lundi 31 mai 2010

Appeal of the BRussells Tribunal (31 May 2010)

http://www.PetitionOnline.com/GazaSol/petition.html


Dead: 19. Injured: 60.

This is Israel

Israel’s killing of 19 innocents with 60 more injured must have maximal consequences
Israel impunity is a threat to all

Even for eyes burnt witnessing human suffering, there is something shocking, something impossible, about watching Israeli soldiers, armed and in gas masks, fast-roping from helicopters onto an aid ship filled with civilians journalists, parliamentarians, human rights activists, mothers, doctors headed to Gaza to break the inhuman siege that keeps 1.5 million people somewhere between life and death.

The Mavi Marmara, carrying 10,000 tons of humanitarian aid, was flying a white flag: a universal symbol of non-violence. It was also flying the Turkish flag, in international waters, giving it status as a sovereign extension of Turkey. Regardless, Israel attacked. For what does Israel fight? Its existence, or the continuance of a regime of collective punishment calculated to destroy the Palestinians? Or are these the same thing? Dead: 19. Injured: 60. Who gave the order? Will NATO react to an attack on one of its members?

Simple public murder

The right to exist cannot be asserted through murder. The very acceptance of Israel into the United Nations System was in 1948 conditioned on the former recognising the equal rights of Arabs, in particular the right of return of Palestinians. Not only has Israel prevented the return of refugees, it took over by force and occupied in 1967 the rest of historic Palestine. From founding until now we have witnessed an unending catalogue of Israeli atrocities. By these countless atrocities, Israel has forfeited any claim to legality it is moreover a state that refuses to join the Nuclear Non-Proliferation Treaty or consider giving up its nuclear weapons.

Gaza is both the world’s largest open-air prison and the 21st century’s undeclared concentration camp. Everybody knows it. The UN knows it. The US president knows it. Tens of thousands of civil servants in countries across the world know it. The siege is a way of sealing the exits, and of slow killing. It is an atrocity on the same level as genocide. Here every man and woman has a moral duty: inaction is complicity and a betrayal of humanity. All legal rights are with those who attempt to end this situation by whatever means.

The Freedom Flotilla is such an attempt: it is a refusal of inhuman suffering. Its symbolism is more powerful than any navy. As such, it remains what it was as it embarked on its journey: a signal of the collapse of the blockade. Where earlier lone vessels tried to reach Gaza, now they go in groups. More will follow. When a thousand ships set sail, what would Israel do?

Israel on trial

Israel lost the battle for international public opinion a long time ago. None can forget the relentless strafing of a captive civilian population in Israel’s last war on Gaza. Who can Israel hope to persuade now?

We condemn the illegal, immoral and inhuman blockade on Gaza, and all who uphold it

We condemn Israel

We condemn Israel’s brutal attack on peace activists in international waters. We declare that 700 brave souls, from 50 nations, represent something real that Israeli propaganda cannot erase

We mourn the 19 murdered and express hope and solidarity with the 60 injured. We demand of Israel the release of all activists detained

We call on all international institutions including the UN, the EU and human rights agencies and organisations to declare themselves unequivocally on this latest Israeli atrocity and to work towards ending Israeli impunity

We demand an international tribunal to judge all Israeli crimes, past and present. We call on the UN General Assembly to request of the International Court of Justice an advisory opinion on the legality of Israel within the United Nations System given its systematic and gross disrespect of international law and moral authority

We support all efforts by all means to free the people of Gaza from their prison and their suffering, including sanctions and divestment against Israel, a general boycott, and the boycott by workers federations of all ships going to and from Israel

We call upon people everywhere to express their solidarity with the dead and injured, and with Palestinians under occupation, in local expressions of outrage wherever it is deemed useful.

We call on all associations, unions, parliaments, professionals and others to endorse this appeal and its demands. Please distribute and act upon it.

The BRussells Tribunal Committee

http://brusselstribunal.org

Please circulate this appeal widely.

To endorse: http://www.PetitionOnline.com/GazaSol/petition.html

For information contact: info@brusselstribunal.org

merci à hana al bayaty pour cet envoi

Description: brussels_tribunal_color

dimanche 30 mai 2010

Obama Gang

« Changements » D’Obama : Torture Exécution De Prisonniers En Afghanistan

Obama avait promis de fermer Guantanamo et de faire cesser la torture. Rien de tel n’a été fait. Pire que Bush, sous Obama les prisonniers les « plus chanceux » sont torturés au «Trou Noir » de Bagram, les autres sont directement exécutés sur le champ de bataille selon Seymour Hersh. Bush avait les « anti-guerre » contre lui, Obama règne en dictateur dans un silence choquant.



« Changements »  D’Obama : Torture Exécution De Prisonniers En   Afghanistan

Bush enrobait ses élucubrations politiques de considérations « mystico chrétiennes ». Alors que les médias ont chargé le Pape à mort pour la pédophilie de ses serviteurs en soutane tous se sont tus quand un Bush jouissif et pervers se délectait des tortures pratiquées à Guantanamo et Abu Graib tout en invoquant sa céleste mission contre « l’Axe du Mal » ici bas.

Obama plus cool n’invoque ni le Saint Père ni le Très Haut mais signe d’une main un ordre exécutif pour arrêter la torture à Guantanamo et balaie du revers de l’autre main l’humanité des prisonniers en les faisant torturer à Bagram ou exécuter lors de confrontations avec les troupes US.

A Bagram Au « Trou Noir » les prisonniers sont torturés

Certains prisonniers de la tristement célèbre prison sur la base aérienne militaire de Bagram en Afghanistan ont été déplacés dans une autre prison spéciale à l’intérieur de Bagram qu’ils appellent « Tor Jail » traduction « Black Jail = Prison Noire » où ils subissent des sévices qualifiés en droit international de torture ce que confirme l’organisation PHR(Physicians for Human Rights » :

« Quelque soit l’administration qui les emploie, cela constitue de la torture ».

Ces accusations de torture ont fait surface sur la BBC où 9 anciens prisonniers ont témoigné des tortures qu’ils avaient subies à Bagram (maintenant appelée centre de détention de Parwan).

Ce n’est pas la première fois que de tels abus ont été rendus publics. En Novembre 2009 le Washington Post avait révélé que des adolescents afghans arrêtés par les autorités US et détenus à Bagram avaient portés des accusations identiques telles que celles d’avoir été battus, humiliés sexuellement, privés de sommeil et maintenus pendant de longues périodes en isolation de même que dans des températures extrêmes.

Pour une fois ce n’est pas la CIA qui gère cet établissement de torture mais l’Agence de Renseignement de l’armée américaine (DIA) et comme cet établissement n’est pas qualifié de prison mais de centre de collecte de renseignements le CICR n’a pas le droit d’y rendre visite aux prisonniers. Seul « effort humanitaire » cynique et pervers d’Obama désormais le CICR est prévenu de l’incarcération dans ce lieu spécial de certains détenus mais n’a aucun droit de les approcher encore moins de constater dans quel état ils sont incarcérés et comment ils sont traités.

