vendredi 17 octobre 2008

exécutions sommaires en Irak



Comme pour toutes les guerres, les sombres histoires secrètes du conflit irakien s'écoulent de ce paysage de désolation comme les eaux sales du Tigre.



Exécutions sommaires dans les prisons de haute sécurité du gouvernement.
Par Robert Fisk / 16 octobre 2008 / Altermonde-levillage

Le journal The Independent a appris que des exécutions secrètes se déroulaient dans les prisons dirigées par le gouvernement « démocratique » de Nouri al-Maliki.

Les pendaisons sont régulièrement effectuées - sur un échafaud en bois dans une toute petite cellule - à l'ancien siège des services de sécurité de Saddam Hussein à Kazimiya. Il n'existe aucune trace officielle de ces mises à mort dans ce qu'on appelle désormais le « centre de détention de haute sécurité » de Bagdad mais la majorité des victimes - il y en a eu des centaines depuis que les États-Unis ont introduit la « démocratie » en Irak - seraient des insurgés, à qui est appliquée la même justice expéditive qu'eux mêmes dispensent à leurs propres prisonniers.

Les secrets des chambres de la mort irakiennes sont pratiquement inconnus à l'étranger mais quelques occidentaux courageux nous racontent cette horreur carcérale. Ces histoires ne donnent qu'un faible aperçu de la réalité en Irak, certaines s'interrompent brutalement avant la fin, d'autres se concluent d'une manière trop tristement prévisible. Et ceux qui les racontent sont aussi déprimés que désespérés.

« La plupart des exécutés sont des présumés insurgés, d'un camp ou d'un autre, » m'a raconté un occidental qui a vu la chambre d'exécution à Kazimiyah. « Mais une pendaison n'est pas une chose simple ». Comme toujours, le diable se cache dans les détails.

« Il y a une cellule avec un barre sous le plafond et une corde accrochée et un banc où la victime se tient avec les mains attachées » m'a raconté un ancien officiel britannique la semaine dernière. « Je suis déjà entré dans la cellule, à chaque fois vide. Mais peu de temps avant une visite, ils y avaient emmené ce type pour le pendre. Ils l'ont mis debout sur le banc, lui ont mis la corde autour du cou, puis l'ont poussé. Mais il a sauté par terre. Il pouvait se tenir debout. Alors ils ont raccourci la corde et l'ont remonté et poussé encore une fois. Encore raté. »

Les exécutions brutales ne sont pas une nouveauté au Moyen Orient – dans la ville libanaise de Sidon, il y a 10 ans, un condamné n'arrivait pas à mourir lors d'une pendaison. Un policier a du s'accrocher aux jambes du condamné pour faire poids et l'achever. Mais à Bagdad, une mort cruelle semble être la spécialité.

« Ils ont commencé par creuser le sol sous le banc afin que le type tombe d'assez haut pour se briser le cou, » raconte l'officiel. « Ils ont creusé le carrelage et le ciment en dessous. Mais ça n'a pas marché. Il pouvait encore se tenir debout. Alors ils l'ont emmené dans un coin de la cellule et ils lui ont tiré une balle dans la tête. »

Parmi les prisonniers condamnés à Kazimiyah, un quartier Chiite de Bagdad, on compterait aussi des violeurs et des assassins en plus des insurgés. Un prisonnier, un Tchétchène, réussit un jour à s'évader avec un complice après s'être fait livrer une arme. Ils ont tué deux gardes. Les autorités ont du faire appel aux Américains pour les capturer. Les Américains en ont tué un et blessé le Tchétchène à la jambe. Il refusa les soins médicaux et sa blessure se gangréna. A la fin, les Irakiens ont du l'opérer et retirer tous les os de sa jambe. Lorsqu'il reçut sa première visite d'un visiteur occidental, « il se baladait avec des béquilles et sa jambe sans os, souple, jetée par-dessus l'épaule. »




Dans de nombreux cas, il semblerait que les Irakiens ne gardent aucune trace des véritables noms des prisonniers ou des pendus. Pendant des années les Américains – dans leur fameuse prison d'Abou Ghraib prés de Bagdad – ne connaissaient pas l'identité de leurs prisonniers. Voici, par exemple, le témoignage recueilli par The Independent auprès d'un ancien officiel occidental du Groupe de Surveillance Anglo-Americano- Irakien, le groupe chargé de trouver les fameuses armes de destruction massive : « Nous sommes entrés dans les salles d'interrogatoire à Abou Ghraib en demandant un prisonnier précis. Au bout de quarante minutes environ, les Américains nous ont amené un type encagoulé, les pieds et les mains attachés. Ils l'ont assis sur une chaise en face de nous et ont retiré la cagoule. Il portait une grosse barbe. Nous lui avons demandé où il avait fait ses études. Il a répondu à plusieurs reprises « Mossoul ». Ensuite il a dit qu'il avait quitté l'école à 14 ans – et ce type était censé être un spécialiste en missiles. Nous avons dit : « nous savons que vous avez un Doctorat et que vous avez étudié à la Sorbonne – nous aimerions que vous nous donniez des informations sur le projet de missiles de Saddam. » Mais je me suis dit « ce type ne connaît rien de rien aux missiles. » Finalement il s'est avéré que le type n'avait pas le même nom que celui que nous cherchions, qu'il avait été ramassé au bord de la route par les Américains quatre mois plus tôt, il ne savait pas pourquoi. Alors nous avons dit aux Américains « c'est pas notre gars ! » Alors ils l'ont enchainé à nouveau et l'ont ramené à sa cellule et au bout de 20 ou 30 minutes encore, ils nous ont emmené quelqu'un d'autre. Nous lui avons demandé où il avait étudié et le type répondait qu'il n'avait jamais été à l'école. « Ce n'est toujours pas le bon ». C'était une farce. L'incompétence des militaries US était époustouflante, criminelle. Ils ont quand même fini par nous emmener le bon. Il respirait difficilement, un petit gros, désorienté et légèrement effrayé.

A cette occasion, les Américains avaient trouvé le bon. Les enquêteurs Britanniques et Américains ont demandé aux gardiens de lui retirer ses chaines, ce qu'ils ont fait – mais ils lui ont attaché une jambe au sol. Oui, il avait bien un diplôme.

L'officiel témoigne : « Nous avons passé en revue sa biographie, les projets sur lesquels il avait travaillé – il n'était à l'évidence qu'un petit fonctionnaire au sein du programme de missiles de Saddam. Les scientifiques Irakiens n'avaient ni les compétences ni le financement requis pour fabriquer des missiles nucléaire. Ce n'était qu'un rêve de Saddam. »

Ce scientifique- prisonnier à Abou Ghraib a misérablement raconté comment il avait été arrêté lorsque les Américains ont défoncé sa porte à Bagdad et ont trouvé deux Kalashnikovs, une djihab de femme, des versets du Coran et sur les étagères des « livres scolaires traitant de physique et de missiles », ce qui a évidemment attiré l'attention de ses geôliers. Mais ce prisonnier, soi-disant de valeur, n'avait jamais été inculpé ni interrogé même après qu'il ait reconnu être un spécialiste en fusées.

« Je ne sais pas ce qu'il est devenu, » m'a déclaré l'ancien officiel. « J'ai essayé de dire aux militaires britanniques et américains qu'on avait arrêté cet homme mais qu'il avait une femme et des enfants, une famille. J'ai dit qu'en emprisonnant cet innocent, on allait se retrouver avec 50 rebelles. Non, je ne sais pas ce qu'il est devenu. »

Pour de nombreux enquêteurs travaillant pour les autorités anglo-américaines à Bagdad, le procès du dictateur Irakien, accusé des crimes qui lui ont valu une condamnation à mort, fut une expérience effrayante qui se conclut d'une manière choquante. Grâce aux documents confisqués, ils avaient une idée des sombres rouages de la police secrète de Saddam. L'idée derrière le procès de Saddam était moins de trainer en justice les responsables de l'ancien régime que de montrer aux Irakiens comment une Justice et un état de Droit fonctionnent.

« C'était exaltant de voir Saddam être interrogé, » a dit un des enquêteurs. « L'aspect négatif fût son exécution. Ce qui m'a motivé c'était de voir comment Saddam traitait ses victimes – et j'avais sous mes yeux un microcosme de tous les morts qui se déroulaient en Irak. Mais son exécution fut d'une réelle sauvagerie. »

Saddam Hussein fut pendu dans la même unité de « haute sécurité » à Kazimiyah où les hommes de M. al-Maliki pendent à présent leurs victimes, comme un rappel de la terreur du régime baasiste de Saddam.

Source : independent
Traduction VD pour legrandsoir

(merci à Saïd qui nous a envoyé ce post)

lundi 22 septembre 2008

Déclaration de Le Feyt


Déclaration de Le Feyt - La paix en Irak : une option






Réseau International Anti-Occupation (IAON)



Les soussignés, amis de l'Irak, de France, Belgique, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Portugal, USA, Égypte, Suède et Irak, organisés dans le Réseau International Anti-Occupation (International Anti-Occupation Network (IAON)) et réunis à Le Feyt, France, du 25 au 27 août 2008, ont adopté la prise de position suivante. Cette déclaration témoigne de notre engagement en faveur d'une véritable fin à l'occupation et d'une paix durable en Irak.



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L'occupation américaine de l'Irak est illégale et ne peut être rendue légale. Tout ce qui a découlé de l'occupation est illégal et illégitime et ne peut pas trouver de légitimité. Ces faits sont incontestables. Quelles sont leurs conséquences?

La paix, la stabilité et la démocratie en Irak sont impossibles sous l'occupation. L'occupation étrangère est par nature opposée aux intérêts du peuple occupé, comme le prouvent les six millions d'irakiens déplacés à l'intérieur et l'extérieur de l'Irak, l'assassinat planifié d'universitaires et de professionnels irakiens et la destruction de leur culture, et le plus d'un million de tués.

