jeudi 30 septembre 2010
mardi 28 septembre 2010
mercredi 22 septembre 2010
Le New York Times (1) constatait dernièrement que la « fin des combats » en Irak, décrétée par Barack Obama, n’a en rien modifié le nombre et l’ampleur des interventions militaires étasuniennes sur le terrain.
Deux jours de combat
dans une palmeraie
Le 11 septembre, une opération dans une palmeraie près d’Al-Hadid (65km au nord de Bagdad), dans la province de Diyala, a été comparée par le colonel Mark Mitchell – décoré de la Distinguished Service Crosss, en 2001, en Afghanistan - qui dirigeait les troupes « non-combattantes » américaines… au débarquement en Normandie. La bataille a mobilisé plus de 600 soldats gouvernementaux, une centaine de GI’s, et a duré deux jours. Les hélicoptères Apache et Kiowa, les mortiers et les mitrailleuses ne venant pas à bout des combattants de l’AII (Armée Islamique en Irak) ou d’Al-Qaïda, des F-16 ont largué - pour la première fois depuis 2009 - deux bombes de 500 pounds (2).
Nouveau crime de guerre à Fallujah
Le 15 septembre, neuf civils ont été tués – dont deux femmes et trois enfants - par les Forces « non-combattantes » américaines à Fallujah, au cours d’un raid nocturne contre des habitations censées abriter un dirigeant d’Al-Qaïda. La municipalité a décrété trois jours de deuil et exigé l’ouverture d’une enquête sur ce nouveau crime de guerre. Arith al-Dhari, Président de l’Association des Oulémas Musulmans (AMSI), principale organisation religieuse sunnite ayant opté pour la résistance, a déclaré à un quotidien d’Abou Dhabi que le calme enregistré dans la région d’Al-Anbar était « une illusion » et que les chefs des Sahwa – mercenaires tribaux abandonnés par le Pentagone – devaient rectifier leur position.
Depuis début septembre, les Forces « non combattantes » sont intervenues à Bassora, Mossoul, Bagdad et Kirkouk… Comme prévu, mais dissimulé à l’opinion publique pour ne pas contredire la campagne de Barack Obama sur « la fin des missions de combat en Irak », plus de 4 000 soldats de forces spéciales – Bérets verts et Navy Seals – répriment toujours la résistance du peuple irakien, et tuent des civils suspectés de « terrorisme », ou qui ont la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
Notes :
(1) Spécial Ops and the « End of combat » in Iraq, par Steven Lee Myers (NYT – 17/9/10).
(2) 1 pound = 453, 59 g.
jeudi 16 septembre 2010
Paroles: Charles Aznavour, musique: Y. Gilbert, 2003
De prisons en prisons, de cellules en cellules,
Pour avoir informé preuves à l'appui pourtant
Je ne suis plus un nom, pas même un matricule,
Abandonné de tous, je suis un mort vivant
On m'a pissé dessus, craché à la figure,
Sur mes parties intimes on a mis le courant,
Avec les rats crevés je dors dans la raclure,
Malade et décharné, je suis un mort vivant
Parce que j'accusais et qu'au sang de ma plume
La liberté coulait et défendait des droits,
Pour m'empêcher d'écrire on a dû sur l'enclume
Et me briser le corps et me broyer les doigts
Dès lors que vérité n'avait pas bonne face,
Dès lors que mes refus à rentrer dans le rang
N'étaient pas dans le goût de ces messieurs en place
Au fond de ce tombeau, je suis un mort vivant
Parce que je touchais le point où le bat blesse,
Que de langue et de plume j'étais virulent,
Des hommes de pouvoir et de fausses promesses
M'ont jeté dans l'oubli, je suis un mort vivant
Parce que mon esprit n'a jamais su se mettre
Au rang des compromis, lèche-culs militants,
On m'a mis dans ce trou afin de me soumettre
Par la soif et la faim, je suis un mort vivant
Mon Dieu, si tu existes, écoute ma prière,
Donne-moi le courage et la force et la foi
De ne jamais faiblir face à mes tortionnaires
Je t'en prie, au moins toi, ne m'abandonne pas
Moi le pisse papier à longueurs de colonne
Que l'on veut museler en lui rognant les dents
Humble je viens à toi, moi qui ne suis personne
Jette un regard sur moi, je suis un mort vivant
Les voix des disparus, moi, je peux les entendre,
Bien que gorges tranchées et bien que hors du temps,
Sortant des murs griffés et de dessous des cendres
Qui hurlent avec moi, je suis un mort vivant
Je rampe dans mon trou comme un rat sous la terre,
Dans la crasse, l'oubli, dans la merde et le sang,
Dans ce lieu où jamais un rayon de lumière
Ne caresse ma peau, je suis un mort vivant
Je bois des eaux usées, Dieu sait ce que je mange,
Revêtu de haillons, j'ai l'air d'un revenant,
Je subis des sévices et je vis dans la fange,
Mais je sais qui je suis et ce que je défends
De prisons en prisons, de cellules en cellules,
Pour avoir informé preuves à l'appui pourtant
Je ne suis plus un nom pas même un matricule,
Pour délit d'opinion, pour délit d'opinion,
Pour délit d'opinion, je suis un mort vivant.
