jeudi 30 décembre 2010

Tarek Aziz en attente d'exécution

Par Felicity Arbuthnot (Lettre au Guardian, 29/12/10)*
 
   Alors que les Etats-Unis et la Grande Bretagne accusent la Russie de prononcer une « condamnation motivée politiquement »  et que le Pape accuse la Chine de restreindre la liberté des chrétiens, l’ancien vice-premier ministre irakien et ministre des affaires étrangères, Tarek Aziz, attend son exécution. Chrétien et victime d’un procès à fortes consonances politiques, il connaît  la duplicité de l’Occident quand il s’agit de l’Irak.
   Le silence du pape, des archevêques, du Foreign Office, en dépit des proclamations de William Hague de placer les droits de l’homme au centre de sa politique, est affligeant. Des opposants à la peine capitale, dont des personnes éminentes tels que des évêques, les ont tous approchés. Aucun n’a répondu à la correspondance qui leur a été adressée. Tarek Aziz est un symbole de cette « démocratie » introduite en Irak. Son procès a été condamné par Human Rights Watch, qui l’avait constamment réclamé, comme ayant été « fondamentalement vicié » et a demandé que le « tribunal casse le verdict ».
   Tarek Aziz a, au moins, eu un semblant de procès. Il est le symbole des centaines de prisonniers qui attendent la mort en Irak sans avoir eu cette chance. Il est aussi un nationaliste qui a plaidé auprès de l’ancien pape que l’Irak ne soit pas détruit pas une invasion et a refusé de quitter ce pays auquel, malgré tous ses défauts, il a consacré sa vie. Sous Saddam Hussein, les prisonniers âgés de plus de 70 ans ne pouvaient êtres exécutés. Tarek Aziz a 74 ans et a été victime d’une attaque cardiaque. Il semble à beaucoup que ce que les Etats-Unis et la Grande Bretagne ont engendré en Irak perpétuent les excès du régime précédent. On ne peut qu’en être honteux. Saddam a été exécuté - d’aucuns disent lynché - le 31 décembre. Espérons que l’histoire ne dupliquera pas cette honte, en notre nom.  
 
*Tariq Aziz still faces execution in Iraq
http://www.guardian.co.uk/world/2010/dec/29/aziz-faces-execution-in-iraq
 

lundi 20 décembre 2010

Recherches pour trouver des fosses communes dans le sud irakien

20/12/2010 Un comité regroupant le gouvernement irakien, le Croissant rouge et la Croix rouge a débuté des recherches dans le sud de l'Irak pour trouver des fosses communes où avaient été enterrés des civils koweïtiens et irakiens, c'est ce qu'a annoncé lundi un membre du comité.
   
"Le comité a commencé son travail il y a deux jours, avec des visites quotidiennes dans le désert du sud entre les villes de Nassiriya, Bassora et Samawa, à la recherche de fosses communes contenant les civils koweïtiens et irakiens tués sous la dictature de Saddam Hussein", a expliqué ce membre sous couvert d'anonymat.
  
"Jusqu'à présent nous n'avons trouvé ni fosse commune ni corps", a-t-il ajouté, précisant qu'une délégation koweïtienne devait arriver à Nassiriya pour participer aux recherches.


L'armée irakienne a envahi le Koweït en août 1990. Selon un communiqué de la Croix rouge en juin, "des centaines de Koweïtiens et d'Irakiens sont toujours portés disparus" depuis cette période.
 
L'Irak doit régler plusieurs questions avec le Koweït, et en particulier celle des disparus de la guerre, pour que les sanctions imposées depuis le conflit soient entièrement levées.


Bagdad verse encore 5% de ses revenus pétroliers à un fonds de compensation pour le Koweït qui lui réclame encore 22 milliards de dollars après en avoir reçu quelque 13 milliards.

mardi 14 décembre 2010

De l'espionnage israélien aux Etats-Unis 

 

 Un article de Xavière Jardez
 
  Aucun pays n’a connu, de tout temps, de la part des Américains, autant de largesses, d’indulgence ou de protection qu’Israël dans le cadre de leur « relation spéciale » : dernièrement, dans l’espoir d’atténuer l’intransigeance d’Israël sur la colonisation de la Cisjordanie ou de Jérusalem Est, de raviver les négociations de paix moribondes, les Etats-Unis ne lui ont-ils pas offert de juteux contrats d’armement*?  Et, de cette relation spéciale, est née une guerre d’espionnage dont les Etats-Unis sont la victime.
 