La propagande occidentale tente d'accréditer l'absurdité selon laquelle l'envahisseur et destructeur de l'Irak pourrait jouer le rôle de protecteur de l'Irak. La crainte bien pratique d'un "vide de sécurité" - utilisée pour perpétuer l'occupation - ne tient pas compte du fait que l'armée irakienne n'a jamais capitulé et constitue l'épine dorsale de la résistance armée irakienne. Cette cheville ouvrière n'a pour seul souci que de défendre le peuple irakien et la souveraineté de l'Irak. De même, les projections sur une guerre civile ignorent le fait que la population irakienne, dans sa grande majorité, rejette l'occupation et continuera de le faire.

En Irak, le peuple irakien résiste à l'occupation par tous les moyens, conformément au droit international1. Seule la résistance populaire peut être reconnue comme expression du peuple iraquien et défenderesse de ses intérêts. Jusqu'à présent, les USA sont aveugles à cette réalité, espérant qu'un "élan diplomatique" , à la suite de la pression militaire constituée par un véritable nettoyage ethnique, permettra d'asseoir le gouvernement qu'ils imposent à l'Irak. Indépendamment de l'issue de la prochaine élection présidentielle US, les USA ne pourront jamais atteindre leurs objectifs impériaux, et les forces qu'ils imposent à l'Irak sont opposées aux intérêts du peuple irakien.

Certains en Occident continuent à justifier la négation de la souveraineté populaire à l'enseigne de la «guerre contre le terrorisme», criminalisant non seulement la résistance, mais aussi l'aide humanitaire à un peuple assiégé. Selon le droit international la résistance irakienne constitue un mouvement de libération nationale. La reconnaissance de la résistance irakienne est donc un droit, pas une option3. La communauté internationale a le droit de retirer la reconnaissance accordée au gouvernement imposé à l'Irak par les USA et de reconnaître la résistance irakienne.

Il est évident que l'Irak ne peut récupérer une stabilité, une unité et intégrité territoriale durables qu si sa souveraineté est garantie. Il est également évident que l'occupation US ne peut pas éviter d'avoir à rendre des comptes en essayant de reporter la responsabilité sur les voisins de l'Irak. Un pacte de non-agression, de développement et de coopération entre un Irak libéré et ses voisins immédiats est le moyen évident d'atteindre cette stabilité4. De par sa position géopolitique médiane, et compte tenu de ses ressources naturelles, un Irak libéré, pacifique et démocratique est essentiel au bien-être et au développement de ses voisins. Tous les voisins de l'Irak doivent reconnaître que la stabilité en Irak servirait leurs propres intérêts et s'engager à ne pas s'ingérer dans ses affaires intérieures.

Si la communauté internationale et les USA sont intéressés par la paix, la stabilité et la démocratie en Irak ils doivent accepter que seule la résistance irakienne - armés, civile et politique - peut atteindre ces objectifs en préservant les intérêts du peuple irakien. La première exigence de la résistance irakienne est le retrait inconditionnel de toutes les forces étrangères occupant illégalement l'Irak - y compris les sous-traitants privés - et le démantèlement de toutes les forces armées établies par l'occupation.

Le mouvement irakien contre l'occupation - dans toutes ses expressions – par sa défense du peuple iraquien, est la seule force habilitée à assurer la démocratie en Irak. Dans l'ensemble du spectre de ce mouvement, on s'accorde à penser qu'un gouvernement intérimaire constitué après le retrait US aurait deux missions: préparer le terrain pour des élections démocratiques et reconstituer l'armée nationale. Une fois ces tâches administratives accomplies, ce gouvernement intérimaire serait dissous, laissant les décisions concernant les réparations, le développement et la reconstruction à un gouvernement irakien souverain et librement élu dans un État de tous ses citoyens sans discrimination religieuse, ethnique, confessionnelle ou fondée sur le sexe.

Tous les lois, contrats, traités et accords signés sous l'occupation sont sans équivoque nuls et non avenus. Selon le droit international et la volonté du peuple irakien, la souveraineté totale sur les ressources pétrolières, naturelles, culturelles et matérielles de l'Irak repose entre les mains du peuple irakien, dans toutes ses générations, passées, présentes et futures. Toutes les composantes du mouvement contre l'occupation sont d'accord sur le fait Irakiens anti-occupation mouvement tous d'accord sur le fait que l'Irak devrait vendre son pétrole sur le marché international à tous les États qui ne sont pas en guerre avec lui, et en conformité avec les obligations de l'Irak comme membre de l'OPEP.

L'invasion US de 2003 était et reste illégale et le droit de la responsabilité de l'État exige que les États refusent de reconnaître les conséquences d'actes d'État illégaux5. La responsabilité de l'État comprend aussi un devoir de compensation. Les compensations doivent être payées par tous les acteurs étatiques et non-étatiques qui ont profité de la destruction et du pillage de l'Irak.

Le peuple iraquien aspire à la paix à long terme. Sur la base des conclusions d'Istanbul en 2005 du Tribunal mondial sur l'Irak6, et en reconnaissance des souffrances du peuple irakien agressé, les signataires de cette déclaration approuvent les principes énoncés ci-dessus pour la paix, la stabilité et la démocratie en Irak.

La souveraineté de l'Irak repose entre les mains de son peuple en résistance. La paix en Irak est facile à atteindre: PAR le retrait inconditionnel des USA et la reconnaissance de la résistance irakienne qui, par définition, représente la volonté du peuple irakien.

Nous lançons un appel à tous les gens épris de paix dans le monde à travailler pour soutenir le peuple irakien et sa résistance. L'avenir de la paix, de la démocratie et du progrès en Irak, dans la région et dans le monde en dépend.



Les membres du Réseau International Anti-Occupation7:

Abdul Ilah Albayaty, membre du Comité exécutif du BRussells Tribunal, www.brusselstribuna l.org, France - Irak

Hana Al-Bayaty, Coordinatrice de l' Initiative internationale des Irakiens sur les réfugiés, www.3iii.org, France - Égypte

Dirk Adriaensens, membre du Comité exécutif du BRussells Tribunal, www.brusselstribuna l.org, Belgique

John Catalinotto, International Action Center, http://www.iacenter .org/, USA

Ian Douglas, coordonnatrice de l'Initiative internationale pour l'engagement de poursuites contre le génocide US en Irak, www.USgenocide. org, Royaume-Uni - Égypte

Max Fuller, auteur de For Iraq, the Salvador Option Becomes Reality et Crying Wolf, death squads in Iraq - www.cryingwolf. deconstructingir aq.org.uk, Royaume-Uni

Paola Manduca, scientifique, New Weapons Committee, www.newweapons. org, Italie

Sigyn Meder, membre de l'Association de solidarité Irak à Stockholm, www.iraksolidaritet .se, Suède

Cristina Meneses, membre de la session portugaise du Tribunal mondial sur l'Irak, www.tribunaliraque. info/page/ inicio.html, Portugal

Mike Powers, membre de l'Association de solidarité Irak à Stockholm, www.iraksolidaritet .se, Suède

Manuel Raposo, membre portugais de la session portugaise du Tribunal mondial sur l'Irak, www.tribunaliraque. info/page/ inicio.html, Portugal

Manuel Talens, écrivain, membre de Cubadebate, Rebelión et Tlaxcala, Espagne

Paloma Valverde, membre de la Campagne espagnole contre l'occupation et pour la souveraineté de l'Irak (CEOSI), www.nodo50.org/ iraq/, www.iraqsolidaridad .org, Espagne

Le Feyt, France, 27 Août 2008



Notes

1 – Le droit à l'autodétermination, à l'indépendance nationale, à l'intégrité territoriale à l'unité nationale et à la souveraineté sans ingérence externe a été affirmé à de nombreuses reprises par divers organes de l'ONU, dont le Conseil de sécurité, l'Assemblée générale, la Commission des droits humains, la Commission juridique internationale et la Cour internationale de justice. Le principe d'autodétermination prévoit que dans les cas où celle-ci a été supprimée par la force, il puisse être fait recours à la force pour la restaurer.

La Commission des droits humains a réaffirmé de manière coutumière la légitimité de la lutte contre l'occupation par tous les moyens disponibles, y compris la lutte armée (CHR Resolution No. 3 XXXV, 21 February 1979 et CHR Resolution No. 1989/19, 6 March 1989).De manière explicite, la résolution 37/43, adoptee le 3 Décembre 1982 par l'Assemvblée générale de l'ONU "réaffirme la légitimité de la lutte des peuples pour l'indépendance, l'intégrité territoriale, l'unité nationale et la libération de la domination coloniale et étrangère et de l'occupation étrangère par tous les moyens disponibles, y compris la lutte armée ." (Voir aussi les résolutions de l'AG de l'ONU 1514, 3070, 3103, 3246, 3328, 3382, 3421, 3481, 31/91, 32/42 et 32/154).

2 - L'article 1 (4) du 1er Protocole additionnel aux Conventions de Genève, 1977, considère les luttes pour l'autodétermination comme des situations de conflit armé international. La Déclaration de Genève sur le terrorisme dispose: "Comme maintes fois reconnu par l'Assemblée générale des Nations Unies, les peuples qui luttent contre la domination coloniale et l'occupation étrangère et contre les régimes racistes dans l'exercice de leur droit à disposer d'eux-mêmes ont le droit d'utiliser la force pour accomplir leurs objectifs dans le cadre du droit international humanitaire. Ces utilisations licites de la force ne doivent pas être confondue avec des actes de terrorisme international. "

3- Les mouvements de libération nationale sont reconnus comme étant la conséquence du droit à l'autodétermination. Dans l'exercice de leur droit à l'autodétermination, les peuples sous domination coloniale et étrangère ont le droit "de lutter ... et de demander et recevoir un appui, conformément aux principes de la Charte »et en conformité avec la Déclaration relative aux principes du droit international concernant les relations amicales et la coopération entre les États. C'est dans ces termes que l'article 7 de la Définition de l'agression (résolution de l'Assemblée générale 3314 (XXIX) du 14 Décembre 1974) reconnaît la légitimité de la lutte des peuples sous domination coloniale ou étrangère. La reconnaissance par l'ONU de la légitimité de la lutte des peuples sous domination coloniale et étrangère ou occupation est en ligne avec l'interdiction générale du recours à la force consacrée dans la Charte des Nations Unies, selon laquelle un État qui soumet par la force un peuple à une domination coloniale ou étrangère commet un acte illicite tel que défini par le droit international, et le peuple soumis à cette occupation, dans l'exercice de son droit naturel de légitime défense, peut lutter pour défendre et réaliser son droit à disposer de lui-même.

