mercredi 30 septembre 2009

et l'on détruit des sites archéologiques en Irak...

Les bulldozers américains détruisent le site archéologique de Ur sous le regard médusé des archéologues !

Pour le ministre irakien du tourisme et des sites archéologiques, Mohamed Abbas Al Aribi, le site archéologique de Ur, au sud de l’Irak, n’est plus seulement le lieu de naissance du patriarche Abraham, ancêtre de tous les prophètes, mais aussi et surtout le site le plus menacé par les activités actuelles de l’armée américaine.

Le journal irakien Al Mada a rapporté cette semaine les propos du ministre qui déclare que « les travaux effectués par les américains, avec notamment la création de camps, le creusement de tunnels, l’établissement de murs de fortifications pour protéger leurs troupes, le nivellement des terrains à l’aide d’engins lourds ont gravement endommagé le site ». Ajoutant « que la présence militaire sur un site archéologique est en elle-même illégale et que nous avons adressé de nombreux appels aux américains pour qu’ils évacuent les lieux et s’interdisent de s’en approcher dans l’avenir ». Le ministre a rappelé qu’il agit en coordination avec les ministères de la défense et de l’intérieur, mais que tous ses appels sont restés lettre morte.

Le ministre a ajouté que des photos satellites de la ville d’Uruk-Warka*, proche de Ur, ont choqué l’archéologue allemande Marguerite Von Hess qui avait travaillé sur le site quelque temps avant l’occupation américaine en 2003.

L’archéologue allemande a estimé, à la vue des photos, que la colline sur laquelle a été construite la ville a subi de graves dégâts par suite de la construction de la base aérienne de Talil dans les environs de Nassirya au sud de l’Irak et a exprimé sa profonde déception en constatant que les bulldozers avaient fait disparaître tout un quartier de la zone sud-est de la ville.

L’expert archéologue britannique, Kohn Kurtis, responsable de la conservation des vestiges du proche orient au musé britannique, n’a pas été moins surpris et déçu que sa collègue allemande. Quand Kurtis a visité le sud de l’Irak, il y a un an, il a constaté que l’armée américaine avait édifié des constructions avec toutes leurs dépendances et leurs canalisations souterraines dans la base d’aviation de Talil, appelée aujourd’hui camp d’Adbour et ce, dans une zone d’Ur qui n’a pas encore fait l’objet de fouilles par des archéologues.

Selon certains archéologues, la situation actuelle à Ur avec des cimetières datant de près de 3000 ans avant J.C. et dont certaines tombes renfermaient des casques en or ainsi que des instruments de musique et autres objets de valeur inestimable enfouis avec les morts, leur rappelle celle qui prévalait à Babylone.
Là aussi les troupes américaines et polonaises avaient infligé de graves dégâts au site et détruit beaucoup de ses vestiges. Elles ont fini par l’évacuer suite aux protestations et à la pression internationale.
Rappelons que Babylone était la capitale du roi Babylonien Nabuchodonosor.

Les troupes américaines en Irak sont très mal vues par la communauté internationale des archéologues. Malgré tout, on a assisté récemment à une prise de conscience par certains officiers américains de l’importance des ruines babyloniennes, sumériennes et assyriens dans l’histoire universelle dont elles constituent un pan important et qu’elles méritent d’être protégées.

C’est ainsi que certains généraux américains ont distribué à leurs troupes des jeux de cartes portant au dos des photos de sites archéologiques irakiens importants. Une de ces photos représente l’arc colossal en briques ou « la voûte de Cyrus » considérée comme la plus importante voûte construite en terre cuite et sans la moindre structure armée. Le dos de la carte porte l’inscription suivante « ce monument a pu traverser dix sept siècles d’histoire, pourra-t-il t’échapper à toi aussi ? » indique le valet, et le 2 de trèfle « l’héritage de l’ancien Irak est une part de votre héritage ».

Les archéologues se font aussi du souci pour les vestiges islamiques de Samarra, au nord de l’Irak, considéré par l’UNESCO, depuis 2007, comme patrimoine culturel universel menacé.

