Le soldat de la vidéo dit que votre mari n'aurait pas dû entraîner vos enfants dans une bataille, mais nous reconnaissons notre responsabilité dans le fait d'avoir amené la bataille dans votre quartier et dans votre famille. »

Répondant aux déclarations de Robert Gates, la lettre ajoute : « Il se peut que notre gouvernement vous ignore, plus préoccupé qu'il est de son image. Il a aussi ignoré de nombreux vétérans qui sont retournés physiquement blessés et mentalement tourmentés par ce qu'ils ont vu dans votre pays. Mais il est plus que temps que nous disions que la valeur des dirigeants de notre nation a cessé de nous représenter. Notre secrétaire à la Défense peut bien dire que les Etats-Unis ne perdront pas leur réputation à cause de cela, mais nous persistons à dire que l'importance de notre réputation est peu de chose en comparaison de notre humanité commune. »

Article original en anglais, WSWS, le 23 avril 2010.

dimanche 25 avril 2010

LE PROJET DE L'OCCIDENT POUR L'IRAK EST RATE

24 mars 2010 (MO) - Hana Al-Bayaty fait des documentaires. Elle ecrit aussi des pièces d’opinion pour l’hebdomadaire égyptien Al Ahram. Elle a vécue à Bruxelles pendant quelques années et a aidé à organiser le BRussells Tribunal lors de l’invasion en Irak. En ce moment elle vit au Caire. Le MO* l’a rencontrée a l’occasion du septième anniversaire de l’invasion mais aussi pour la parution du livre “Cultural Cleansing in Iraq- Why museums were looted, libraries burned and academics murdered”.

Ce livre démontre que la guerre en Irak avait pour but de détruire le pays

Hana Al Bayaty : Je pense que le projet de détruire l’Irak remonte à 1990 et aux sanctions imposées contre ce pays. Elles avaient pour but de le démanteler, mais comme cela n’a pas vraiment marché, ils ont alors décidé d’occuper l’Irak. Ce n’est pas un processus qui a commencé en 2003. Le traitement préférentiel du Nord (majorité kurde) dans les années 90 était aussi une tentative de diviser le pays. L’invasion avait pour but de détruire les institutions étatiques. C’était seulement pour annihiler l’Etat. C’est alors que l’occupation a introduit le sectarisme. Les irakiens ne s’identifiaient pas en tant que chiites ou sunnites mais plutôt comme nationalistes, communistes ou éventuellement islamistes, y compris le parti Baath-parti de Saddam Hussein non sectaire- qu’on peut blâmer de beaucoup de choses, mais sûrement pas de sectarisme. On a découvert par la suite que 58% du parti Baath était de confession chiite.

Avant l’Irak était un partenaire de l’Occident. Pourquoi cette invasion?

Hana Al Bayaty : Il y a plus d’une raison. L’idée de dominer l’Irak et les autres pays arabes vient de la menace qu’ils représentent pour Israël. L’Irak était très riche et a toujours été un carrefour entre l’Europe et la Chine, entre la Turquie et le Golfe et entre l’Iran et l’Egypte. Et donc naturellement celui qui contrôle l’Irak peut avoir une immense influence sur les marchés mondiaux. Les États-Unis voulaient avoir ce pouvoir. C’était donc logique de commencer par l’Irak. Un deuxième point est que l’Irak était un pays prospère et donc avait le plus de chance de devenir un pays démocratique.

Cette possibilité n’était pas en vue sous Saddam Hussein?

Hana Al Bayaty: il y avait une large classe moyenne qui était très éduquée. Le gouvernement avait nationalisé le pétrole, investissait dans l’éducation et la santé, et avait une armée forte, ... Ils avaient tout pour devenir un leader du monde arabe. Dans tous les cas il y aurait eu naturellement une transition. En Irak, le rôle de la femme avait été amélioré et elles étaient les plus libres dans la région. Le crime de l’Irak a été de nationaliser le pétrole. C’est la raison pour laquelle l’Occident a détruit l’Irak. Ca n’avait rien à voir avec Saddam Hussein.

Quand Saddam Hussein est arrivé au pouvoir il y avait beaucoup de sympathie pour le parti Baath, surtout depuis que le parti communiste avait suivi la position de l’Union Soviétique et ainsi reconnu l’existence d’Israël. Le peuple a considéré cette décision comme une trahison. C’est donc de la faute des partis de gauche, cela n’avait aucun lien avec le fait d’être pro-américain ou non.

Saddam est quand même en partie responsable pour le déclin de l’Irak?

Hana Al Bayaty: Ca a commencé par la purge que Saddam a entrepris dans son propre parti. Evidement il y a le Koweït. Récemment la partie orthodoxe du Baath a reconnu que l’invasion du Koweït avait été une erreur. Sur la guerre Iran-Irak (1980-1988) les avis sont encore partagés. L’Iran et l’Irak ont été en conflit permanent dans l’histoire. A l’époque contemporaine, le principal problème était le caractère expansionniste de la Révolution Islamique en Iran qui ne reconnait pas la souveraineté des Etats. Ca a été un facteur très déstabilisant dans un pays avec autant de chiites qu’en Irak. Mais l’Irak est tellement laique que les chiites irakiens ont combattus l’Iran pendant huit ans. Même lors des élections de ces dernières années les irakiens ont démontrés qu’ils étaient laiques.

Mais il y avait de sérieuses oppositions entre les kurdes et les arabes, les habitants du sud de l’Irak et l’élite au pouvoir proche de Saddam Hussein...