4- La Déclaration relative aux principes du droit international concernant les relations amicales et la coopération entre les États (résolution de l'Assemblée générale 2625 (XXV)) cite le principe que «les États doivent s'abstenir dans leurs relations internationales de la menace ou de l'emploi de la force contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout État, ou de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies. » Individuellement et collectivement, l'Irak et ses voisins devraient s'engager à s'abstenir de recourir à la force ou de menacer d'y recourir, de faciliter le recours à la force ou la menace de recours à la force par d'autres acteurs, et en s'abstenant de toutes les formes de s'ingérer dans les affaires d'autres États. Individuellement et collectivement, l'Irak et ses voisins devraient également s'engager à la coopération et au développement sur la base de la négociation, de l'arbitrage et de l'avantage mutuel.

5- L'article 41 (2) du projet d'articles sur la responsabilité des États de la Commission du droit international de l'ONU, représentant la règle du droit international coutumier (résolution 56/83 du 28 Janvier 2002 adoptée en Assemblée générale des Nations unies : « la responsabilité des États dans des actes illégaux »), empêche les États de bénéficier de leurs propres actes illégaux: « Aucun État ne doit reconnaître comme licite une situation créée par une violation grave [d'une obligation découlant d'une norme impérative du droit international général] », chapitre III (e), Résolution 36/103 du 14 Décembre 1962 de l'Assemblée générale des Nations Unies, "Déclaration sur le caractère inadmissible de l'intervention et ingérence dans les affaires intérieures des États".

6- Déclaration du Jury, Tribunal mondial sur l'Irak, Istanbul, 23-27 Juin 2005.

7- Le Réseau international contre l'occupation est une coalition de groupe solidaires du peuple irakien, pour la souveraineté de l'Irak et contre l'occupation de l'Irak sous direction US. Il a été établi en avril 2006 lors du séminaire international sur l'assassinat d'universitaires et de professionnels de santé irakiens, dont la résolution finale peut être lue ici.



À diffuser largement SVP

Pour les signatures individuelles et colectives :




http://www.tlaxcala .es/detail_ campagne. asp?lg=fr&ref_campagne= 5





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Personalités internationales se joignant à notre engagement en faveur d'une fin véritable de l'occupation et d'ne paix durable et soutenable en Irak

Ramsey Clark, Former U.S. Attorney General, international human rights activist, founder of the International Action Center - USA

Cynthia McKinney, Green Party US Presidential Candidate, www.runcynthiarun. org - USA

Denis Halliday, Former UN Assistant Secretary General & United Nations Humanitarian Coordinator for Iraq 1997-98 - Ireland

François Houtart, Director of the Tricontinental Center (Cetri), spiritual father and member of the International Committee of the World Social Forum of Porto Alegre, Executive Secretary of the Alternative World Forum, President of the International League for rights and liberation of people and president of the BRussells Tribunal - Belgium

Socorro Gomes, Chairwoman of WPC - World Peace Council and of Cebrapaz - Brazilian Center of Solidarity with Peoples and Struggle for Peace

José Francisco Gallardo Rodríguez, General Major and PhD. in Public Administration - Mexico

Manik Mukherjee, Deputy, International Affairs, Socialist Unity Center of India, General Secretary, International Anti-imperialist and People's Solidarity Coordinating Committee - India

Eduardo Galeano, Essayist, journalist, historian, and activist - Uruguay

Harold Pinter, Author, Nobel Prize in Literature 2005 - UK

James Petras, Author - USA

Jan Myrdal, Author - Sweden

Michael Parenti, Author - USA

Peter Curman, Author - Sweden

Rosa Regàs, Author - Spain

Santiago Alba Rico, Author, philosopher, member of www.rebelion. org, Spain – Tunisia

William Blum, Author, USA

Issam Chalabi, Former Iraqi Oil Minister, Iraq/Jordan

Dr. Omar Al Kubaisy, Senior iraqi cardiologist, anti occupation politician and activist on iraq health & medical situation

Dr. Saeed H. Hasan, Former Iraqi Permanent Representative to the United Nations - Iraq

Dr. Saadallah Al-Fathi, Former head of the Energy Studies Department at OPEC - Iraq

Salah Omar Al Ali, Ex iraqi minister/ex Iraq's ambassador to UN

Faruq Ziada, Former Iraqi Ambassador

Majid Al Samarai, Former Iraqi ambassador

Wajdi A. Mardan, Writer and Iraqi Diplomat

Naji Haraj, former Iraqi diplomat, human rights activist

Hassan T. Walli Aydinli, President of the Committee for the Defence of the Iraqi Turkmens' Rights – Belgium-Iraq

Sabah Al-Mukhtar, President of the Arab Lawyers Association - Iraq / UK

Mohammed Younis Alobaidi, Oil Expert, Petroleum Consultancy Group (PCG) Board Member

Prof. Dr. Zuhair Al Sharook, Former President of Mosul University, Iraq

Dr. Abdul Razaq M. Al Dulaimi, Dean of college of communication in Baghdad before the invasion

Mohammed Aref, Science writer - Iraq / UK

Muhamad Tareq Al-Deraji, Director of Monitoring net of human rights in Iraq - President of CCERF - Fallujah

Dr. Mousa Al-Hussaini, Iraqi Writer

Buthaina al Nasiri, Author and activist, Iraq-Egypt

Dr. Souad Naji Al-Azzawi, Asst. Prof. Env. Eng. - University of Baghdad - Iraq

Mundher Al-Adhami, Research Fellow at Kings College London - Iraq / UK

Nermeen Al-Mufti, Former co-director of Occupation Watch - Journalist - Iraq

Salam Musafir, Iraqi author and journalist based in Russia

Wafaa' Al-Natheema, Independent journalist, activist, founder of the Institute of Near Eastern & African Studies (INEAS), filmmaker, author of "Untamed Nostalgia - Wild Poems," http://zennobia. blogspot. com

Hisham Bustani, Writer and Activist, Secretary - Socialist Thought Forum, Jordan

Nada Kassass, Activist, Egypt

Dr Sahera Al Abta, Academic,Doctor in biology,Faculty of Sience,Iraq/ Amman

Sabah Al-Khozai, Academic & Politician

Dr. Mahmoud Khalid Almsafir, Ass. Prof. International Economics, Kuala Lumpur, Malaysia

Ghali Hassan, Independent writer living in Syndey, Australia

Yasar Mohammed Salman Hasan, Computer science and business management - UK

Abdul Wahab Hamid Rashid, Iraq/Sweden

Asma Darwish Al-Haidari, Economist and Activist – Amman

Dr. Curtis F.J. Doebbler, International Human Rights Lawyer - USA

Karen Parker, Attorney, Association of Humanitarian Lawyers, partners of the BRussells Tribunal - USA

Niloufer Bhagwat, Vice President of Indian Lawyers Association - Mumbai / India

Amy Bartholomew, Law professor - Canada

Jennifer Van Bergen, Journalist, author writing about civil liberties, human rights and international law, law lecturer at the Anglo-American University in Prague

Ana Esther Ceceña, Researcher/professo r in geopolitics, National Autonomous University of México, Director of the Geopolitics Latinamerican Observatory – Mexico

Ángel Guerra Cabrera, Journalist and professor - Cuba

April Hurley, MD, Iraq Peace Team, Baghdad 2003 – California, USA

Azildin Bin Hussain Al Qutamil, Arab Avant Guard-blog - Tunis

Dr. Bert De Belder, Coordinator Intal & Medical Aid For The Third World - Belgium

Carlos Fazio, Journalist and academic - Mexico

Carlos Taibo, Professor of Political Sciences, Madrid Autonomous University - Spain

Carmen Bohorquez, Philosopher, Coordinator of the network of networks In Defense of Humanity – Venezuela

Dr. Chandra Muzaffar, President of JUST International - Malaysia

Claudio Moffa, Professor of History - Italy

Corinne Kumar, Secretary General of El Taller International - Tunesia / India

Dahr Jamail, Independent journalist, author: Beyond the Green Zone: Dispatches from an Unembedded Journalist in Occupied Iraq - USA

David Miller, Professor of Sociology at Strathclyde University, co-founder of Spinwatch - UK

Dirk Tuypens, Actor - Belgium

Elias Davidsson, Composer, international law scholar and activist for 9/11 truth – Germany

Eric Goeman, Coordinator ATTAC - Belgium

Fausto Giudice, Writer, translator, activist, member of Tlaxcala – Italy/France

Felicity Arbuthnot, Journalist - UK

Frank Vercruyssen, Actor, TG Stan - Belgium

Frantz Mendes, President United Steel Workers Local 8751 - USA

Dr. Gideon Polya, Scientist, author of Body Count. Global avoidable mortality since 1950 - http://mwcnews. net/Gideon- Polya, Australia

Gie van den Berghe, Professor University of Ghent - Belgium

Gilad Atzmon, Musician, writer, pro-Palestinian activist – UK

Gilberto López y Rivas, Anthropologist - Mexico

Prof. Hedvig Ekerwald, Dept of Sociology, Uppsala University - Sweden

Prof. Em. Herman De Ley, Em. Prof. Ghent University, Ex-director of Centre for Islam in Europe - Belgium

Isaac Rosa, Writer - Spain

James E. Jennings, PH.D., President, Conscience International, Inc., a humanitarian aid and human rights organization working primarily in the Middle East; and Executive Director, US Academics for Peace, a group of university professors dedicated to dialogue among civilizations - USA

Jean Pestieau, Professor Emeritus, Catholic Univercity of Louvain (UCL), Belgium

Joachim Guilliard, Journalist, Anti-war movement - Germany

John Saxe-Fernández, Professor of political science, National Autonomous University - Mexico

Jos Hennes, Publisher EPO - Edition House - Belgium

José Reinaldo Carvalho, Journalist, politologue, Relations Internationales, Cebrapaz - Centre Brésilien Pour la Solidarité avec les Peuples et la Lutte pour la Paix - Brazil