C’est plus précisément le DCHC ((Defense Counterintelligence and Human Intelligence Center ) qui est chargé d’interroger ces prisonniers considérés comme des « prisonniers de hautes valeur ». Ces prisonniers sont d’abord détenus dans l’un des 6 camps d’interrogations secrets en Afghanistan, puis ensuite certains sont emprisonnés dans cette « prison noire » puis quand les interrogateurs tortionnaires en ont fini avec eux sont envoyés dans la prison principale de Bagram.

Obama a signé un ordre exécutif pour mettre fin à la torture couramment pratiquée sous Bush. Mais en fait les interrogateurs du DIA ( Defense Intelligence Agency) dont fait partie le DCHC bénéficie d’une autorisation secrète pour utiliser certaines méthodes détaillées dans une Appendice au manuel d’instruction de l’armée à utiliser sur le terrain, l’Appendice M, qui précise ces techniques d’interrogation «restrictives ».

« Dans certaines circonstances les interrogateurs peuvent priver les prisonniers de sommeil (4heures d’affilée à chaque fois pendant 30 jours consécutifs) pour que leurs sens deviennent confus et les garder séparer du reste de la population emprisonnée. La Croix Rouge est maintenant prévenue si les prisonniers restent dans l’établissement plus de deux semaines.

« Quand les interrogateurs utilisent l’Appendice M, le sous secrétaire à la défense pour les renseignements le Gl James Clapper (ret) est l’homme en charge. Les détenus désignés comme prisonniers de guerre ne peuvent pas être soumis à l’Appendice M. »


La Maison Blanche est tenue au courant des méthodes utilisées par les interrogateurs dans la prison.

Les troupes américaines exécutent les prisonniers en Afghanistan.

Le mois dernier lors de la Conférence mondiale sur le journalisme d’investigation qui s’est tenue à Genève le célèbre journaliste américain d’investigation qui avait révélé les tortures pratiquées par les troupes américaines à la prison d’Abu Graib en Irak, Seymour Hersh, a critiqué le président Obama et affirmé que les forces armées US pratiquaient des « exécutions sur les champs de bataille ».

« Je vous dis dés maintenant que l’une des grandes tragédies de mon pays c’est que Mr Obama regarde de l’autre côté, car de même d’horribles choses arrivent aux prisonniers, à ceux capturés en Afghanistan…Ils sont exécutés sur le champ de bataille. Il se passe des choses incroyables là- bas qu’on ne rapporte pas nécessairement. Les choses ne changent pas.

« Ce qu’ils font maintenant sur le terrain c’est, ils disent aux troupes, vous avez un jour ou deux pour décider si ces prisonniers que vous détenez sont des Talibans.

« Vous devez extraire tout renseignement tactique que vous pouvez obtenir immédiatement pas de renseignement stratégique de longue portée. Et si vous ne pouvez pas conclure que ce sont des Talibans vous devez les libérer.

« Ce que cela veut dire et 5 ou 6 personnes différentes me l’ont raconté de manière anecdotique des exécutions sur le champ de bataille ont lieu. Eh bien s’ils ne peuvent pas prouver que ce sont des Talibans, Bam. Si nous ne le faisons pas nous-mêmes nous nous adressons aux troupes afghanes proches et à peine le temps de faire trois pas et les balles sifflent de partout. Et cela se produit en ce moment même ».


Obama n’a pas mis longtemps à rejoindre les Bush Cheney et consorts sur la longue liste des criminels de guerre et tortionnaires américains, et les Sarkozy, Merkel et consorts sur celle de leurs complices.

Samedi 15 Mai 2010
Mireille Delamarre


samedi 29 mai 2010

Douze thèses sur la guerre et la paix au Moyen-Orient


AUTEUR: James Petras

Traduit par Maria Poumier


1. L'invasion de l'Iraq a été le produit d'un effort concerté par les sionistes usaméricains qui occupent des positions stratégiques au Pentagone (la seconde et la troisième dans le commandement), au Conseil National de Sécurité, et au Bureau des Plans Spéciaux (OSP). Paul Wolfowitz, numéro 2 au Pentagone a dessiné le plan d'attaque, Douglas Feith, numéro 3 au Pentagone, a arrangé les données falsifiées sur les armes de destruction massive, et David Frum, un autre sioniste, a rédigé les discours de Bush, y compris son discours sur « l'axe du mal ». Qui plus est, les lobbies juifs puissants - comme on les appelle à juste titre en Israël - ont mobilisé le Congrès par des pressions directes et à travers leur puissante influence dans les médias de masse. Les grandes compagnies pétrolières n'ont pas fait ouvertement campagne pour l'invasion, parce que la guerre était perçue comme un facteur de déstabilisation pour leurs intérêts. Les sionistes usaméricains ont poussé à la guerre pour renforcer la domination d'Israël sur le Moyen-Orient et pour affaiblir l'opposition arabe à sa politique coloniale en Palestine.

2. La principale opposition à l'invasion fut conduite par les forces de gauche extra-parlementaires, parce que les "parlements" au Moyen-Orient sont les chambres d'enregistrement des clients des USA. En Europe les parlements reflètent des forces variées, mais leur opposition à la guerre fut surtout diplomatique et inefficace. L'activité extra-parlementaire a exprimé l'opposition aux politiques génocidaire des USA à grande échelle en Iraq, où 300 000 anciennes recrues militaires ainsi que des policiers furent mis d'office à la retraite, tandis que les forces religieuses tentaient d'instaurer un État musulman indépendant.

3. La force des mouvements mondiaux varie selon l'efficacité de la résistance intérieure en Iraq. Plus d'une douzaine de pays ont retiré leurs forces d'Iraq en raison de leurs pertes et de leur perception selon laquelle les forces d'invasion conduites par les USA ont d'ores et déjà perdu la guerre. Les pertes (morts et blessés) en Iraq, plus de 20 000, a fait monter l'opposition interne de 15% au début de l'invasion à 65% aujourd'hui (juin 2006). Il n'existe pas de mouvements sociaux apolitiques : ils visent principalement l'État, particulièrement l'État impérial, que ce soit lorsqu'ils ils demandent une réforme agraire, des emplois ou la nationalisation de ressources naturelles privatisées. Le grand défi est de parvenir à transformer ces revendications en une lutte pour le pouvoir au sommet, ce qui est un point faible des mouvements sociaux.

4. La conscience libérale en Iraq est surtout un phénomène propre à la classe marchande, à certains intellectuels et surtout à des expatriés vivant aux USA ou en Europe et qui sont rentrés avec l'invasion usaméricaine. Si tant est qu'elle ait jamais existé en Iraq, elle a évolué vers une opposition nationaliste diffuse à l'occupation usaméricaine, même dans le Bazar. Le support principal des expatriés dans la classe politique est l'armée usaméricaine. La société du Moyen Orient, y compris l'Iraq,comporte des nationalistes, des socialistes, des républicains laïques, des mouvements religieux et modérés. Bien des forces fondamentalement laïques-républicaines ont rejoint les mouvements à direction religieuse, à cause des ressources qu'ils contrôlent. On ne peut pas toujours opérer une distinction tranchée et claire.

