jeudi 12 août 2010

L’Irak a besoin de pleureuses !

Rubrique : Des yeux et des oreilles

Jihad Al-Khazen

jeudi 12 août 2010

Le salaire d’un député au parlement irakien est de 30 millions de dinars irakiens, soit l’équivalent de 28 mille dollars US, avec, en sus, deux versements annuels de cent mille dollars chacun. Cela fait un salaire annuel de 560.000 dollars que notre député continuera à percevoir au cours de la législature suivante même dans le cas où il viendrait à perdre son siège.

Il est question de baisser ce salaire de 10% au cours de la présente législature et je suppose que notre nouveau député ne touchera ainsi que 500.000 dollars.

Le parlement actuel a été élu depuis cinq mois, et, disons, pour faciliter le calcul, que notre député aura touché 200.000 dollars au cours de cette période. Or le parlement a tenu deux réunions, la première a duré vingt minutes et la seconde dix minutes. Ainsi notre député aura touché deux cents mille dollars pour sa présence pendant une demi heure, ce qui lui fait un salaire horaire de quatre cents mille dollars.

Ce montant serait suffisant, je pense, pour payer le déplacement et les honoraires de tous les médecins de Mayo Clinic, des Etats Unis à Londres pour m’examiner pendant une et peut-être deux heures.

Il n’y a pas en Irak de médecins miracles et le parlement, avec ses divisions ethniques et confessionnelles, se trouve être une des nombreuses maladies qu’a contractées l’Irak depuis l’occupation. Nous savons que les groupes parlementaires ne sont toujours pas d’accord sur le choix d’un président de conseil. J’estime que cela va se poursuivre jusqu’après le mois de jeûne et peut-être même jusqu’à la fin de l’automne. Le désaccord ne porte pas sur l’avenir de l’Irak, sur ce qui lui convient ou ne convient pas, mais sur le partage du butin dans un pays qui connaît une pénurie d’électricité, d’eau potable et de tous les services de base avec, en plus, un très fort taux de chômage et des épidémies.

Les trois présidences, de la république, du conseil et du parlement accaparent à elles seules un budget de un milliard huit cents millions de dollars (1,8 Milliard USD) par an sans qu’aucun des occupants de ces postes ne soit obligé de rendre compte de ses dépenses à quiconque.

Il y a sûrement au parlement irakien et tout autour des gens bien, des patriotes et des hommes d’honneur qui souhaitent le bien pour le pays, mais ceux-là je ne les connais pas. Ce que je sais par contre c’est que les politiciens irakiens s’entretuent pour le partage de ce butin qu’est devenu l’Irak.

Les informations suivantes, nous en donnent un petit aperçu :

Une étude médicale, menée entre autres par le professeur, Chris Busby, professeur associé à l'Université d'Ulster, a conclu que les effets sur la santé de l’attaque américaine contre la ville de Falloujah en 2004 se sont révélés plus graves qu’à Hiroshima. Ainsi la mortalité infantile est montée à 8% alors qu’elle est de 1% au Koweït et les diverses formes de cancer connaissent une troublante hausse, avec un taux, pour la septicémie, 38 fois supérieur à la moyenne ailleurs.

Les terroristes de « Al Qaida en Mésopotamie » et « de l’Etat islamique d’Irak » attaquent les banques de sang pour s’emparer des stocks afin de soigner leurs blessés.

Les actions terroristes, les assassinats ciblés et les opérations suicides sont en forte hausse avec près de deux cents victimes par mois. Depuis les élections et jusqu’à la fin du mois de juillet, cent cinquante politiciens, fonctionnaires, chefs de tribu et policiers ont été tués avec de nombreux membres des Sahaouets.

Dans ces conditions, les coupures d’électricité, partielles ou plutôt totales, sont très peu de chose quoique je ne comprenne pas que « le pays arabe le plus riche » après « sa libération » par la plus grande puissance militaire et économique du monde, n’arrive pas à fournir de l’électricité à ses citoyens. Après la libération du Koweït et le début du boycott international de l’Irak, Saddam Hussein a ordonné à ses ingénieurs, tous irakiens, de réparer la centrale électrique de Doura, ce qu’ils firent. Ainsi, ils permirent aux irakiens de disposer d’électricité.

Naturellement je ne peux parler de l’Irak sans avoir un clin d’œil à ses valeureux libérateurs. Selon les informations, le Pentagone aurait perdu ou ne sait plus ce qu’il est advenu d’un montant de deux milliards six cents millions de dollars appartenant au gouvernement irakien, produit de la vente de pétrole. Je jure que ce sont les propos du contrôleur général américain de l’Irak.

Comment peut-on perdre 2, 6 Milliards de dollars ? Serait-ce possible que le général Ray Odierno, commandant des forces américaines en Irak, ait laissé tomber ce montant de sa poche en prenant son portable, sans s’en apercevoir et l’abandonnant ainsi aux terroristes d’alqaida pour financer leurs actions ?

Peut-être allons- nous nous débarrasser des américains avec cette promesse du président Obama de terminer l’évacuation de ses troupes d’Irak à la fin de ce mois et son discours sur les sacrifices américains en Irak, alors que c’est l’Irak qui a été sacrifié.

Mais une lecture plus attentive du discours nous révèle qu’il s’agit plutôt du contraire. « L’opération liberté pour l’Irak » dont nous avons mentionné plus haut quelques unes de ses conséquences, sera suivie de « l’opération nouvel aurore » avec le maintien de 50.000 soldats américains… pour entraîner les irakiens. Cela veut dire : pas de retrait.

L’Irak a besoin aujourd’hui de « pleureuses » et je n’ai rien d’autre à ajouter que d’implorer Dieu de lui venir en aide.

Traduit de l’arabe par Ahmed Manai

tunisielibre@yahoo.fr

http://tunisitri.wordpress.com/2010/08/12/l%E2%80%99irak-a-besoin-de-pleureuses/#more-1814/

khazen@alhayat.com

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Source URL (retrieved on 08/12/2010 - 03:04): http://international.daralhayat.com/internationalartic

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