   Jonathan Jay Pollard, analyste civil des services de renseignements de la Marine, qui a reconnu avoir espionné pour Israël, a été condamné à perpétuité en 1987. Ian Williams, dans un article de juillet/août 1993 dans le Washington Post, écrivait que « même si Pollard a dit avoir été motivé par la sécurité d’Israël, il n’empêche qu’il a été grassement payé (et l’ai toujours) par le gouvernement israélien. Ses protecteurs lui ont aussi offert des cadeaux et des voyages pour lui et sa femme en Europe. La sévérité de la sentence est fondée sur le témoignage non public de l’ancien Secrétaire à la Défense, Caspar Weinberger, qui a déclaré que Pollard avait eu de la chance  car il aurait  mérité trois condamnations à vie. Pollard a fourni aux services secrets israéliens plus de mille documents US classés secret défense comprenant des centaines de pages, soit au total quelque 100 mètres cubes de papier ».
    « Selon Seymour Hersch, journaliste d’investigation, Pollard a vendu à Israël  des  informations vitales sur les cibles nucléaires de l’Union Soviétique (en fait le plan d’attaque US de l’Union Soviétique). Des sources de la Défense US suggèrent que ce qui a causé le plus de colère au Pentagone et à travers la communauté du renseignement aux Etats-Unis était que ces informations fournies par Pollard mettaient en danger les agents se trouvant en Union Soviétique et ailleurs. Les services de renseignements US – de l’avis même du directeur de la CIA de l’époque, Bill Casey - ont conclu que les Israéliens les avaient troquées avec l’Union Soviétique » pour obtenir des Soviétiques la levée des restrictions en matière de voyage des Juifs de ce pays pour qu’ils émigrent en Israël.
Une « taupe » haut placée
   Jusqu’en 1998, Israël a démenti publiquement que Pollard fut un espion à sa solde bien qu’il lui ait accordé la nationalité en 1995. Il avait d’ailleurs tenté d’obtenir sa grâce mais les protestations massives de la communauté du renseignement et de la défense américaine avaient fait échoué la tentative. De même que la menace de démissions aux plus hauts échelons du renseignement avait torpillé les efforts de Bill Clinton pour échanger Pollard contre des  concessions des sionistes « dans le processus de paix ». Une nouvelle campagne est d’ailleurs à l’œuvre pour libérer Pollard initiée par trente députés démocrates et les principales organisations juives des Etats-Unis, dont B’nai B’irth International, Zionist Organization of America, Religious Action Center of Reform Judaism, Agudath Israel, l’ancien candidat à la présidence et Chrétien sioniste, Gary Bauer avec son organisation « American Values »
   Le cas de Pollard est emblématique de cette lutte longue et incessante du contre-renseignement US pour se débarrasser de ce cauchemar dans la mesure où Pollard était loin d’être seul et le seul dans cette entreprise : une « taupe » haut placée devait obligatoirement lui fournir les éléments clés sur le lieu et la nature des documents à rechercher.
   C’est ainsi que les services secrets ont poursuivi Ben Ami Kadish qui avait partagé le même intermédiaire israélien avec Pollard, qu’ils ont arrêtés Steve Rosen et Keith Weissman, deux dirigeants du puissant lobby pro-israélien, AIPAC, qu’ils ont écouté les conversations de Jane Harman avec un agent israélien qui promettait d’intervenir dans le cas de Rosen et Weissman.
Piégé par agent du FBI
se faisant passer pour un agent du Mossad
   Et, depuis décembre 2009, un nouveau front a été ouvert dans cette guerre souterraine avec l’arrestation de Stewart David Nozette, un scientifique ayant travaillé pour le Pentagone, qui avait accès aux secrets nucléaires les mieux gardés et était en tête dans la recherche de l’eau sur la lune. Il a occupé de hautes fonctions au Département de l’Energie, de la Défense, à la NASA et a été membre du Conseil  national de l’Espace de la Maison Blanche sous Bush père.
   En d’autres termes, il n’était pas quelque médiocre quidam désireux de vendre son pays pour des espèces : il était l’un des grands, le principal contributeur à la réalisation du radar biostatique Clementine qui permet aux scientifiques US de découvrir l’eau sur la lune, une sorte de Oppenheimer dont l’apport particulier au programme spatial US et à ses applications militaires lui avait valu une accréditation sur le plan de la sécurité que peu ont obtenue.
   En fait, Nozette a été piégé par un agent du FBI ou d’un autre service posant comme agent du Mossad. De 1998 à 2008, il a occupé les fonctions de consultant dans « une société aérospatiale entièrement détenue par le gouvernement israélien » au sein de laquelle, une fois par mois, des représentants de la compagnie lui soumettaient des questions ou des tâches. Il y répondait contre paiements réguliers à hauteur de 250 000 dollars. Il s’était, aussi, enquis de la possibilité d’obtenir un passeport israélien et du droit de retour.
Pillage des découvertes technologiques
   En 2007, le FBI a fait une descente dans les locaux d’une association non lucrative qu’il avait fondée, l’Alliance pour la Compétitivité Technologique (ACT) sous prétexte qu’ayant obtenu des contrats du gouvernement fédéral, il avait escroqué ce dernier en facturant des prix excessifs.
   La réalité est que le FBI supputait, depuis quelque temps, que ACT transmettait des secrets à Tel Aviv. En effet, ACT dont l’objet social était le transfert de technologie, favorisait les activités israéliennes en pillant les dernières découvertes technologiques américaines, particulièrement dans le domaine militaire, à tel point que la Cour des Comptes (General Accounting Office) les avait qualifiées «d’opérations d’espionnage les plus agressives à l’encontre des Etats-Unis de n’importe quel allié américain ». ACT avait signé  des contrats avec le Laboratoire de Recherche de la Marine US à Washington, l’Agence de Projets de Recherche Avancée de la Défense à Arlington, le Centre de Vol Spatial Goddard de la Nasa à Greenbelt. Il ne fait aucun doute que des données essentielles, vitales,  sur ces projets ont nourri le Mossad.
   La nature et l’étendue de l’espionnage israélien aux Etats-Unis ne sont  pas un sujet que la presse ordinaire, aux Etats-Unis ou en Europe, s’aventurent à explorer. Cependant, quand cela arrive, les résultats sont déroutants : la série en quatre parties sur l’espionnage israélien aux Etats-Unis, de Carl Cameron, sur Fox News, en décembre 2001 nous apprend que les Israéliens avaient suivi les terroristes du 11 septembre, connaissaient leurs plans mais n’avaient pas pensé à en informer les Américains. Et, il y avait aussi ceux qui dansaient de joie à la vue des Tours Jumelles en flammes……
* Un nouveau système de défense est développé par Israël, soutenu par les Etats-Unis, sous le nom de « David’s Sling » (la Sarbacane de David), pour protéger l’Etat hébreu contre une attaque de missiles s’ajoutant à un approvisionnement en équipement militaire massif. Ce dernier comprend la fourniture de la dernière génération de 20 avions de combat F-35 entièrement financés par le Pentagone, pour une valeur de $ 2,75 milliards y compris une aide de $1.5 milliards pour la fabrication par  la défense israélienne de pièces détachées pour les F.35.L’administration Obama a aussi déboursé 422.7 millions de $ pour le système Iron Dome construit par Israël et l’expansion de la production du  système Arrow 3 dont le coût sur dix ans s’est élevé à 3milliards de $ payés par les Etats-Unis. N’est pas oubliée la vente à Israël du carburant pour les troupes terrestre, l’aviation pour un montant de 2milliards de dollars  « pour assurer à Israël la supériorité aérienne »
Sources : Washington Report on Middle East Affaires, november 2010,19 - WRMA, december 2009
 
Par Gilles Munier 

http://www.france-irak-actualite.com/article-de-l-espionnage-israelien-aux-etats-unis-63027088.html

jeudi 9 décembre 2010

Le Mossad derrière les liquidations des scientifiques irakiens


Un rapport accablant

Wikileaks : le Mossad a liquidé trois cents cinquante scientifiques et trois cents universitaires irakiens.
07/12/2010
Des documents de wikileaks ont révèlé que Washington a incité le Mossad israélien à assassiner 350 scientifiques nucléaires et plus de 300 universitaires irakiens depuis l’invasion de l’Irak en 2003. Cette opération avait commencé juste après l’échec de l’administration Bush et ses agents à les recruter pour les faire travailler sur le territoire américain. Alors le choix idéal et simple fut de les liquider.
C’est ce que révèle un rapport émanant du State department et adressé au président Bush expliquant que le Mossad a réussi, avec l’aide des forces d’occupation, des milices et du gouvernement irakien, à liquider les scientifiques nucléaires les plus illustres et des universitaires, toutes spécialisations scientifiques confondues.
Le  rapport note que certains scientifiques ont été contraints de travailler dans des centres de recherche américains et iraniens, alors que d’autres, plus nombreux encore, ont refusé de le faire dans certains domaines de recherche. De nombreux autres ont fui l’Irak pour d’autres pays alors que certains d’autre ont choisi de demeurer dans le pays.
Le rapport indique aussi que les scientifiques qui ont tenu à demeurer en Irak ont été soumis à de nombreuses séances d’interrogatoire accompagnées parfois de torture par les autorités officielles irakiennes avec ses consignes spéciales de Maliki en personne.
Mais Israël est toujours convaincu que sa sécurité demeure menacée si ces scientifiques restés en vie reprendraient leur travail au cas où l’Irak retrouverait la paix et la stabilité.
Le document révèle aussi que le Pentagone avait exprimé son accord avec le  rapport des services secrets israéliens et que c’est pour cette raison qu’il a été décidé que des commandos israéliens aidés par des milices pro-iraniennes se chargent de cette mission. Un groupe sécuritaire irakien a été chargé d’apporter son soutien aux commandos israéliens et aux milices chargés de cette mission.
Selon ce rapport, des personnalités officielles de premier rang, dont notamment Nouri Al-Maliki et Jalal Talabani se chargeaient d’établir des  C.V. complets des scientifiques recherchés, de préciser leurs adresses et les moyens de les atteindre.
Cette opération a conduit jusqu’ici à la liquidation de 350 scientifiques nucléaires et plus de 300 professeurs d’université. Elle se poursuit toujours et vise, selon le rapport cité, plus de 1.000 savants irakiens.