5. L'invasion usaméricaine de l'Iraq avait rapport avec l'expansion de la puissance israélienne et les intérêts géopolitiques usaméricains. C'est un cas classique de guerre impérialiste contre un mouvement national de libération. Il y a des différences culturelles, mais elles existaient avant l'invasion et continueront d'exister après. D'elles-mêmes, les différences de « cultures » ou de religions ne mènent pas à la guerre. Ce sont les conflits d'intérêt politique, économique et idéologique qui déclenchent les guerres.

6. Les effets à court et à moyen terme de la guerre imperialiste ont donné lieu à un degré formidable d'hostilité à la présence européenne et usaméricaine au Moyen-Orient et aillieurs, qui ne pourra pas être surmontée aisément, surtout avec la « doctrine de la guerre préventive" usaméricaine et l'intervention terroriste étendue au monde entier.

7. Les principaux bénéficiaires de la "guerre contre le terrorisme" sont les Israéliens qui s'emparent de la terre palestinienne, le mouvement sioniste mondial parce qu'il consolide leur "patrie", l'industrie mercenaire multimilliardaire (ce qu'on appelle les "agences de sécurité ») qui reçoit des contrats militaires et exerce le pillage, les industries d'armement et la lumpen-bourgeoisie [1] qui s'empare des ressources de l'État dans les territoires occupés ainsi que de l'aide étrangère pour son enrichissement personnel.

8. Le terrorisme à un niveau national est surtout ancré dans la pratique étatique des USA, d'Israël et de l'Europe, ainsi que chez leurs prête-noms parmi les escadrons de la mort locaux, les groupes paramilitaires et les armées coloniales. La plupart des gouvernants arabes (Jordanie, Égypte, Maroc, États du golfe, Arabie Saoudite, etc) entreprennent des activités relevant du terrorisme d'État contre les dissidents dans leurs propres pays. Al Qaïda et d'autres groupes islamiques sont des acteurs marginaux et au rôle mineur dans les activités terroristes au niveau mondial, revendiquant moins de 5% des attaques de civils, si on les compare aux USA et à leurs hommes de paille en Iraq, en Israël et ailleurs, qui sont responsables de la majorité des meurtres de civils.

9. La résistance islamique de masse, y compris le combat en Iraq, est perçue comme un mouvement de libération nationale dans la plupart des pays du Tiers Monde. La plupart des opérations paramilitaires en Iraq sont dirigées par les USA et leur régime fantoche, ce qui explique pourquoi on ne parvient jamais à élucider les crimes, ni à punir personne. La plupart des combattants déposeront les armes aussitôt que les USA et les puissances européennes seront forcés de se retirer. Le vote palestinien démocratique en faveur du Hamas et son offre d'un cessez-le feu pour 18 mois malgré le fait de plus d'un millier d'assassinats de civils innocents est une manifestation de la nature démocratique et pacifique de la grande majorité de la population palestinienne, malgré les violentes provocations sans fin, les incursions et les assassinats par les escadrons de la mort et les sections d'assaut [2] israéliens. Le meurtre brutal, ces jours-ci, d'une famille de sept personnes au bord de la mer, les mensonges arrogants dans la couverture de ce crime aussitôt donnée par Israël , et la reprise prévisible par le lobby juif usaméricain des mensonges de Tel Aviv sont caractéristiques d'un véritable réseau de terreur et de duperie.

10. La réponse du monde arabe au 11 septembre a été variable, comme cela a été le cas dans la plus grande partie du Tiers Monde et même en Occident. Bien des gens du Tiers Monde ont interprété le 11 septembre comme le début des guerre de Washington sur le sol usaméricain ; ayant déjà eu à supporter les bombardements et les invasions usaméricains dans leur propre pays, ils ont vu le 11 septembre comme une extension territoriale de conflits en cours. La plus grande partie des classes moyennes et supérieures ont été abasourdies, dans le monde entier, par l'attaque et par les pertes en vies humaines, particulièrement celles qui ont des liens bénéfiques avec les puissances occidentales ; c'est le cas pour les classes éduquées d'Asie, d'Amérique latine et d'Afrique qui s'identifient avec la culture de l'élite occidentale.

11. L'opinion publique occidentale, y compris en Europe et aux USA, est profondément divisée sur l'Iran. Très peu de gens en Europe et aux USA soutiennent l'appel à la guerre du lobby juif, même parmi les officiers militaires usaméricains, les cadres et d'autres catégories. Personne en Europe, même le Premier ministre Tony Blair, ne soutient un boycott total contre l'Iran. La Russie et la Chine défendent la diplomatie. La faction qui pousse à la guerre dans la classe dirigeante des USA est très isolée au plan international et faible au niveau interne à cause de sa désastreuse politique de guerre contre l'Iraq. Cependant l'administration Bush, qui est d'extrême droite, aidée et encouragée par le lobby juif, peut lancer une attaque aérienne sur l'Iran dans un effort risqué pour renforcer temporairement ses chances électorales en novembre 2006. Une guerre provoquerait le meurtre massif de civils iraniens, au-delà des 250 000 déjà assassinés en Iraq, et déclencherait une conflagration générale, particulièrement une riposte à grande échelle de la part des Gardiens de la révolution iraniens, qui pénétreraient en Iraq et d'autres qui pourraient déclencher des attaques militaires contre les installations pétrolières usaméricaines et européennes, ce qui ferait monter les prix du baril de brut au-dessus de 100 dollars, causant une récession mondiale.

12. Avant la République islamique, l'Iran était gouverné par une monarchie despotique dévouée aux USA. L'État policier du Shah était l'un des plus répressifs au monde, et fit torturer et assassiner des dizaines de milliers de gens, jetant 300 000 personnes dans l'exil. C'était un État où les inégalités étaient énormes, par l'effet du pillage de la richesse pétrolière par les compagnies pétrolières occidentales et par les USA. Le Shah était un allié militaire d'Israël et des USA, et chacun soutenait la domination de l'autre. La révolution islamique mit fin à l'exploitation étrangère, fit des distributions de terres, nationalisa l'industrie pétrolière, et introduisit des élections pluralistes, dans des limites étroitement définies par la loi islamique. La mauvaise gestion économique, le retour du capital privé dans les champs pétroliers, la corruption au sein de l'État et la répression des mouvements syndicaux de gauche ont miné une bonne partie des réformes programmées par le régime islamique, mais pas toutes. Le nouveau président a promis de faire des efforts en matière de protection sociale, de défendre l'Iran des prédateurs étrangers et de promouvoir la croissance économique. La question du développement des capacités nucléaires de l'Iran a été soulevée par Washington comme prétexte pour le faire revenir à son ancien statut de fournisseur de pétrole à bon marché. Israël et le lobby juif veulent une attaque militaire afin d'éliminer l'opposition iranienne à leur décision d'annexer la Palestine.