Hana Al Bayaty: Dans les années 90 des pouvoirs occidentaux ont entrainés des milices dans le nord qui voulaient s’engager dans une invasion de l’Irak. Ils espéraient aussi un soulèvement populaire pro-occidental, mais ils n’ont pas pris en considération la longue histoire des mouvements nationaux qui ne menaçaient pas l’unité de l’Irak. On ne peut pas comparer l’Irak à la Yougoslavie car ce dernier a toujours été un état fédéral alors que l’Irak est depuis longtemps unifié. Peut-être il y a un besoin de plus de décentralisation ou de démocratie locale…

L’Irak est héritier de différentes civilisations, c’est une très vieille société avec beaucoup de diversités et de couches. Les milices soutenues par l’occupation qui ont installées la violence après l’invasion veulent précisément morceler tout ce qui rassemble ou unifie les irakiens. Ils détruisent les symboles et tuent l’intelligentsia. Les américains ont dépecer l’armée nationale et veulent créer une nouvelle armée basée sur ces milices - qui elles aussi s’opposent à un Irak unifié. Elles croient à un confédéralisme ou à une sorte d’autonomie, mais aucune ne peut représenter l’idée d’un Irak uni.

Le morcèlement de l’Irak ne s’est en tous les cas pas produit. Mission échouée pour les Etats-Unis?

Hana Al Bayaty: Je ne pense pas qu’ils s’attendaient à tant de résistance. Leur réponse à cette résistance a été très violente avec comme résultat, au minimum: deux millions de morts et cinq millions de réfugiés. Si le but était de privatiser à nouveau le pétrole alors c’est un échec. Si le but était de transformer l’Irak en une fédération faible alors c’est aussi un échec. Les médias occidentaux disent que la situation est maintenant stabilisée, qu’il n’y a plus de résistance. Mais ceci n’est absolument pas vrai. Les considérations stratégiques de diminuer les attaques contre l’occupation et le gouvernement actuel n’étaient qu’une question de timing. A ce moment là, c’était les élections américaines: les derniers mois du mandat de Bush et les premiers mois d’Obama, il n’y avait aucune raison de sacrifier des combattants puisque cela n’aurait pas mener à un changement de politique.

Est-ce que la résistance est irakienne? Quel est l’importance de la participation étrangère?

Hana Al Bayaty: “La participation étrangère” est risible. Même l’armée américaine dit qu’il s’agit de seulement 2% des combattants. En Afghanistan c’est la même chose. Et, malheureusement, la solidarité internationale n’a pas joué un grand rôle pour soutenir la résistance.

Vingt ans après la première Guerre du Golfe et sept ans après l’invasion par les troupes anglo-américaines il faut encore imaginer un futur . Comment peut-il être vu?

Hana Al Bayaty: Une amélioration ne viendra qu’à partir du moment où l’occupation prendra fin et lorsque toutes les troupes étrangères seront parties. Il faut que le gouvernement actuel soit remplacé par un gouvernement intérimaire et que des élections libres soit organisées. La base du gouvernement intérimaire devra être formée avec le soutien de la résistance et un espace pour d’autres patriotes. Par exemple le mouvement anti-occupation a donné, lors des dernières élections, son soutien à la coalition autour d’Ayad Allawi. Cela prouve que tout et tout le monde ne doit pas forcément venir du noyau dur de la résistance.

Ensuite nous avons un besoin urgent de relations stables avec les pays voisins car actuellement ils posent une réelle menace car ils s’ingèrent trop dans les affaires du pays et le résultat peut être une guerre civile. En particulier l’Iran, mais aussi la Turquie, l’Arabie Saoudite … jouent avec le feu. Et ça l’Irak pourrait bien s’en passer.

BRUXELLES – L’autobiographie de Malalai Joya, politicienne et activiste pour les droits des jeunes femmes afghanes, est un cri de colère. Elle a survécue à cinq assauts et vit cachée dans Kabul. Malgré tout elle reste optimiste. “Arrêtez les bombardements et ne financez plus les seigneurs de guerre. Alors seulement les voix démocratiques oseront se lever.” Interview par Christophe Callewaert pour De Wereld Morgen.

Lorsque je l’ai rencontrée dans un hôtel bruxellois elle paraissait exténuée. C’est difficile d’imaginer que cette femme petite et frêle est la cible numéro 1 de tous les extrémistes d’Afghanistan. Depuis qu’elle a prise la parole librement à une Loya Jirga –la grande rencontre des chefs tribaux pour faire une ébauche de la constitution- elle est considérée par ses ennemis comme “une morte vivante”.

Elle a déjà survécue à cinq assauts. Une fois elle a vue une bombe a explosé prématurément et le pont sur lequel elle devait passer en voiture partir en fumée. Malgré tout, elle vit toujours en Afghanistan.

Malalai Joya: "Je vis à Kabul mais, malheureusement, je ne mène pas une vie normale. Je déménage tout le temps entre différentes maisons sécurisées. Je n’ai pas de bureau pour recevoir les gens. J’ai mêmes des gardes du corps mais ça reste très dangereux. Et maintenant que j’ai écrite ce livre, les extrémistes vont encore plus me menacer. Ils savent que je ne vais jamais accepter un compromis, et qu’ils ne seront jamais d’accord avec moi, alors ils veulent absolument m’éliminer. Je fais de mon mieux pour que cela n’arrive pas."

Vous pouvez encore faire de la politique?

Malalai Joya: "Je suis souvent invitée dans des provinces éloignées ou à des manifestations publiques dans Kabul, mais c’est vraiment trop dangereux. Ma vie est clandestine. Je reçois quelques fois des personnes dans des endroits tenus secrets mais pour pas plus de trois heures, question de sécurité. Si mes ennemis voulaient me mettre au silence, ils n’ont obtenus que l’effet inverse. Chaque menace prouve leur faiblesse politique."