Traduit de l’arabe par Ahmed Manai

http://tunisitri.wordpress.com/2010/12/09/le-mossad-derriere-les-liquidations-des-scientifiques-irakiens/

http://www.iraqirabita.org/index.php?do=article&id=26910/


http://tunisitri.wordpress.com/
  
Dédié à la Résistance des peuples en lutte pour leur indépendance, 
leur liberté et leur dignité!

mercredi 8 décembre 2010

Compte à rebours pour Tarek Aziz et ses compagnons condamnés à mort

   Le 5 décembre, Hoshyar Zebari, ministre kurde irakien des Affaires étrangères (et proche parent de Massoud Barzani) a rejeté la demande de clémence en faveur de Tarek Aziz présentée par  son homologue italien Franco Frattini, en visite en Irak.
   Zebari a demandé à l’Italie et aux pays étant intervenus dans le même sens – parmi lesquels plusieurs pays arabes – « de respecter la décision de la justice irakienne ». « Les droits de M. Aziz ont été respectés. Il avait des avocats. Son procès n'a pas été secret » a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse donnée en présence de Frattini.
   Le ministre irakien ment. Tout le monde sait que les procès politiques en Irak sont injustes, marqués par le confessionnalisme, le communautarisme et l’esprit de vengeance.
   Certes, le procès de Tarek Aziz n’était pas « secret », mais il n’était pas public et ses droits n’ont pas été respectés. Sa condamnation et celle des ses compagnons (1) avaient été fixées à l’avance. Le juge était membre d’Al-Dawa et son avocat, commis d’office, choisi par le régime de Bagdad. Bushra al-Khalil, avocate libanaise, a été privée de son droit de plaider.
   Franco Frattini s’est également entretenu avec Nouri al-Maliki de la situation des chrétiens irakiens, au risque de donner l’impression que les Occidentaux ne se préoccupent que du sort de cette minorité. Les mandéens, les shabaks et les yézidis, opprimés eux aussi pour des motifs religieux, parlent, à mots couverts, de discrimination. L’idée de Mgr Louis Sako, archevêque chaldéen de Kirkouk - à qui Pax Christi International vient de décerner son prix de la paix – de créer une force internationale pour protéger les chrétiens irakiens, est particulièrement contre productive (2).
   Tarek Aziz et ses compagnons condamnés à mort attendent la nomination des vice-Présidents de la République pour savoir si l’un d’eux – comme lors de précédents procès politiques – est susceptible de signer leur arrêt de mort à la place de Jalal Talabani, qui dit être hostile à la peine capitale.
 
 (1) Dans ce procès, les condamnés à mort sont : Tarek Aziz, Saadoun Shaker, Abed Hammoud, Sabawi Ibrahim et Abdel Ghani Abdel Ghaffour.
 
 
Par Gilles Munier 

Sur France-Irak Actualité

lundi 6 décembre 2010

  Acharnement judiciaire contre Tarek Aziz

   Condamné à 22 ans de prison (15+7) dans deux procès en 2009, puis condamné à mort fin octobre 2010, Tarek Aziz vient d’écoper de 10 ans de détention supplémentaire pour « atrocités envers des Kurdes ». Le message du régime de Bagdad est clair : si l’ancien vice-Premier ministre est gracié, il mourra de toute façon en prison. Et pour bien enfoncer le clou, d’autres procès, dit-on, l’attendent.
Des avocats déboussolés
   Malgré le refus de Tarek Aziz de faire appel à sa condamnation à mort, ou de solliciter sa grâce, ou encore d’avoir un régime spécial parce que « chrétien chaldéen », son fils Ziad a chargé Giovanni Di Stefano, avocat italien de son père, de remettre une demande de clémence à Saywan Barzani, ambassadeur d'Irak en Italie et neveu de Massoud Barzani. Dans ce courrier adressé, semble-t-il, à Nouri al-Maliki, Ziad Aziz qui a obtenu la nationalité jordanienne, a déclaré « apprécier les efforts du gouvernement irakien pour rétablir la démocratie ».
   Maître Badie Aref, de son côté, a décidé de se retirer de l’équipe de défense de Tarek Aziz. Il a déclaré au quotidien Al Qods Al-Arabi, qu’il ne s’occuperait désormais que des prisonniers « non chrétiens ». En route pour Bagdad – où il affirmait être menacé de mort, il y a encore quelques semaines -, Badie espère rencontrer son client et lui expliquer le pourquoi de sa décision.
Vendetta confessionnelle et politique
   La déclaration de Jalal Talabani disant qu’il ne signerait pas l’arrêt de mort de Tarek Aziz « parce que chrétien » a donné l’impression que les Occidentaux font campagne pour la libération de l’ancien vice–Premier ministre irakien uniquement pour des motifs confessionnels. Ce n’est évidement pas le cas du Comité pour la libération des détenus politiques irakiens (CLDPI). Le nom de Tarek Aziz est mis en avant uniquement parce qu’il est connu sur la scène internationale, le sort qui lui est réservé permettant d’attirer l’attention des opinions publiques sur celui de TOUS les prisonniers politiques irakiens.
   La vie des prisonniers condamnés à mort est toujours menacée car, en Irak, la justice est synonyme de vendetta anti-baasiste, anti-sunnite, anti-chiite – quand ces derniers ne sont pas pro-iraniens - et en ce qui concerne Tarek Aziz : anti-chrétienne. Pour preuve : des télégrammes diplomatiques de WikiLeaks dont fait état le quotidien Le Monde*. L’ambassadeur américain Zalmay Khalilzad  y rend compte de son entretien, le 6 juin 2006, – c'est-à-dire quelques jours après l’exécution du Président Saddam Hussein – avec Monqith Al-Faroun, procureur adjoint du « Haut tribunal pénal». A la question de savoir si l’exécution était bien « légale » - Jalal Talabani ne l’ayant pas formellement autorisée - le juge lui a répondu que personne ne pouvait abroger une sentence prononcée par ce tribunal, y compris le chef de l’Etat. Dans un autre télégramme, l’ambassadeur signale que pour Tarek al-Hashemi, vice-Président sunnite de la République, l’exécution de Saddam était avant tout une vengeance d’Al-Dawa.
   A noter que Khalilzad s’était bien gardé de poser la question de la « légalité » de l’exécution avant qu’elle n’ait eu lieu… et que la plateforme sur laquelle le Président irakien a été pendu a été construite par l’armée américaine.
 
* WikiLeaks : les conditions gênantes de l'exécution de Saddam Hussein, par Patrice Claude (Le Monde – 5/11/10).
http://www.lemonde.fr/international/article/2010/12/05/wikileaks-l-execution-de-saddam-hussein_1449185_3210.html
 
Par Gilles Munier

jeudi 2 décembre 2010

Article de Gilles Munier,
paru dans Afrique Asie (décembre 2010)
 
La guerre d’Irak a fait voler en éclats la Convention internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires, votée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1989 et ratifiée par 32 Etats. A l’écart du conflit irakien après le discours mémorable de Dominique de Villepin à l’ONU en 2003, la France y participe désormais, peu ou prou, avec un ambassadeur de choc et des sociétés dites de sécurité.
 