Kris Smet, Former Journalist - Belgium

Larry Holmes, Troops Out Now Coalition - USA

LeiLani Dowell, Fight Imperialism, Stand Together - USA

Prof. Dr. Lieven De Cauter, Philosopher, K.U. Leuven / Rits, initiator of the BRussells Tribunal - Belgium

Lolo Rico, Screenwriter - Spain

Ludo De Brabander, Vrede, Peace Organisation - Belgium

Luz Gómez García, Lecturer. Universidad Autonoma de Madrid - Spain

Manlio Dinucci, Journalist Il Manifesto - Italy

Marc Vandepitte, Philosopher - Belgium

Maria McGavigan, Institute for Marxist Studies, Brussels

Dr Mario Novelli, Lecturer in International Development, University of Amsterdam, Netherlands

Maruja Torres, Writer and journalist - Spain

Mary Rizzo, Writer, Translator, pro-Palestinian activist, member of Tlaxcala - USA/Italy

Mathias Cederholm, Historian University of Lund, member in the Iraq Committe in Malmö, Sweden

Merry Fitzgerald, Europe-Turkmens of Iraq Friendships – Belgium http://www.turkmenf riendship. blogspot.com/

Michel Chossudovsky, Economics professor and director, Centre for Research on Globalization (CRG) - Canada

Michel Collon, Author, journalist - Belgium

Miguel Álvarez Gándara, member of SERAPAZ, http://www.serapaz. org.mx/ - Mexico

Dr. Nayar López Castellanos, National Autonomous University of México – Mexico

Pascual Serrano, Journalist, member of www.rebelion. org - Spain

Paul Vanden Bavière, Former journalist De Standaard, publicist and editor of webzine Uitpers - Belgium

Pedro Monzón, Professor, Coordinator of the Cuban Chapter In Defense of Humanity - Cuba

Dr. Pol De Vos, Public Health Researcher - Peace movement, Belgium

René Naba, Journalist, writer - France

Robin Eastman-Abaya, Physician and human rights activist - USA

Prof. Rudi Laermans, Sociologist, Catholic University of Leuven - Belgium

Sara Flounders, Co-director of the International Action Center

Sarah Meyer, Independent researcher living in Sussex - UK

Saul Landau, Scholar, author, commentator, and filmmaker on foreign and domestic policy issues, fellow of the Institute for Policy Studies – USA.

Sköld Peter Matthis, Ophthalmologist - Sweden

Stephan Galon, ABVV Trade-Union Secretary / Permanent Syndical Centrale Générale FGTB - Belgium

Stéphane Lathion, Swiss scholar (Fribourg University) - President of the GRIS (Research Group on Islam in Switzerland) .

Stephen Eric Bronner, Professor of political science, Rutgers University - USA

Stevan Kirschbaum, Chair Grievance Committee United Steel Workers 8751 - USA

Steve Gillis, Vice President, United Steel Workers Local 8751 - USA

Teresa Gutierrez, May 1st Coalition for Immigrant and Worker Rights Co-Coordinator and Deputy Secretary General International Migrant Alliance (organizations for ID only) - USA

Dr. Thomas M. Fasy, MD PhD, Clinical Associate Professor, Mount Sinai School of Medicine – USA

Víctor Flores Olea, Writer and political scientist - Mexico



Organisations signataires

All India Anti-imperialist Forum - India

BRussells Tribunal - Belgium

CEOSI - Spain

Conscience International - USA

El Taller International - Tunesia

INTAL - Belgium

International Action Center - USA

International Anti-imperialist and People's Solidarity Coordinating Committee

The Iraq Solidarity Association in Stockholm (IrakSolidaritet) - Sweden

Medical Aid For The Third World - Belgium

Muslim Peacemaker Teams - Iraq

Palestine Think Tank (Free Minds for a Free Palestine)

Tlaxcala, The Translators' (Global) Network for Linguistic Diversity

US Academics for Peace - USA

World Courts of Women



Nous engageons le mouvement international pour la paix, la societé civile et les hommes et femmes politiques à suivre leur exemple





Campagne débutée le 19/09/2008

dimanche 10 août 2008

Le rôle du Mossad en Irak


Le rôle du Mossad dans l'assassinat des savants irakiens

D'après le Département d'Etat américain, le Mossad a assassiné plus de 350 savants atomistes et 300 professeurs d'université irakiens.

Citant le site d'informations Mohit, l'Agence d'informations Farsnews a rapporté que le rapport envoyé par le Département d'Etat américain au Président George W. Bush, révélait que le Mossad avait procédé, en 2003, à la formation militaire de Kurdes et de membres de certains partis, avec l'objectif de renverser le gouvernement irakien de l'intérieur du pays. La principale mission des officiers et des snipers du régime sioniste, en Irak, dont les activités ont commencé, il y a un an, est d'éliminer les savants irakiens, d'après ce même rapport, qui indique qu'un groupe sécuritaire américain spécial avait, aussi, aidé les forces israéliennes à réaliser cet objectif.

IRIB

dimanche 15 juin 2008

usage du Napalm en Irak par les USA


The Iraqi Rabita -League reveals crimes committed by the American occupation forces in conjunction with the Iraqi forces in Mosul

Iraqirabita

mosul1.jpg

June 10, 2008

In another round of American crimes against the people of Iraq, the information about to be provided , will show the extent of the American lawless hysteria and its total disregard for human lives. And will also show the criminal complicity of those who took the Americans as military and political allies and as friends and who provide to them their services -- all conducted in the Green Zone.

On the eve of Wenesday 11.7.2007, heavy fighting broke out in the Sheikh Fathi center in the Zanjilia district from unknown armed men.

American helicopter planes rushed and some of these unknown armed men fired at the planes.

The americans responded by using forbidden weapons and bombed the house of a Taha Al-Janbil, a Judge. All those who were in the house were immediately killed.

We met the Judge Taha. Al-Janbil who was not at home when this murder happened and he informed us of the following :

1)- After the crime, the Americans came to visit him and gave him the name of some senior American army member. So he understood that this was an attempt by some Americans to cover up for their crime --- by providing the name of a high up American army name.

2)- several TV stations and newspapers came to Mosul to see for themselves, but the following channels even though they received the reports refused to air or publish it - these channels were Dubai TV, Naharain TV and Baghdad TV.

3)- the judge Taha believes that the americans used weapons that are forbidden and he believes they were phosphorus bombs. One family member Farhan Ahmed who arrived at the scene tried saving another member but was burned himself when he tried carrying this family member and got his hands lightly burned. He went to the hospital to treat those light burns only to see that they turned green and he died from phosphorus /napalm poisoning .

4)- The members from Judge Taha Al-Janbil family who were killed that day by the Americans were.

- Ahmad Jamil Al-Janbil - 70 years old - the grandfather
- Hameeda Brahim al Balwee - 63 years old - the grandmother
- Farhan Ahmad Jameel - 43 years old - the son.
- Muawiya Ahmad Jameel - 30 years old - the son
- Ahmad Farhan Ahmad - 13 years old - the grandson
- Hatem Farhan Ahmad - 10 years old - the grandson.

- the only survivor with severe burns - Jameela Ahmad Jameel - the daughter
and another 11 severly wounded from the homes in the vicinity.












voir, en arabe,le lien
http://www.iraqirabita.org/index.php?do=article&id=14340



l'Irak et ses enfants irradiés

L'Irak et ses enfants irradiés


L'Irak et ses enfants irradiés
Un militant américain des droits de l'homme et membre de la coalition internationale de l'interdiction de l'usage des sous-munitions a déploré que l'Irak occupé soit transformé en une poubelle pour des déchets nucléaires américains, déchets que les Etats-Unis utilisent à travers ses armes contre la population civile.

L'uranium appauvri (DU), issu du processus de l'enrichissement de l'uranium et composé de déchets du combustible nucléaire a une demi-vie égale à un tiers de celle de l'U235 et l'U234 qui est de 4.5 milliards d'années. La dose de radiation de l'uranium appauvri est presque la moitié de celle de l'uranium naturel (238).

Selon les scientifiques, l'usage de ces métaux a des conséquences directes sur le fonctionnement de l'organisme humain et bien que leur toxicité soit inférieure à celle d'autres métaux comme Arsenic par exemple, leur demi-vie relativement courte les rend encore plus nocifs. Alors les recherches se poursuivent sur les effets cancérigènes de l'uranium appauvri, les chercheurs établissent un rapport de cause à effet entre son usage durant la guerre de 1991 contre l'Irak et la naissance des enfants atteints de malformation. Les enquêtes confirment l'extrême sensibilité du tissu nerveux, du système génétique et de reproduction des êtres vivants aux effets de l'UA.

Les activistes des droits de l'homme et de la paix s'inquiètent de l'utilisation de l'uranium appauvri par l'armée américaine qui emploie largement des bombes ou d'autres engins à sous munition. Ces militants soulignent aussi le fait que les déchets nucléaires servent de matière première à ces engins à sous munition, ce qui rend leur usage encore plus dangereux. Selon des rapports confidentiels publiés au sein du Pentagone, l'emploi massif de l'UA menacerait même la santé des forces américaines. Selon un militant de la paix, les soldats américains sont pour la plupart malades. Toujours selon cette source, ces anciens soldats qui travaillent actuellement dans les Ongs de paix rendent public les résultats de leurs examens médicaux qui relient leur maladie à l'usage de l'UA. Ces examens, extrêmement onéreux (2000 dollars par personne) ont été effectués par un appareil spécialement conçu par les ingénieurs allemands à cette fin.

Toujours selon ce rapport, le Pentagone cherche à marchander le silence de ces soldats. Moyennant de l'argent, la hiérarchie militaire espère encourager ces soldats à ne pas déposer plainte auprès de la justice contre l'armée. Herbert Reed, rejoint par le journaliste de l'agence Mehr est l'un de ces soldats qui a refusé ce genre de marchandage et qui coopère actuellement avec la coalition onusienne de l'interdiction de l'usage de l'uranium (ICBUW). "Ce que nous cherchons à faire savoir à l'opinion internationale c'est notre opposition à l'utilisation ce ces engins , engins qui font des victimes civiles en Irak et dans les rangs mêmes de l'armée américaines et qui menacent l'avenir des enfants de nos soldats, a-t-il ajouté.


http://french.irib.ir http://french.irib.ir

dimanche 1 juin 2008

J'ai honte de l'indifférence occidentale en Irak


J'ai honte de l'indifférence occidentale
face à la tragédie irakienne !