mardi 7 septembre 2010
Les massacres de masse en Irak : Le solde de tout compte pour les États-Unis. par Chems Eddine Chitour | |
Mondialisation.ca, Le 7 septembre 2010 | |
« Nous avons amené la torture, les bombes à fragmentation, l’uranium appauvri, d’innombrables assassinats commis au hasard, la misère, la dégradation et la mort au peuple irakien, et on appelle ça apporter la liberté et la démocratie au Proche-Orient. » Harold Pinter (Prix Nobel de littérature) Irak! Afghanistan! Pakistan! Ghaza! Nous commençons à nous habituer à l’horreur des bilans macabres de dizaines de personnes journellement fauchées avec tout au plus une attention de quelques secondes, le temps de passer dans les médias européens et occidentaux à des informations évaluées selon d’autres critères. Un policier est mort, un bébé se noie! C’est le branle-bas de combat des médias qui en rajoutent. D’un côté, des morts par dizaines des blessés, des vies brisées, de l’autre des unités. Sans tomber dans la concurrence victimaire, qu’on le veuille ou non, c’est la même humanité en Irak, en France, aux Etats-Unis! Les grandes messes médiatiques, plus que jamais aux ordres, nous annoncent qu’Obama a décrété que la guerre est finie en Irak. Avant justement de parler de la fin de la guerre selon les Etats-Unis. Qu’il nous soit permis de revenir sur le début de la guerre en faisant le bilan de la première croisade du XXIe siècle. Tout commence pour l’Irak, avec les 8 ans de guerre contre l’Iran, aidé en cela par les monarchies du Golfe et le camp occidental qui voulait conjurer le péril vert de la Révolution iranienne. Fin des années 80, la guerre alimentée par l’Occident termine par un non-lieu qui a rendu exsangue l’Irak. D’autant que la chute des prix du pétrole fut importante du fait que les pays du Golfe pratiquaient un dumping qui contournait les quotas. Ce qui exaspérait Saddam Hussein à qui le Koweït réclamait les prêts versés pour alimenter la guerre avec l’Iran. Résultat des courses, Saddam Hussein envisage d’envahir le Koweït pour récupérer sa 19e province [que la Grande- Bretagne avait détaché, suite à l’éclatement de l’Empire ottoman, au début du XXe siècle]. Il demande la «permission» aux Etats-Unis lors d’une entrevue le 25 juillet 1990 avec l’ambassadrice April Glaspie. Ils lui font savoir à mots à peine couverts que les USA ne se considéreraient comme nullement impliqués si l’Irak lançait une opération contre le Koweït. C’est ce qu’on appelle un «feu vert». Une petite semaine après l’entretien, le 1er août 1990, Saddam pénètre au Koweït. Tragique erreur! C’est la faute inespérée qui a permis aux Etats-Unis, dont les réserves de pétrole étaient sur le déclin, de trouver le motif de s’installer durablement dans le Golfe persique. Plusieurs bases américaines sont installées dans tous les pays du Golfe. On dit d’ailleurs que pour savoir où sont implantées les bases américaines, il faut suivre les pipes. Le président des Etats-Unis, George Bush, prend prétexte pour mettre la coalition contre Saddam Hussein mis au ban du monde « civilisé ». Malgré son offre de se retirer, James Baker eut des mots très durs envers Tarik Aziz. Promesse tenue, le 17 janvier 1991, ce fut « Desert storm » la première guerre du Golfe. 400 morts du côté de la coalition, qui comprenait, il faut le rappeler, aussi plusieurs pays arabes.. Plusieurs milliers de morts du côté irakien, mais le régime a été laissé en place. Par la suite, il y a eu 12 ans d’embargo pour la recherche d’armes de destruction massive et le fameux Plan « Pétrole contre nourriture » qui a affamé des centaines de milliers d’Irakiens et causé la mort de 500.000 enfants irakiens. Pour Madeleine Albright, secrétaire d’Etat de la période Clinton, « ce n’est pas cher payé si c’est le prix à payer pour faire partir Saddam ». L’avènement du born again « George » Walker Bush donna un coup d’accélérateur à la démolition systématique de l’Irak. Ce fut la deuxième guerre du Golfe, opération Iraqi Freedom, qui a débuté le 20 mars 2003. Prenant prétexte des ADM, jamais trouvés, des liens non prouvés avec Al Qaîda, les néoconservateurs comptaient faire coup double par le prétexte de la démocratie aéroportée et le Mepi (le Grand Moyen-Orient): s’emparer des réserves pétrolières évaluées à 110 milliards de barils [Liens entre les néoconservateurs au pouvoir à Washington et des entreprises d’exploitation pétrolière, notamment le Groupe Carlyle, Enron, Halliburton Energy Services et Unocal et désarmer le Moyen-Orient pour permettre à Israël d’être la seule puissance en face de 300 millions d’Arabes avec éventuellement le règlement du sort des populations palestiniennes réduites à vivre sur un bantoustan sur les 18% de la Palestine originelle. Après leur victoire sur un tas de ruines, les troupes de la coalition ont cherché à « pacifier l’Irak ». Néanmoins, la majorité des villes se trouvent dans une situation difficile: pillages, affrontements, règlements de comptes... Selon J.Stieglitz, le coût global de la guerre en Irak serait de 3000 milliards de dollars. Il y eut le scandale de la prison d’Abou Ghraib avec toute l’horreur attachée à la perversion d’un côté et aux souffrances de l’autre. En janvier 2007, en pleine fête de l’Aïd el Adha, Saddam Hussein a fait preuve d’un rare courage lors de sa pendaison. En octobre 2006, la revue médicale The Lancet estimait le nombre de décès irakiens imputables à la guerre à 655.000. Pour la seule deuxième guerre du Golfe , l’Institut Opinion Research Business a estimé à plus de 1.000.000 le nombre de victimes irakiennes entre mars 2003 et août 2007. La guerre a provoqué l’exode d’au moins deux millions d’Irakiens. Ceci sans parler des dégâts occasionnés par le programme « pétrole contre nourriture »: plus de 500.000 enfants seraient morts de maladie et de malnutrition. Les dommages aux infrastructures civiles sont immenses: les services de santé sont pillés. Il y a eu une détérioration des canalisations d’eau et la dégradation des bassins hydrographiques du Tigre, de l’Euphrate. Il y a de plus, augmentation de l’insécurité générale (pillages, incendies et prises d’otage), suite à la désorganisation totale des différents services publics tels que les forces de l’ordre. De nombreux centres historiques ont été détruits par les bombardements américains, les combats et les pillages. Le Musée national d’Irak a été pillé.