dimanche 25 avril 2010

En Irak, Obama a choisi la continuation de la criminelle ingénierie sociale. Seule une rupture du processus politique peut sauver l’Irak et son peuple écrit Abdul Ilah Al Bayaty.

Tous les observateurs (les Nations-Unies, les institutions internationales, les organisations, les mouvements et partis arabes et internationaux, les irakiens en dehors des cercles du pouvoir en place en Irak) pointent du doigt et ont même alerté la communauté internationale, les Nations-Unies, les membres de la Ligue Arabe, les mouvements internationaux et arabes, de la situation tragique et des conditions de vie des irakiens vivant sous l’occupation, de la diminution drastique de toutes chances de vivre une vie normale si les conditions que l’invasion américaine a créées sont maintenues, et si le gouvernement Al Maliki soutenu par les Etats-Unis (EU), les leaderships kurdes et les partis sectaires pro-iraniens maintiennent leurs politiques de répression généralisée, de corruption généralisée, de falsification d’événements et de mensonges généralisés comme justifications.

Le plan initial de destruction de l’Irak et de sa division en trois entités,en dépendant d' une alliance entre les séparatistes kurdes, les religieux iraniens fascistes et les activités clandestines des services secrets israéliens, était déjà un plan en lui-même de criminelle ingénierie sociale contraire à toutes les obligations d’une occupation sous les lois internationales. Dès lors que l’armée irakienne et avec elle les irakiens se sont engagés à résister à l’occupation, cette dernière et ses alliés se sont embourbés dans de désastreuses actions génocidaires désastreuses non seulement pour les irakiens mais aussi pour les EU, les pays voisins de l’Irak, l’économie internationale, les relations, normes et standards internationaux.

Ce qui s’appelle “processus politique” n'a pour but que d’achever cette division de l’Irak. Mais tous ceux qui connaissent la région savent depuis le début que le plan des EU de détruire l’identité arabo-musulmane de l’Irak et de le diviser en une entité chiite, une sunnite et une kurde ira directement à sa perte. En courant derrière ce mirage, les EU ont produit sept années de morts incessantes, de destructions et de terreur pour l’Irak et sept années d’échec à combattre les irakiens et leur Resistance: une véritable effusion de sang pour l’Irak et un gouffre financier pour les EU. Les Etats-Unis n’y ont gagné que la honte, une crise financière, les morts injustifiables de leurs enfants, une agression impardonnable, le déclin de leur image, et une méfiance généralisée de leurs valeurs et leurs politiques.

Oui, les EU ont réussi à détruire l’Irak. Mais réussir à reconstuire un nouvel Iraq divisé en trois entités semi autonomes, projet que les think-tanks étatsuniens ont créé pour eux-mêmes et pour Israël, relève de l’impossible. L’Irak est incassable. Les irakiens, leur identité et leur volonté ainsi que la réalité géopolitique de la région ne permettent aucune division de l’Irak. Après sept années d’échecs, au lieu de négocier avec la Résistance et les forces anti-occupation restées en dehors du processus politique américain pour établir la paix et les conditions d’un retrait de leurs forces armées et de rendre l’Irak aux irakiens afin qu’ils puissent reconstruire leur pays, leur société et leur vie, l'administration Obama a décidé de raviver le processus politique raté via des élections fausses.

Avec Obama, les EU- premiers responsables de la situation tragique en Irak — ont présenté les élections irakiennes comme le remède aux problèmes qu’elles ont créés et soutenus. En réalité, les règles qui dominent le processus politique, la répression, la mise au ban de tous les opposants, la déportation forcée de la plus grande partie de la classe moyenne en dehors de l’Irak ont réduit ces élections à une simple pièce de théatre qui reprduit le même processus politique raté afin que les EU puissent prolonger et assoir leur contrôle sur l’Irak et en meme temps s'exempter de leur responsabilité concernant la situation tragique de l'Irak. Réussir un jour d’élections n’a rien à voir avec les vies quotidiennes tourmentées des irakiens.

Pour les EU, les signatures du gouvernement Maliki sur l’accord du Statut des Forces (Status of Forces Agreement) et sur les contrats pétroliers les ont libérés de se préoccuper de qui gouverne, de comment il gouverne et dans quel but il gouvene. Comme tous ces accords sont légalement nuls et non avenus et malgré des déclarations toutes réthoriques sur le retrait des forces de combat américaines, les EU auront à leur disposition à l’intérieur même du processus politique ,processus dirigé par des voleurs, chefs de guerres et agents, des forces qui les assurent qu’aucune force d'opposition aux EU puisse exister sans etre éliminée immediatement par d'autres forces du processus politique ou directement par les EU ou par ses forces d'opérations spéciales . Les forces dans le processus politique sont toutes ouvertement encouragees à lutter l'une contre l'autre dés lors qu'elles ne s'opposent pas à l'occupation et ne soutiennent pas l’édification d’un état irakien unifié.