Le député chrétien-démocrate Jürgen Todenhöfer a rencontré en Irak des gens simples, victimes de la guerre et de l'occupation. Il a rapporté de son voyage un livre de témoignage et d'analyse qui donne à réfléchir sur notre perception de ce conflit, de cette population et de sa culture.

« J'ai honte de l'indifférence occidentale face à la tragédie irakienne »


Le député chrétien-démocrate Jürgen Todenhöfer a rencontré en Irak des gens simples, victimes de la guerre et de l'occupation. Il a rapporté de son voyage un livre de témoignage et d'analyse qui donne à réfléchir sur notre perception de ce conflit, de cette population et de sa culture.

"Au cours des 25 dernières années, un certain nombre de pays ont particulièrement souffert de guerre et de privations. L'Irak en est un exemple. D'abord une guerre contre l'Iran – fomentée par les États-Unis – pendant presque toute la décennie quatre-vingt, qui coûta 8 millions de victimes aux deux pays, menant ces derniers au bord d'une catastrophe économique. Puis une autre guerre , menée avec une violence particulière ; une guerre qu'on aurait pu éviter par des négociations, comme on le sait aujourd'hui, mais que la coalition de guerre, menée par les États-Unis, voulait au début de 1991. Le résultat en fut non seulement des centaines de milliers de morts, la destruction d'une grande partie des infrastructures du pays, mais encore la contamination pour des années de cette région par des munitions à l'uranium. Cela fut suivi de 12 années de sanctions particulièrement rudes qui coûtèrent la vie à 1,5 million d'Irakiens. Enfin la résistance, qui dure depuis cinq ans, envers une agression et une occupation, menées par les États-Unis, au mépris du droit international, qui provoque, une fois de plus, des millions de victimes. Comment perçoit-on ces événements en Europe ? Par exemple, en tant qu'Allemand qui mène une vie plus ou moins bien réglée, qui ne doit pas craindre que chaque jour soit le dernier pour lui, sa famille, ses voisins ou ses amis. Comment prend-on conscience que cette puissance, dont il est prétendu, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, qu'elle serait l'allié le plus sûr et le meilleur ami, commette les pires crimes de guerre ? Et comment se fait-il que nous Européens, nous autres Allemands, laissions faire nos gouvernements, nos militaires, une partie de notre économie et de nos médias qui participent de près ou de loin à ces crimes ? La langue de bois en faveur de la propagande de guerre US n'est plus de mise".

Jürgen Todenhöfer, ancien politicien de la CDU (chrétiens-démocrates) et député du Land de Tübingen au Bundestag, actuellement vice-président du conseil d'administration de la maison d'édition Burda, vient de publier, dans la cinquième année de guerre en Irak, un livre (Warum tötest du Zaid ? 2008, ISBN 978-3-570-01022-8) qui se présente comme un contre-poids. Un livre rapportant des conversations avec la résistance irakienne dans la ville de Ramadi, à l'ouest de Bagdad, un livre relatant les rencontres sur le plan humain et révélant les motifs et les objectifs de la résistance.
Et il semble bien que ce soit là le premier livre, dans l'espace germanophone, qui ne manie pas la langue de bois dans le sens de la propagande de guerre, soit les questions de terrorisme et de guerres de religion, ou de la menace islamique qui justifieraient la présence de GI'S en Irak, mais qui donne la parole aux hommes et femmes qui résistent.
C'est ainsi qu'on obtient une vue différenciée qui montre que la résistance est l'affaire de l'ensemble du peuple irakien ; qui dément le préjugé selon lequel les Irakiens se combattraient mutuellement pour des raisons religieuses ; qui démontre que les actes de terreurs dirigés contre la population ne sont que rarement le fait des Irakiens eux-mêmes, mais en majorité de combattants étrangers, de milices gouvernementales, d'escadrons de la mort menés par les États-uniens, voire des troupes d'occupations elles-mêmes ; qui apporte la preuve qu'on ne peut envisager la paix tant que les troupes d'occupation séviront dans le pays et que ce ne serait possible qu'une fois celles-ci retirées ;
qui présente des hommes et des femmes qui n'ont plus d'autre solution que de résister à une troupe d'occupation barbare dans son comportement.
C'est pourquoi ce livre est davantage qu'un coup d'œil sur la résistance irakienne. C'est une fenêtre ouverte sur les agissements des troupes d'occupation. Enfin un auteur allemand de renom révèle ce que précédemment des auteurs étatsuniens tels que Evan Wright (Generation Kill. Das neue Gesicht des amerikanischen Kriege » 2005, ISBN 3-86150-725-0) ou Joshua Key (Ich bin ein Deserteur 2007, ISBN 978-936096-80-4) avaient osé écrire.
Les victimes irakiennes ont enfin la parole.
C'est un livre humain, laissant la parole aux victimes de ce pays
« Ne pouvez-vous pas faire comprendre à vos amis étatsuniens qu'ils doivent cesser de placer nos enfants devant l'alternative soit d'assister sans sourciller au massacre de leurs familles ou de se mettre eux-mêmes à tuer ? Ne pouvez-vous leur inculquer qu'il est temps de cesser cette guerre, qui cause, de façon insensée, des victimes parmi leurs soldats et nos propres fils ? Nous n'en pouvons plus. Ce seront bientôt toutes les femmes irakiennes qui auront à pleurer l'un des leurs. Qu'avons-nous fait aux États-uniens ? » C'est ce qu'entendit l'auteur de la part d'une mère.
A la fin de la première partie de son livre présentant ces entretiens, l'auteur exprime ses sentiments, tout comme s'il nous représentait nous tous, après avoir dialogué avec un jeune homme entré en résistance, alors qu'il avait perdu ses frères innocents par un commando de terreur des troupes d'occupation US : « Je n'oublierai jamais ce jeune homme quoiqu'il arrive ; jamais les larmes des gens que j'ai rencontrés à Ramadi. Une guerre maudite, reposant sur le mensonge et perdue – perdue pour tout le monde. Je suis écœuré de voir qu'en Occident on parle et rêve encore de ‹victoire› et j'ai honte de l'indifférence occidentale face à cette tragédie. Rarement j'ai eu un tel sentiment de honte comme à Ramadi » .
Quelques thèses concernant la relation entre le monde occidental et le monde de l'Islam
La deuxième partie du livre consiste en un « épilogue très personnel » qui dépasse toutefois largement une prise de position personnelle et rappelle à tout un chacun, en réflexion, combien il est erroné de considérer l'Islam comme agressif et menaçant pour le monde occidental. Bien au contraire : Jürgen Todenhöfer formule des thèses concernant la relation du monde occidental avec celui de l'Islam, qui jettent une autre lumière sur les conflits actuels. Par exemple :
« L'Occident est nettement plus violent que le monde de l'Islam. Depuis le début de la colonisation, plus de quatre millions de civils arabes ont été tués ».
Ou bien
« Du fait de la politique de guerre de l'Occident, il n'est pas étonnant d'observer que les extrémistes islamiques attirent toujours plus de monde ».
Ou bien
« Les terroristes camouflés en islamistes sont des assassins. Mais quant aux dirigeants de guerres d'agression en dépit du droit international camouflés en chrétiens, c'est pareil ».
Ou bien
« Les Musulmans furent et sont toujours, pour le moins, aussi tolérants que les Juifs et les chrétiens. Ils ont eu une grande influence sur la culture occidentale ».
Ou bien
« On trouve l'amour de Dieu et de son prochain non seulement dans la Bible, mais aussi dans le Coran, comme commandement central ».
Ou bien
« La politique de l'Occident par rapport au monde musulman se caractérise par une ignorance crasse des faits les plus simples ».
Ou bien
« La nécessité du moment s'appelle l'art de diriger l'État et non pas celui de mener des guerres, qu'il s'agisse de celle d'Iran, d'Irak ou du conflit en Palestine ».
Toutes ces thèses méritent d'être étudiées à fond et de provoquer des discussions larges – ce qui irait vraiment dans le sens de l'auteur.
Une bonne partie du livre est consacrée à de larges extraits de la Bible et du Coran. C'est une façon pour Jürgen Todenhöfer de réfuter la conception d'un inévitable « choc des civilisations » et du caractère irréconciliable du christianisme, du judaïsme et de l'Islam. Il se place ainsi dans la tradition du « Projet d'éthique planétaire », du théologien de Tübingen, Hans Küng. Il rappelle aussi que le monde des intellectuels avait accompli de plus grands progrès que l'idéologie néoconservatrice d'aujourd'hui, et bien plus loin que toute idéologie actuelle orientée vers le pouvoir et la violence qui l'accompagne. Il confirme aussi ce que 138 théologiens musulmans avaient écrit en octobre 2007 au pape Benoît XVI : « Le christianisme et l'Islam sont les deux plus grandes religions du monde, cela tout au long de l'histoire. Les chrétiens représentent un tiers de l'humanité, les musulmans un cinquième, ce qui fait 55% du total. La relation entre ces deux communautés religieuses prend donc une dimension particulière pour imposer la paix dans le monde. Si les chrétiens et les musulmans ne peuvent vivre en paix entre eux, alors il ne peut y avoir de paix dans le monde ».

combien de "11 septembre" en Irak par mois (morts)


Au nombre de morts, combien de "11 septembre" par mois en Irak ?

Par
Rue89.com

L’épidémiologue américain Les Roberts vient de publier une enquête sur la mortalité en Irak après l’invasion, dans le magazine médical britannique The Lancet, provoquant une grande controverse aux Etats-Unis. Rencontre avec celui qui estime à plus de 650 000 le nombre de morts depuis l’invasion de 2003. L’épidémiologue américain Les Roberts a mesuré la mort et la morbidité dans une douzaine de pays en tant qu’employé des Centers for Disease Control and Prevention à Atlanta (CDC), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’International Rescue Committee à New York.