NDT :

[1] lumpen-bourgeoisie = littéralement "bourgeoisie en haillons" [Lumpen est un mot allemand], en référence au terme de Karl Marx "Lumpenproletariat", pour désigner le sous-prolétariat (on dirait aujourd'hui "la racaille")

[2] L'auteur utilise le terme "storm troopers", traduction de l'allemand "Sturmtruppen", qui désignait les sections d'assaut nazies.


Par James Petras, juin 2006.

English version : http://www.axisoflogic.com/
Versión española : http://www.rebelion.org/noticia.php?id=33292

Traduit de l'anglais par Maria Poumier et révisé par Fausto Giudice, illustration de Juanito Kalvellido ("Il y a des guerres qui tuent"), membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique (www.tlaxcala.es). Cette traduction est en Copyleft.

vendredi 28 mai 2010

Des procès injustes

Canada : Bâillonnés pour avoir dit la vérité sur Guantanamo (The Independent)

Robert FISK

J’ai commencé ma chronique de la semaine dernière par ces mots :"Nous savons tout ce qui s’est passé à Guantanamo". J’avais tort. Grâce aux journalistes de Toronto - jusqu’à ce qu’on leur interdise l’accès de la Cour Martiale de Campagne qui tient lieu de "justice" à cet endroit exécrable - j’en ai appris beaucoup plus.

Etant donné qu’il s’agit d’un citoyen canadien et que le gouvernement canadien ne fait rien pour son ressortissant prisonnier, le cas a été très médiatisé de notre côté de l’Atlantique. Et c’est très bien.

Omar Khadr avait 15 ans quand il a soi-disant (je vais devoir utiliser "soi-disant" tout au long de cet article car il ne s’agit pas d’un procès équitable) tué par balles un soldat des Forces Spéciales Américaines dans l’est de l’Afghanistan en juillet 2002. La semaine dernière, un ancien militaire du nom de Damien Corsetti et surnommé "Le Monstre" à la prison de Bagram où régnaient la terreur et la torture, a reconnu dans une vidéo présentée devant la "Cour de justice" de Guantanamo que Khadr avait été ligoté dans une cage "dans un des pires endroits de la terre". "Nous pouvions quasiment faire tout ce que nous voulions pour terroriser les prisonniers" a déclaré Corsetti.

Il était interdit de battre les prisonniers a précisé "Le Monstre", mais on pouvait brandir des "menaces cauchemardesques" comme de les remettre à l’Egypte ou à Israël où, selon le Globe canadien ou le Mail "ils disparaîtraient". Ce qui en dit long sur Israël. Ou sur ce que les Américains pensent d’Israël. Et sur l’Egypte aussi quand on y pense.

Je dois ajouter que Monsieur Khadr, qui a maintenant 23 ans, était gravement blessé quand il a été amené à Bagram. Comme le dit Monsieur Corsetti "C’était un gamin de 15 ans avec trois trous dans le corps, et des éclats d’obus dans la visage". Le personnel de Bagram (les gardes et ceux qui menaient les interrogatoires) l’avaient surnommé "Chevrotine Bob". Spirituel, n’est-ce pas ?

Je dois aussi ajouter que Monsieur Corsetti n’a pas maltraité Monsieur Khadr. Il a été plus tard acquitté des charges d’abus sur des détenus (dont ne faisait pas partie Khadr) et maintenant il se décrit comme un vétéran handicapé qui suit un traitement pour troubles de stress post-traumatique. En d’autres termes, ce témoin a été un vrai coup de chance pour les avocats de la défense, mais pas pour le gouvernement canadien qui a demandé à l’administration d’Obama de taire le fait que Khadr, en 2003 et 2004, avait fourni des renseignements à des représentants officiels du Département des Affaires Etrangères et à des agents des Services Secrets et des Services de Sécurité Canadiens (CSIS pour ceux que ça intéresse).

La Cour Suprême Canadienne (que j’apprécie car elle semble équitable) a déjà statué que les conditions dans lesquelles Khadr était emprisonné quand le CSIS l’a interrogé "constituent une violation sans équivoque des droits humains internationaux par le Canada".

Un sergent Américain, Joshua Claus, a-t-on découvert pendant les auditions à Guantanamo, avait aussi interrogé Khadr sur ses liens avec les Talibans. Il fut plus tard reconnu coupable d’abus sur les détenus (quoique pas sur Khadr). Claus a aussi avoué qu’il avait violenté un chauffeur de taxi innocent nommé Dilawar qui est mort pendant sa détention à Bagram.

Nous connaissons l’identité de Claus parce qu’il a donné des interviews à la presse, entre autres. Selon le Star de Toronto, en 2008, il a déclaré que ses employeurs précédents "avaient essayé d’insinuer qu’il avait battu et torturé tous ceux à qui il avait parlé". "Omar", a-t-il dit,"a été ma première affaire importante. J’ai passé avec lui beaucoup de temps pour essayer de comprendre qui il était et ce que je pouvais lui dire ou faire pour lui, que ce soit lui apporter de la nourriture supplémentaire ou une lettre de sa famille." Il y a eu beaucoup d’autres révélations à ces auditions, par exemple celle de la technique "terroriser-rassurer" : "terroriser" incluait la menace d’être violé par "quatre grands noirs".

Bref, une autre récit horrible et obscène sur Guantanamo. Mais attendez. On ne peut pas laisser la presse s’emparer d’horreurs pareilles n’est-ce pas ? Surtout si l’on sait que le propre gouvernement de Khadr ne fera rien pour lui. Alors écoutez bien. Le Pentagone a annoncé que plus de la moitié de la presse canadienne - y compris le Globe, le Mail et le Star seront désormais interdits de couvrir les "procédures judiciaires" de Guantanamo parce qu’ils ont dévoilé que Claus menait des interrogatoires, alors que son nom n’avait pas été rendu public à Guantanamo. Bien que ce soit Claus lui-même qui se soit dévoilé dans des interviews qu’il avait données il y a deux ans. Vous y êtes ?

L’information tombée dans le domaine public redevient confidentielle quand elle n’a pas été fournie par le tribunal de campagne à Cuba (Oui, n’oublions pas que Guantanamo est dans ce foutu Cuba). Le Pentagone ne s’est même pas donné la peine d’appeler les reporters concernés, ils ont envoyé des Emails, pour couper court à toute protestation, car il aurait pu y en avoir n’est-ce pas ?