"Ma situation devrait réveiller tout le monde" ajoute Malalai Joya. "Sous les talibans, je pouvais encore donner des cours secrètement à des jeunes filles. Maintenant, je ne peux aller nulle part, même avec des gardes du corps. Quelle preuve demander de plus pour voir que cette guerre contre le terrorisme n’est qu’une immense plaisanterie. La libération de la femme n’était apparemment qu’une excuse pour envahir notre pays."

Malalai Joya s’est faite connaître en décembre 2003.Elle venait alors d’être élue députée dans le Loya Jirga pour faire l’ébauche d’une nouvelle Constitution. Malalai Joya n’avait que 25 ans mais était déjà très connue comme cheffe de la santé. Neuf années plus tôt, elle retournait en Afghanistan depuis le Pakistan où elle a vécue et grandie dans un camp de réfugiés. Toujours adolescente sous les Talibans, elle donnait secrètement des cours à des femmes et à des jeunes filles.

Dans votre premier discours, lors de la Loya Jirga, vous vous en êtes prise sérieusement à quelques uns des personnes présentes. Pourquoi étiez-vous tellement en colère ?

Malalai Joya: " J’ai été choquée de voir tant de criminels de guerres présents à cette rencontre. C’est clair que je redoutais fort que la Loya Jirga ne serait qu’un pot-au-rose de l’occupation américaine. Mais ce que j’y ai vu était pire que ce que j’avais pu imaginer. Il était clair alors pour moi que les Etats-Unis (USA) et ses alliés n’avaient fait que remplacer les talibans par des seigneurs de guerre. Ceux-là même qui sont responsables de la guerre civile après le retrait de l’Union Soviétique. »

Qui sont ces seigneurs de guerre?

Malalai Joya: "Les seigneurs de guerre ont reçus des millions de dollars du CIA et de l’ISI (services secrets pakistanais) pendant la Guerre Froide. A cette période là ils n’étaient pas très sympathiques avec mes gens. Malgré tout, tout le monde, même les intellectuels et les progressistes, combattait l’occupation russe. Mais une fois que l’Union Soviétique avait quittée l’Afghanistan, ils ont montrés leur vrai visage. Hekmatyar, Massoud, Hatim, Rashid Dostum, ... toutes ces marionnettes aux mains des USA ont commises des crimes atroces."

"Vous pensez que tout a commence avec les Talibans, mais c’est un mensonge. Les atrocités ont commencées avec les seigneurs de guerre. Au nom de l’Islam ils ont abolis les droits des femmes. Même les plus jeunes filles n’étaient pas en sécurité avec ces violeurs. Ils ont pillés les musées et les librairies ont été brulées. Ils ont assassinés plus de 65.000 personnes. Ils ont transpercés les têtes des opposants avec des clous . Ils ont arrachés la poitrine des femmes."

"Le pire est qu’ils ont peut-être réussis à détruire l’unité nationale. Ils ont tous combattus au nom d’un groupe ethnique. La situation était tellement horrible que les afghans étaient soulagés de voir les talibans prendre le pouvoir et mettre fin à l’empire des seigneurs de guerre. Bien sûr ils ont vite étés désenchantés car à nouveau un gang de meurtriers avaient pris le pouvoir. En 2001, quand les talibans ont été éjectés du pouvoir, l’espoir était revenu mais pour un court moment. Le 28 Avril a été déclaré le Mujahedeen Victory Day (le jour où en 1992 la guerre civile avait commence) alors que cette date devrait représenter pour tous les afghans un jour de deuil national."

Vous appelez Ahmed Shah Massoud un seigneur de guerre. N’est-il pas un héros national pour l’Afghanistan?

Malalai Joya: "Massoud est un très bon exemple du « avant terroriste et maintenant héros pour les américains ». En Afghanistan on appelle ce héros le « boucher de Kaboul » parce qu’il a commis un nombre immense de massacres et de ravages. Une rue dans Kaboul porte son nom mais personne ne l’utilise parce qu’il est haï. La CIA et le gouvernement français veulent nous pousser à voir Massoud comme un héros, mais les héros naissent dans le cœur des gens et pas dans les ministères des affaires étrangères."

Ne voudrais-tu pas leur donner une chance? Peut-être ils montreront alors du remord ?

Malalai Joya: "Huit années ont été suffisantes pour voir comment ils traitent mes gens. Quand les talibans ont pris le pouvoir, les seigneurs de guerres se sont terrés. Avec les millions de dollars qu’ils ont reçus du CIA ils se sont caches dans des cavernes. Après le 11 septembre 2001 ils sont ressortis et se sont comportés comme des loups mais cette fois-ci habillés comme des moutons. "

"Maintenant ils sont même prêts à négocier avec les talibans. En réalité, ils n’ont aucun problème ensemble. Certains se réfèrent à l’Afrique du Sud : Mandela a bien aussi serré la main de ses ennemis. Oui, il y a des victimes qui pardonnent leur bourreau. Mais en Afghanistan ce sont des terroristes qui serrent la main d’autres terroristes."

En 2005 vous avez été élue au parlement. Deux années plus tard vous avez été suspendue parce que vous auriez offensé des parlementaires. Ils exigeaient des excuses de votre part. Pourquoi avez-vous refusé?

