dimanche 15 novembre 2009

crime de gurre à Falluja -endorse the petition please - signez la pétition svp - merci

Crime de guerre à Fallujah
http://www.guardian.co.uk/world/2009/nov/13/falluja-cancer-children-birth-defects

En septembre dernier, sur 170 enfants nés au principal l’hôpital de Fallujah, 24% sont morts la première semaine, ¾ présentaient des difformités (pas de tête, deux têtes, un seul œil, pas de membres). En 2002, dans le même hôpital, sur 530 naissances, 6 bébés étaient morts, un seul présentait des difformités.
Des médecins irakiens et britanniques mettent cause l’utilisation de phosphore blanc et de munitions à l’uranium appauvri utilisée lors des bombardements de la ville en 2004 par l’armée d’occupation. Ils demandent aux Nations unies d’ouvrir une enquête indépendante.

Une pétition a été lancée pour soutenir cette initiative :
http://www.petitiononline.com/hdcif/petition.html

Signature:
http://www.petitiononline.com/hdcif/petition-sign.html

dimanche 8 novembre 2009

Camp BUCCA

«Bucca», le camp de concentration américain

Article rédigé le 07 nov 2009, par Mecanopolis

Camp Bucca… Pour les journalistes américains, il s’agissait de cette prison idéale où le Pentagone «tournait le dos à 180º à Abou Ghraib». Lorsque ce site a été contraint de fermer ses portes le 17 septembre dernier, l’événement a reçu peu d’écho. Et pourtant: grâce au témoignage d’un contractant extérieur qui y a travaillé de manière régulière durant des années, nous sommes en mesure de révéler qu’il s’agit, dans l’histoire contemporaine, du plus vaste centre de rétention géré par l’armée américaine. Sans jugement, sans avocat, sans même un mandat d’arrêt, quelque 2000 à 3000 personnes y étaient retenues en 2005. Elles étaient 9000 début 2006. Et début 2008, un record de 28 000 personnes y a été atteint: un authentique camp de concentration, au plein sens du terme.

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Explication: en 2005-2006, face à la flambée des violences – et bien que l’Irak ne compte que 31,2 millions d’habitants – le Pentagone s’est lancé dans une campagne d’arrestations massives. Pas des insurgés: des suspects, dénoncés à la suite d’un litige foncier ou d’une simple dispute. Au plus fort de cette campagne, les forces américaines ont détenu jusqu’à 60 000 personnes dans le pays, alors que les forces irakiennes n’en détenaient de leur côté que 40 000. Soit 100 000 prisonniers, un chiffre aujourd’hui ramené à environ 60 000.

C’est alors qu’un centre de détention autrefois mineur, Camp Freddy, situé en plein désert près de la ville d’Um Qasr, presque sur la ligne frontière du Koweït, a pris toute son importance. Lorsqu’ils s’en étaient emparés, en avril 2003, les Américains l’avaient rebaptisé «Camp Bucca», du nom de ce pompier new-yorkais tué dans l’effondrement des tours du World Trade Center. En plein territoire chiite, entouré d’un désert qui éteignait tout projet d’évasion, une population à 80% sunnite s’est retrouvée logée sous tentes, en conteneurs maritimes, puis en conteneurs de chantier, au petit bonheur selon les développements successifs et un rien anarchiques du camp. «Ici, la température atteint les 60º centigrades en été, – 10º C en hiver, note notre source. Tous les prisonniers étaient habillés d’un jaune criard, un jaune canari: chaque homme – il n’y a pas une seule femme prisonnière – recevait pantoufles, couverture, tee-shirt jaune. A première vue, un traitement correct. Sauf lorsqu’on est 28 000, et que tout est forcément plus difficile. La santé? Il y a un hôpital, avec la possibilité de petite chirurgie, de la dentisterie, et 15 lits pour accueillir les patients. Mais lorsqu’on est 28 000, vous imaginez les retards…»

Pourtant, ce ne sont pas les conditions matérielles qui angoissent le plus ces internés: c’est le futur. Que fait l’épouse, la famille? Comment survivent-ils?

«En principe, il n’y a pas d’interrogatoire à Camp Bucca, dit notre interlocuteur. En principe. Car on enferme pour deux raisons: soit pour supprimer un risque, soit pour obtenir du renseignement. Pour le renseignement, l’armée a compris que la violence n’est pas productive. Mais on mélange «par fausse inadvertance» un chiite de l’armée du Mahdi avec un wahhabite sunnite, histoire de provoquer un clash et des dénonciations. Le chantage et la menace sont également utilisés. Ne fût-ce que la menace de ne jamais sortir de ce «trou noir» juridique.»