Sa dernière enquête sur la mortalité en Irak, après l’invasion, récemment publiée dans le magazine médical britannique The Lancet, a provoqué une grande controverse aux Etats-Unis. Les auteurs ont estimé plus de 650 000 morts depuis l’invasion de 2003. Le Président Bush et les commentateurs conservateurs ont mis en cause ses résultats, les jugeant surélevés. Dans la communauté scientifique, les réactions sont mitigées. De nombreux experts soutiennent les méthodes employées par Dr Roberts et ses collègues pour estimer le nombre total des morts irakiens ; d’autres discréditent les résultats à cause de la taille de l’échantillon et de certains aspects méthodologiques du sondage.


Pourquoi essayer de chiffrer le nombre de morts ?


Cela nous aide à financer et à mettre en place des programmes humanitaires, mais aussi à évaluer les progrès. Par ailleurs, les estimations chiffrées aident à attirer l’attention sur des crises comme le Darfour et en Irak. Quand nous avons mesuré la mortalité au Congo (RDC), trois maladies (le paludisme, les diarrhées, et les infections respiratoires aiguës) y étaient responsable de la plupart des morts. Au Zimbabwe, la tuberculose et le VIH étaient les premières causes de mortalité. Ces profils différents de mortalité appellent des réponses complètement différentes de santé publique.


À quoi vous attendiez-vous en allant en Irak en 2004 ? Qu’y avez-vous trouvé ?


Dans chaque conflit que j’avais étudié jusqu’à présent (sept, je crois), à part la Bosnie, beaucoup plus de gens étaient morts des conséquences indirectes de la guerre que de la violence elle-même. Lors d’un conflit, les services publics cessent de fonctionner normalement : l’approvisionnement d’eau s’arrête, il se peut que les hôpitaux ferment, plus de femmes meurent en couches parce qu’elles n’arrivent pas à se rendre à l’hôpital à temps... Cela a toutes sortes d’effets nocifs sur la santé des habitants touchés par le conflit, soit à cause des dysfonctionnements de la société, soit à cause du stress de la vie quotidienne.

En Irak, nous nous attendions à trouver cette mortalité indirecte. Mais ce qui nous a surpris c’était que la plupart de l’accroissement du taux de décès était dû directement à la violence.


Vos résultats, y compris vos deux bilans sur la mortalité en Irak, sont basés sur des sondages auprès d’un échantillon de foyers -ce que l’on appelle en anglais, un "household cluster mortality survey"- et non pas un décompte du nombre de morts. Pourriez-vous expliquer cette méthodologie ?


Au lieu de choisir un échantillon de foyers répartis à travers le pays, vous choisissez un échantillon de villages ou de quartiers et beaucoup de foyers individuels dans ces quartiers, ce qui facilite grandement la logistique. Dans chaque foyer, vous demandez : "Qui habite ici ?" Nos questions en Irak étaient : "Qui a dormi sous votre toit pendant les soixante dernières nuits ?" puis "Qui dans la maison est né et qui est mort dans les derniers mois ?" A partir des réponses, vous calculez un taux de mortalité.

Qu’est-ce qui a changé en Irak depuis votre enquête de 2006 ?

La deuxième enquête était similaire dans sa conception et sa méthodologie, mais nous avons essayé de nous rendre dans cinquante endroits différents au lieu de trente-trois lors de la première enquête. Le taux de mortalité a beaucoup progressé. Nous estimons qu’il y a eu environ 650 000 morts "en excès", dont 90% étaient dues directement à la violence.


Le gouvernement irakien a mené une enquête similaire, publiée en janvier par le prestigieux magazine médical The New England Journal of Medicine. En quoi cette enquête diffère-t-elle de celle que vous avez publiée dans The Lancet en 2006 ?


Les conclusions générales de cette nouvelle enquête sont très similaires à celles de l’enquête du Lancet. Ils ont trouvé que la mortalité avait doublé dans les trois années suivant l’invasion américaine. Nous, nous avons conclu que la mortalité avait augmenté de 2,4 fois après l’invasion. Ils ont estimé un taux de mortalité avant-et-après qui était à peu près le même que celui de notre enquête. La grande différence entre les deux enquêtes, c’est leur estimation du pourcentage de ces décès supplémentaires dus directement à la violence. Pour notre enquête du Lancet, pratiquement toute la mortalité supplémentaire est attribuée à la violence. La nouvelle enquête du gouvernement irakien a trouvé que seulement un tiers de l’augmentation, soit un mort sur six, était dû à la violence. Cela ne correspond absolument pas aux données que nous avons recueillies à la morgue de Bagdad et sur les enterrements de Najaf. On peut imaginer que les civils irakiens n’admettent pas facilement aux employés du gouvernement menant l’enquête que les leurs sont morts de la violence.


En quoi le nombre de morts en Irak concerne-t-il les citoyens américains ?


D’abord, c’est très mauvais pour notre sécurité nationale d’entendre le Président déclarer, comme en décembre 2005, que plus ou moins 30 000 Irakiens sont morts depuis l’invasion, pour avoir ensuite le gouvernement irakien, partenaire des Etats-Unis, dire que ce chiffre est quatre fois trop bas. Cela creuse encore plus le fossé nous séparant des peuples du Proche-Orient. Deuxièmement, si notre commandant en chef ne sait pas, dans un facteur de 4 à 10, combien d’Irakiens sont morts, comment pouvons-nous dire si le "surge” (l’augmentation du nombre de troupes en 2007, ndlr) a marché ou pas ? Comment pouvons-nous évaluer les tendances dans ce cas ? Le troisième point, et le plus important, c’est que cette guerre était "pré-emptive". En tant que démocratie, comment pouvons-nous déterminer si les coûts ont surpassé les bénéfices si nous ne connaissons pas les vrais coûts ?


Comment faites-vous la différence entre votre rôle de scientifique et celui d’avocat d’une cause ?


En tant que scientifique, vous amassez des données et des preuves qui peuvent vous faire changer d’avis sur n’importe quel sujet. Les militants s’intéressent plus à l’action et aux preuves qui renforcent leur position. Moi, je suis avant tout un scientifique, même si tous les projets sur lesquels j’ai travaillé récemment sont fondamentalement politiques. Ce qui me fait avancer, ce sont les données, pas les jugements préconçus. La bonne réponse de santé publique à la violence est d’arrêter la violence, et ce processus est beaucoup plus clairement politique que la plupart des projets qu’entreprennent mes condisciples.


De tout ce que vous avez vu et vécu en Irak, quelle est l’expérience que vous aimeriez le plus faire partager et comprendre aux Américains ?


Quand j’étais en Irak en 2004, je demandais à toutes les personnes que je rencontrais : "Pourquoi pensez-vous que les Américains sont venus ?" Invariablement, leur première réponse était spontanément : "A cause du pétrole !" Peu importe si c’était vrai, ce qui compte, c’est que c’était leur perception des motivations américaines. Si nous pensons aux attaques du 11 Septembre et réalisons que l’Irak a une population à peu près équivalente à celle de la zone métropolitaine de New York, ce nouveau bilan du gouvernement irakien suggère que les Irakiens ont connu un nombre de morts violentes équivalant à deux attaques similaires au 11 Septembre par mois pendant les trois premières années de l’occupation. Ça, c’est d’après le gouvernement irakien. Quant à notre enquête, elle estime l’équivalent de six "11 Septembre" par mois ! In fine, peu importe que ces morts aient résulté directement de l’invasion américaine ou de conséquences indirectes imprévues. Ce qui est certain, c’est que des centaines de milliers d’Irakiens sont morts. Qui, parmi nos dirigeants, a exprimé du regret et du remord pour cela ? J’ai bien peur que notre orgueil à ce sujet nous aveugle et crée une perception dans le reste du monde à l’opposé de l’idée que nous nous faisons de nous-mêmes.

Propos recueillis par JUDITH WEINSTEIN

vendredi 30 mai 2008

journalistes assassinés en Irak : la honte de RSF (une de plus)

Journalistes assassinés en Irak: la honte de RSF en sept dates


Résumé de l'affaire :


1 - Le 8 avril 2003, tir d'un char US contre l'hôtel Palestine où se trouvaient des centaines de journalistes étrangers : mort du cameraman espagnol José Couso et de son collègue ukrainien Taras Protsyuk. Le jour même, le Syndicat National des Journalistes français (SNJ) publiait un communiqué approuvant la démarche de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) qui demandait une enquête indépendante pour faire toute la lumière. On y lisait : « La FIJ qualifi[e] de « crime de guerre » l'attaque de ce jour contre l'hôtel ».


2- Le 15 janvier 2004, après enquête, Reporters Sans Frontières (RSF) concluait que les trois militaires impliqués n'étaient pas coupables.


3 -En mai 2006 sur son site Internet, la famille de José Couso, exigeait que RSF se retire du dossier pour clause de flagrante complaisance envers les tueurs.


4- Le 16 janvier 2007, le juge madrilène Santiago Pedraz émettait un mandat d'arrêt international pour l'« assassinat » de José Couso à l'encontre de trois militaires américains acquittés par RSF.


5- Le 13 mai 2008, une militaire US, ancien agent des services de renseignements, déclarait à la presse que l'hôtel Palestine était bien une cible militaire potentielle de l'armée US. Elle ajoutait que son travail à Bagdad consistait en outre à espionner les journalistes (par mise sur écoute).


6- Le 19 mai 2008, par un communiqué flegmatique, RSF confessait que « le Pentagone avait identifié l'hôtel Palestine comme cible militaire potentielle ». Le communiqué faisait l'impasse sur le scandale de la mise des journalistes sur écoute et il se terminait par les justifications d'un des tueurs.
Je consacre tout un chapitre aux détails de cette affaire dans mon livre « La face cachée de Reporters sans frontières. De la CIA aux Faucons du Pentagone ». Il manquait juste la confirmation par les services secrets US.


Encore une date ?