De la justice ? Nous n’en trouverons pas dans cette Cour de justice là. Le père de Khadr était un membre important d’al-Qa’ida. Des médecins américains lui ont sauvé la vie (il y a quelques bonnes personnes dans ces guerres) mais il a été torturé sans l’ombre d’un doute ; et le Canada, (et là je cite les excellents éditoriaux du Globe et du Mail) a participé à ces abus de manière aussi illégale qu’hypocrite. Il a communiqué les résultats de ses propres interrogatoires de Monsieur Khadr à l’accusation à une époque où les informations obtenues sous la torture étaient admises par les commissions militaires.

C’est dommage, mais nous n’entendrons plus beaucoup parler de ce procès, en tous cas pas au Canada. Depuis, le Star, le Globe et le Mail n’ont fait aucune allusion à l’identité de Claus. Ce n’est pas surprenant je suppose. Mais souvenez-vous, moi je vous l’ai dit.

Robert Fisk

TEXTE ORIGINAL http://www.independent.co.uk/opinio...

Traduction D. Muselet

URL de cet article
http://www.legrandsoir.info/Canada-Baillonnes-pour-avoir-dit-la-verite-sur-Guantanamo-The-Independent.html

mardi 25 mai 2010

Le bilan des victimes américaines en Afghanistan franchit le cap des mille morts



Mondialisation.ca, Le 25 mai 2010



L'énorme attentat suicide à la bombe qui a frappé mardi à Kabul un convoi de l'OTAN a coûté la vie à cinq nouveaux soldats américains, un officier canadien et une dizaine de civils afghans.

L'attaque a démontré l'échec de plus de huit ans d'occupation dirigée par les Etats-Unis, sans parler de l'échec du gouvernement fantoche du président Hamid Karzai de sécuriser au moins le centre de la capitale afghane. L'attaque a aussi marqué une étape sombre pour les forces américaines en portant à 1.000 le nombre total de soldats morts en action dans l'opération « Enduring Freedom ».

Il y a peu de doute pour que le gouvernement Obama, tout comme la Maison Blanche de Bush avant lui, tentera de passer rapidement sur la signification de ce nombre de victimes. Un porte-parole de la Maison Blanche a publié mardi un bref communiqué louant les forces militaires américaines pour leur « sacrifice extraordinaire » mais sans faire mention toutefois que le nombre d'Américains tués dans cette guerre était passé à 1.000.

De tels chiffres, ont toutefois une énorme signification et appellent à une sérieuse réflexion. Derrière ces chiffres se cachent les membres des familles et des proches, sans mentionner les dizaines de milliers d'autres soldats américains dont la vie a été brisée par des blessures physiques terribles et le bilan psychologique considérable les affectant après plusieurs périodes au front à combattre une population hostile dans le cadre d'une armée d'occupation.

En 2009, 17.538 personnels militaires ont été hospitalisés en raison de troubles psychiques et 11.156 pour handicaps et blessures de guerre. « La guerre est difficile. Elle exige ses morts, » a fait remarquer le chirurgien général de l'armée, le lieutenant-général Eric Schoomaker.

Sans aucun doute, la même chose peut être dite de toutes les guerres. Mais, quand des soldats sont envoyés pour tuer et pour mourir dans une guerre fondée sur des mensonges, une guerre dont les coûts humains sont camouflés par le gouvernement et des médias serviles et une guerre qui est menée pour réprimer la résistance populaire envers une occupation étrangère, ce bilan psychologique est fortement aggravé.

Pourquoi les 1.000 soldats américains sont-ils morts? Qu'est-ce qui a justifié la destruction du corps et de l'esprit de plusieurs milliers d'autres ? Et, qu'est-ce qui peut excuser la mort et la mutilation de dizaines de milliers d'Afghans au cours de ces 103 derniers mois dans cette guerre qui est la deuxième guerre la plus longue de l'histoire des Etats-Unis ?

Les affirmations du gouvernement Obama -réitérant les mensonges de Bush et de Cheney - que l'impérialisme américain lutte en Afghanistan pour empêcher une autre attaque terroriste sur le sol américain ont été discréditées par les commandants militaires eux-mêmes, évaluant que pas plus que 100 membres d'Al Qaïda sont en opération dans le pays et reconnaissant que leurs efforts contre-insurrectionnels visent directement la résistance autochtone.

Bref, c'est une guerre sale de style colonial consistant en un genre d'opération de pacification que les forces américaines avaient menée contre les Indiens ( Native Americans) au 19ème siècle ou contre les Philippins ou les Haïtiens au début du 20ème siècle. Elle implique des pratiques criminelles coutumières aux armées de France, du Portugal et de Grande-Bretagne, dans leurs tentatives d'écraser les mouvements anticoloniaux en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient.

Les soldats américains meurent pour soutenir le régime fantoche d'Hamid Karzai qui représente un groupe de seigneurs de guerre et de trafiquants d'héroïne brutaux à la solde de la CIA mais, selon les propres enquêtes menées par l'armée américaine, qui ne bénéficient nulle part dans le pays d'une base significative de soutien populaire.

Et, en dernière analyse, ils meurent pour la poursuite d'une stratégie - élaborée bien avant le 11 septembre - qui vise à établir une hégémonie militaire américaine sur les approvisionnements énergétiques et les voies d'acheminement par oléoducs du pétrole revêtant une importance immense pour les pays avoisinant l'Afghanistan - notamment, la Chine, la Russie, l'Iran, le Pakistan et l'Inde.

Cette stratégie vise à bénéficier à une minuscule élite financière dirigeante aux dépens de la population laborieuse non seulement en Afghanistan mais aussi aux Etats-Unis. Dans des conditions où il est dit à la population laborieuse qu'il « n'y a pas d'argent » pour faire face au chômage, à la pauvreté et à la détérioration des conditions sociales, le Congrès, qui est contrôlé par les Démocrates, se prépare cette semaine à voter une requête « d'urgence » de fonds supplémentaires de 59 milliards de dollars pour financer la guerre en Afghanistan et son intensification.

D'ici l'été, suite à l'intensification (« surge ») du gouvernement Obama, le nombre des troupes américaines occupant l'Afghanistan sera le triple de ce qu'il était au moment du départ de George W. Bush. Loin de sécuriser le pays, la présence accrue de l'armée américaine n'a fait qu'entraîner une intensification constante de la violence et du nombre de morts.

Selon un rapport publié par l'organisme d'audit (GAO) américain, l'armée d'occupation menée par les Etats-Unis a été soumise en moyenne à plus de 40 attaques par jour en mars, soit le double du mois de mars 2009.

Entre-temps, même selon les estimations ridiculement basses du Pentagone, le nombre des civils non armés, la majorité étant des femmes et des enfants, tués durant les attaques aériennes nocturnes, les bombardements, les fusillades au point de contrôle par les forces d'occupation menées par les Etats-Unis et les fusillades depuis des voitures par des convois américains ont également doublé au cours du premier trimestre de cette année, par rapport au chiffre enregistré durant la même période de l'année dernière.