Et pour sortir, pas de mystère: il faut se plier à des sessions de rééducation dignes du Nord-Vietnam: «L’idée est que les personnes peuvent être rééduquées. Les Américains ont ainsi mis en place des cours de peinture, où les motifs dépeignent la concorde entre Américains et Irakiens. Il y a aussi, avec l’accord de certains mollahs locaux, des groupes de relecture du Coran. Avec des mollahs approuvés par les Américains, bien sûr. Un certain nombre de cours de «rééducation» sont donnés. Si l’interné accepte, c’est un point en plus dans son dossier. L’armée le nie, mais c’est pris en compte: comme à Guantanamo, tous les dossiers sont revus par des commissions militaires (environ six personnes dont un traducteur), et le comportement du prisonnier est inscrit dans ce dossier.»

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Tous les internés ne sont pas égaux: ils sont triés en trois niveaux de dangerosité. «Pour les hauts risques», ceux qu’ils appellent les «salafistes», soit 700 à 800 détenus, a été constitué un «quartier rouge». Ceux-là vivent par groupes de 10 à 15, logés à chaque fois dans deux conteneurs maritimes de 40 pieds (12 mètres) mis côte à côte, soudés l’un à l’autre et dans lesquels ont été ouvertes à la meule des fenêtres et aérations. Les soldats meulent aussi la cloison intérieure, pour former un seul espace. En gros, l’équivalent d’un conteneur permet aux 10 à 15 prisonniers de dormir, l’autre conteneur abritant une arrivée d’eau avec lavabo et, derrière un rideau, un WC à la turque. Et c’est là-dedans que certains ont vécu plus de quatre ans, ne pouvant en sortir qu’une heure par jour…»

Petit calcul: en dimensions intérieures, un conteneur maritime fait 12,04 mètres sur 2,33 mètres. Quinze détenus se partagent donc 56,1 m², soit un espace moindre (3,74 m²) que les 4,46 m² de Camp Echo, à Guantanamo. A titre de comparaison, l’ACA, l’Association pénitentiaire américaine, estime qu’un détenu a toujours droit – au minimum – à 7,43 m².

En revanche, l’unique heure quotidienne de promenade respecte – au cordeau – les règles standards minimales confirmées en mai 1977 par les Nations unies. «Mais, remarque notre source, ils sortent dans un espace clos avec double grillage et barbelés. Pour chaque logement de ce «quartier rouge», il y a une zone tampon, un mirador, un poste de garde avec deux ou trois hommes et, s’il faut intervenir en cas de désordre, une force d’intervention à disposition.»

Question: en septembre dernier, pourquoi avoir subitement fermé ce camp et relâché des milliers d’hommes qui en garderont un souvenir rageur? Parce que l’accord sur le statut des forces (Sofa) conclu entre Bagdad et Washington stipulait qu’à partir du 1er janvier 2009, les détentions devaient être justifiées par un mandat d’arrêt. Donc par un juge. Au strict minimum, il fallait ouvrir une information judiciaire. Dès lors, Camp Bucca était condamné. Ultime vacherie: ceux qui, à ce moment, ont pu être inculpés n’ont pas vu leurs années d’internement assimilées à de la détention préventive. Ils étaient tombés dans un trou noir, tout simplement.

Alain Lallemand, pour Le Temps (Suisse)

guerre des services secrets à Bagdad

Guerre des services secrets à Bagdad

par Gilles Munier

Amitiés Franco-Irakiennes –

(novembre 2009)

L’Irak est un champ de bataille entre services secrets. Une bonne quinzaine y crée un climat de terreur à coups de black ops et psy ops, sans considération pour le nombre de victimes civiles. A côté des principaux : l’Iraqi National Intelligence Service (INIS- pro américain) et le ministère de la Sécurité nationale (MNS- pro iranien), on peut citer dans le désordre ceux du ministère de l’Intérieur, de la Défense, l’Asayish kurde - dans les régions de Ninive, de Kirkouk et de Diyala - et ceux des milices arabes ou kurdes. Les plus venimeux sont ceux de la Brigade Badr « dissoute » et de l’Iraq Special Operations Forces (ISOF– pro américaine), surnommée « la Sale Brigade », passée récemment sous les ordres de Nouri al-Maliki. A cette liste, il faut ajouter les agences américaines – CIA en tête –, le Vevak iranien et les Forces al-Qods des Gardiens de la Révolution, qui tirent la plupart des ficelles. Dans cette guerre de l’ombre, la résistance n’est pas en reste, constituée dés l’origine de cadres de l’ancien Iraqi Intelligence Service actifs dans les organisations de libération, ou « dormants » dans les structures étatiques, attendant de passer à l’action.