7- Le 22 décembre 2007, interrogé sur moi par le quotidien suisse « La Liberté », Robert Ménard affirmait : « Tout ce qu'il dit dans son livre est faux ».
Dommage que le Syndicat National des Journalistes (SNJ), la Fédération internationale des journalistes (FIJ), les témoins, la famille de José Couso, un juge espagnol et jusqu'à un agent de renseignements US en service au moment du drame valident ce que j'ai écrit.
Naïf qui attend à présent une virulente et spectaculaire action de RSF contre la violation du secret des sources journalistiques par l'US Army.


Maxime Vivas

enfants irakiens en prison


La Russie accuse Washington de retenir des enfants irakiens en prison

La Russie a vivement critiqué mardi, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, la détention d'enfants irakiens dans les prisons militaires relevant des forces de la coalition dirigée par les Etats-Unis.

"L'exploitation des enfants dans les conflits armés et le traitement inhumain qui leur est infligé sont inadmissibles", a déclaré l'ambassadeur russe auprès des Nations Unies, Vitali Tchourkine, lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la protection des civils pendant les conflits armés.

"Je voudrais tout particulièrement signaler le problème de la détention de mineurs dans les prisons militaires relevant des forces multinationales en Irak, ce qui contredit les normes internationales", a-t-il affirmé.

L'ambassadeur russe a cité les données d'un rapport de la Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Irak (MANUI) selon lequel près de 900 enfants n'ayant pas accès à la justice civile sont incarcérés en Irak pour "terrorisme".

M. Tchourkine a souscrit à l'appel de la représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU pour les enfants dans les conflits armés, Radhika Coomaraswamy, sur la nécessité d'un règlement urgent du dossier.

"On sait également que des mineurs sont détenus sur la base militaire de Bagram, près de Kaboul, et à Guantanamo", a encore signalé le diplomate russe.

RIA-Novosti

jeudi 13 mars 2008

écoutez la voix d'une femme irakienne


Ecoutez la voix d’une femme irakienne, sous
l’occupation, ce jour de fête des femmes!

Cette interview date de plus d’un an et demi et relate
des événements survenus à la fin de 2004, lors de la
deuxième bataille de Fallouja. Elle demeure pourtant
d’une brûlante actualité pour tous ceux qui suivent,
même de très loin, la vie quotidienne en Irak et
ailleurs, en Palestine, en Somalie, au Darfour et
partout dans ce monde d’apocalypse engendré par les
guerres de l’empire. Une tragédie humaine comme en
compte beaucoup le cadeau américain au peuple irakien.

A.M.
08 mars 2008


La « mère des martyrs » et les nuits lourdes de
Fallouja
:

Au bout de deux mois d’enquête, l’équipe d’Islammemo a
réussi enfin à retrouver Elhajja
Z. M., plus connue sous le nom de mère des martyrs et
dont le récit de ses exploits au cours de la deuxième
bataille de Fallouja a été relayé par tous, grands et
petits.
Au cours de ces deux mois d’enquête, pas un chef de
tribu ou notaire n’a été interrogé sur le sort de la
vieille femme et nous n’avons obtenu que des réponses
approximatives et souvent contradictoires : pour
certains elle serait morte et disparue selon d’autres
et pour les moins pessimistes, elle aurait simplement
trouvé refuge auprès de sa fille dans un des villages
environnants de Fallouja.
La mère des martyrs, âgée de 62 ans est mère de 3
garçons, Ahmed, Mouhib et Omar, tous tombés martyrs
lors de la seconde bataille de Fallouja.

Actuellement, elle habite une petite maison à
Fallouja, seule, vivant de son labeur quotidien malgré
son âge avancé. Elle fabrique des balais traditionnels
qu’elle écoule dans les alentours, à des prix modiques
pour subvenir à ses besoins, refusant toutes les aides
que des commerçants et des gens aisés de Fallouja lui
ont proposé.
Pour tous dans son voisinage, la vieille femme aurait
des pouvoirs surnaturels et ses prières seraient
exaucées. Bien des gens viennent chercher auprès
d’elle la Baraka.

La vieille nous reçut chaleureusement et abandonna son
ouvrage quelques instants pour répondre à nos
questions.
Elle ne connaît pas notre site Internet, Islammemo,
comme on pouvait s’y attendre, la télévision n’en a
jamais parlé, dit-elle, et elle refusa de se faire
photographier, mais accepta de répondre à nos
questions. Elle nous avoua que des dizaines de femmes
sont dans son cas mais que peut-être et tout compte
fait, sa situation est plus pénible parce qu’elle a
perdu ses trois enfants.

Voici son récit :

Son mari, « un bon mari, remarqua-t-elle, en priant
pour son âme », décédé dix ans plus tôt, lui laissa
quatre enfants, 3 garçons, Ahmed, Mouhib et Omar et,
une fille, Khouloud. Ils eurent tous une bonne
éducation et firent des études supérieures. Après
l’occupation, les trois garçons rejoignirent les
groupes de résistance. Elle nous raconta comment ses
enfants avaient essayé de la convaincre de quitter
Fallouja et d’aller chez sa fille, hors de la ville,
durant les jours qui précédèrent la deuxième bataille.
A l’époque, les américains étaient aux quatre portes
de la ville et commençaient son siège, aidés par les
kurdes et les chiites. Ils étaient aussi innombrables
que des sauterelles !
« Mais je refusai de quitter ma maison, ajouta-elle.
Mon cadet, Omar, a tout fait pour me persuader de
partir et de les laisser combattre, tranquillement ».
Rien n’y fit. Je ne pouvais quitter la ville en y
abandonnant mon cœur, raconta-t-elle ! Nous nous
sommes mis tous d’accord pour que je demeure à
Fallouja jusqu’à la fin de la bataille : la victoire
ou le martyr ! Et Grâce à Allah, mes trois enfants ont
obtenu le martyr !

Les trois frères appartenaient à des groupes de
résistance différents et ils discutaient souvent de la
manière de rester en contact entre eux. En suivant
leurs discussions, je remontais le fil de vie de
chacun d’eux. Je pleurais discrètement, tellement
j’étais certaine qu’ils allaient mourir au cours de
cette bataille et je priais Allah de me prendre avec
eux et de m’épargner la douleur de leur perte.
La vieille femme versa en cet instant quelques larmes,
très discrètement, et nous fîmes autant. Puis elle
s’éclipsa prétextant de chercher quelque chose, mais
nous l’entendîmes pleurer toute sa douleur, prier et
implorer :« Ya Allah : les gens prient les grands de
ce monde qui exaucent leurs vœux et Vous, Seigneur des
Seigneurs, exauce mon vœu le plus cher et prends-moi
auprès de mes fils et de mon mari qui me manquent
tant. Ya Allah « ne m’abandonne pas seule dans ce
monde, j’ai hâte de retrouver mes fils chéris » !
Au bout de quelques minutes la vieille revient vers
nous, abattue et toute en excuses : « nous avons tant
de problèmes avec le gaz, la bouteille ne suffit plus
pour la journée, quoiqu’on ait augmenté son prix » !
Elle ne savait pas que nous avions entendu ses pleurs
et que nous avions pleuré discrètement avec elle.

Elle reprît son récit. Le 07/11/2004, les
bombardements se sont intensifiés avec des tentatives
de pénétrer dans la ville depuis la porte nord. Il
était près de 11 heures du soir quand les américains
ont lancé des bombes éclairantes. J’étais seule à la
maison, alors j’ai commencé à réciter toutes les
Sourates du Coran que j’avais apprises par cœur en
priant pour la victoire d’abord et pour la sécurité de
mes enfants ensuite. Je n’ai pas dormi de la nuit. Au
petit matin et alors que je m’assoupissais, Omar est
venu m’informer que Mouhib et Ahmed se portaient bien
et qu’ils me demandaient de leur préparer à manger et
du thé pour 14 combattants.
« Qu’en dis-tu maman, tu ne veux pas faire une bonne
action pour laquelle tu auras une récompense divine »,
me lança-t-il ? Aussitôt, je courus à la cuisine et je
lui ai préparé très rapidement du thé et fait du pain
chaud pour 30 personnes. Je l’ai aidé à transporter le
tout jusqu’à la voiture, heureuse d’avoir honoré nos
hôtes...de loin. Je l’ai regardé longtemps partir puis
je me suis remise à prier pour tous ces jeunes
combattants, pour leur sécurité et pour la victoire.

La vieille continua son récit : « Fallouja était
encore sous les bombardements des avions américains. A
chaque bombe, la maison tremblait et je craignais
qu’elle me tombe sur la tête. Je me suis réfugiée dans
mes psalmodies du Coran et je m’y suis abandonnée !
Le lendemain, j’ai préparé plus de 200 galettes, du
riz et deux grandes marmites de sauce. Mes trois fils
sont venus ensemble et ils sont restés près de moi
près d’une heure. Je les ai embrassés longuement et
humé leur odeur comme lorsqu’ils étaient des bébés.
J’avais le pressentiment que je ne les verrais plus
jamais. Ils m’ont embrassé la tête et les mains,
prirent le manger et sortirent ensemble en me
demandant de prier pour eux !
« Pourquoi vous me le demandez alors que je ne fais
que cela mes enfants », leur dis-je ? Pas seulement
pour nous, mais pour Fallouja, me rétorquent-ils.
C’était la dernière fois que je voyais mes enfants.

Elle poursuit : « Fallouja a vécu de nombreux jours
encore sous les bombes et il y a eu des combats
acharnés. On n’entendait que les cris Allahou Akbar
des hauts parleurs et les prières collectives et les
psalmodies de Coran dans les mosquées. Chaque jour je
me mettais des heures entières à la porte à l’affût de
la moindre information et à attendre que mes fils me
reviennent.
J’interpelais tous les passants s’ils avaient vu mes
fils ou l’un d’entre eux au moins. Certains me
répondaient qu’ils ne les connaissaient pas. L’un des
passants m’informa que Omar et Ahmed étaient à la Cité
Joumhourya et que Mouhib était à la Cité Nezzal. Tous
étaient donc en vie. Mais je voulais plus de détails
et je courus derrière l’homme en l’implorant de
s’arrêter un moment. Je suis tombée à terre et j’eus
les pieds à sang. L’homme s’arrêta, me confirma que
tous mes fils étaient en vie et se portaient bien. Il
me donna sa longue écharpe pour essuyer le sang et
s’en alla, pressé.