Malalai Joya: "En Afghanistan c’est la loi de la jungle qui règne. Est-ce si mal de comparer le parlement à un zoo ? D’accord, tous les parlementaires marchent sur deux pieds, mais les seigneurs de guerre parmi eux sont plus sauvages que les animaux. Eh, heureusement que les animaux ne peuvent pas porter plainte sinon ils m’auraient poursuivis pour les avoir comparés avec ces criminels. "(Rires)

"J’étais assise là parmi des massacreurs de masse. C’est impossible que je trouve un compromis avec eux. Je pense même qu’ils ne savent pas ce que ça veut dire. Et que diraient mes partisans si je ne levais pas ma voix ? Oups, est-ce que notre Malalai serait aussi une corrompue? Non, je ne pouvais pas m’excuser simplement parce que ce que j’ai dit est la vérité. Les élections sont un signe de démocratie mais malheureusement après huit ans, les afghans voient bien que ce ne sont que des outils aux mains des occupants et des seigneurs de guerre pour leur donner une légitimité aux crimes qu’ils commettent. "

Le président afghan Hamid Karzai vous a dit qu’il était d’accord avec vous. Croyez-vous en lui?

Malalai Joya: "Hamid Karzai est une marionnette effrontée. Il a fait un compromis avec les terroristes les plus cruels et les a permis de dominer son gouvernement. Maintenant il veut aussi inclure les talibans dans son cabinet."

Est-ce que vous regrettez que son opposant Abdullah Abdullah se soit retiré des élections?

Malalai Joya: "Abdullah Abdullah est aussi un bon ami des seigneurs de guerre. Je pense même qu’il soit plus dangereux que Karzai. Abdullah est un fervent partisan du fédéralisme, ce qui créerait un désastre pour l’Afghanistan. Le pays serait plus facilement balkanisé. Ne perdons pas plus de temps avec ce genre de personne qui blablate à propos de la démocratie mais qui sont en réalité des ennemis."

On dirait que personne n’est crédible. N’êtes-vous pas trop dure ?

Malalai Joya: "Il y a beaucoup de progressistes et d’intellectuels dans mon pays mais ils doivent vivre clandestinement à cause de la guerre. Si les bombardements s’arrêtent et que les seigneurs de guerre ne sont plus supportés, alors les démocrates oseront élever leur voix. Maintenant ils n’ont aucune opportunité de le faire. C’est aussi la faute des médias qui ne veulent pas faire de reportage sur ce qui se passe réellement en Afghanistan. Avez-vous déjà vu une manifestation de professeurs sous payés à la télévision ?"

Si les troupes étrangères s’en vont, l’Afghanistan risqué d’être déchiré par une guerre civile.

Malalai Joya: "Qu’est-ce que vous faites avec la guerre civile qui est déjà là? Ils nous ont placés entre un roc et un endroit dur à vivre et ils appellent ça la démocratie. Aussi longtemps que les troupes restent en Afghanistan il y aura une guerre civile. Les bombardements de l’OTAN tuent beaucoup de civiles dont la plupart sont des enfants et des femmes. Les USA se targuent en disant qu’avec leurs équipements ils peuvent trouver une fourmi, mais savent-ils pas faire la différence entre un enfant et un taliban? Et c’est ça le moyen de stopper une guerre civile ? C’est très simple. Ne donnez plus de million de dollars à ces seigneurs de guerre et leur empire s’effondrera. Ce sont des tigres en papier.”

Les pays occidentaux ne peuvent pas donner l’Afghanistan et les afghans aux Talibans?

Malalai Joya: "Actuellement on fait face à trois ennemis: les forces d’occupation, leurs alliés et les talibans. Alors les troupes étatsuniennes et l’OTAN devraient se retirer le plus vite possible de l’Afghanistan. Ca nous laisse donc deux ennemis, c’est déjà plus simple. Et si les USA n’acheminent plus des centaines de million de dollars aux seigneurs de guerre, alors leur empire s’effondrera comme un château de cartes. Je suis convaincue de ça parce qu’ils n’ont pas le soutien de la population."

Mais ça ne va pas détériorer la situation des droits des femmes?

Malalai Joya: "Les droits des femmes ne se créent pas grâce à de la poudre à canon. Les droits des femmes ne viendront pas de l’utilisation des bombes à phosphores, des bombes à fragmentations, de l’uranium appauvri ni du bombardement de gens innocents. Les huit dernières années il y a eu plus de citoyens ordinaires tués par les forces d’occupation que de combattants talibans. Des millions d’afghans souffrent de l’insécurité, de la pauvreté, du manque d’emplois et de l’injustice. Même à Kaboul on n’est pas en sécurité. Bien sûr il y a eu un changement symbolique: 68 femmes dans le parlement. Mais la plupart sont nominées par des seigneurs de guerre ou par des fondamentalistes. "

"L’insécurité croissante empêche aussi les jeunes filles d’aller à l’école. Elles risquent de se faire kidnapper ou violer. Le fils d’un député a violé une fille mais son père a tout fait pour qu’il se fasse vite relâcher. De ce que vous pouvez voir à la télévision et dans les journaux, seuls les talibans commettent des crimes."

Une partie des troupes belges aide aussi à la formation de l’armée afghane. Obama espère que très bientôt l’armée afghane pourra reprendre les responsabilités des troupes étrangères.

Malalai Joya: "L’armée afghan est l’ennemie des afghans. Qui dirige les militaires ? Les seigneurs de guerre. On ne place pas un lapin en charge du stock de carotte. On a eu une armée volontaire, mais les seigneurs de guerre n’accepteront jamais cela. "

Les troupes étrangères sont aussi engagées dans la reconstruction. N’y gagnent-ils pas de cette manière le cœur des afghans ?