La main des Gardiens de la Révolution
Les attentats au camion piégé du 19 août contre les ministères des Affaires étrangères et des Finances sont un révélateur des luttes intestines qui secouent le régime à l’approche des élections législatives, fixées au 16 janvier 2010. Al-Maliki pensait les remporter haut la main, fort d’un soi- disant bilan positif : départ des troupes d’occupation, amélioration de la sécurité … etc … et comptait modifier dans la foulée la constitution et instaurer un régime présidentiel. Le 18 août, à Damas, il avait parlé coopération avec le président Bachar al-Assad et remis une liste de résistants à expulser… copie conforme de celle communiquée par les Américains à la Syrie deux mois plus tôt ! Et puis, « Boum ! » : 100 morts et 500 blessés en pleine Zone verte, parmi lesquels 10% des fonctionnaires des Affaires étrangères, lui ont coupé les ailes.

Depuis, al-Maliki marche sur des œufs. Le général al-Shahwani, patron de l’INIS, lui a présenté des preuves de l’implication des services secrets iraniens dans le carnage, accusation confirmée par le général Abdul-Karim Khalaf, porte parole du ministère de l’Intérieur. L’explosif employé, du C4, est une des signatures des Forces al-Qods. Le 31 août, sur Al-Jazeera, le prince Ali bin al-Hussein, prétendant au trône d’Irak, affirmait que les Irakiens pensent que l’ISCI (Conseil suprême islamique en Irak) en est l’auteur ou, en d’autres termes : la Brigade Badr, son bras armé créé par les Gardiens de la Révolution … Même si, plus tard, « Al-Qaïda en Mésopotamie », dont c’est également le mode d’action, a revendiqué les attentats, on sait à Bagdad que l’organisation a trois têtes, dont deux soutenues par l’Iran.

La réaction d’al-Maliki fut rapide, et aberrante pour ceux qui le croient libre de toute attache avec Téhéran. Passe encore qu’il exige les démissions d’al-Shahwani et de Khalaf, le contrat du premier arrivait à son terme. Affronter Khalaf - qui refuse de quitter son poste - n’avait d’autre intérêt que d’embarrasser Jawad al-Bolani, ministre de l’Intérieur, possible rival aux législatives. Mais s’en prendre contre toute logique à la Syrie, demander au Conseil de sécurité l’ouverture d’une enquête internationale, et accuser le courant baasiste irakien plutôt modéré de Younis al- Ahmad, réfugié à Damas, c’était inattendu, mensonger, déloyal.

Al-Maliki en difficulté
La marge de manœuvre d’al-Maliki est étroite. Le président Obama le soutient, croyant qu’il facilitera le retrait sans casse d’environ 80 000 GI’s sur les 130 000 occupant l’Irak. Dans cette perspective, il demande de remplacer al-Sahwani par un de ses protégés. Le n°2 de l’INIS assure l’intérim mais al-Maliki voudrait nommer à sa place son chef de cabinet, Tarik Najem Abdallah, pour parer aux coups tordus qui vont fleurir d’ici les élections. De leur côté, les mollahs iraniens ont, comme toujours, plusieurs fers au feu. Ils jouent la carte al-Maliki, ne lui laissant que la tête hors de l’eau. Pour eux, l’Irak doit demeurer une zone de turbulence tant que la déstabilisation de leur régime sera d’actualité. La capacité des agents à changer de rôle ont pris al-Maliki de court: l’Alliance Nationale Irakienne (INA), coalition chiite concurrençant la sienne, comprend Ammar al-Hakim (ISCI) et Moqtada al-Sadr qui parle maintenant de réconciliation nationale ; et Shirwan al-Wa’ili, l’ombrageux ministre de la Sécurité, ne cache pas qu’accuser la Syrie est une erreur.