Je suis demeurée dans cet état jusqu’au 12/12/2004.
Mais j’avais repris confiance entre temps et je me
suis abandonnée à la volonté divine. J’ai passé les
jours suivants à préparer à manger et à distribuer de
l’eau aux Moudjahiddines arabes, à soigner et panser
les blessures des combattants à l’aide de pansements
de fortune. J’en avais soigné ainsi plus d’une
vingtaine d’entre eux et tous ont pu revenir au
combat.
Je suis très précise dans les dates parce que j’ai
commencé à compter à partir du jour où mes fils m’ont
quittée. Je reviens au 9/12, jour où l’ennemi a
bombardé Fallouja et notamment le centre de la ville
avec des bombes au phosphore (elle dit simplement au
gaz) qui ont tout brûlé, hommes, animaux et arbres. Il
y a eu de nombreux morts. C’est ce qui a permis aux
américains d’avancer au bout de quelques heures
jusqu’au centre de la
ville. Des dizaines de Moudjahiddines ont été tués.
Par la suite des rumeurs, sans doute diffusées par les
agents ennemis, ont prétendu que Omar Hadid et
Abdallah Jenabi (des commandants de la résistance-
NDT), étaient parmi les morts, ce qui a créé un grand
désordre dans les rangs de la résistance. J’ai appris
cela des blessés que je soignais ou que je secourais.
Plus tard, les deux commandants de la résistance ont
démenti ces rumeurs et avaient pris l’initiative de
visiter les combattants, ce qui a relevé leur moral et
les a incité à s’acharner au combat.

Les combats acharnés ont continué et l’ennemi a subi
beaucoup de pertes humaines et de dégâts matériels. Je
continuais mes prières en espérant que mes fils me
reviennent tous enfin.

Le 12/12/2004 était un dimanche. Vers 11 heures du
soir, les américains, venant de l’extérieur de la
ville, ont engagé une grande bataille pour occuper la
Cité des Chouhadas. La bataille se passait très près
de notre maison, mais c’est le ciel qui était en feu
que j’observais. Ce soir là de nombreux combattants
ont trouvé la mort. La bataille a duré près de 4
heures, entre 11 heures du soir et 3 heures du matin
et les américains ont échoué à occuper la Cité.
J’entendais les gémissements des blessés ce qui a m’a
poussé à sortir de la maison pour secourir les
blessés. J’entendais un blessé qui répétait sa Chahada
à l’infini, j’ai couru vers lui. Il était blessé à la
poitrine et au visage. Je l’ai tiré jusqu’à la maison
et tenté de le secourir. Je lui ai nettoyé le visage à
l’eau et tenté d’arrêter l’hémorragie. Il me regardait
et pleurait. Je croyais qu’il pleurait de douleur.
J’ai essayé alors de le mettre en confiance en lui
faisant croire que ses amis viendront au petit matin
pour l’amener à l’hôpital et que sa blessure n’était
pas très grave en tout cas. Je lui demande alors de me
laisser aller secourir ses amis, mais il se mit à
pleurer de plus belle, comme s’il voulait me dire que
je devais rester auprès de lui. J’ai pensé qu’il
sentait la mort venir et qu’il me voulait à ses côtés.
Mais je me suis arrachée à lui pour voir si les autres
blessés dans le quartier étaient encore en vie. Je
sortis donc et trouvais un autre blessé arabe pas loin
de la maison. Je l’ai tiré à son tour à la maison et
c’est alors qu’il m’interpela « tante Oum Mouhib ».
J’étais interloquée. Il me connaissait donc, quoique
différemment de ce que les gens ont l’habitude
m’appeler. J’étais pour tous Oum Ahmed, du nom de mon
fils aîné. J’ai cru un instant qu’il était un ami de
mes fils. Le pauvre était blessé au bas ventre et ses
intestins avaient éclaté. Il me demanda de la terre,
du sel et un morceau de tissu. Il mourra quelques
temps après.
Je sortis encore une fois dans la rue pour secourir
d’autres blessés. J’ai trouvé deux corps à deux
maisons de la nôtre. J’ai tiré l’un d’eux jusqu’au
jardin, puis je creusai une tombe de 2m de long mais
d’à peine 40 cm de profondeur. Ca lui couvrait à peine
le corps : du provisoire en attendant que d’autres
viennent pour lui donner une sépulture digne, conforme
au rite musulman. J’étais très fatiguée, mais je
m’étais décidée à continuer mon travail de
récupération des corps des blessés et des morts.
J’espérais une récompense divine pour moi et mes
enfants par mon action. En sortant de nouveau, j’ai
trouvé le corps d’un autre martyr. Il était lourd mais
j’ai réussi à le tirer des pieds jusqu'aux approches
de la maison. Sa chemise était déchirée et il se
dégageait de son corps une odeur qui ne m’était pas
étrangère. C’est quelqu’un que je dois connaître, me
dis-je. Je courus chercher une lampe pour m’assurer de
l’identité du Chahid, ce qui était très risqué parce
que toute lumière pouvait être visée par les
américains. Quand j’ai approché la lumière du visage
ensanglanté du Chahid, je fus interloquée. Mon sang
s’arrêta de circuler dans mes veines, ma langue se lia
et mon corps entier se figea pendant quelques secondes
: le Chahid n’était autre que mon fils Mouhib, le
cadet de ses frères.

La vieille femme s’arrêta un instant de parler, se mit
à sangloter, puis s’excusa en disant : c’est la
troisième fois que je pleure aujourd’hui bien que j’ai
décidé de ne jamais plus les pleurer.
Puis elle reprit son récit. Quand je m’étais bien
rendue compte que c’était mon fils Mouhib, je l’ai
pris dans mes bras et je l’ai embrassé très fort. J’ai
embrassé sa tête, son front, ses cheveux, ses mains et
ses doigts comme je le faisais toujours, puis j’ai
commencé à lui parler longuement en le félicitant de
cette fin, digne des meilleurs hommes. Puis je l’ai
enterré sous l’olivier sous lequel il aimait faire ses
devoirs quand il était à l’école. Je lui ai creusé une
tombe profonde, parce que j’ai décidé qu’il y demeure
définitivement, chez lui.
Le matin, des Moudjahiddines sont arrivés. J’étais
encore sur la tombe de Mouhib que j’ai veillée toute
la nuit. Dès que j’ai entendu leurs voix, je suis
sortie à leur rencontre. Ils me connaissaient tous et
je les connaissais aussi : c’étaient des frères
d’armes de Ahmed et Omar. Je les ai aussitôt
interpellés : dites-moi la bonne nouvelle, où sont
Ahmed et Omar ?
Ils baissèrent tous la tête et l’un d’eux me répondit:
Considères-les comme les invités d’Allah. C’est Lui
qui les appelés à Lui. Ils sont morts et ont été
enterrés à la Cité Nezzal, à la maison de Hadj Khelil
Al Fayadh.

Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas pleuré sur le
moment. Peut-être parce que j’étais très fatiguée de
pleurer Mouhib la veille ou parce que j’étais écrasée
par le malheur. Mais j’ai posé quand même cette
question : « ils sont morts en attaquant ou en fuyant
le combat » ?
L’un des Moudjahiddines me répondit «plutôt en
attaquant, par Allah, et ils ont fait payer
lourdement et d’avance leur mort ». J’ai remercié et
loué Dieu et demandé aux Moudjahiddines d’entrer à la
maison pour prendre les deux blessés. Ils ont trouvé
que l’un d’eux, était déjà mort. Ils creusèrent une
tombe au mort dans mon jardin et prirent le blessé, en
s’étonnant que j’ai pu toute seule creuser deux tombes
en une nuit.
Je leur ai expliqué que l’une des tombes est celle de
mon fils Mouhib mais que la deuxième, d’un martyr
inconnu, n’était pas suffisamment profonde. Ils ont
fait le nécessaire et avant de partir, ils me
demandèrent de les accompagner pour me faire sortir de
Fallouja. Je refusai net. L’un d’eux, qui n’était pas
irakien, essaya longuement de me convaincre mais
devant mon refus, il me dit : « Mère, tu as perdu tes
trois fils, considères-nous tous comme tes fils et In
Cha Allah tes fils Ahmed, Mouhib et Omar sont déjà au
Paradis !
Ils repartirent en pressant le pas et moi je suis
rentrée chez moi pour la prière de Dhaha (une prière
facultative après celle du Sobh- NDT).
Il y a eu trois batailles au cours des trois nuits
suivantes, au cours desquelles j’ai pu tirer à la
maison encore 4 corps de Chouhadas que j’ai enterrés
dans le jardin. Si bien que je veille maintenant sur 7
tombes de Chouhadas. Le jardin et la maison toute
entière baignent dans une odeur du Musc que je n'ai
jamais sentie auparavant. J’ai vécu une paix totale et
un bonheur inégalé, en dormant pendant quatre nuits à
même la terre, aux côtés de la tombe de Mouhib.
J’étais la mère qui prend son bébé dans ses bras. Je
suis restée enfermée dans la maison pendant plus d’un
mois, jusqu’à ce que les troupes américaines
autorisèrent les secouristes du Croissant Rouge à
entrer dans la ville, de sa partie nord. Ce sont eux
qui sont venus me
chercher le 13/01/2005. Ils m’obligèrent à les
accompagner jusqu’au camp de Saklaouia. C’est là que
j’appris que les corps de mes deux autres fils, Ahmed
et Omar, ont été exhumés puis enterrés au nouveau
cimetière des Chouhadas avec leurs compagnons.

Tel est mon récit et malgré toute ma douleur, j’aurais
souhaité avoir trois autres fils qui gagnent la
Chahada, dans la voie d’Allah. Malgré mon profond
malheur, je suis fière d’être la mère des Chouhadas.
La vieille dame termina son récit par quelques vers de
poésie populaire qu’elle attribua à des lettrés
musulmans et que nous avons eu du mal à retenir !

Islammemo : Dimanche 29/10/06
traduit de l’arabe par Ahmed Manai
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Dédié à la Résistance des peuples en lutte pour leur indépendance, leur
liberté et leur dignité!