Malalai Joya: "Malheureusement il y a aussi les seigneurs des ONG. Beaucoup d’argent réservé pour la construction d’écoles disparait dans la poche des seigneurs de guerre. Beaucoup d’ONG sont corrompues. Je l’ai vu de mes propres yeux. Il y a des écoles construites avec les matériaux les moins chers. Ensuite des photos sont prises rapidement pour le montrer aux principaux médias. Mais après une année il ne reste que peu de chose de ces écoles. Chaque jour les USA dépensent 160 million de dollars pour la guerre en Afghanistan. Vous imaginez ce qu’on pourrait faire avec tout cet argent?"

Certains dissent qu’il n’y aurait qu’une solution politique. Ne serait-ce pas une bonne idée de négocier avec les talibans modérés dans le but qu’ils baissent les armes ?

Malalai Joya: " Vous savez les talibans modérés n’existent pas. Il n’y a que des barbares et depuis peu certains sont décrits comme modérés par Karzai. Le problème ce sont les médias principaux qui trompent les gens. Bush a mis un prix de 25 million de dollars sur la tête de Hekmatyar et du jour au lendemain Obama le considère comme un modéré qui pourrait terminer dans le gouvernement? Encore une fois il joue avec le future de mes gens. J’ai peur que la politique d’Obama soit encore plus dangereuse que celle des criminels de guerre de Bush."

Comment les politiciens occidentaux réagissent à votre raisonnement?

Malalai Joya: "Même si je suis députée, je ne vois que très peu de politiciens. J’ai été en Allemagne et mes partisans ont urgemment demandé au gouvernement de me recevoir. Le gouvernement a refuse en répondant: « elle n’est plus député, non ? » Au lieu de protester ma démission, ils acceptent la logique de l’occupation. Ca montre que le gouvernement allemand a peur de la vérité. Heureusement que beaucoup de gens ordinaires sont de mon côté."

Que diriez-vous au Ministre de la Défense, Pieter de Crem, si vous aviez une chance de le rencontrer?

Malalai Joya: " Votre pays devrait suivre une logique indépendante. Alors vous seriez les bienvenues dans mon pays pour le reconstruire. Mais si les troupes étrangères restent en Afghanistan, ils recevront leur leçon comme les britanniques et les soviétiques l’ont reçue auparavant. Votre pays supporte la stratégie étatsunienne. Les USA veulent occuper l’Afghanistan parce qu’ils leur est alors plus facile de contrôler les deux pouvoirs régionaux : la Russie et la Chine. En plus ils ont accès plus facilement au pétrole et aux réserves de gaz des républiques d’Asie Centrale. C’est clair que vous ne voulez pas faire partie de ça, non ?"

N’avez-vous jamais pensé à fuir l’insécurité et de continuer votre travail dans un pays plus sûr ?

Malalai Joya: "Je ne veux pas abandonner mes gens. Partout où je vais-je clame qu’un pays ne peut pas être libéré par un pays étranger. Combattre pour la démocratie et les droits des femmes est la responsabilité des gens qui sont concernés. Ce serait illogique de le faire à partir de l’étranger. Je prends toutes les opportunités de voyager pour susciter la solidarité envers le combat des afghans. Mais si je restais tout le temps en Occident, je serais coupée de mes gens."

" Je ne peux pas compter sur les medias afghans pour transmettre mon message correctement aux gens. Avant il y avait quelques mouvements démocratiques avec un journal mais ils ont du arrêter les publications faute d’argent."

Pourquoi n’êtes-vous pas membre d’un des partis existants?

Malalai Joya: "Plusieurs partis démocratiques m’ont demandés de rejoindre leur rang, mais je préfère rester indépendante. Je suis une activiste sociale. Je ne me compromettrais pas. Mais je pense à autre chose. Peut-être est-il temps de rassembler nos forces et de former un nouveau parti que les autres partis démocratiques et intellectuels peuvent rejoindre. J’y pense sérieusement. "

Allez-vous participer aux prochaines élections?

Malalai Joya: "On m’encourage à participer aux élections parlementaires. J’y pense aussi mais ce sera dur car je ne peux pas mener de campagne."

Dans votre biographie, vous écrivez que les livres ont joués un rôle important dans votre vie.

Malalai Joya: "Les livres sont comme la lumière. J’ai été chanceuse que mon père m’a donné l’opportunité de lire. Ces livres ont eus un immense impact sur moi. Spécialement le livre Gadfly (de l’écrivain anglais Ethel Lilian Voynich, ed). Ce livre m’est très important car il a changé ma vie. J’ai vue le film, lue le livre et encore regardée le film."

Quels livres lisez-vous?

Malalai Joya: "j’avais l’habitude de lire rapidement. Du temps des talibans, je lisais 3 livres par semaines même si je devais regarder dans le dictionnaire à chaque phrase. Mon grand-frère ne me croyait pas et pour me tester il a pris un jour un livre et m’a questionné, j’ai pu répondre à tout ce qu’il m’a posé. Ensuite ma famille m’a supportée et m’a encourage à lire plus et à étudier. Maintenant je lis de moins en moins. Je suis très vite fatiguée. La vie est tellement dure. Je ne lis plus de roman. Je dois préparer des discours, écrire des articles et donner des interviews."

Est-ce que vous pensez que les Etats-Unis et ses alliés pourront un jour gagner la guerre ?

Malalai Joya: "Ils l’ont déjà perdue."

Pouvez-vous vous imaginez un Afghanistan libre et en paix?

Malalai Joya: "je pense souvent que je ne le verrais jamais. Peut-être un jour... s’ils ne m’ont pas tué avant. "

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En Irak, Obama a choisi la continuation de la criminelle ingénierie sociale. Seule une rupture du processus politique peut sauver l’Irak et son peuple écrit Abdul Ilah Al Bayaty.

