dimanche 15 juin 2008

usage du Napalm en Irak par les USA


The Iraqi Rabita -League reveals crimes committed by the American occupation forces in conjunction with the Iraqi forces in Mosul

Iraqirabita

mosul1.jpg

June 10, 2008

In another round of American crimes against the people of Iraq, the information about to be provided , will show the extent of the American lawless hysteria and its total disregard for human lives. And will also show the criminal complicity of those who took the Americans as military and political allies and as friends and who provide to them their services -- all conducted in the Green Zone.

On the eve of Wenesday 11.7.2007, heavy fighting broke out in the Sheikh Fathi center in the Zanjilia district from unknown armed men.

American helicopter planes rushed and some of these unknown armed men fired at the planes.

The americans responded by using forbidden weapons and bombed the house of a Taha Al-Janbil, a Judge. All those who were in the house were immediately killed.

We met the Judge Taha. Al-Janbil who was not at home when this murder happened and he informed us of the following :

1)- After the crime, the Americans came to visit him and gave him the name of some senior American army member. So he understood that this was an attempt by some Americans to cover up for their crime --- by providing the name of a high up American army name.

2)- several TV stations and newspapers came to Mosul to see for themselves, but the following channels even though they received the reports refused to air or publish it - these channels were Dubai TV, Naharain TV and Baghdad TV.

3)- the judge Taha believes that the americans used weapons that are forbidden and he believes they were phosphorus bombs. One family member Farhan Ahmed who arrived at the scene tried saving another member but was burned himself when he tried carrying this family member and got his hands lightly burned. He went to the hospital to treat those light burns only to see that they turned green and he died from phosphorus /napalm poisoning .

4)- The members from Judge Taha Al-Janbil family who were killed that day by the Americans were.

- Ahmad Jamil Al-Janbil - 70 years old - the grandfather
- Hameeda Brahim al Balwee - 63 years old - the grandmother
- Farhan Ahmad Jameel - 43 years old - the son.
- Muawiya Ahmad Jameel - 30 years old - the son
- Ahmad Farhan Ahmad - 13 years old - the grandson
- Hatem Farhan Ahmad - 10 years old - the grandson.

- the only survivor with severe burns - Jameela Ahmad Jameel - the daughter
and another 11 severly wounded from the homes in the vicinity.












voir, en arabe,le lien
http://www.iraqirabita.org/index.php?do=article&id=14340



l'Irak et ses enfants irradiés

L'Irak et ses enfants irradiés


L'Irak et ses enfants irradiés
Un militant américain des droits de l'homme et membre de la coalition internationale de l'interdiction de l'usage des sous-munitions a déploré que l'Irak occupé soit transformé en une poubelle pour des déchets nucléaires américains, déchets que les Etats-Unis utilisent à travers ses armes contre la population civile.

L'uranium appauvri (DU), issu du processus de l'enrichissement de l'uranium et composé de déchets du combustible nucléaire a une demi-vie égale à un tiers de celle de l'U235 et l'U234 qui est de 4.5 milliards d'années. La dose de radiation de l'uranium appauvri est presque la moitié de celle de l'uranium naturel (238).

Selon les scientifiques, l'usage de ces métaux a des conséquences directes sur le fonctionnement de l'organisme humain et bien que leur toxicité soit inférieure à celle d'autres métaux comme Arsenic par exemple, leur demi-vie relativement courte les rend encore plus nocifs. Alors les recherches se poursuivent sur les effets cancérigènes de l'uranium appauvri, les chercheurs établissent un rapport de cause à effet entre son usage durant la guerre de 1991 contre l'Irak et la naissance des enfants atteints de malformation. Les enquêtes confirment l'extrême sensibilité du tissu nerveux, du système génétique et de reproduction des êtres vivants aux effets de l'UA.

Les activistes des droits de l'homme et de la paix s'inquiètent de l'utilisation de l'uranium appauvri par l'armée américaine qui emploie largement des bombes ou d'autres engins à sous munition. Ces militants soulignent aussi le fait que les déchets nucléaires servent de matière première à ces engins à sous munition, ce qui rend leur usage encore plus dangereux. Selon des rapports confidentiels publiés au sein du Pentagone, l'emploi massif de l'UA menacerait même la santé des forces américaines. Selon un militant de la paix, les soldats américains sont pour la plupart malades. Toujours selon cette source, ces anciens soldats qui travaillent actuellement dans les Ongs de paix rendent public les résultats de leurs examens médicaux qui relient leur maladie à l'usage de l'UA. Ces examens, extrêmement onéreux (2000 dollars par personne) ont été effectués par un appareil spécialement conçu par les ingénieurs allemands à cette fin.