   Nicolas Sarkozy est-il en guerre contre la résistance irakienne ? En autorisant des « sociétés de sécurité » françaises à s’implanter à Bagdad, il a engagé la France dans un engrenage dont il ne mesure pas vraiment les risques. Les « gardes du corps » français, qui, sous couvert de protection rapprochée, accueillent et accompagnent les hommes d’affaires, sont perçus par la population comme des « contractors » - mercenaires - au même titre que les employés de la quarantaine de SMP (Sociétés Militaires Privées) étrangères qui sèment la terreur dans le pays. Et, elles le sont d’autant plus que Boris Boillon, l’ambassadeur de France, tient des propos laudateurs effarants sur la sécurité dans le pays, célèbre les vertus de l’occupation américaine et de la bonne gouvernance du régime pro-iranien.
L’American way of war
   Certes, les « contractors » de Geos, la plus grande entreprise de sécurité privée française, de Gallice-Security et d’Anticip SAS, qui se partageant les miettes laissées par les SMP anglo-saxonnes, n’ont rien des tueurs engagés par leurs concurrentes, ni des aventuriers recrutés par Bob Denard, le célèbre « soldat de fortune » français. Geos, créée par Stéphane Gérardin, ancien du service action de la DGSE, est présidée par le général Jean Heinrich, ancien patron de la DRM (Direction du renseignement militaire). La société Gallice est dirigée par Frédéric Gallois, ancien chef du GIGN (Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale), et Anticip par Richard Terzan, ancien expert des « risques spéciaux » de la Lloyd’s, un des leaders historiques de l'assurance. Toutes se placent dans la perspective d’une modification de la loi du 14 avril 2003 «relative à la répression de l'activité de mercenaire ». En effet, l’Elysée veut réintroduire en douceur le mercenariat dans le droit français. Après avoir vanté l’American way of life, Nicolas Sarkozy tente d’imposer l’American way of war, pour reprendre une formule de G. H Bricet des Vallons, auteur d’ Irak, terre mercenaire. Le marché du mercenariat étant estimé à 100 milliards de dollars pour les dix prochaines année, en ces temps de crises les arguments avancés sont évidement d’ordre économique : « il ne faut pas laisser ces contrats juteux aux autres pays », « le budget de la Défense serait mieux utilisé » et « cela permettrait de reclasser les militaires en fin de carrière… de réduire le chômage » … La décision d’externaliser des activités militaires combattantes n’étant, semble-t-il, qu’une question de temps, la société parisienne Vitruve DS, dirigée par Didier Raoul, ancien commandant des forces spéciales, a réclamé la privatisation de l'Ecole des troupes aéroportées de Pau (Etap), proposition jugée « inadmissible », portant atteinte « aux fonctions régaliennes de l’Etat », par Martine Lignières-Cassou, députée socialiste du Béarn, membre de la commission Défense nationale.
Des Français
dans les SMP anglo-saxonnes
   En attendant une éventuelle modification de sa législation en matière de mercenariat, la France ferme les yeux sur la présence d’anciens militaires français dans les SMP anglo-saxonnes. « Franck Hugo », mercenaire en Irak en 2003-2004, ancien légionnaire ayant participé à la tentative de coup d’Etat de Bob Denard aux Comores en 1995, aurait négocié, en accord avec l’antenne DGSE à Bagdad, la libération de Christian Chesnot et Georges Malbrunot enlevés par l’Armée islamique en Irak. Deux SMP étatsuniennes : EHC (Earthwind Holding Corporation) de Bruno Trinquier et Eagle Black Group dirigé également par un Français, recrutent des « contractors » hexagonaux, tout comme l’australienne Unity Resources Group, basée à Dubaï, responsable de 38 tirs sur des civils irakiens… tous justifiés, bien sûr. La justice australienne lui reproche seulement d’avoir tué trois diplomates australiens qui roulaient trop près d’un de ses convois. Enfin, Philippe Legorjus, ancien commandant du GIGN, patron d’Atlantic Intelligence a créé une filiale avec le Stirling Group britannique pour accéder au marché de la « gestion des risques internationaux », sans enfreindre la loi de 2003.
Sahwa et contractors : même combat !
   En Irak, la protection est facturée 6 000 $ par jour par Anticip, plus si des déplacements sont effectués dans le pays. Pour l’instant, aucun homme d’affaires n’a été victime d’attentat ou d’attaque, et c’est tant mieux. Mais qu’adviendra-t-il lorsque Al Qaïda en Mésopotamie mettra ses menaces à exécution ? En 25 mars dernier, le Front pour le Djihad, la Libération et le Salut national (JLNSF), d’Izzat Ibrahim al-Douri, a averti les entreprises étrangères qu’elles étaient des « cibles légitimes » pour la résistance, les assimilant à des forces occupantes. Que penser du risque insensé pris par la société Gallice en s’associant au cheikh de la milice tribale sahwa des Abou Rish, un des pires suppôts de la CIA, pour assurer la protection du ministère irakien des Affaires étrangères ? La signature du premier contrat étatique accordé à une entreprise française de sécurité -  500 000$ - tient certainement plus au désir du ministre kurde Hoshyar Zebari de faire une fleur à son vieil ami Bernard Kouchner qu’aux capacités, reconnues, de cette société. Que se passera-t-il le jour où des « gardes du corps » français dégaineront leurs armes pour protéger une délégation, ou pour se sortir d’un guet-apens? Il ne sera alors plus question de mission défensive, mais de guerre ouverte avec toutes les conséquences qui en découlent. Voilà vers quoi conduit la politique mercantile, et à courte vue, de Nicolas Sarkozy en Irak. La légalisation de SMP françaises, avec leurs « bavures » inévitables, salirait encore plus l’image qu’a actuellement la France à l’étranger.
 
Appendice :
Le « nouvel eldorado » irakien
   Alors qu’une quarantaine de chefs d’entreprise français s’apprêtait à quitter Paris pour Bagdad, où ils se déplaceraient en convoi blindé, précédé par une automitrailleuse de Gallice, le « Haut tribunal pénal » irakien condamnait à mort de Tarek Aziz, Saadoun Shaker et trois anciens dirigeants baasistes. Pendant que Boris Boillon, ambassadeur-Rambo, présentait l’Irak comme un « nouvel eldorado » et que Anne-Marie Idrac, ministre du Commerce extérieur, visitait la Foire internationale de Bagdad, protégée par les mercenaires de Triple Canopy, les forces de sécurité irakiennes attaquaient la cathédrale syriaque catholique Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours où étaient retranchés des terroristes, provoquant le massacre d’une cinquantaine de fidèles. Le lendemain, des bombes et des obus de mortiers explosaient dans les quartiers chiites, faisant encore plus de victimes. Le ministère français des Affaires étrangères a condamné ces attentats, mais n’a rien dit en faveur de Tarek Aziz ni de ses compagnons, tous « amis de la France ». Faut-il rappeler, comme l’a fait Maître Vergès lors d’une conférence de presse avec Mme Shaker, à Paris, le 12 octobre, que la peine de mort, suspendue en 2003, au moment de leur arrestation, par l’Autorité provisoire de la Coalition, ne peut s’appliquer à aucun d’entre eux, même si elle a été rétablie ensuite?
 
Par Gilles Munier 

http://www.france-irak-actualite.com/article-des-mercenaires-fran-ais-en-irak-62220293.html

samedi 27 novembre 2010

Tarek Aziz : le Parlement européen demande de ne pas exécuter les peines de mort

   A Strasbourg, le 25 novembre dernier, le Parlement européen a adopté une résolution regrettant  « profondément…la décision de la Cour suprême irakienne de condamner à mort  de Tarek Aziz, Saadoun Shaker et Abed Hamoud ». Il a prié « instamment les autorités irakiennes de réviser leur décision et de ne pas exécuter la peine de mort prononcée par la Cour suprême » et s’est félicité « de l'annonce faite par le Président Talabani qu'il ne signerait pas l'ordonnance d'exécution ». Espérons qu’à Bagdad le message sera pris en considération.
   Même s’il n’est pas question des deux autres anciens dirigeants condamnés dans le même procès - Sabawi Ibrahim et Abdel Ghani Abdel Ghaffour –, et du caractère illégal de la détention des prisonniers politiques irakiens, la résolution européenne fera date alors que plusieurs demandes formulées par des groupes parlementaires n’ont pas été retenues. La proposition déposée par le groupe GUE/NGL (Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique), mérite d’être signalée, sans commentaires. Extraits* :
   Considérant que le Conseil présidentiel de l'Irak a récemment ratifié les peines de mort prononcées à l'encontre d'au moins 900 prisonniers, y compris des femmes et des enfants, et que l'absence de justice en Irak aujourd'hui doit être perçue dans le contexte de l'effondrement quasi total de la loi et de l'ordre depuis l'invasion de ce pays par les forces américaines et britanniques, qui ont entraîné crimes de guerres, atrocités et assassinats de civils par des mercenaires et les forces militaires d'occupation ;
   Considérant que, selon les 391.831 documents secrets de l'armée américaine sur la guerre en Irak mis en ligne sur le site WikiLeaks, les forces d'occupation internationales ont torturé des prisonniers irakiens et fermé les yeux sur des exactions commises par les forces irakiennes; considérant que ces documents mettent en évidence de nombreux cas de crimes de guerre qui semblent manifestes de la part des forces américaines (comme le meurtre délibéré de personnes qui tentaient de se rendre) et une pratique généralisée de la torture depuis le début de la guerre; considérant que plus de 300 cas documentés de torture commises par les forces de la coalition, non seulement dans la prison d’Abou Ghraïb mais partout ont été mis à jour; considérant que plus d'un millier d'exactions auraient été commises de la part des forces irakiennes; considérant que selon ces sources cette guerre aurait fait 109.032 morts dont plus de 60% de civils (soit 66.081 personnes);
 