Tous les observateurs (les Nations-Unies, les institutions internationales, les organisations, les mouvements et partis arabes et internationaux, les irakiens en dehors des cercles du pouvoir en place en Irak) pointent du doigt et ont même alerté la communauté internationale, les Nations-Unies, les membres de la Ligue Arabe, les mouvements internationaux et arabes, de la situation tragique et des conditions de vie des irakiens vivant sous l’occupation, de la diminution drastique de toutes chances de vivre une vie normale si les conditions que l’invasion américaine a créées sont maintenues, et si le gouvernement Al Maliki soutenu par les Etats-Unis (EU), les leaderships kurdes et les partis sectaires pro-iraniens maintiennent leurs politiques de répression généralisée, de corruption généralisée, de falsification d’événements et de mensonges généralisés comme justifications.

Le plan initial de destruction de l’Irak et de sa division en trois entités,en dépendant d' une alliance entre les séparatistes kurdes, les religieux iraniens fascistes et les activités clandestines des services secrets israéliens, était déjà un plan en lui-même de criminelle ingénierie sociale contraire à toutes les obligations d’une occupation sous les lois internationales. Dès lors que l’armée irakienne et avec elle les irakiens se sont engagés à résister à l’occupation, cette dernière et ses alliés se sont embourbés dans de désastreuses actions génocidaires désastreuses non seulement pour les irakiens mais aussi pour les EU, les pays voisins de l’Irak, l’économie internationale, les relations, normes et standards internationaux.

Ce qui s’appelle “processus politique” n'a pour but que d’achever cette division de l’Irak. Mais tous ceux qui connaissent la région savent depuis le début que le plan des EU de détruire l’identité arabo-musulmane de l’Irak et de le diviser en une entité chiite, une sunnite et une kurde ira directement à sa perte. En courant derrière ce mirage, les EU ont produit sept années de morts incessantes, de destructions et de terreur pour l’Irak et sept années d’échec à combattre les irakiens et leur Resistance: une véritable effusion de sang pour l’Irak et un gouffre financier pour les EU. Les Etats-Unis n’y ont gagné que la honte, une crise financière, les morts injustifiables de leurs enfants, une agression impardonnable, le déclin de leur image, et une méfiance généralisée de leurs valeurs et leurs politiques.

Oui, les EU ont réussi à détruire l’Irak. Mais réussir à reconstuire un nouvel Iraq divisé en trois entités semi autonomes, projet que les think-tanks étatsuniens ont créé pour eux-mêmes et pour Israël, relève de l’impossible. L’Irak est incassable. Les irakiens, leur identité et leur volonté ainsi que la réalité géopolitique de la région ne permettent aucune division de l’Irak. Après sept années d’échecs, au lieu de négocier avec la Résistance et les forces anti-occupation restées en dehors du processus politique américain pour établir la paix et les conditions d’un retrait de leurs forces armées et de rendre l’Irak aux irakiens afin qu’ils puissent reconstruire leur pays, leur société et leur vie, l'administration Obama a décidé de raviver le processus politique raté via des élections fausses.

Avec Obama, les EU- premiers responsables de la situation tragique en Irak — ont présenté les élections irakiennes comme le remède aux problèmes qu’elles ont créés et soutenus. En réalité, les règles qui dominent le processus politique, la répression, la mise au ban de tous les opposants, la déportation forcée de la plus grande partie de la classe moyenne en dehors de l’Irak ont réduit ces élections à une simple pièce de théatre qui reprduit le même processus politique raté afin que les EU puissent prolonger et assoir leur contrôle sur l’Irak et en meme temps s'exempter de leur responsabilité concernant la situation tragique de l'Irak. Réussir un jour d’élections n’a rien à voir avec les vies quotidiennes tourmentées des irakiens.

Pour les EU, les signatures du gouvernement Maliki sur l’accord du Statut des Forces (Status of Forces Agreement) et sur les contrats pétroliers les ont libérés de se préoccuper de qui gouverne, de comment il gouverne et dans quel but il gouvene. Comme tous ces accords sont légalement nuls et non avenus et malgré des déclarations toutes réthoriques sur le retrait des forces de combat américaines, les EU auront à leur disposition à l’intérieur même du processus politique ,processus dirigé par des voleurs, chefs de guerres et agents, des forces qui les assurent qu’aucune force d'opposition aux EU puisse exister sans etre éliminée immediatement par d'autres forces du processus politique ou directement par les EU ou par ses forces d'opérations spéciales . Les forces dans le processus politique sont toutes ouvertement encouragees à lutter l'une contre l'autre dés lors qu'elles ne s'opposent pas à l'occupation et ne soutiennent pas l’édification d’un état irakien unifié.

Rien n’est plus clair concernant cette stratégie que le discours de l’ambassadeur Hill à Washington. Tous les candidats aux dernières élections, Allawi inclus, étaient en accord. Leurs différences portent sur le partage du pouvoir et leur part du gâteau: l’Iran et ses agents refusent d’intégrer les sunnites dans la machine politique; les kurdes ne veulent pas que les arabes s’unifient afin d'intégrer Kirkuk dans leur region au nord; Allawi et beaucoup d’autres critiquent le sectarisme et le fascisme religieux mais ils ne sont pas hostiles à l’invasion ni à une débaathification douce ; Maliki veut rester premier ministre par des élections ou par la force. Apparemment les résultats des élections tronquées servent bien les plans étatsuniens. Le parlement sera aussi divisé qu’avant et le futur gouvernement sera aussi faible qu’avant.