(1) Les Américains quittent l’Irak: le solde de tout compte En novembre 2008, les gouvernements irakien et américain ont signé un pacte bilatéral incluant le Status of Forces Agreement (Sofa) qui fixe à la fin 2011 le terme de la présence militaire des États-Unis. Les Américains avec la satisfaction du devoir bien fait, notamment par une mainmise sur les ressources pétrolières par les multinationales américaines interposées, rentrent au pays. Dans son discours du 31 août 2010 décrétant « terminée l’opération Liberté irakienne », Barack Obama a précisé: « Notre engagement pour le futur de l’Irak, lui, ne prend pas fin » et il a ajouté que « les Etats-Unis seraient toujours présents en tant qu’ami et partenaire ». En clair, c’est toujours une armée d’occupation qui veille au grain avec comme priorité, sécuriser les puits de pétrole. Peu importe si, par leur faute, les Irakiens s’étripent à qui mieux mieux. Obama a rappelé une promesse qu’il avait faite en tant que candidat. Un discours où il ne dit pas un mot de la souffrance des Irakiens, des décombres que les Etats-Unis laissent au contraire dans la lignée de Bush, il persiste et signe: « Les Américains qui ont servi en Irak ont accompli la mission qui leur avait été confiée. Ils ont infligé la défaite à un régime qui terrorisait son peuple. Avec les Irakiens et les partenaires de la coalition, ils ont fait d’immenses sacrifices. Nos troupes ont combattu pâté de maisons après pâté de maisons pour aider les Irakiens à avoir une chance d’avenir meilleur. Nous avons persévéré car nous partageons avec le peuple irakien une croyance: celle qu’un nouveau début peut sortir des ruines de la guerre dans ce berceau de la civilisation. Il est désormais temps de tourner la page. » Du côté des néoconservateurs, c’est l’allégresse, Obama continue « l’oeuvre » de Bush. Doug Ireland écrit: Dans son discours sur la fin des missions de combat en Irak, Obama a bel et bien confirmé l’importance du pouvoir impérial armé. Les néoconservateurs applaudissent. Selon l’important ténor des néoconservateurs John Podhoretz, chef éditorialiste au New York Post, le discours présidentiel a incarné « un défi nationaliste au monde » quand Obama a dit que l’événement devait faire passer au monde «le message que les États-Unis ont l’intention de maintenir et renforcer [leur] leadership dans ce jeune siècle ». Encore « plus frappant », écrivait Podhoretz dans sa chronique titrée Barack le néo-con, « est le fait qu’Obama a présenté l’engagement américain en Irak comme un exemple de ce que l’Amérique peut faire quand elle le veut » car le président a affirmé que « cette étape doit servir à rappeler aux Américains que nous avons à déterminer l’avenir ». (2) Pour Podhoretz, Obama « ressemblait à Bush » quand il a semblé bénir la guerre en Irak en déclarant qu’avec elle l’Amérique avait « assumé ses responsabilités ». Même son de cloche chez William Kristol, rédacteur en chef de la bible des néoconservateurs, le Weekly Standard, qui a écrit que le discours d’Obama était « louable », particulièrement quand le président a proclamé sur un ton guerrier que « nos soldats sont l’acier dans le navire de l’État...Ils nous donnent confiance dans la justesse de notre chemin, et qu’au-delà de la nuit qui précède l’aube, des jours meilleurs sont devant nous ». Une « déclaration pas mauvaise sur l’importance et la nécessité d’un pouvoir fort », conclut Kristol. Autrement dit, Obama a bel et bien confirmé l’importance du pouvoir impérial armé. C’est dire si la gauche a été très déçue par le discours présidentiel.(2) Le bilan Nous donnons à Théophraste R. du journal LeGrandsoir le soin de nous décrire d’une façon simple et percutante l’histoire de l’invasion de l’Irak. « C’est l’histoire de sauvageons qui débarquent dans votre maison, cassent tout (sauf les objets d’art qu’ils volent pour décorer leur repaire), violent, tuent, circonviennent des membres de votre famille, fabriquent des collabos qu’ils arment pour les remplacer. Puis, les vandales quittent le champ de ruines en avertissant que le commerce des fruits de votre jardin est régi par des contrats qu’ils vous ont fait signer, le couteau sous la gorge, et dont le respect sera assuré par des nervis payés par eux. Ainsi, après bientôt 8 ans d’occupation, de pillages, de massacres à grande échelle, d’exécutions sommaires, de tortures, l’Irak détruit (où se déchaînent les sanglantes haines religieuses revigorées) est livré à un gouvernement élu sous la botte et dont l’allégeance aux intérêts états-uniens continuera à être contrôlée par 50.000 soldats résiduels US et des cohortes de mercenaires motivés par l’argent et par la garantie de l’impunité pour des exactions qui les conduiraient à la potence ou à la prison à vie dans les pays d’où ils viennent (...) » (3) En fait, les Etats-Unis laissent un pays livré au chaos et il n’est pas interdit de prédire une partition de l’Irak en trois régions. Seuls les Etats-Unis avaient la capacité d’influencer les principales forces politiques en Irak, que ce soient les formations kurdes, chiites ou sunnites, afin d’éviter l’éclatement du pays. Une perspective toujours bien réelle. Pour preuve, le gouvernement du Kurdistan irakien est en train de signer des accords avec des compagnies étrangères pour l’exploitation du pétrole et du gaz. Et ce, contre la volonté de Baghdad. Alain Gresh écrit à propos du chaos actuel : « (...) Cette guerre d’agression, non provoquée, déclenchée sous le faux prétexte de chercher des armes de destruction massive, est d’abord une violation des principes des Nations unies qui, le 14 décembre 1974 à travers