L'ampleur de la saignée devrait augmenter fortement compte tenu que la résistance lancera sa propre offensive d'été et que l'armée américaine est en train de projeter le siège de Kandahar, une ville approximativement de la taille de Detroit et qui est un bastion des Taliban. Dans sa déclaration de la semaine passée selon laquelle l'armée américaine n'avait pas l'intention de « détruire Kandahar en cherchant à sauvegarder Kandahar », la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton n'a guère été rassurante.

L'hostilité contre cette guerre d'une grande partie de la population aux Etats-Unis ainsi que contre l'occupation prolongée de l'Irak, née sous le gouvernement Bush et qui s'est poursuivie sous Obama, n'a pas disparu. Elle ne peut cependant pas trouver d'expression au sein des deux grands partis pro-patronaux ou dans les médias de masse qui reprennent en grande partie la ligne officielle selon laquelle les Etats-Unis mènent une « guerre juste » en Afghanistan.

Il n'y a pas de doute quant au sentiment largement répandu qu'on ne peut rien faire dans le cadre de la configuration politique actuelle, surtout après maintes élections lors desquelles la masse des gens est allée voter pour exprimer son opposition à ces guerres, et élire, en 2008 comme président, Barack Obama qui avait fait appel à ces sentiments pour prendre le pouvoir et intensifier dramatiquement l'agression militaire américaine à la fois en Afghanistan et au Pakistan.

L'expérience de 15 mois de gouvernement Obama a également révélé la faillite de la perspective des organisations de protestation anti-guerre de la classe moyenne qui avaient affirmé que l'on pouvait s'opposer à la guerre en soutenant les Démocrates contre Bush. Le gouvernement Bush n'est plus, les Démocrates contrôlent les deux chambres du Congrès et les crimes de guerre continuent. Pour ce qui est des organisations de protestation, elles sont en grande partie devenues inactives pour s'être adaptées au programme « progressiste » d'Obama.

Une lutte véritable contre la guerre ne peut être menée que par le développement d'un mouvement socialiste indépendant de la classe ouvrière contre le système capitaliste de profit qui est la source du militarisme.

Ce mouvement doit exiger le retrait immédiat de toutes les troupes américaines et autres troupes étrangères du Moyen-Orient et d'Asie centrale. Il doit également lutter pour le démantèlement de la machine de guerre américaine et la réorientation des milliers de milliards de dollars de dépenses militaires vers le paiement de réparations aux populations dévastées par les guerres d'agression américaines et le règlement de la crise sociale grandissante à laquelle est confrontée la population laborieuse aux Etats-Unis mêmes.



Article original, WSWS, paru le 19 mai 2010.