Toujours selon ce rapport, le Pentagone cherche à marchander le silence de ces soldats. Moyennant de l'argent, la hiérarchie militaire espère encourager ces soldats à ne pas déposer plainte auprès de la justice contre l'armée. Herbert Reed, rejoint par le journaliste de l'agence Mehr est l'un de ces soldats qui a refusé ce genre de marchandage et qui coopère actuellement avec la coalition onusienne de l'interdiction de l'usage de l'uranium (ICBUW). "Ce que nous cherchons à faire savoir à l'opinion internationale c'est notre opposition à l'utilisation ce ces engins , engins qui font des victimes civiles en Irak et dans les rangs mêmes de l'armée américaines et qui menacent l'avenir des enfants de nos soldats, a-t-il ajouté.


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dimanche 1 juin 2008

J'ai honte de l'indifférence occidentale en Irak


J'ai honte de l'indifférence occidentale
face à la tragédie irakienne !

Le député chrétien-démocrate Jürgen Todenhöfer a rencontré en Irak des gens simples, victimes de la guerre et de l'occupation. Il a rapporté de son voyage un livre de témoignage et d'analyse qui donne à réfléchir sur notre perception de ce conflit, de cette population et de sa culture.

« J'ai honte de l'indifférence occidentale face à la tragédie irakienne »


Le député chrétien-démocrate Jürgen Todenhöfer a rencontré en Irak des gens simples, victimes de la guerre et de l'occupation. Il a rapporté de son voyage un livre de témoignage et d'analyse qui donne à réfléchir sur notre perception de ce conflit, de cette population et de sa culture.

"Au cours des 25 dernières années, un certain nombre de pays ont particulièrement souffert de guerre et de privations. L'Irak en est un exemple. D'abord une guerre contre l'Iran – fomentée par les États-Unis – pendant presque toute la décennie quatre-vingt, qui coûta 8 millions de victimes aux deux pays, menant ces derniers au bord d'une catastrophe économique. Puis une autre guerre , menée avec une violence particulière ; une guerre qu'on aurait pu éviter par des négociations, comme on le sait aujourd'hui, mais que la coalition de guerre, menée par les États-Unis, voulait au début de 1991. Le résultat en fut non seulement des centaines de milliers de morts, la destruction d'une grande partie des infrastructures du pays, mais encore la contamination pour des années de cette région par des munitions à l'uranium. Cela fut suivi de 12 années de sanctions particulièrement rudes qui coûtèrent la vie à 1,5 million d'Irakiens. Enfin la résistance, qui dure depuis cinq ans, envers une agression et une occupation, menées par les États-Unis, au mépris du droit international, qui provoque, une fois de plus, des millions de victimes. Comment perçoit-on ces événements en Europe ? Par exemple, en tant qu'Allemand qui mène une vie plus ou moins bien réglée, qui ne doit pas craindre que chaque jour soit le dernier pour lui, sa famille, ses voisins ou ses amis. Comment prend-on conscience que cette puissance, dont il est prétendu, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, qu'elle serait l'allié le plus sûr et le meilleur ami, commette les pires crimes de guerre ? Et comment se fait-il que nous Européens, nous autres Allemands, laissions faire nos gouvernements, nos militaires, une partie de notre économie et de nos médias qui participent de près ou de loin à ces crimes ? La langue de bois en faveur de la propagande de guerre US n'est plus de mise".

