jeudi 21 octobre 2010

   Nouri al-Maliki, Premier ministre irakien sortant, est allé, le 18 octobre,  à Téhéran demander à Ali Khameneï, Guide suprême du régime des mollahs, de soutenir sa réélection. Opération réussie, bien que personne ne sache ce qu’il a cédé pour y parvenir. Comme l’a dit Raouf Sheibani, vice-ministre iranien des Affaires étrangère, Al-Maliki « semble être un des choix appropriés pour l'Irak », en raison de « sa longue expérience à la direction du pays » (1). La Maison-Blanche et le Pentagone en disent officieusement autant, à cette différence près qu’aux Etats-Unis l’influence dont disposerait Moqtada al-Sadr dans le prochain gouvernement pose plus de problèmes qu’à l’Iran.
   Pour James F. Jeffrey, ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad (2), Moqtada est une menace pour le « processus démocratique », car il ne fait « pas de distinction entre les moyens politiques pacifiques et l'intimidation violente » (3). Rick Francona, ancien agent de renseignement  qui a bourlingué pour la DIA et la CIA au Liban, en Irak et en Syrie depuis la fin des années 70, va plus loin en conseillant, sur son blog (4), de se méfier de Nouri al-Maliki.
   Le Guide suprême iranien devrait donc ordonner à ses troupes d’occupation – Gardiens de la révolution et milices – de reconfigurer leurs activités terroristes, et à Adel Abdel-Mahdi – candidat Premier ministre du bloc chiite INA - de rentrer dans le rang. Un rappel disciplinaire devrait être transmis à Ammar al-Hakim, jeune chef du Conseil Suprême Islamique d’Irak (SCRI) qui se sent pousser des ailes, pour lui faire comprendre qu’un accident est vite arrivé… qu’il a un frère pour le remplacer.
   Les Kurdes exigent toujours des engagements écrits d’Iyad Allaoui, de Nouri al-Maliki et d’Adel Abdel-Mahdi aux 19 demandes qu’ils ont formulés, comprenant notamment l’annexion à terme de Kirkouk et de territoires dits contestés. Ils craignent que leurs interlocuteurs ne les respectent pas. Comment le pourraient-ils ? Au nord, les Arabes et les Turcomans ont votés majoritairement pour les candidats d’Iraqiya (Iyad Allaoui) ou des listes sadristes (membres de l’Alliance Irakienne Unifiée - INA). Pour Jawher Namiq Salim, Président du parlement kurde élu en 1992 (après le soulèvement organisé en collaboration avec la CIA), l’avenir du Kurdistan irakien s’annonce sombre. Il a vu Al-Maliki à l’œuvre et Iraqiya, dit-il, est « une base du chauvinisme arabe, de  racistes, tous anciens baasistes » (5)…
A suivre…
 
Note :
 
 (1) Maliki en Iran pour rallier des soutiens à sa candidature (L’Orient-Le Jour -19/10/10)
 
(5) James F.Jeffrey a été n° 2 à  l'ambassade des Etats-Unis à Bagdad de juin 2004 à mars 2005, puis chargé d'affaires de mars à juin 2005
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 (3) Iraq’s leader gain crucial ally, but his constituents are wary, par Leila Fadhel (Washington Post - 11/10/10)
 
(4) Iraq – the concequence of anather term for al-Maliki, par Rick Francona
 
(5) Prominent Kurdish Figure Says Kurdish Future is Not Optimistic in Iraq
http://www.rudaw.net/english/kurds/3225.html
 
Précédent épisode :
La foire d'empoigne parlementaire

par Gilles Munier 

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