Afghanistan, Irak :
des guerres très privées
L'Express
24/05/2010
Par Dominique Lagarde
Logistique, sécurité, surveillance aérienne... des salariés de sociétés militaires appuient de plus en plus sur le terrain les armées américaine et britannique. Sur le sol afghan, ils sont presque deux fois plus nombreux que les soldats déployés par le Pentagone.
En Afghanistan comme en Irak, les armées américaine et britannique sous-traitent une part de plus en plus importante de leurs activités à des sociétés militaires privées (SMP). A l'échelle de la planète, celles-ci emploieraient près de 1 million de personnes: réunies, elles représenteraient, sur le papier, la deuxième armée du monde. Amorcée il y a une vingtaine d'années, guère plus, la privatisation de la guerre, sous toutes ses formes, est une entreprise juteuse: elle constitue un énorme marché estimé à 170 milliards d'euros par an.
Des opérations de contre-insurrection "clefs en main"
La première société militaire privée est apparue en 1989. Créée par d'anciens commandos sud-africains, installée en Angola sur une base abandonnée par les Soviétiques, Executive Outcomes proposait aux Etats africains menacés par la rébellion des opérations de contre-insurrection "clefs en main". Elle reste à ce jour la seule vraie tentative de privatisation de l'activité combattante.
Apparaît ensuite aux Etats-Unis, dans les années 1990, la Military Professional Resources Inc. (MPRI). Société de droit privé, elle n'en est pas moins étroitement liée au Pentagone. A ses débuts, elle vend surtout ses services aux pays de l'ex-bloc soviétique qui mettent leurs armées aux normes de l'Otan avant d'intégrer l'Alliance atlantique.
A cette époque, les tâches confiées à des contractors privés relèvent pour l'essentiel de la logistique. Lors de la première guerre du Golfe, en 1991, on ne compte qu'un civil sous contrat pour 100 militaires américains. Mais tout change avec la guerre d'Irak. En 2003, lors de l'invasion, le rapport est déjà de 1 à 10. En 2007, pour la première fois, il y a autant de contractors employés par l'US Army que d'hommes en uniforme. Du jamais-vu!
Le 16 septembre de cette année-là, des employés de Blackwater, l'une des plus grosses sociétés militaires privées (aujourd'hui rebaptisée Xe Services LLC), tirent sur un véhicule en plein centre de Bagdad. La fusillade fait 17 morts. La justice américaine est saisie. Blackwater sera finalement écartée du marché irakien.
Ce qui ne l'empêche pas de continuer à travailler aujourd'hui encore pour le gouvernement américain, notamment pour la CIA, en Afghanistan. Deux de ses employés figuraient parmi les victimes de l'attentat du 30 décembre 2009 contre une base américaine à Khost, dans le sud-est du pays.
La société possède une base secrète, près de la frontière avec le Pakistan, d'où elle fait décoller ses propres drones en direction des zones tribales pakistanaises. En principe, la tâche de ces avions sans pilote ultrasophistiqués consiste à identifier des cibles qui seront ensuite "traitées" par d'autres appareils, équipés de missiles et appartenant, eux, à l'armée américaine.
Mais est-ce si sûr? Les bombardements des zones tribales pakistanaises sont devenus une pièce centrale de la nouvelle stratégie de Washington. Entre 2008 et 2009, leur nombre a augmenté de 50%, passant de 36 à 53, et le rythme s'est encore accéléré depuis le début de l'année...
Plus de 100 000 civils travaillent pour le Pentagone
Un rapport du service d'étude du Congrès américain, publié en décembre 2009, estimait à 104 100 le nombre de civils travaillant en Afghanistan pour le seul Pentagone. Les effectifs militaires, à la même époque, étaient de 63 950 soldats. En clair, 62% des hommes qui oeuvraient sur le terrain pour le ministère américain de la Défense étaient des privés - un pourcentage jamais atteint dans l'histoire des Etats-Unis. Le déploiement des renforts (30 000 hommes) annoncés par Barack Obama devrait se traduire par l'embauche de 56 000 contractors supplémentaires.
"En Afghanistan, analyse Olivier Hubac, spécialiste de l'intelligence stratégique et coauteur d'un ouvrage sur la guerre afghane (1), le recours aux contractors fait partie intégrante de la stratégie de l'Otan. Tout ce qui ne constitue pas le coeur du métier de soldat est externalisé afin de permettre aux militaires de se consacrer au combat et aux actions de sécurisation."
Quelles sont les tâches confiées au privé? Il y a d'abord tout ce qui relève du "soutien de l'homme" et de la logistique: hébergement, maintenance, ravitaillement, connexions Internet, gardiennage, etc. La sécurité de tous les "camp-vie" de l'Otan en Afghanistan est ainsi assurée par des sociétés privées.
D'autres services rendus par les contractors relèvent peu ou prou de la délégation de service public: déminage, surveillance aérienne, lutte antidrogue, formation des forces gouvernementales afghanes. Ce dernier marché semble promis à une croissance exponentielle si l'Otan veut atteindre ses objectifs affichés : porter l'armée afghane de 9 000 à 134 000 hommes à la fin 2010, puis à 240 000 hommes en 2013.
L'armée est entraînée principalement par Kellogg Brown and Root (KBR) et par DynCorp. Première SMP en Afghanistan aujourd'hui, cette dernière assure aussi la garde rapprochée du président Hamid Karzaï. La MPRI, elle, spécialisée dans le conseil, est chargée d'élaborer la doctrine militaire de l'Armée nationale afghane - un contrat de 200 millions de dollars - et de former ses chefs de corps. Enfin, l'instruction de la police afghane, dont les effectifs pourraient atteindre 160 000 hommes, est assurée pour l'essentiel par la société Paravant, filiale de Blackwater.
Les SMP font souvent appel à d'anciens militaires anglo-saxons pour les postes les plus qualifiés et recrutent sur place pour les tâches d'exécution. Mais leur présence croissante pose des problèmes de fond.
Auteur d'un ouvrage consacré à la privatisation de la guerre en Irak (2), Georges-Henri Bricet des Vallons estime que cette pratique d'externalisation a atteint aujourd'hui "un point de non-retour". Il n'hésite pas à parler d'une situation de "dépendance", voire d'une "addiction" de l'armée américaine à l'égard des SMP, seules à même de leur fournir une expertise qui leur fait défaut.
En Afghanistan, sur les 104 100 contractors employés par le Pentagone en septembre 2009, 9 % étaient américains, 16% étaient des expatriés d'autres nationalités et 75%, afghans. Les SMP assurent aussi la sécurité de nombreuses institutions civiles, qu'il s'agisse de l'ONU, des ONG, de certaines entreprises, voire des maisons d'hôte où séjournent les étrangers de passage.
Mais, sur ce marché plus classique du gardiennage et de la sécurité rapprochée, elles sont de plus en plus concurrencées par des sociétés locales, souvent créées par d'anciens seigneurs de la guerre. L'une des plus importantes est l'Asia Security Group, qui appartient à un cousin du président Hamid Karzaï. Très active également, selon Georges-Henri Bricet des Vallons, la société Sherzai, fondée par un ancien gouverneur de la province de Kandahar, Gul Agha Sherzai.
Des morts non comptabilisés
La privatisation de tâches qui autrefois incombaient aux armées permet de faire la guerre en limitant l'envoi de troupes sur place et en minimisant les chiffres officiels des pertes humaines : les morts des SMP ne figurent dans aucune comptabilité. C'est un sacré avantage pour un gouvernement confronté à une opinion publique fragile et à un Parlement pointilleux... Reste à savoir quelles sont les conséquences sur le terrain de cette pratique.
Docteure en droit public, chargée d'étude à l'Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire (Irsem), le lieutenant-colonel Marie-Dominique Charlier a été pendant six mois, en 2008, l'un des conseillers politiques auprès du général commandant les forces de l'Otan en Afghanistan. Elle est en France l'un des rares experts à avoir réfléchi à ces questions.
Et elle est convaincue que les SMP pèsent directement sur la conduite de la guerre: "Certaines des tâches confiées aux contractors, souligne-t-elle, les mettent au coeur du système. Ils connaissent les opérations, les acteurs, les points de contact. Ils ont, en outre, une expérience d'ensemble du terrain que n'ont pas les militaires. Eux restent sur place entre quatre et cinq ans, alors que nos rotations ne sont que de six mois en moyenne. Cela leur donne une grande légitimité auprès des Afghans et une vraie mémoire."
L'armée française est jusqu'ici restée, pour l'essentiel, à l'écart de cette tendance à l'externalisation. Faut-il en finir avec cette exception culturelle? Marie-Dominique Charlier est de ceux qui estiment que l'évolution est "sans doute inéluctable" car "les guerres modernes sont devenues hybrides" et parce que les SMP sont aussi devenues, pour les Etats qui font appel à elles, des "vecteurs d'influences".
La généralisation de ce néomercenariat pose pourtant un problème de fond qui touche à la finalité même de la guerre. En Afghanistan comme en Irak, les Etats qui ont engagé des troupes sur le terrain ont pour objectif de stabiliser la situation, dans les meilleurs délais possible, afin de pouvoir amorcer un désengagement. Or les SMP sont, elles, dans une logique économique de retour sur investissement: leurs intérêts financiers sont aux antipodes des intérêts militaires et politiques de l'Otan.
(1) L'Enjeu afghan, André Versaille éditeur, 2010
(2) Irak, terre mercenaire, Ed. Favre, 2010.
3 questions à Doug Brooks*
Pourquoi le Pentagone fait-il aussi massivement appel à vos services?
Parce que nous coûtons moins cher. Environ 80 % de nos effectifs sont des employés locaux, payés au prix du marché local, quelques centaines de dollars. Et même si certains de nos salariés occidentaux touchent aux alentours de 1 000 dollars par jour, cela reste moins cher.
Combien gagnent les sociétés?
Pour les contrats au forfait, leur marge bénéficiaire est d'environ 10%.
Plusieurs affaires ont récemment défrayé la chronique, mettant en cause la qualité des services rendus par les contractors...
C'est aux pouvoirs publics de prendre leurs responsabilités. L'Etat accorde systématiquement les appels d'offres aux moins chers des postulants, ce qui n'est pas forcément la meilleure façon de procéder.
* Président de l'International Peace Operations Associations, qui rassemble une soixantaine de SMP américaines.
Philippe Coste
http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-ils-privatisent-meme-les-forces-armees-51023742.html

vendredi 14 mai 2010

Irak : la production nationale de riz et de blé au plus bas

vendredi 14 mai 2010 - 09h:35

IRIN News


L’Irak prévoit d’importer 80 pour cent de ses besoins en blé et riz en 2010, d’après Hussein Ghazy, porte-parole de Grains Company, une entreprise publique de céréales affiliée au ministère du Commerce.
(JPG)
En raison d’un manque de précipitations en 2009, l’Irak a connu sa pire récolte de céréales depuis une décennie
(photo ACTED)

Les statistiques du ministère du Commerce indiquent que l’Irak a importé 3,55 millions de tonnes de blé et 1,17 million de tonnes de riz l’année dernière - contre respectivement 2,54 millions de tonnes et 610 000 tonnes en 2008.