Des milliers de personnes
détenues sans motifs et torturées
 
   Considérant que le 13 septembre dernier, des organisations de défense des droits de l'Homme ont publié un rapport intitulé «Nouvel ordre, mêmes sévices: détentions illégales et torture en Irak», le document exposant la situation de milliers de personnes détenues sans motif et sans procès, soumises à la torture afin de leur soutirer des aveux sous la contrainte;
    Considérant les nombreux cas de disparition forcée; considérant que les organisations internationales estiment qu'en Irak, 30 000 détenus sont incarcérés sans motif ni procès, bien que les autorités irakiennes n'aient pas fourni de chiffres exacts; considérant que de nombreux détenus sont morts en captivité, plus de 400 personnes ont été détenues illégalement dans la prison secrète de l'ancien aéroport de Muthanna; considérant que des milliers de personnes sont maintenues en détention bien que des décisions de justice aient ordonné leur remise en liberté, et bien que la loi d'amnistie irakienne de 2008 prévoie la libération de tous les détenus n'ayant pas été inculpés dans un délai de six à douze mois après leur arrestation; considérant que les forces américaines ont transféré leurs détenus, aux autorités irakiennes le 15 juillet 2010, sans exiger aucune garantie contre la torture et les mauvais traitements;
   Demande également d'enquêter sur le fait que le transfert de détenus par les forces américaines, aux autorités irakiennes malgré le risque évident d’être torturés, pour savoir si cela constitue ou non une enfreinte aux conventions internationales; (…)
 
Comparution des tortionnaires
devant la justice internationale
 
   Souligne que le caractère illégal de cette guerre tout comme le fait que les récentes informations des organisations de défense des droits de l'Homme et celles mises en ligne sur le site WikiLeaks, rendent plus que jamais nécessaire la comparution des responsables devant la justice notamment devant le tribunal de la Haye ou le Tribunal Pénal International;
   Demande la mise en place d'une enquête internationale sous l'égide de l'ONU pour établir, l'utilisation généralisée de la torture la présence de sites secrets ou d'autres types de centres de torture sur le territoire irakien et demande que toutes les responsabilités soient établies et que les responsables soient punis...
 
* Proposition de résolution déposée avec demande d'inscription à l'ordre du jour du débat sur des cas de violation des droits de l'homme, de la démocratie et de l'État de droit en Irak (23/11/10)
http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=MOTION&reference=B7-2010-0634&format=XML&language=FR

Par Gilles Munier 

Sur France-Irak Actualité :

vendredi 26 novembre 2010

Fête d’Al-Ghadir : Des millions de fidèles dans la ville sainte de Najaf
26/11/2010 Des millions de fidèles, de par le monde, ont afflué, ce jeudi, au mausolée du gendre du prophète Mohammad (S), l’imam Ali (S), dans la ville sainte de Najaf, pour célébrer la fête d’Al-Ghadir.
A cette occasion, les forces de sécurité irakiennes ont imposé des mesures de sécurité draconiennes, afin d’éviter d’éventuels attentats.








C'EST QUOI AL-GHADIR?

Le jour d’Al-Ghadir du nom de Ghadîr Khum, une terre aride aux bords de la vallée de Johfa, près de la Mecque, est le jour marquant le dernier sermon du prophète Mohammad (S).

Le rassemblement de Ghadîr Khum (18 Dhul hijja)fut le plus important rassemblement de l'Islam, car ce jour là plus de cent milles pèlerins s'étaient réunit à cet endroit sans aride pour écouter le sermon d'adieu de leur guide.

Pour annoncer ce message divin, on aménagea une chaire pour le Messager de Dieu (S).

Ce jour là le Prophète de Dieu (S) avait transmit le plus important message de sa mission, un message par la transmission duquel seraient obtenus l'agrément divin, la perfection du message, et l'accomplissement de la grâce divine.

L'événement de Ghadîr Khum n'est pas rapporté seulement par les traditionnistes chiites, mais des savants sunnites l'ont également rapporté, c'est le cas de Ahmad ibn Hanbal (dans son Musnad, tome 4 page 281) qui a rapporté que le Prophète avait dit aux musulmans :

«Ô gens ! Qui est-ce qui a priorité sur vous avant même vos propres personnes ? » Ils dirent : « Dieu et Son Envoyé sont plus savants ».
Le Prophète poursuivit :
« Celui dont je suis le maître, voici Ali est son maître », « Ô Dieu, sois l'ami de celui qui lui vouera son amitié, et sois l'ennemi de celui qui lui déclarera son inimitié ».

Al Hakim aussi a rapporté de Zayd ibn Arqam qui a dit que : Lorsque l'envoyé de Dieu était revenu du pèlerinage d'adieu, il était stationné à Ghadîr Kum. Il avait dit : « Ô gens ! Bientôt arrivera le moment où je serai appelé et je répondrai. Je serai certainement interrogé, et vous serez certainement interrogés. Que diriez-vous alors ? »

Les musulmans répondirent : "Nous attesterons que tu as transmis ton message, que tu as combattu et que tu nous as conseillés et que Dieu t'en récompensera en profusion de bien".

Le Prophète poursuit :
«Je vous laisse deux choses lourdes. La plus grande d'elles est le Livre de Dieu qu'Il soit Exalté. L'autre chose lourde est ma famille, les Gens de ma Maison (AhlulBeit). Ces deux choses ne se sépareront jamais jusqu'à ce qu'elles se rejoignent au paradis.
Ensuite il dit : Dieu est mon Gardien et je suis le gardien de tous les croyants ».

Il prit la main d'Ali (S) dans sa main, et la leva haut, il s'écria : « Celui dont je suis le maître, Ali aussi est son maître. Que Dieu assiste celui qui assiste Ali et qu'Il soit l'ennemi de celui qui devient l'ennemi d'Ali ».

Les musulmans s'avançaient par groupes vers Ali pour le féliciter. Les compagnons, parmi lesquels se trouvaient Abou Bakr, Omar, Talha et Zoubeyr se rendirent tous auprès d'Ali pour lui présenter leurs félicitations en ces termes : Bravo à toi, ô Ali, te voici devenu mon maître et le maître de tout croyant et de toute croyante !
C'est ce jour là que ce verset fut révélé :
« En ce jour, J'ai parachevé pour vous votre religion, et J'ai complété pour vous Ma faveur, et Je vous ai agréé l'islam comme religion ». (S.5 - V.3)

Nombreux sont les musulmans qui fêtent ce jour où Dieu avait parachevé sa religion en désignant Ali ibn Abi Taleb comme guide de la communauté islamique après le Prophète Mohammad (p).

Manar +Sibtayn.com


jeudi 25 novembre 2010

Revue de presse: George W. Bush et la torture

   Dans ses « Mémoires » sortis récemment - Decisions Points (Moments décisifs) -  l’ancien président G.W. Bush a reconnu avoir commis quelques erreurs, mais avoir autorisé l’épreuve de la « noyade » pour les terroristes capturés n’en fait pas partie. « Exact » aurait-il dit à propos de cette technique à laquelle a été soumis Khalid Sheikh Mohammed, qui a planifié le 11 septembre. La suffisance de Bush sur le sujet montre combien ses vues et celles de beaucoup à Washington sont déformées sur la question de la torture. Elle est aussi un indice de cette inadéquation des barrières légales qui perdure.
 