L’UNESCO a alerté l’opinion internationale que les autorités irakiennes n’étaient pas en mesure de protéger le site de la vieille ville qui remonte au neuvième siècle. D’autres archéologues de la Sorbonne, à Paris, ont vivement critiqué la construction d’une caserne de police à proximité de la mosquée du Calife Al-Moutawakkel, au minaret en spirale et haut de plus de cinquante mètres et considérée comme le symbole de Samarra. Ils ont fait remarquer que cette caserne a été construite à proximité des ruines du palais de Aïssa « Jésus », construit en l’an 852.

Les propos du ministre irakien des sites archéologiques et du tourisme concernant le pillage du musée national n’étaient pas plus optimistes que pour les grands sites de Babylone, Ur et Samarra. Il a indiqué en effet que sur plus de quinze mille pièces de tout genre volées lors de l’occupation de Bagdad par les troupes américaines en mars 2003, seules quatre mille ont été récupérées. Selon l’archéologue allemande Von Hes, la plupart des pièces récupérées appartiennent au département des civilisations antiques, relativement moins protégé que les autres et que les pilleurs ont pu pénétrer facilement. Il semblerait que des gangs bien organisés avaient préparé son pillage et c’est pour cette raison que ces objets n’ont pas été retrouvés jusqu’ici ».

Mohamed Hantech et Firas Hammad
22- 02-2008

Traduit de l’arabe par Ahmed Manai


http://www.iraqirabita.org/index3.php?do=article&id=12736/

*Uruk-Warka, située à environ 300 km au sud de Bagdad, est une des plus anciennes métropoles de l'Antiquité. Habitée dès - 4 000 avant J.C et jusque vers l'an 400 de notre ère, la cité est connue comme étant le berceau de l'écriture et de l'épopée la plus ancienne du monde, "l'Epopée de Gilgamesh", ainsi que pour être la ville où les premières formes d'un état politique et d'une administration ont été développées. Le site culturel est gigantesque, d'autant que déjà en
- 3 000 avant J.C la ville avait bénéficié d'une extension de 5,5 Km².

dimanche 13 septembre 2009

Mountazar al Zeidi


Libération attendue de Mountazar al-Zeidi, ce lundi 14 septembre 2009


dimanche 13 septembre 2009

Mountazar al-Zeidi, le journaliste irakien qui avait lancé sans l’atteindre en décembre dernier ses chaussures au visage de George W. Bush, doit être remis en liberté lundi 14 septembre à Bagdad, après neuf mois de détention, depuis décembre 2008.
Le journaliste âgé de 30 ans, qui bénéficie selon son avocat d’une libération anticipée pour bonne conduite, avait été condamné le 12 mars dernier à Bagdad à trois ans de prison pour agression contre un dirigeant étranger. La peine a été ramenée par la suite à un an d’emprisonnement en raison de son absence d’antécédents judiciaires.
Le 14 décembre 2008, lors d’une conférence de presse conjointe à Bagdad du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et de George W. Bush, alors président des Etats-Unis, Mountazar al-Zeidi avait eu le temps de lancer ses deux chaussures, l’une après l’autre vers le chef de la Maison Blanche, avant d’être violemment plaqué au sol par les services de sécurité.
"Voilà ton baiser d’adieu, espèce de chien !", avait crié en arabe le journaliste à l’adresse du président américain qui avait dû esquiver les souliers. "C’est pour les veuves, les orphelins et ceux qui ont été tués en Irak".
Al-Zeidi, en détention depuis lors, encourait une peine maximale de 15 ans de prison pour son geste qui lui a valu de devenir un héros en Irak et dans le monde arabe -le lancer de chaussures est désormais un moyen de protestation populaire dans le monde entier.
Selon son frère Dargham, la famille Al-Zeidi devait aller chercher le jeune homme à la sortie de la prison, dans le centre de Bagdad, avant de célébrer au domicile familial sa liberté retrouvée. L’employeur du journaliste, la chaîne de télévision Al-Baghdadiya, espère qu’il continuera de travailler comme reporter, ce qui apparaît toutefois improbable, notamment pour des raisons de sécurité. D’après sa famille, Mountazar al-Zeidi pourrait à présent mettre à profit sa célébrité pour diverses causes humanitaires.