La hausse des importations est la conséquence des faibles niveaux d’eau de l’Euphrate et du Tigre, qui provoquent la baisse de la production, a dit Aoun Thiab Abdullah, du ministère des Ressources en eau. Il a averti que l’Iraq pourrait être confronté à une autre saison agricole difficile cet été.

« La quantité d’eau que nous recevons de l’Euphrate à la frontière avec la Syrie s’élève à environ 250 mètres cube par seconde, ce qui est encore bas... Quant au Tigre, nous avons observé une baisse de 50 pour cent du débit, qui est passé de 1 680 mètres cube par seconde [en avril 2003 et avant] à 836 mètres cube par seconde ». Il a noté que les réservoirs alimentés par le Tigre présentaient actuellement un niveau raisonnable.

Cependant, les trois plus grands réservoirs alimentés par l’Euphrate - le réservoir d’Haditha, Mosul Dam et Habaniyah Lake - connaissent de graves pénuries d’eau, a-t-il dit.

En raison des pénuries d’eau et des niveaux élevés de salinité des sols, le gouvernement a décidé en 2009 de réduire de moitié la zone de culture de riz, qui dépend entièrement de l’eau de l’Euphrate.

« Cette situation nous inquiète, en particulier parce que la saison d’été approche, et que cela pourrait même affecter le début de la prochaine saison d’hiver, période à laquelle la première irrigation est nécessaire [en octobre et novembre] », a dit M. Abdullah.

Un secteur agricole faible

La plupart des terres irakiennes - 78 pour cent - ne sont pas adaptées à l’usage agricole. Près de la moitié des 9,5 millions d’hectares restants sont des terres marginales utilisées principalement pour le pâturage saisonnier des chèvres et des moutons, d’après un rapport de juin 2004 destiné au Congrès américain. La production agricole ne représente qu’environ quatre pour cent du Produit intérieur brut.

L’agriculture a été paralysée par des décennies de guerre et d’insécurité, le sous-investissement et l’abattage non contrôlé des arbres pour produire du bois de chauffage, qui a aggravé la salinité et la désertification. D’après le ministère de l’Agriculture, la salinité affecte au moins 40 pour cent des terres agricoles, principalement dans le centre et le sud de l’Irak, tandis que 40 à 50 pour cent des terres qui étaient productives dans les années 1970 ont été affectées par la désertification.

Un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a estimé qu’un « tiers de la population irakienne réside dans des zones rurales et a des moyens de subsistance qui dépendent de l’agriculture. Cependant, ce segment de la population souffre proportionnellement plus [que les autres] de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire, puisque 69 pour cent de l’ensemble des Irakiens vivant dans l’extrême pauvreté et l’insécurité alimentaire résident dans des zones rurales ».

D’après la FAO, les cultivateurs de blé irakiens ont observé une baisse de 55 pour cent de la production en 2008 en raison d’un contexte de sécheresse sévère, et la dépendance aux importations a augmenté en 2008, atteignant 74 pour cent pour le blé et 69 pour cent pour les céréales en général.

Un rapport conjoint de la FAO et du Service inter-institutions d’information et d’analyse (soutenu par les principaux bureaux et agences des Nations Unies en Irak), intitulé Iraq Food Prices Analysis (Analyse des prix alimentaires en Irak), a indiqué que les prix alimentaires en Irak avaient augmenté à un rythme plus soutenu que les prix alimentaires au niveau mondial, en grande partie à cause d’une hausse de 800 pour cent des prix du carburant et de l’électricité dans le pays en 2004-2008.

Selon Mahdi Al-Qaisi, sous-secrétaire au ministère de l’Agriculture, l’Irak a produit 117 000 tonnes de riz et 1,281 millions de tonnes de blé au cours de la saison 2008-09. Ces chiffres ne concernant que la production déclarée par les agriculteurs au ministère de l’Agriculture, ils pourraient être un peu en deçà de la réalité, a dit M. Al-Qaisi.

La consommation totale attendue en 2010 est de 4,5 millions de tonnes de blé et 1,227 millions de tonnes de riz, a dit M. Ghazy, porte-parole de Grains Company.

5 mai 2010 - IRIN News - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.irinnews.org/fr/ReportFr...

[Gregor Seither - IES News Service - 12/05/2010]

Selon le journaliste Seymour Hersh – qui avait déjà révélé à l’opinion publique les tortures de détenus dans la prison irakienne d’Abou Ghraib par des soldats U.S.- les soldats occidentaux engagés en Afghanistan commettent régulièrement des crimes de guerre en assassinant des prisonniers de guerre désarmés sur le champ de bataille.

A la conférence Global Investigative Journalism qui s’est tenue à Genève, le mois dernier, Seymour Hersh a critiqué l’indifférence du président Barack Obama, face à la question des “corvées de bois” pratiquées par l’Armée U.S.

“Laissez moi vous dire, l’une des grandes tragédies de mon pays c’est que le président Obama ferme les yeux là dessus, parce que des choses tout aussi horribles arrivent aux prisonniers que nous faisons, ceux que nous capturons en Afghanistan,” a déclaré Hersh. “Ces prisonniers, on les exécute directement sur place. Il se passe des choses incroyables là-bas et bien sûr, personne n’en parle. C’est toujours la même chose.”

“La consigne, sur le champ de bataille désormais, c’est qu’ils disent aux soldats, c’est vous qui devez décider, rapidement, en un jour ou deux, si le prisonnier que vous avez fait, si le détenu, est un Taliban.” a expliqué Hersh. “Les soldats ont pour consigne d’extraire le maximum d’informations tactiques immédiates du détenu – contrairement au renseignement stratégique, sur le long terme – et vous devez extraire cette information du prisonnier sans tarder. Et si vous ne pouvez être certain qu’il s’agit d’un Taliban, alors vous devez relacher ce prisonnier.”

Ce que cela signifie, et cela m’a été confirmé par cinq ou six personnes, c’est que les soldats, s’ils n’arrivent pas à prouver que le prisonnier est un Taliban, alors, plutôt que de le laisser repartir, ils préfèrent encore lui tirer une balle, bam ! Et si nous n’avons pas envie de nous salir les mains, il nous suffit de remettre les prisonnier aux soldats Afghans qui sont nos auxiliaires. Généralement, nous n’avons pas le temps de nous éloigner de plus de cinq mètres avant que ne retentissent les coups de feu. Et cela se passe de nos jours, en ce moment même.

La vidéo de la conférence de Seymour Hersh a été mise en ligne sur le compte YouTube de Michael Moore.

Hersh a une longue carrière de journaliste d’investigation derrière lui, ayant travaillé de nombreuses années pour The New York Times. En 1969, c’est lui qui a révélé le massacre de My Lai au Vietnam.

http://www.youtube.com/watch?v=9Z8zAKweYcQ&feature=player_embedded


sur le blog el khadra.