On m’a assuré
que les méthodes d’interrogation
ne constituaient pas des tortures…
 
   Jusqu’à ce que Bush arrive au pouvoir, l’épreuve de la « noyade » - au cours de laquelle les détenus doivent expérimenter l’impression et la sensation de se noyer - a été considérée comme un crime par les gouvernements US pour au moins 90 ans. On a traduit en justice les soldats américains qui l’avaient utilisée dans les Philippines après la Guerre civile américaine. Le département d’Etat l’avait qualifiée de torture illégale quand des gouvernements étrangers y avaient eu recours. Et, cependant, Bush s’est senti libre d’avouer l’avoir autorisée contre trois chefs d’Al-Qaïda. Parce que les juristes chevronnés de son administration – pour la plupart, des nominations politiques- lui ont fourni des mémorandums secrets déclarant que « la noyade »  et d’autres tortures ordinaires étaient légales. « J’ai demandé aux responsables les plus haut placés dans le domaine juridique du gouvernement américain de revoir les méthodes d’interrogation et ils m’ont assuré qu’elles ne constituaient pas des tortures » écrit-il. 
   En fait, l’une de ces opinions extrêmes a été cassée par le Département de la justice  et l’administration a retiré de son menu d’interrogatoires « la noyade » après 2005. Peu après son entrée à la Maison Blanche, le Président Obama a donné l’ordre  à tous les interrogateurs gouvernementaux d’appliquer les procédures de l’armée qui l’interdisent. Mais, si l’on en croit ce qu’écrit Bush, le dossier n’est pas clos. Les normes légales régissant le traitement des prisonniers étrangers restent vagues - l’une interdit seulement « les actions qui choquent la conscience ». Bush  et ses juristes triés sur le volet ont conclu en secret que cette terminologie permettait la « noyade » des chefs d’Al-Qaïda et il n’y a rien qui puisse empêcher un futur président d’adopter la même attitude.
 
Il n’y a aucune garantie
que des violations honteuses
des droits de l’homme
ne puissent pas être perpétrées
à nouveau
 
   D’aucuns ont demandé que Bush ou les hauts responsables de son administration soient poursuivis pour avoir autorisé la torture et ils sont furieux contre Obama qui a décidé de ne pas donner suite. Il est peu probable qu’une action en justice contre l’ancien président puisse prospérer même s’il s’agissait d’une décision politique correcte. Ce qui est requis est une action du gouvernement et du Congrès pour bannir les techniques de torture telles que la « noyade » et la privation prolongée de sommeil et définir un cadre légal clair pour les détenus étrangers. En l’absence d’un tel statut, il n’y a aucune garantie que des violations honteuses des droits de l’homme comme celles de Bush ne puissent pas être perpétrées à nouveau.
 
Traduction: Xavière Jardez
Source : Why George W. Bush can confess to approving torture (Washington Post – 15/11/10)
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/11/15/AR2010111505961.html
 
Par Gilles Munier

mardi 23 novembre 2010

   De passage en France où il participait à une réunion de l’Internationale socialiste, le Président irakien Jalal Talabani a déclaré, le 17 octobre, sur la chaîne France 24, qu’il ne signera pas l’arrêt de mort de Tarek Aziz, mais il ne s’est pas prononcé sur le sort réservé à Saadoun Shaker, Abed Hammoud, Sabawi Ibrahim et Abdel Ghani Abdel Ghaffour.
   Il faut savoir que si Talabani se dit opposé à la peine de mort, parce que « socialiste » (!), il  laisse aux deux vice-Présidents irakiens le soin de signer les arrêts à sa place. C’est ainsi que plusieurs dirigeants irakiens – notamment le Président Saddam Hussein – ont été exécutés.
   Est-il besoin de rappeler au chef kurde Jalal Talabani qu’il s’est rendu à plusieurs reprises à Bagdad pour des entretiens secrets pendant la période d’embargo sans que personne n’attente à sa vie et qu’il a bénéficié, depuis les années 80 – ainsi que les peshmergas de l’UPK qu’il dirige -  de plusieurs mesures d’amnistie ?
   Les deux vice-présidents, « élus » en 2005, devraient être reconduits dans leur fonction. Talababi tiendra-t-il parole ou jouera-t-il une nouvelle fois les Ponce Pilate en laissant à d’autres la responsabilité de signer un arrêt de mort ? Le Président irakien a ajouté, toujours sur France 24, que « la page des exécutions » devait être tournée et faire place à une politique de réconciliation. Malheureusement pour le peuple irakien, les décisions cruciales ne sont pas prises au palais présidentiel, mais à Téhéran et à Washington.
   Le Comité pour la libération des détenus politiques en Irak (CLDPI) qui s’est constitué dernièrement à Paris, se doit de demeurer vigilant. Les cinq condamnés à mort de Bagdad ne sont pas sauvés.
 
Appel du Comité pour la libération des détenus politiques en Irak
 
Liste des signataires sur : http://0z.fr/Z3nHS
 
Pour info :
 
Extrait de l’appel lancé à Genève,
le 3 novembre 2010,
par le Père Miguel d’Escoto Brockman,
ancien Président de l’Assemblée générale
des Nations unies :
    «Pour avoir, en toute connaissance de cause, permis un procès injuste, les Etats-Unis sont responsables  de l’exécution sommaire et extrajudiciaire de M. Tarek Aziz envisagée maintenant. De cette manière,  ils ont commis une violation des 3ème et 4ème Conventions de Genève qu’avec beaucoup de cynisme  ils prétendent respecter pour chercher, poursuivre et punir les individus qui commettent des crimes aussi graves internationalement.
   En accord avec ce que le Groupe de Travail des Nations unies sur la détention arbitraire a observé dans le cas du procès de Tarek Aziz, son illégalité, le non-respect de la procédure et de l’impartialité, les Etats-Unis ont le devoir moral et l’obligation légale de faire libérer M. Tarek Aziz ».
 
Vidéo (2’42) et texte : http://www.uruknet.de/?s1=1&p=71678&s2=10
 
Par Gilles Munier

dimanche 21 novembre 2010

Nous, signataires, appelons à la libération de Tarek Aziz et de ses compagnons condamnés à mort à l’issue d’un procès illégitime et inéquitable, ainsi que des milliers de prisonniers politiques détenus en Irak sans procès ou sans charge.
Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, ayant déclaré, en septembre 2004, l’attaque contre l’Irak  illégale, il s’ensuit que leur arrestation et leur détention sont, elles aussi, illégales.
Les condamnations à mort, fin octobre dernier, de Tarek Aziz, Saadoun Shaker, Abed Hammoud, Sabawi Ibrahim et Abdel Ghani Abdel Ghaffour, sont illégales, cette peine ayant été suspendue par l’Autorité provisoire de la Coalition entre juin 2003 et août 2004, la « Haute cour pénale » irakienne doit appliquer en ce qui les concerne - comme le stipule le droit international - la loi du Code pénal irakien la plus favorable aux accusés.
La « Haute cour pénale » doit également prendre en compte la loi irakienne précisant que les individus dont l’âge est supérieur à 70 ans – c’est le cas des derniers condamnés à mort - sont dispensés d’exécution ou graciés après leur condamnation. 
En conséquence, nous demandons la libération de Tarek Aziz, de ses compagnons condamnés à mort, et de tous les détenus politiques irakiens.
Paris, le 19 novembre 2010
 
Envoyer votre nom, prénom, adresse (et éventuellement qualité)
à: cldpi@gmx.com
 
Premiers signataires : Paul Balta (écrivain, journaliste), Père Michel Lelong, Sliman Doggui, Yves Vargas, Gilles Munier, Bruno Drweski, Jacques Gaillot (Evêque), Robert Charvin (professeur de droit international), Claude Gaucherand, Roland Weyl (avocat), Pierre Lévy (rédacteur en chef de "Bastille-Republique-Nations"), Christiane Suchet (biologiste), Pôle de renaissance communiste en France), Bernard Cornut, Jean Picollec (éditeur), Subhi Toma, Patrick Brunot, Alice Bséréni, Arnaud Spire, Jean-Michel Cadiot, Behnam Keryo, Alain Lecoeur, Yannick Sauveur, Ali Merhebi, Guy Poussy, Amaury Couderc, Xavière Jardez, Mohamed Baghdadi, Evelyne Dufresne, René Lacroix, Diégo Gérez, Christophe Leclerc, Gassan Zaiat, Bruno Noël, Ouahhabi Abdallah (réalisateur tv), Violette Piazza, Tlili Fathi,  Hess Skandrani, Pelatan Michel, Saba Nasir….
 