Il y a au moins deux aspects qui pourraient mettre en danger et perturber ces plans complaisants pour les EU. Le premier : alors que les EU n’ont rien fait pour changer la situation tragique en Irak, laissant le sale boulot de la répression, la corruption et les mensonges à ses alliés locaux, ceux-ci refusent maintenant tout changement. Ils utilisent des moyens et subterfuges légaux et illégaux (assassinats, arrestations, déportations et terreur) pour que les pouvoirs puissent rester dans les mains de l’alliance entre les deux partis kurdes et de deux partis shiites. L'attentisme kurde, les interventions iraniennes, les violences sectaires et les menaces d’Al Maliki de ne pas reconnaitre les résultats des élections vont dans cette direction.

Le second danger aux plans étatsuniens est la position de la résistance populaire et des forces anti-occupation par rapport aux élections. Aucune de ces forces n’a présenté une liste ou des candidats officiels rendant ainsi les élections illégitimes. Ni le parti Baath, ni le Taa’sisee, ni l’association des Savants Musulmans en Irak ,ni la gauche anti-occupation n’ont participé mais ils ont laissé le choix de boycotter ou de voter à leurs partisans en fonction de la situation locale.

Si on analyse le nombre de votes par liste et par thème, on peut tout de suite voir que le projet de mouvement anti-occupation pour un Irak unifié a remporté le plus de succès et que donc il est la première force politique du pays:

Les votes à Kirkuk, Mosul, Diyala et Salaheddin prouvent que les plans kurdes d’expansion ne reçoivent pas l’aval de la population de ces départements. Les partis purement religieux, qui rêvent d’un état religieux, ont récolté moins de 2.5 millions de votes sur un total de 12 millions alors même que pendant sept ans ils ont utilisé le pouvoir pour leur propre bénéfice avec la bénédiction des EU. Ceux qui supportent la division de l’Irak en une entité shiite, une autre sunnite et une troisième kurde -c’est-à-dire le Iraqi National Accord (INA) et l’Alliance Kurde- n’ont pas réussi à récolter plus d’un cinquième de tous les votes eligibles. Il faut mentionner que les Sadristes — qui font parties de l’INA — se présentent comme refusant la division de l’Irak.

Le nombre de votants acceptant l’hégémonie iranienne sur l’Irak est très faible. L’INA, qui est le principal allié des EU, a remporté autour de 2.095.000 votes sur les 18 millions éligibles et sur les 12 millions votants. On pourrait rajouter la moitié de la liste de Maliki si elle se désintègre. Maliki, une création américaine, se présente lui-même comme étant contre l’hégémonie iranienne. On verra ce qu’il en sera lorsqu’il ne sera plus au pouvoir.

La situation fait que l’Irak se retrouve à un croisement crucial. Une des possibilités est que les irakiens revivent encore quatre années sanglantes après ces dernières sept années de bain de sang. La seconde possibilité est qu’en respectant la volonté des irakiens, ils puissent enfin se reposer, vivre en sécurité et commencer à construire un état séculier et à nouveau unifié. Les votes ont prouvé qu’aucun salut ne viendra du processus politique actuel et que : la Résistance armée -laquelle est l’armée irakienne légale-, plus ceux qui ont boycotté les élections, ceux qui ont voté pour Allawi et pour les autres listes désirant un changement et un Etat séculier, les réfugiés- dont la plupart sont de la classe moyenne-, les kurdes non-séparatistes qui sont en dehors des partis gouvernants, les turkmènes, les pauvres qui ont voté pour les Sadristes, les chrétiens, les yazidis, les intellectuels honnetes, tous représentent un public pour qu’un gouvernement du salut se crée, gouvernement qui pourrait reconstruire un Irak démocratique, indépendant et unifié. C’est le devoir des Nations-Unies, de la Ligue Arabe, des pays voisins de l’Irak et des irakiens progressistes de travailler à permettre la naissance de ce gouvernement.

A partir du moment où les irakiens se battent pour la paix, la stabilité et la démocratie -en résistant et en cherchant un moyen pour reconstruire leur Etat souverain basé sur l’égalité des citoyens- ils défendent aussi les intérêts des pays voisins, Iran inclus, du monde arabe, de tous les peuples, de tous les pays et de toutes les forces qui veulent une fin aux guerres, à la violence, aux relations basées sur la force, l’exploitation et l’hégémonie de l’Occident dans les affaires internationales dont la première victime se trouve toujours être le Tiers-Monde. L’Irak est au premier rang de la lutte pour un monde meilleur.

Abdul Ilah Albayaty est un analyste politique irakien et membre du Comité Exécutif du BRussells Tribunal .

RÉFLEXIONS SUR L'ASSASSINAT CIBLÉ DES UNIVERSITAIRES À L'OCCASION DE LA SEPTIÈME ANNIVERSAIRE DE LA GUERRE EN IRAK.

A l’approche de l’anniversaire du déclenchement de la guerre en Irak, je pense à ce que j’écrivais il y a sept ans. Cette guerre n’avait rien à voir avec la lutte contre le terrorisme mais avait été planifiée longtemps à l’avance, non pas en vue d’une démocratisation de l’Irak mais plutôt de sa destruction. On a ouvertement raillé ce point de vue. On me considérait au mieux comme naïve ou pathétique dans ma colère mais pas à la hauteur de la politique mondiale.