Rien n’est plus clair concernant cette stratégie que le discours de l’ambassadeur Hill à Washington. Tous les candidats aux dernières élections, Allawi inclus, étaient en accord. Leurs différences portent sur le partage du pouvoir et leur part du gâteau: l’Iran et ses agents refusent d’intégrer les sunnites dans la machine politique; les kurdes ne veulent pas que les arabes s’unifient afin d'intégrer Kirkuk dans leur region au nord; Allawi et beaucoup d’autres critiquent le sectarisme et le fascisme religieux mais ils ne sont pas hostiles à l’invasion ni à une débaathification douce ; Maliki veut rester premier ministre par des élections ou par la force. Apparemment les résultats des élections tronquées servent bien les plans étatsuniens. Le parlement sera aussi divisé qu’avant et le futur gouvernement sera aussi faible qu’avant.

Il y a au moins deux aspects qui pourraient mettre en danger et perturber ces plans complaisants pour les EU. Le premier : alors que les EU n’ont rien fait pour changer la situation tragique en Irak, laissant le sale boulot de la répression, la corruption et les mensonges à ses alliés locaux, ceux-ci refusent maintenant tout changement. Ils utilisent des moyens et subterfuges légaux et illégaux (assassinats, arrestations, déportations et terreur) pour que les pouvoirs puissent rester dans les mains de l’alliance entre les deux partis kurdes et de deux partis shiites. L'attentisme kurde, les interventions iraniennes, les violences sectaires et les menaces d’Al Maliki de ne pas reconnaitre les résultats des élections vont dans cette direction.

Le second danger aux plans étatsuniens est la position de la résistance populaire et des forces anti-occupation par rapport aux élections. Aucune de ces forces n’a présenté une liste ou des candidats officiels rendant ainsi les élections illégitimes. Ni le parti Baath, ni le Taa’sisee, ni l’association des Savants Musulmans en Irak ,ni la gauche anti-occupation n’ont participé mais ils ont laissé le choix de boycotter ou de voter à leurs partisans en fonction de la situation locale.

Si on analyse le nombre de votes par liste et par thème, on peut tout de suite voir que le projet de mouvement anti-occupation pour un Irak unifié a remporté le plus de succès et que donc il est la première force politique du pays:

Les votes à Kirkuk, Mosul, Diyala et Salaheddin prouvent que les plans kurdes d’expansion ne reçoivent pas l’aval de la population de ces départements. Les partis purement religieux, qui rêvent d’un état religieux, ont récolté moins de 2.5 millions de votes sur un total de 12 millions alors même que pendant sept ans ils ont utilisé le pouvoir pour leur propre bénéfice avec la bénédiction des EU. Ceux qui supportent la division de l’Irak en une entité shiite, une autre sunnite et une troisième kurde -c’est-à-dire le Iraqi National Accord (INA) et l’Alliance Kurde- n’ont pas réussi à récolter plus d’un cinquième de tous les votes eligibles. Il faut mentionner que les Sadristes — qui font parties de l’INA — se présentent comme refusant la division de l’Irak.

Le nombre de votants acceptant l’hégémonie iranienne sur l’Irak est très faible. L’INA, qui est le principal allié des EU, a remporté autour de 2.095.000 votes sur les 18 millions éligibles et sur les 12 millions votants. On pourrait rajouter la moitié de la liste de Maliki si elle se désintègre. Maliki, une création américaine, se présente lui-même comme étant contre l’hégémonie iranienne. On verra ce qu’il en sera lorsqu’il ne sera plus au pouvoir.

La situation fait que l’Irak se retrouve à un croisement crucial. Une des possibilités est que les irakiens revivent encore quatre années sanglantes après ces dernières sept années de bain de sang. La seconde possibilité est qu’en respectant la volonté des irakiens, ils puissent enfin se reposer, vivre en sécurité et commencer à construire un état séculier et à nouveau unifié. Les votes ont prouvé qu’aucun salut ne viendra du processus politique actuel et que : la Résistance armée -laquelle est l’armée irakienne légale-, plus ceux qui ont boycotté les élections, ceux qui ont voté pour Allawi et pour les autres listes désirant un changement et un Etat séculier, les réfugiés- dont la plupart sont de la classe moyenne-, les kurdes non-séparatistes qui sont en dehors des partis gouvernants, les turkmènes, les pauvres qui ont voté pour les Sadristes, les chrétiens, les yazidis, les intellectuels honnetes, tous représentent un public pour qu’un gouvernement du salut se crée, gouvernement qui pourrait reconstruire un Irak démocratique, indépendant et unifié. C’est le devoir des Nations-Unies, de la Ligue Arabe, des pays voisins de l’Irak et des irakiens progressistes de travailler à permettre la naissance de ce gouvernement.

A partir du moment où les irakiens se battent pour la paix, la stabilité et la démocratie -en résistant et en cherchant un moyen pour reconstruire leur Etat souverain basé sur l’égalité des citoyens- ils défendent aussi les intérêts des pays voisins, Iran inclus, du monde arabe, de tous les peuples, de tous les pays et de toutes les forces qui veulent une fin aux guerres, à la violence, aux relations basées sur la force, l’exploitation et l’hégémonie de l’Occident dans les affaires internationales dont la première victime se trouve toujours être le Tiers-Monde. L’Irak est au premier rang de la lutte pour un monde meilleur.

Abdul Ilah Albayaty est un analyste politique irakien et membre du Comité Exécutif du BRussells Tribunal .

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