Par Gilles Munier

samedi 20 novembre 2010

Conférence-débat
pour la défense de Tarek Aziz
et de ses compagnons
condamnés à mort (AGECA 19/11/10)
Témoignage de Paul Balta, écrivain,
ancien journaliste du quotidien Le Monde.
Chers amis,
   C’est avec beaucoup d’émotion que je vais évoquer Tarek Aziz, que j’ai bien connu et qui m’a toujours beaucoup aidé quand je me rendais en reportage en Irak pour Le Monde et même après mon départ du journal en 1985. Première bonne nouvelle dont vous avez dû avoir  connaissance, le Président irakien Jalal Talabani, un Kurde, a déclaré mercredi à France 24 concernant l’exécution du condamné : « Non, je ne signerai pas un ordre de ce genre parce que je suis socialiste. Je compatis avec Tarek Aziz, car c'est un chrétien irakien ; et c'est en outre une personne âgée qui a plus de 70 ans. C'est pourquoi je ne signerai pas cet ordre d'exécution. » Cette déclaration met en lumière le caractère scandaleux du procès fait à Tarek Aziz et de sa condamnation à mort. Néanmoins, deux autres dirigeants peuvent confirmer le jugement.
Tarek Aziz vu par Henry Kissinger
 
Avant d’évoquer mes souvenirs personnels, je voudrais vous lire des textes à mes yeux révélateurs. Ils sont extraits d’un livre Tarek Aziz, le diplomate de Saddam, de Patrick Denaud, paru en 2000 aux éditions L’Harmattan. Il cite longuement Henry Kissinger. Je rappelle que ce politologue et diplomate américain, Prix Nobel de la Paix en 1973, était  juif et allemand de naissance. Il a rencontré de nombreuses fois Tarek Aziz. Voici ce qu’il écrit : « Il restera probablement un des personnages les plus fascinants de la scène arabe de ces 30 dernières années. Chrétien dans un pays arabe, diplomate d’une nation perpétuellement en guerre, esthète raffiné au pays de Satan. »
   Et encore : « Nous savons à quel point Tarek Aziz était un lettré, grand amateur de divans, ces débats qui sont la quintessence de la culture arabe et particulièrement irakienne. Cet art de la  persuasion et cette façon de bâtir des démonstrations, par des syllogismes oraux  illustrés d’exemples historiques, nous les retrouvons aujourd’hui souvent dans sa conversation. Il y a longtemps que ces joutes ont disparu des soirées de Bagdad, en raison des guerres, de l’exil et des misères épuisantes de la vie quotidienne, qui ont  étouffé la vie de l’esprit et des sentiments. Nous  revenons au temps passés. »
   Et pour finir : « Saddam, pour sa part, était subjugué par l'intelligence  de Tarek Aziz, l'éloquence tranquille avec laquelle celui-ci développait des idées qu'il trouvait neuves et qui confortaient toujours ses propos en leur donnant une assise intellectuelle. »
 
Ma première rencontre
avec Saddam Hussein
 
   Ma première rencontre avec Saddam Hussein (1937-2006) a eu lieu en décembre 1971, grâce à Tarek Aziz. Lors de mon arrivée à Bagdad, je souhaitais m’entretenir  avec des personnalités importantes du parti Baas et du parti communiste irakien, sans omettre les «nasseristes» ou « nassériens » et des responsables  du milieu syndical irakien. Tous m’ont reçu et m’ont conseillé de m’orienter vers le seul et véritable décideur du pays : Saddam Hussein, Vice-Président de la République, alors que son oncle, le général Ahmad Hasan al-Bakr, était Président. Je fus pour le moins surpris, puisque certains d’entre eux avaient été pourchassés par ce même Saddam Hussein. Comme ils insistaient, je m’étais décidé à l’interroger et avais   commencé à prendre des contacts.
   Le principal a été Tarek Aziz. Journaliste dans divers organes du Baas, il avait refusé, en 1958, d’être nommé officiellement ministre de l’Information. Craignant d’être tenu à une certaine réserve, il avait  préféré devenir directeur du quotidien national Al-Thawra (La Révolution) car il estimait pouvoir jouer ainsi un rôle plus efficace auprès des journalistes étrangers en reportage qui venaient l’interroger. Il deviendra néanmoins ministre de l'Information en 1974 puis Vice-Premier ministre de 1979 à 1983, enfin ministre des Affaires étrangères de 1983 à 1991.
   Lors de notre première rencontre, il m’avait demandé pourquoi et comment je savais la langue arabe. Je lui avais expliqué que mon arrière grand-père maternel était un Libanais Grec catholique qui s’appelait Haddad. Il avait émigré en Égypte, en 1850 et avait épousé une Copte. Leur fils Anis était le père de ma maman qui était donc arabophone. Nous vivions à Alexandrie. Mon papa était Français et à la maison nous parlions français, comme lui.  Maman me parlait aussi souvent en arabe puis je l’ai appris au Collège des Frères Saint Jean-Baptiste de la Salle. Il m’avait alors posé plusieurs questions puis m’avait expliqué que lui-même, né en 1936 à Mossoul, s’appelait Mikhaïl Johanna et appartenait à une famille de l'Église catholique chaldéenne. Il a adopté le nom de Tarek Aziz quand il est entré en politique. Nous avons parlé des chrétiens d’Orient et il a insisté sur la nécessité de les défendre pour leur permettre de bien vivre et éviter qu’ils émigrent. Il m’a dit aussi qu’il était un ami d’enfance de Saddam Hussein et promis d’organiser l’interview qui s’est donc déroulée fin 1971 et a duré 2h30.
   Saddam avait commencé par affirmer : « Je veux refaire l’Irak des Abbassides». Il en a parlé pendant plus d’une demi-heure. Il était fasciné par le caractère extrêmement moderne, à l’époque, de l’agriculture arabe qui avait introduit des nouvelles techniques d’irrigation ainsi que l’utilisation des engrais. Il a certes parlé des canaux  d’irrigation mais plus encore des drains. Je découvrirai par la suite qu’ils sont le plus souvent ignorés par les spécialistes alors que leur rôle était innovant et fondamental pour évacuer le sel qui s’accumulait avec la chaleur du soleil et nuisait à la végétation. Par la suite, je me suis demandé dans quelle mesure Tarek Aziz, homme de grande culture, n’avait pas contribué à l’informer sur ces différents thèmes.
La triple révolution industrielle,
agricole, culturelle
 