leur assemblée générale, adoptaient un texte définissant l’agression. Au-delà de cette dimension juridique et des querelles qu’elle peut susciter, le bilan de la guerre américaine, menée sans l’aval des Nations unies, est accablant: destruction du pays, de ses structures étatiques et administratives. Il n’existe plus d’Etat irakien qui fonctionne. Sept ans après la guerre, l’électricité arrive à peine quelques heures par jour, la production pétrolière stagne, l’administration ne fonctionne pas, les écoles et les universités sont à l’abandon, etc. » (4) « Reconstruire une structure unifiée et efficace nécessitera sans doute des décennies. Le confessionnalisme, encouragé dès les premiers jours par l’occupant, a été institué dans toutes les fonctions, et la répartition des postes se fait désormais en fonction de l’appartenance communautaire ou nationale. Les principales forces politiques sont «chiites», «sunnites» ou «kurdes». Et demeurent une série de bombes à retardement, comme la délimitation des «frontières incertaines du Kurdistan».(4) « Le bilan humain est terrible. Si on connaît précisément les pertes américaines (environ 4400 tués), celles des Irakiens ont fait l’objet d’évaluations très diverses: on ne recense pas un mort "arabe" comme on recense un mort "occidental"; seul ce dernier a un visage. (...) Et la question que personne ne posera: qui sera jugé pour ce crime? Comment s’étonner que nombre de pays ne suivent pas le Tribunal pénal international quand il inculpe le président soudanais Omar Al-Bachir, ou des criminels de tel ou tel petit pays africain, alors que MM.George W.Bush, Dick Cheney et Donald Rumsfeld continuent tranquillement à couler des jours heureux en donnant des conférences sur le monde libre, la démocratie et le marché pour quelques dizaines de milliers de dollars la prestation?»(4) « Obama n’a pas eu un seul mot pour les civils irakiens, au moins 650.000 et peut-être même plus d’un million morts à cause de la guerre. Il n’a pas eu une pensée pour les plus de quatre millions d’Irakiens chassés de chez eux par la guerre et qui croupissent dans la misère dans des pays voisins, sans papiers, sans pouvoir travailler, et sans pouvoir retourner dans leurs maisons détruites ou par peur des violences sectaires des intégristes. Obama a passé sous silence les souffrances de ces victimes d’une guerre illégale contre un pays qui ne nous a rien fait de mal. Au lieu de quoi, le président a souligné qu’il fallait "tourner la page" sur cette guerre. Parce qu’il n’ose pas regarder ce qui est écrit sur cette page!»(4) Même Tony Blair occupé à parcourir la planète, avec ses multiples casquettes d’émissaire onusien, de consultant grassement rémunéré, écrit dans ses mémoires: « Je ne peux pas regretter. » Si c’était à refaire, Tony Blair n’hésiterait pas une seconde. « L’invasion de l’Irak, écrit Harold Pinter prix Nobel de Littérature, était un acte de banditisme, un acte de terrorisme d’État flagrant, la preuve d’un mépris absolu pour le droit international. Combien de personnes faut-il tuer avant de mériter d’être décrit comme un massacreur et un criminel de guerre? Cent mille? » La question est à poser au Tribunal pénal international. Notes/Références 1.Chems Eddine Chitour http://www.legrandsoir.info/L-Irak-d-Hammourabi.html 2.Doug Ireland enchante-les-faucons-neo,11774.html 4.09.2010 3.Théophraste R.: Tuez-vous, mais ne vous faites pas mal! Legrandsoir.info 2.09.2010 4.Alain Gresh: Guerre d’Irak, le crime, Le Monde diplomatique, 2 Septembre 2010 Pr Chems Eddine Chitour : Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz |
IRAK : Les traumatismes laissent des traces indélébiles
mardi 7 septembre 2010
IRIN News
Chaque fois qu’il voit une voiture lancée à toute vitesse, Ammar Khalil Sadiq se souvient de l’été 2006 quand l’auteur d’une attaque suicide est rentré de plein fouet dans une patrouille de police avec son véhicule chargé d’explosifs, à quelques mètres de son magasin de musique à Bagdad.
Quelques secondes plus tard, Sadik, 34 ans, s’est retrouvé sous les étagères du magasin, couvert d’éclats de verre, à moitié asphyxié par la fumée, la poussière et une forte odeur de dynamite. Ignorant ses propres blessures, il savait qu’il lui fallait absolument sortir de là pour vérifier comment allait son frère qui était dans la rue juste avant l’explosion.
« Je sens encore l’odeur de chair humaine brûlée et j’entends les hurlements des blessés », a dit M. Sadiq. « Je ne pourrai jamais oublier comment j’ai marché sur des lambeaux de chair humaine, jusqu’au moment où j’ai reconnu le corps disloqué de mon frère grâce à sa montre, qui se trouvait encore à son poignet gauche ».
Selon Sabah Karkoli, porte-parole du ministère irakien de la Santé, les autorités irakiennes ne se sont mises que récemment à s’occuper des problèmes de santé mentale et des séquelles psychologiques provoqués par trois décennies de guerre et de troubles économiques et sociaux.
En 2009, le ministère de la Santé a commencé à mettre en place un programme de soins psychologiques et à former du personnel, afin de répondre au besoin croissant de ce genre de soins dans le pays, a indiqué M. Karkoli. L’Irak a ouvert des services de santé mentale dans chacun des quelque 3 500 hôpitaux et centres de santé répartis dans le pays.
Le pays a deux grands hôpitaux psychiatriques, Al-Rashad et Ibin Rushid à Bagdad, et six autres centres pour traumatisés, récemment inaugurés.
« Nous avons commencé à ouvrir un service dans chacune de nos structures sanitaires et à encourager les médecins à se former en psychiatrie... Nous voulons que les gens prennent conscience de ce qu’est la maladie mentale et les pousser à venir se faire aider quand ils en ont besoin », a expliqué M. Karkoli.
Enquête sur la santé mentale
En mars 2009, l’Irak a publié sa première et unique étude nationale sur la santé mentale. Menée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le ministère de la Santé, l’étude peint une image assez terrible de la réalité.