En vue de la préparation d’une soirée commémorative de ce septième anniversaire du 20 mars, je suis en train de lire un livre: Nettoyage culturel en Irak. Pourquoi les musées furent pillés, les bibliothèques brûlées et les universitaires assassinés ? (1) L’hypothèse de base, que vous le croyiez ou pas, était que cette guerre avait dès le départ comme unique objectif la destruction de l’Etat irakien. Mais il y a plus : l’épuration culturelle, le pillage des musées, l’incendie des bibliothèques et l’assassinat des universitaires faisaient partie intégrante de la stratégie de guerre, affirment les auteurs.
‘State ending’, l’élimination d’un Etat, deviendra certainement un concept au même niveau que le génocide et ses dérivés tels que l’urbicide - destruction de villes -, le sociocide - destruction de sociétés -, le mnémocide - destruction de la mémoire collective. Nous l’espérons d’autant plus que ces nouveaux concepts et leurs intrications ne s’appliquent pas seulement à l’Irak.

La presse a largement couvert les pillages de musées. Mais les articles sur ce sujet n’ont pas pointé la responsabilité des pouvoirs occupants contrairement à ce que stipulent les règles internationales du droit de la guerre. La presse n’a pas non plus stigmatisé comme telle cette stratégie de mnémocide. Par contre, au fil de toutes ces années, un silence assourdissant a occulté l’ assasinat ciblé de centaines de cadres et universitaires. Etrange, d’autant qu’au cours des trois premiers mois de l’occupation, déjà 250 universitaires ont été tués. Le BRussells Tribunal dispose maintenant d’une liste de 437 victimes , liste qui sert de référence mondiale. Parce que les professeurs qui ont documenté ces meurtres et disparitions ont aujourd’hui eux-mêmes été assassinés ou contraints à l’exil, il est de plus en plus difficile de tenir cette liste à jour. Selon le Christian Science Monitor, en juin 2006 déjà, 2500 universitaires avaient été tués, enlevés ou expulsés du pays. Nul ne sait exactement combien ont été assassinés à ce jour. On sait que des milliers ont été menacés, souvent par des enveloppes contenant des balles, et qu’ils se sont enfuis. Tout comme les universitaires, les journalistes, les médecins, les ingénieurs et les leaders spirituels ont fait l’objet d’intimidations, d’enlèvements et de meurtres. Il faut savoir que dans ces cas, il ne s’agit pas d’éliminations à caractère sectaire, car les statistiques démontrent qu’il n’y a pas cette logique. Ce sont des universitaire dans des hautes fonctions qui ont été ciblées, pas seulement des Baasistes.

Il n’y a jamais eu la moindre enquête sur ces meurtres, les coupables n’ont jamais été identifiés, et encore moins jugés. Pourquoi ? Sans doute parce que les occupants et les nouveaux dirigeants estiment que cela est sans importance. Ou peut-être parce que les escadrons de la mort font partie de leur stratégie, comme auparavant au Salvador. C’est ce qu’affirme ce livre : l’assassinat des universitaires fait et continue à faire partie de « l’option Salvador ».

Conclusion des auteurs ? L’objectif était d’éliminer la classe intellectuelle qui aurait pu devenir le fondement naturel d’un nouvel état démocratique. C’est sinistre. A ce point sinistre qu’il est malaisé d’y croire. Et pourtant c’est vrai : l’élimination des universitaires et autres professionnels de la classe moyenne a servi le premier et plus important objectif de la guerre : la destruction de l’Etat Irakien. «Stae ending» plutôt que « Nation Building» Selon les auteurs de l’ouvrage, ce choix d’objectif de guerre s’est fait sur base du consensus de trois parties : les néo-conservateurs qui voulaient avec le ‘shock and awe’ de l’invasion faire un example, en vue de bases permanentes dans des lieux géographiquement stratégiques, comme l’Irak, pour la domination militaire du monde comme projet d’un « nouveau siècle Americain »; Israël qui ne voulait plus d’un état puissant dans son arrière cour ; et l’industrie pétrolière qui voulait mettre la main sur les plus grands gisements au monde. Cela aussi, je l’avais écrit sept ans plus tôt. Les insultes qu’on m‘a lancé pour cela.

Aujourd’hui, tout est là, noir sur blanc, avec beaucoup de notes de bas de page, bien documenté, dans un livre publié par un éditeur internationalement reconnu (Pluto Press). Je dirai un livre historique. Le monde va peut-être enfin commencer à prendre conscience de la vérité. Des protestations partout dans le monde des milieux académiques seraient une bonne chose. Mais une minute de silence pour leurs collègues assassinés ne suffira pas. Parce que, et c’est cela qui est écrasant, il ne s’agit que de la pointe émergée de l’iceberg : les enfants nés avec des malformations imputables à l’usage du phosphore blanc et de l’uranium appauvri, le manque d’eau potable, d’électricité et de soins de santé, la destruction du système d’enseignement qui a produit une génération perdue, un million et demi de morts et cinq millions de réfugiés, toutes ces choses mises ensemble font de la guerre en Irak le plus grand crime de guerre et la plus grande catastrophe humanitaire par cause humaine des dernières décennies. Et cela continue. Il n’y a guère d’espoir d’amélioration, surtout après les dernières élections. Ajoutons à cela les bombardements incessants et l’éclatement sectaristste du pays, les éliminations et les purifications ethniques parmis les minorités (aussi traités dans le livre) et nous obtenons une image de l’enfer. Et nous, nous détournons de plus en plus la tête. Parce que, après ces sept années, nous avons ras le bol de l’Irak?

Moi aussi je me sens un peu lasse. Cela me laisse un goût amer de réaliser combien j’avais raison avec mes thèses, jugées absurdes dans le temps, à propos de la destruction de l’Irak. Même Bush a eu raison après coup avec son fameux show sur le pont de l’USS Lincoln le premier mai 2003 : « mission accomplie ». Effectivement, l’Irak est détruit. Bon anniversaire, Monsieur le Président ! Oui, tu quoque Obama.

Lieven De Cauter