   La presse et les hommes politiques occidentaux mettent l’accent sur le caractère dictatorial de Saddam. Je rappelle qu’avant de le diaboliser l’Occident avait pourtant vanté les mérites de son régime. En politique, comme dans bien d’autres domaines, on doit se garder des visions simplistes et manichéennes qui nous empêchent de comprendre une réalité souvent plus complexe.
   Saddam Hussein s’était lancé avec succès, depuis le début des années 70, dans une politique de modernisation de la société irakienne. J’en ai été témoin et j’y ai consacré de nombreux articles dans Le Monde.  Il a réalisé une triple révolution, industrielle, agricole et culturelle. Elle s’est traduite par l’établissement de services publics performants et une élévation du niveau de vie avec l’émergence d’une véritable classe moyenne. Sous la monarchie, l’Irak était un des pays les moins alphabétisés du monde arabe et très pauvre en universités. Saddam la placé en tête pour l’alphabétisation et la qualité de l’enseignement supérieur ! De même, il a créé une École culturelle irakienne dans les domaines de la peinture, de la sculpture, de l’architecture et de la musique. Il a protégé les différentes communautés chrétiennes et mis en valeur le rôle des femmes dans plusieurs domaines (éducation, santé, économie, etc…). Cette modernisation n’aurait jamais pu se réaliser sans le soutien actif de la très grande majorité du peuple irakien. N’oublions pas non plus que Saddam Hussein a procédé à la nationalisation du pétrole en 1972, contre le tout-puissant consortium de l’Iraq Petroleum Company. Je sais que Tarek Aziz a pris une part active dans tout cela mais personne ne le dit !
   Un autre aspect de sa politique culturelle est souvent méconnu. Il y avait dans le désert plusieurs palais datant de l’époque Abbasside mais qui, au fil des siècles, avaient été enfouis dans le sable. Saddam Hussein les a littéralement exhumés puis il a mené une politique de réhabilitation et d’entretien. De même, se présentant comme le successeur des rois Hammurabi (mort en 1750 av. J.-C.), et  Nabuchodonosor II (roi vers –1137), il a mis en œuvre, à partir de 1985, un programme de reconstruction de monuments antiques. Une des plus belles réussites est la magnifique citée de Babylone. Située sur l’Euphrate, elle a régné sur toute la région entre le XVIIè  et le XVIIIè siècle avant JC. Il a fait reconstruire à l’identique plusieurs bâtiments et une partie des murailles.
   J’avais visité l’ensemble et en avais témoigné dans Le Monde. J’en avais parlé avec Tarek Aziz et ses longs commentaires très précis m’avaient persuadé qu’il avait contribué à cette politique.
La complémentarité
entre Saddam Hussein et Tarek Aziz
 
   Enfin, Saddam a fondé un immense musée en vue de rassembler, conserver, faire connaître et admirer le patrimoine historique de l’Irak qui avait fait l’objet d’un véritable pillage au XIXè  siècle et au début du XXè. Mon ami Jamil Hamoudi  en a été le conservateur et le directeur lors de son installation, en 1966, et l’est resté jusqu’en 1973, quand il a été nommé Directeur des Beaux-arts au ministère de la Culture.
   Je suis persuadé que toutes ces réformes n’auraient pas été réalisées sans une profonde collaboration entre Saddam Hussein  et Tarek Aziz. Il est certes difficile de dire lequel des deux à lancé le premier l’idée de telle ou telle réforme. En revanche, je peux affirmer, pour l’avoir maintes fois constaté, la complémentarité intellectuelle, culturelle et politique  qui a existé entre les deux hommes.
 
La catastrophique
intervention américaine en 2003
 
   L’intervention américaine en Irak, le 19 mars 2003, a l’initiative de cet homme inculte qu’était le président  George W Bush, a été a tous égards catastrophiques ! Elle a favorisé l’introduction dans le pays d’Al-Qaida qui ne s’y serait pas risqué sous Saddam Hussein et Tarek Aziz.  Sept ans plus tard, le bilan est consternant. Selon diverses sources dont le Réseau Voltaire créé par l’analyste politique Thierry Meyssan, il y avait, en 2008, côté irakien plus d’un million de morts sur 26 millions d'habitants et  4 millions et demi – dont la moitié des 800 000 chrétiens - de personnes déplacées ou réfugiées dans les pays voisins ou en Europe. Cette situation s’est encore aggravée en deux ans. Des régions entières polluées sont devenues inhabitables. Les vestiges des plus anciennes civilisations urbaines ont été pillés ou rasés. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a confirmé ces chiffres. Je rappelle qu’en 1980, il y avait un million de chrétiens et ils ne seraient plus que 630 000. Je me suis demandé ce qu’a ressenti Tarek Aziz en apprenant que la cathédrale syriaque catholique Notre Dame du Perpétuel secours, dans le centre de Bagdad, a été prise d'assaut en pleine messe le 31 octobre par un commando d'Al-Qaida, qui a fait des morts et des blessés. Constat accablant : le nombre de morts en cinq ans, 2003-2008, plus d’un million, comme je viens de le dire, est sans comparaison avec celui que les experts attribuent au régime de Saddam Hussein en 24 ans, 1979-2003  : environ 300 000 chiites et 170 000 Kurdes. De plus en plus d’Irakiens qui étaient hostiles au dictateur en viennent à le regretter et souhaitent que Tarek Aziz continue à vivre à défaut d’être remis en liberté.
   
Par Gilles Munier 

http://www.france-irak-actualite.com/article-tarek-aziz-le-temoignage-de-paul-balta-61376212.html
 

jeudi 18 novembre 2010

BRAIN DRAIN IN IRAQ A qui profite la fuite des cerveaux irakiens ?

Jamais l’Irak n’a connu au cours de son histoire une fuite de cerveaux aussi importante que depuis l’invasion américaine en 2003. Cela s’est accéléré surtout avec les assassinats ciblés et les enlèvements qui ont visé particulièrement les médecins, les universitaires de toutes les disciplines scientifiques. Les statistiques donnent un chiffre avoisinant les trois mille(3.000) professeurs d’université dont la majorité est émoulue des universités occidentales et dans des disciplines rares. D’autre part, près de trois cents (300) universitaires ont été liquidés par les forces d’occupation et les milices armées.

Cette situation a conduit à la fermeture de nombreux départements scientifiques et des filières d’études supérieures dans les universités irakiennes. Cela fait partie de la stratégie établie et suivie par l’occupation depuis l’invasion et avec pour objectif de soumettre les irakiens mais aussi de détruire l’Irak et d’empêcher sa reconstruction. 

C’est aussi le résultat de l’absence de normes scientifiques claires dans le recrutement des enseignants et de la conduite imposée par les partis religieux qui gouvernent le pays en faveur de leurs propres candidats. Les critères de recrutement sur dossier scientifique à base de diplômes, de compétence, d’âge et autres ont complètement disparu. 

La falsification de diplômes et autres documents scientifiques est devenue monnaie courante avec la multiplication à travers le monde d’universités qui donnent leur enseignement par correspondance et délivrent des titres universitaires sur simple acquittement des droits d’inscription. Elles sont en tout cas peu exigeantes sur les conditions d’inscription, le parcours antérieur des étudiants et la solidité de leurs acquis scientifiques. Un bon nombre d’étudiants de ces universités sont des responsables politiques irakiens, membres du parlement et dirigeants des partis au pouvoir, convaincus que leur passage dans ces universités leur donne un droit d’accès aux postes de commande et à la fonction publique.

La fuite sous la contrainte des diplômés scientifiques en charge des institutions d’enseignement avant l’occupation et leur remplacement par des gens incompétents liés à des partis confessionnels constitue la raison principale des graves difficultés que connaît actuellement l’enseignement supérieur en Irak. Cette question a de multiples dimensions scientifique, économique, sociale et politique.


Au plan scientifique, le fait de vider le pays de ses compétences constitue tout simplement une catastrophe pour son avenir parce qu’il entrave son progrès et le condamne au sous-développement. Au plan économique, c’est une perte incalculable étant donné l’importance des investissements consentis dans la formation de ces compétences, sans  compter le rôle politique qu’aurait pu jouer cette élite. Enfin les universités irakiennes ont perdu leur fonction de creuset social dans lequel viennent se fondre les diverses couches et confessions de la population et sont devenus le terrain privilégié du confessionnalisme et du sectarisme.

Docteur Bassem Al-Janabi 

(Traduit de l’arabe par Ahmed Manai)