Parmi les 4 332 personnes de plus de 18 ans ayant répondu aux questionnaires, près de 17 pour cent avaient souffert d’un trouble mental durant leur vie, allant du stress post-traumatique à la dépression. Un taux plus élevé de dépression grave et de phobies, telles que la peur de sortir de chez soi, a été observé chez les femmes.
Ce rapport de 102 pages a indiqué qu’une bonne partie des cas étudiés concernait la période - pendant et après- de l’invasion américaine de 2003, invasion qui a renversé Saddam Hussein. Selon le rapport, 70 pour cent des personnes souffrant d’un trouble mental ont affirmé avoir envisagé le suicide.
Histoire de réussite à Bassorah
Après avoir suivi aux Etats-Unis une formation sur le diagnostic et le traitement des cas de traumatismes dans le cadre d’un programme de coopération avec le ministère de la Santé américain, le psychiatre Aqeel Al-Sabagh et trois de ses collègues ont ouvert un centre de santé mentale dans la province méridionale de Bassorah en décembre 2009.
Au départ, a dit M. al-Sabagh, la demande pour ce genre de service était très faible, car la maladie mentale fait l’objet d’une forte stigmatisation et les gens ont plutôt l’habitude de se tourner vers les religieux ou les charlatans quand ils ont besoin d’aide.
« Nous avons alors lancé une campagne dans les médias locaux pour que les gens se rendent compte de ce qu’est le traumatisme et de ce que le Sarah Centre pouvait leur offrir. Nous avons aussi organisé des conférences dans les universités de la province et distribué des tracts avec l’aide des leaders communautaires, a-t-il dit à IRIN.
Suite à cela, le nombre de personnes s’adressant au centre - le seul centre public de Bassorah - a augmenté. « Nous avons maintenant l’intention d’agrandir le centre et d’accroître le nombre d’employés pour répondre à l’augmentation du nombre des visiteurs ».
Selon M. al-Sabagh, la plupart des cas traités par le centre sont d’anciens prisonniers du régime de Saddam Hussein ou bien des déserteurs, dont certains ont eu les oreilles coupées en guise de châtiment, et aussi des personnes ayant survécu à la torture, aux enlèvements, au viol et aux violences familiales.
On y apprend aussi qu’il n’y a que 437 travailleurs sociaux et travailleurs psychiatriques dans tout le pays pour une population de près de 30 millions.
2 septembre 2010 - IRIN News - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.irinnews.org/fr/ReportFr...
jeudi 2 septembre 2010
Guerre d’Irak, le crime
mercredi 1er septembre 2010 -
Alain Gresh
Le Monde diplomatique
Ce retrait s’opère conformément à l’accord-cadre stratégique signé par l’administration Bush sur le départ avec le gouvernement irakien à la fin 2008. Le président Obama a décidé de respecter ce texte et d’accélérer le désengagement.
On peut certes prétendre que, par rapport à la situation existante à la fin 2006, avec une insurrection active et des attentats quotidiens meurtriers, le contexte actuel est meilleur. Il faut néanmoins prendre du recul par rapport à cette vision et essayer de dresser un bilan de cette guerre qui ne fut pas seulement une faute, mais un crime dont on aurait tort de dédouaner les Etats-Unis (lire « “Leurs” crimes et les “nôtres” »).
Cette guerre d’agression, non provoquée, déclenchée sous le faux prétexte de chercher des armes de destruction massive, est d’abord une violation des principes des Nations unies qui, le 14 décembre 1974, à travers leur assemblée générale, adoptaient un texte définissant l’agression (PDF). Son article 3 s’énonce ainsi :
« L’un quelconque des actes ci-après, qu’il y ait eu ou non déclaration de guerre, réunit, sous réserve des dispositions de l’article 2 et en conformité avec elles, les conditions d’un acte d’agression :
a) L’invasion ou l’attaque du territoire d’un Etat par les forces armées d’un autre Etat, ou toute occupation militaire, même temporaire, résultant d’une telle invasion ou d’une telle attaque, ou toute annexion par l’emploi de la force du territoire d’un autre Etat ;
b) Le bombardement, par les forces armées d’un Etat, du territoire d’un autre Etat, ou l’emploi de toutes armes par un Etat contre le territoire d’un autre Etat ;
c) Le blocus des ports ou des côtes d’un Etat par les forces armées d’un autre Etat ;
d) L’attaque par les forces armées d’un Etat contre les forces armées terrestres, navales ou aériennes, la marine ou l’aviation civiles d’un autre Etat ».
Au-delà de cette dimension juridique et des querelles qu’elle peut susciter, le bilan de la guerre américaine, menée sans l’aval des Nations unies, est accablant :
Destruction du pays, de ses structures étatiques et administratives. Il n’existe plus d’Etat irakien qui fonctionne. Sept ans après la guerre, l’électricité arrive à peine quelques heures par jour, la production pétrolière stagne, l’administration ne fonctionne pas, les écoles et les universités sont à l’abandon, etc. Reconstruire une structure unifiée et efficace nécessitera sans doute des décennies.
Le confessionnalisme, encouragé dès les premiers jours par l’occupant, a été institué dans toutes les fonctions, et la répartition des postes se fait désormais en fonction de l’appartenance communautaire ou nationale. Les principales forces politiques sont « chiites », « sunnites » ou « kurdes ». Et demeurent une série de bombes à retardement, comme la délimitation des « frontières incertaines du Kurdistan ». La question de Kirkouk, où un référendum est prévu depuis décembre 2007 (et sans cesse reporté) pour décider du rattachement ou non de cette ville à la région autonome du Kurdistan, n’est pas le moindre des défis.
Le bilan humain est terrible. Si on connaît précisément les pertes américaines (environ 4 400 tués), celles des Irakiens ont fait l’objet d’évaluations très diverses : on ne recense pas un mort « arabe » comme on recense un mort « occidental » ; seul ce dernier a un visage. Entre cent mille et plusieurs centaines de milliers de personnes tuées, des milliers de disparus, des centaines de milliers de personnes déplacées et de réfugiés (notamment en Syrie - lire Theodor Gustavsberg, « Silencieux exil des Irakiens en Syrie » - et en Jordanie), des centaines de milliers de blessés.
