dimanche 6 décembre 2009

l'histoire de Baha Mousa

Irak : l’histoire de Baha Mousa

Robert Fisk
The Independent


J’ai tout d’abord entendu parler de Baha Mousa par sa famille. Il travaillait comme réceptionniste dans un hôtel de Bassora. cet hôtel avait été encerclé par les troupes britanniques qui y ont arrêté sept hommes. Ceux-ci ont été emmenés à la caserne britannique, encagoulés et passés à tabac.
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Le père de Baha Mousa veut que justice soit rendue - Photo : Gallo/Getty









Deux jours plus tard, comme son père me le rappelle en pleurant, Mousa était mort. Sa famille a reçu 3000 £ (livres sterling) en réparation et a refusé un autre versement de 5000 £. Ce qu’ils voulaient, c’était la justice.

Son père avait été nommé officier de police par les autorités britanniques elles-mêmes. Il portait deux pistolets à ses hanches. Il était « notre homme », et on a tué son fils.

Le scandale de la mort de son fils, âgé de 26 ans, arrêté devant son propre père, reste l’un des épisodes les plus honteux de l’occupation [britannique] du sud de l’Irak.

Alors qu’ils tabassaient les sept hommes, les soldats britanniques leur ont donné les noms des joueurs de football.

Je pense qu’il est toujours facile de dénigrer ceux qui vous allez maltraiter. Un de ses camarades qui travaillait dans le même hôtel et qui me parle avec une grande peine depuis son lit d’hôpital, a raconté comment Baha avait supplié pour que ses meurtriers cessent de lui donner des coups de pied.

« Il était un homme respectable. Ils n’avaient pas de raison de lui faire cela » », dit-il.

Quand j’ai entendu cette histoire, cela m’a hélas rappelé tous les récits qui m’avaient été faits dans le Nord de l’Irlande, de catholiques emmenés de chez eux, roués de coups dans les casernes de l’armée britannique et qualifiés de « terroristes » par ceux qui devaient garder le contrôle de leurs bourreaux.

J’avais déjà entendu tout cela auparavant. Ceux qui avaient été roués de coups et frappés de coups de pied sont toujours et toujours les méchants.

À Bassorah, les Britanniques aiment dire qu’ils savaient comment traiter les gens, qu’ils avaient appris de l’Irlande du Nord. Oh oui, combien ils avaient appris !

Je me souviens de m’être assis devant les enfants de Baha Mousa — son épouse était déjà morte d’un cancer — et en écoutant le récit fait par son père, j’ai douté que justice soit faite.

Et elle ne l’a pas été. Les sales types se sont enfuis en même temps que la justice. Comme ils l’ont fait en général en Irlande du Nord.

Il ne s’agit pas de cœurs et d’esprits [paraphrase des propos de Bush sur « gagner les coeurs et les esprits » - N.d.T]. Il s’agit de justice. Et nous ne la rendons pas.

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peine de mort en Irak


120 prisonniers exécutés en Irak en 2009 (Amnesty)



05/12/2009 Cent vingt prisonniers ont été exécutés en Irak en 2009 et 900 se trouvent actuellement dans les couloirs de la mort, a affirmé l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty international dans un communiqué.


"Nous savons qu'au moins 120 personnes ont été exécutées jusqu'à présent cette année", a affirmé le communiqué de l'organisation basée à Londres, mis ce samedi sur son site internet.


"Les autorités irakiennes doivent cesser immédiatement l'exécution de plus de 900 personnes, dont 17 femmes, dans les couloirs de la mort qui ont épuisé leurs recours légaux et pourraient être exécutés à tout moment", a ajouté Amnesty.


Selon Amnesty, de nombreux condamnés à mort ont été reconnus coupables de meurtres ou d'enlèvements et "certains ont pu être condamnés après des procès injustes" ou des confessions extorquées sous la torture.


La peine de mort a été réinstaurée en Irak en 2004 par décret malgré de vives protestations internationales.


En 2008, l'Irak a condamné à mort au moins 285 personnes et au moins 34 ont été exécutées, selon Amnesty. En 2007, au moins 199 personnes ont été condamnées à la peine capitale et au moins 33 exécutées alors qu'en 2006, 65 personnes ont été pendues.
Les condamnés à mort sont en général pendus.


Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki est un partisan de la peine de mort.
"Pourquoi les auteurs d'actes terroristes ne seraient-ils pas pendus sur le lieu de leurs crimes", a-t-il ainsi affirmé le 25 août, en visitant le lieu des attentats qui avaient fait quelques jours plus tôt 95 morts et plus de 600 blessés.