Al-Shahwani et l’INIS, service secret made in USA
Pratiquement inconnu avant sa tentative de coup d’Etat en 1996, le général Muhammad Abdallah al-Shahwani est un Turcoman de la région de Ninive, titulaire d’une médaille d’or de décathlon gagnée en 1963 à Djakarta, ancien élève de l’US Army Ranger School qui s’est illustré au Kurdistan pendant la guerre Iran-Irak, à la tête d’une unité d’hélicoptères de la Garde Républicaine. Arrêté en 1989, soupçonné d’entretenir des relations avec la CIA, libéré faute de preuves suffisantes, il fit défection en 1990, trois mois avant l’entrée des troupes irakiennes au Koweït.

A partir de la première guerre du Golfe, la CIA s’appuya sur lui pour constituer un réseau d’informateurs, puis pour renverser le président Saddam Hussein. Un soulèvement militaire – nom de code DBACHILLES - fut organisé en collaboration avec Iyad Allaoui, futur Premier ministre et agent du MI6 britannique. Infiltrés, les comploteurs furent arrêtés en juin 1996 et exécutés, notamment les trois fils d’al-Shahwani, officiers dans la Garde Républicaine, à qui ce dernier avait transmis, sans précaution, un téléphone satellitaire Thuraya. Pas découragé, le général poursuivit son travail de sape. Il prit la tête, en mars 2003, d’un réseau clandestin appelé « 77 Alpha », puis « Les Scorpions ».

Après la chute de Bagdad, les Etats-Unis regroupèrent leurs espions dans un embryon de service de renseignement : le CMAD (Collection, Management and Analysis Directorate). Puis, en décembre 2003, ils créèrent l’Iraqi National Intelligence Service (INIS). L’agence, formée et financée par la CIA, n’avait de compte à rendre ni au Parlement ni au gouvernement irakien. Nommé à sa direction, al-Shahwani enrôla d’anciens membres des services spéciaux, notamment ceux chargés d’espionner l’Iran et la Syrie, si bien que le Premier ministre al-Maliki, visitant le siège de l’INIS, se vit interdire l’accès aux étages qu’ils occupaient. Les « shahwanis », nom donné à ses troupes de choc, sont particulièrement haïs par la résistance qui les a affrontés à la bataille de Falloujah en novembre 2004, et qui leur attribue un certain nombre de tueries perpétrées dans la tradition des escadrons de la mort pro américains en Amérique latine.


Pour qui roule Shirwan al-Wa’ili ?
Le choix de Shirwan Kamel Sebti al-Wa’ili pour diriger un service de renseignement concurrent de l’INIS, demeure mystérieux. En avril 2003, il était encore proche collaborateur d’Ali Hassan al-Majid, cousin du président Saddam Hussein, surnommé par les occidentaux « Ali le Chimique ». Sa désignation par les Américains pour gouverner Nassiriya occupée, serait due à un concours de circonstances. On dit que les Marines auraient découvert un dirigeant baasiste bagdadi au domicile du cheikh Ali al-Minshid, chef de la tribu Ghizzi. De l’interrogatoire qui suivit, les officiers de renseignement américains déduirent qu’il fallait nommer à la tête du conseil municipal un Irakien capable d’enrayer le bain de sang annoncé si Saddam était renversé. Le baasiste leur dit qu’un certain al-Wa’ili, de ses amis, était l’homme de la situation. Le marché fut vite conclu.

Malgré son prénom kurde, al-Wa’ili est Arabe. Tout laisse supposer que son grand père Sebti était un Kurde féli, c’est à dire chiite, ayant intégré une tribu du sud irakien au début du 20ème siècle. Toujours est-il qu’après sa nomination, al-Wa’ili fit une carrière fulgurante. Il adhéra au parti al-Dawa sans difficulté : son frère en était un des représentants aux Etats-Unis. Sa cote au sein du nouveau régime ne cessa ensuite de progresser ; en Iran aussi, grâce à ses relations avec Abou Mahdi al-Muhandis (L’Ingénieur), auteur d’un attentat contre l’ambassade de France à Koweït en 1983, chef du Hezbollah irakien, et surtout conseiller des Forces al-Qods. Cela expliquerait sa promotion à la direction de la province de Dhi Qar, son élection au Parlement, et enfin sa nomination au poste de ministre de la Sécurité nationale. En 2006, lorsque le Premier ministre al-Maliki, également proche de « L’Ingénieur », décida de créer un rival de l’INIS, c’est al-Wa’ili qui hérita du poste. Mais rien n’est simple dans le monde du renseignement, et encore moins en Irak : les Américains ont démantelé le département anti-iranien de l’INIS et considèrent al-Wa’ili comme un homme de confiance…

Rédaction et traduction : Gilles Munier, Xavière Jardez
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