Malgré les coups qui lui ont été portés depuis 2007, Al-Qaida, qui, rappelons-le, était absente d’Irak jusqu’en 2003, s’y est implantée. Elle garde des structures efficaces, comme le prouvent les attentats coordonnées de ce mois d’août 2010. Des milliers de combattants du monde arabe et musulmans ont transité ces dernières années par l’Irak et ont ensuite porté le combat en Afghanistan, en Somalie, au Liban, en Afrique du Nord.
Seul point positif, la chute de la dictature de Saddam Hussein, l’une des plus brutales de la région. On ne peut que s’en féliciter, mais cela valait-il de telles souffrances ? D’autant que le risque est grand de voir émerger un « pouvoir autoritaire à dominante chiite ».
Et la question que personne ne posera : qui sera jugé pour ce crime ? Comment s’étonner que nombre de pays ne suivent pas le Tribunal pénal international quand il inculpe le président soudanais Omar Al-Bachir, ou des criminels de tel ou tel petit pays africain, alors que MM. George W. Bush, Dick Cheney et Donald Rumsfeld continuent tranquillement à couler des jours heureux en donnant des conférences sur le monde libre, la démocratie et le marché pour quelques dizaines de milliers de dollars la prestation ?
Personne n’affirme plus que les Etats-Unis ont gagné la guerre en Irak, surtout si l’on se reporte aux objectifs initiaux du président George W. Bush : installation à Bagdad d’un gouvernement allié, prêt à collaborer avec Washington, à lui accorder des bases et disposé à établir des relations diplomatiques avec Israël ; ouverture des ressources de l’Irak au marché libre ; démocratisation du Proche-Orient ; isolement du régime iranien.
Personne n’explique plus doctement que, certes, la guerre était une erreur, mais que si les Etats-Unis se retiraient ce serait encore pire. Il faut le répéter : c’est la présence américaine qui est la cause de l’instabilité, et non l’instabilité qui nécessite la présence américaine.
Les conséquences régionales de cette guerre sont aussi graves. Incontestablement et paradoxalement, elle a renforcé le poids de l’Iran, même s’il ne faut pas croire que les chiites irakiens regardent tous vers Téhéran, ni sous-estimer le poids du nationalisme irakien et arabe. L’absence de pouvoir central entraîne forcément l’ingérence des puissances voisines dans les affaires irakiennes : ni la Turquie, ni l’Arabie saoudite, ni la Syrie, ni bien évidemment l’Iran ne s’en privent. Ankara a ouvert plusieurs consulats, dont un à Bassorah, dans le sud chiite ; il a aussi développé ses relations avec le pouvoir autonome kurde, ce qui n’a pas mis un terme à ses bombardements contre les forces du PKK réfugiées au Kurdistan.
Quel est désormais le poids des Etats-Unis en Irak ? Les élections de mars 2010 ont débouché sur une impasse et le pays n’a toujours pas de gouvernement. Quatre forces se partagent le Parlement : un bloc kurde qui représente une région vivant sous autonomie de fait ; le bloc du premier ministre en exercice Nouri Al-Maliki, à majorité chiite ; le bloc de l’ancien premier ministre Iyad Allaoui, chiite qui a obtenu le vote de nombreux sunnites ; et, enfin, l’Alliance nationale composée de l’organisation de Moqtada Al-Sadr et du Conseil suprême islamique, deux formations chiites.
Joost Hiltermann, dans un article de la New York Review of Books (19 août 2010) intitulé « Iraq : The impasse », remarque :
« Ce qui est frappant avec l’approche actuelle de l’administration Obama n’est pas seulement sa préférence pour un parti donné, celui de Allaoui en l’occurrence, mais son manque de volonté inexplicable de pousser pour une solution donnée, un fait que tous les politiciens ont noté. Les Etats-Unis essaient d’exercer une forte pression uniquement de manière sporadique, sous la forme d’une visite du vice-président Joe Biden, l’envoyé spécial de facto de l’administration en Irak. » Mais leurs tentatives d’obtenir la formation d’un gouvernement d’unité entre Maliki et Allaoui avant leur retrait n’ont pas abouti. Et Hiltermann de conclure que les Etats-Unis sont « une puissance en déclin » en Irak.
Ce n’est pas l’avis de tous les commentateurs, comme en témoigne un éditorial de Seumas Milne dans le quotidien britannique The Guardian (4 août 2010), « The US isn’t leaving Iraq, it’s rebranding the occupation ». Pour Milne, les Etats-Unis donnent simplement un autre visage à une occupation qui se poursuit sous d’autres formes.
Alexander Cockburn lui répond vertement dans « Thank You, Glenn Beck ! » (CounterPunch, 27-29 août). Il reprend certains arguments de Rosen et explique aussi que, sur le pétrole, pour l’essentiel, ce ne sont pas les compagnies pétrolières américaines qui ont bénéficié des premiers contrats passés, mais des sociétés russe, norvégienne, chinoise, malaisienne, etc.
Alors, poursuite de l’occupation sous d’autres formes ou non ? Ce qui est sûr, c’est que, en ce XXIe siècle, aucune puissance ne peut gouverner durablement un pays étranger, lui imposer sa volonté. A ceux qui rêvaient d’un retour de l’empire, la guerre d’Irak a apporté un démenti flagrant. Un démenti qui sera confirmé demain en Afghanistan.
Document :
Un débat sur Al-Jazeera English, dans le cadre de l’émission « Empire » animée par Marwan Bishara, auquel j’ai participé : « The US between two wars. The US stands at a historic crossroads, but has its superpower status been eroded ? » (29 août 2010), sur les guerres d’Afghanistan et d’Irak et le statut des Etats-Unis comme grande puissance.
Du même auteur :
La droite dure européenne au secours d’Israël
Mort de l’ayatollah Mohammad Fadlallah
500 millions de dollars contre le Hezbollah
31 août 2010 - Les blogs du Diplo
Vous pouvez consulter cet article à :
http://blog.mondediplo.net/2010-08-...
* Article de Gilles Munier (Afrique Asie – septembre 2010)
En Irak, la sécurité dans les prisons et les camps de prisonniers est évidemment maximale. Il n’empêche que, depuis 2003, de nombreux détenus se sont « fait la belle » à Bassora, Bagdad, Mossoul, Tikrit, Ramadi. La dernière grande évasion n’a pas retenu l’attention des médias : le 1er avril l’aube, à Mossoul, 23 prisonniers se sont échappés par un trou creusé dans le mur de la prison de la base américaine Al-Ghazlani. Leur disparition ne fut remarquée que l’après midi. En revanche, celle de quatre détenus du Camp Cropper, dont deux « ministres » de l’Etat Islamique d’Irak, groupement dont fait partie Al-Qaïda au Pays des deux fleuves, n’est pas passée inaperçue : elle s’est déroulée le 15 juillet, en plein transfert du pénitencier au régime de Bagdad ! Un gardien leur aurait fourni des uniformes de l’armée irakienne et accompagnés à l’extérieur grâce à une carte pass l’autorisant à escorter les officiels visitant la prison. Comme toujours, dès qu’il est question d’Al-Qaïda, les informations sont à prendre avec des pincettes, la signature étant aussi utilisée par la CIA et les services secrets iraniens. Pour Amin Al-Assadi, inspecteur en chef au ministère de la Justice, interviewé par le quotidien irakien pro-gouvernemental Al-Sabah, les forces américaines sont « impliquées dans l'évasion ». En Irak, ce genre d’accusation n’inquiète personne, à commencer par Nouri al-Maliki qui a demandé aux Américains de garder sous leur surveillance 200 prisonniers étiquetés Al-Qaïda.
Le tunnel du Camp Bucca
La première grande tentative d’évasion de prisonniers de guerre eut lieu au Camp Bucca, en 2005. Elle a échoué. Le pénitencier, situé en plein désert au sud de Bassora, fermé en septembre 2009, a été décrit dans Le Temps de Genève comme « un authentique camp de concentration au plein sens du terme ». Les prisonniers étaient enfermés, « sans jugement, sans avocat, sans même un mandat d’arrêt », dans des conteneurs et des tentes par 60° l’été et -10° la nuit, l’hiver. A l’époque, Bucca – du nom d’un pompier mort dans l’effondrement du World Trade Center - comptait environ 6 000 prisonniers. Quatre ans plus tard, leur nombre dépassait 28 000.
Le 27 mars 2005, les prisonniers avaient fini de creuser un tunnel avec des moyens de fortune. Ils attendaient que le temps s’améliore pour se faufiler en masse dans le boyau de 200m de long, passant sous les barbelées à 4m de profondeur et aboutissant dans le désert. Son entrée, bouchée par des pelletées de terre, était dissimulée sous le plancher d’un bâtiment. Elle a malheureusement été découverte lors d’une inspection de routine.
140 résistant libérés
par le parti Baas clandestin
Le 9 décembre 2006, Ayman Sabawi al-Tikriti, neveu de Saddam Hussein, arrêté en mai 2005, condamné à la prison à vie pour son soutien financier et en armement à la résistance, a disparu de la prison Badoush, près de Mossoul. On apprendra qu’il était parti en compagnie d’un gardien de nuit ayant présenté un faux ordre de transfert. Selon le général Abdul Karim Khalaf, porte-parole du ministère de l’Intérieur, l’opération était l’oeuvre de « saddamistes » d’Al-Awda (le Retour), organisation de résistance baasiste fondée en juin 2003.
Trois mois plus tard, le 6 mars 2007, 300 moudjahidine attaquèrent Badoush au coucher du soleil, et libérèrent 140 détenus. Omar al-Baghdadi, ténébreux émir de l’Etat islamique d’Irak, revendiqua l’attaque trois jours plus tard … Mais le 7 décembre suivant, on apprit par un document trouvé dans une cache ayant abrité Izzat al-Douri que cette opération spectaculaire avait été organisée par le Commandement Suprême pour le Djihad et la Libération, la résistance baasiste qu’il dirige.
Bain de sang à la prison de Ramadi
A Ramadi, le 26 décembre 2008, l’évasion de Imad Farhan, surnommé « Imad Omeya » (le Tueur) est symptomatique du climat de violence régnant dans les prisons irakiennes. A une heure du matin, au retour d’un résistant d’un interrogatoire musclé, un de ses compagnons de cellule, Imad Farhan demanda à se rendre aux toilettes prétextant des nausées. Il y tua le gardien, lui subtilisa son fusil AK-47, ses clés, puis libéra la trentaine d’occupants de sa cellule. L’armurerie fut prise d’assaut. Une bataille s’engagea avec des policiers venus à la rescousse. Elle dura deux heures. On relèva 16 corps dont le directeur de la prison, 6 policiers. Imad Farhan s’évada avec deux prisonniers, mais fut abattu le lendemain dans le centre de la ville. Violement hostile aux Sahwa (Réveil), milices tribales financées par les Américains, formées d’anciens membres d’Al-Qaïda, il avait reconnu une centaine d’assassinats, sous la torture.
Le 25 septembre 2009, à Tikrit, où une aile d’une ancienne résidence de Saddam Hussein tient lieu de prison, seize prisonniers, dont cinq condamnés à mort étiquetés Al-Qaïda , se sont évadés peu avant minuit. La fenêtre de la salle de bain où ils priaient était ouverte et un outil « oublié » leur avait permis d’ouvrir l’entrée du système de ventilation. Le directeur de l’établissement et les gardiens – une centaine - ont été arrêtés par la brigade « anti-terroriste » provinciale pour interrogatoire. Un couvre-feu a été instauré et une chasse à l’homme lancée, aidée par des hélicoptères américains et des chiens policiers.
S’évader en temps de guerre est un acte de résistance protégé par la 3ème Convention de Genève de 1949. Ni les troupes étasuniennes ni les organes répressifs du régime de Bagdad ne la respecte, à ce bémol d’importance près que ces derniers, infiltrés par la résistance ou terrorisés, laissent parfois des prisonniers s’échapper.
Appendice 1
Le plan d’évasion
de Saddam Hussein
Le Camp Cropper – rebaptisé en juillet Prison Karkh – situé près de l’aéroport de Bagdad, a compté jusque 4 000 prisonniers de guerre. Le plus célèbre, Saddam Hussein, avait lui aussi tenté de s’évader au cours de l’été 2006. Selon Khalil al-Douleimi, son avocat, la résistance devait attaquer la Zone verte pour détourner l’attention des Américains, pendant qu’un bataillon de moudjahidine prendrait d’assaut sa prison et libérerait le maximum de détenus. L’opération fut annulée suite au renforcement des mesures de sécurité provoqué par des incidents armés à proximité du camp.
L’exécution précipitée du Président irakien, quelques mois plus tard, est en partie due à la crainte partagée par Nouri al-Maliki et par l’Iran de le voir s’échapper et unifier la résistance.
Appendice 2
La prison de Bassora attaquée
par les Britanniques
A Bassora, la preuve a été apportée, dès 2005, que les troupes d’occupation commettaient des attentats ensuite attribués à Al-Qaïda ou à des rivalités à caractère sectaire. Le 19 septembre, un policier irakien qui s’était approché d’une Toyota dont les deux occupants, vêtus d’habits traditionnels, lui semblaient suspects, fut reçu par une giclée de balles. Des policiers accourant en renfort, ils se rendirent. Les individus arrêtés étaient des SAS , des membres de forces spéciales britanniques. Leur objectif : commettre un attentat près d’un marché ou d’une mosquée. Leur voiture était piégée. Le général Lorimer, commandant la 12ème Brigade mécanisée, réagit rapidement : des hélicoptères et des tanks pulvérisèrent les murs du poste de police Jamiat où les deux SAS étaient supposés incarcérés. Bilan de l’incident : 7 Irakiens tués et 43 blessés… et presque autant de prisonniers en fuite par les murs éventrés ! On apprit plus tard que le capitaine Ken Masters, de la Royal Military Police, chargé d’enquêter sur cette opération, avait été trouvé mort dans de curieuses circonstances.
mercredi 1 septembre 2010
Le Président Barack Obama a proclamé le 31 août la fin des opérations de combat en Irak. Sur Internet, on appelle cela un « hoax », c'est-à-dire une tromperie. Cindy Sheehan, militante anti-guerre aux Etats-Unis, dont le fils, militaire, est mort en Irak en 2004, dénonce le discours prononcé comme une nouvelle manipulation de l’opinion irakienne et américaine. « Avec 50 000 soldats, 18 000 tueurs mercenaires et 82 000 contractors pour les soutenir », dit-elle, « l’occupation illégale et immorale de l’Irak est loin d’être terminée » (1).
En annonçant la fin des sept années de l’Opération Iraqi Freedom (Libération de l’Irak), le Président des Etats-Unis n’a pas eu le courage d’en dresser le bilan réel, calamiteux :
- plus de 4 000 GI’s morts selon le décompte officiel, mais sans doute 35 000 tués ou blessés et 40 000 « accidentés », selon le professeur Juan Cole de l’Université du Michigan (3),
- plus de 1 300 000 civils irakiens tués, au compteur de Just Foreign Policy (3). On est loin des 106 000 reconnus par l’administration américaine (4),
- l’Irak détruit, livré au chaos.
De son côté, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, qui expédie les affaires courantes depuis le 7 mars 2010, s’est félicité du « départ » des troupes étasuniennes et a affirmé, sans rire, que l’Irak redevenait « souverain et indépendant », que ses relations avec les Etats-Unis entraient dans « une phase nouvelle ». Nouvelle, en effet, comme l’est l’Opération Al Farj (Aube – New Dawn) qui remplace Iraqi Freedom ! Le thème de l’aube, nouvelle évidemment, inspire décidément beaucoup les officiers américains et leurs supplétifs irakiens, issus pour la plupart des milices chiites pro-iraniennes. Al Fajr était le nom donné à l'attaque des Marines contre la ville martyre de Fallujah, en novembre 2004… et aux offensives iraniennes pendant la guerre Iran-Irak. Elles sont toutes synonymes de boucheries, ce qui ne présage rien de bon pour l’avenir.
Les Etats-Unis ont agressé et occupent l’Irak pour y rester, sous une forme ou une autre, tout le temps qu’ils le pourront. Ceux qui prétendent le contraire sont, soit complices des massacres passés et à venir, soit, au mieux, de doux rêveurs. Après George W. Bush, Barack Obama – prix Nobel de la paix ! - leur fait, comme on dit, « prendre, des vessies pour des lanternes ». Ils feraient mieux de méditer cette citation de George Orwell, transformée en principe à suivre par les administrations américaines successives : « Le langage politique », disait l’écrivain britannique, à titre de mise en garde, « est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres et à donner l'apparence de la solidité à ce qui n'est que vent ».
Notes:
(1) Cindy Sheehan’s Statement on the “End of Combat Operations in Iraq”
http://peaceoftheaction.org/2010/08/30/major-hoax-dont-get-fooled-again/
(2) The Speech President Obama Should Give about the Iraq War (But Won’t)
http://www.juancole.com/2010/08/the-speech-a-president-should-give-about-the-iraq-war.html
(3) Just Foreign Policy
http://www.justforeignpolicy.org/iraq/iraqdeaths_fr.html
(4) The Morning Star : Disputing Iraq Body Count Figures, par Felicity Arbuthnot