Jürgen Todenhöfer, ancien politicien de la CDU (chrétiens-démocrates) et député du Land de Tübingen au Bundestag, actuellement vice-président du conseil d'administration de la maison d'édition Burda, vient de publier, dans la cinquième année de guerre en Irak, un livre (Warum tötest du Zaid ? 2008, ISBN 978-3-570-01022-8) qui se présente comme un contre-poids. Un livre rapportant des conversations avec la résistance irakienne dans la ville de Ramadi, à l'ouest de Bagdad, un livre relatant les rencontres sur le plan humain et révélant les motifs et les objectifs de la résistance.
Et il semble bien que ce soit là le premier livre, dans l'espace germanophone, qui ne manie pas la langue de bois dans le sens de la propagande de guerre, soit les questions de terrorisme et de guerres de religion, ou de la menace islamique qui justifieraient la présence de GI'S en Irak, mais qui donne la parole aux hommes et femmes qui résistent.
C'est ainsi qu'on obtient une vue différenciée qui montre que la résistance est l'affaire de l'ensemble du peuple irakien ; qui dément le préjugé selon lequel les Irakiens se combattraient mutuellement pour des raisons religieuses ; qui démontre que les actes de terreurs dirigés contre la population ne sont que rarement le fait des Irakiens eux-mêmes, mais en majorité de combattants étrangers, de milices gouvernementales, d'escadrons de la mort menés par les États-uniens, voire des troupes d'occupations elles-mêmes ; qui apporte la preuve qu'on ne peut envisager la paix tant que les troupes d'occupation séviront dans le pays et que ce ne serait possible qu'une fois celles-ci retirées ;
qui présente des hommes et des femmes qui n'ont plus d'autre solution que de résister à une troupe d'occupation barbare dans son comportement.
C'est pourquoi ce livre est davantage qu'un coup d'œil sur la résistance irakienne. C'est une fenêtre ouverte sur les agissements des troupes d'occupation. Enfin un auteur allemand de renom révèle ce que précédemment des auteurs étatsuniens tels que Evan Wright (Generation Kill. Das neue Gesicht des amerikanischen Kriege » 2005, ISBN 3-86150-725-0) ou Joshua Key (Ich bin ein Deserteur 2007, ISBN 978-936096-80-4) avaient osé écrire.
Les victimes irakiennes ont enfin la parole.
C'est un livre humain, laissant la parole aux victimes de ce pays
« Ne pouvez-vous pas faire comprendre à vos amis étatsuniens qu'ils doivent cesser de placer nos enfants devant l'alternative soit d'assister sans sourciller au massacre de leurs familles ou de se mettre eux-mêmes à tuer ? Ne pouvez-vous leur inculquer qu'il est temps de cesser cette guerre, qui cause, de façon insensée, des victimes parmi leurs soldats et nos propres fils ? Nous n'en pouvons plus. Ce seront bientôt toutes les femmes irakiennes qui auront à pleurer l'un des leurs. Qu'avons-nous fait aux États-uniens ? » C'est ce qu'entendit l'auteur de la part d'une mère.
A la fin de la première partie de son livre présentant ces entretiens, l'auteur exprime ses sentiments, tout comme s'il nous représentait nous tous, après avoir dialogué avec un jeune homme entré en résistance, alors qu'il avait perdu ses frères innocents par un commando de terreur des troupes d'occupation US : « Je n'oublierai jamais ce jeune homme quoiqu'il arrive ; jamais les larmes des gens que j'ai rencontrés à Ramadi. Une guerre maudite, reposant sur le mensonge et perdue – perdue pour tout le monde. Je suis écœuré de voir qu'en Occident on parle et rêve encore de ‹victoire› et j'ai honte de l'indifférence occidentale face à cette tragédie. Rarement j'ai eu un tel sentiment de honte comme à Ramadi » .
Quelques thèses concernant la relation entre le monde occidental et le monde de l'Islam
La deuxième partie du livre consiste en un « épilogue très personnel » qui dépasse toutefois largement une prise de position personnelle et rappelle à tout un chacun, en réflexion, combien il est erroné de considérer l'Islam comme agressif et menaçant pour le monde occidental. Bien au contraire : Jürgen Todenhöfer formule des thèses concernant la relation du monde occidental avec celui de l'Islam, qui jettent une autre lumière sur les conflits actuels. Par exemple :
« L'Occident est nettement plus violent que le monde de l'Islam. Depuis le début de la colonisation, plus de quatre millions de civils arabes ont été tués ».
Ou bien
« Du fait de la politique de guerre de l'Occident, il n'est pas étonnant d'observer que les extrémistes islamiques attirent toujours plus de monde ».
Ou bien
« Les terroristes camouflés en islamistes sont des assassins. Mais quant aux dirigeants de guerres d'agression en dépit du droit international camouflés en chrétiens, c'est pareil ».
Ou bien
« Les Musulmans furent et sont toujours, pour le moins, aussi tolérants que les Juifs et les chrétiens. Ils ont eu une grande influence sur la culture occidentale ».
Ou bien
« On trouve l'amour de Dieu et de son prochain non seulement dans la Bible, mais aussi dans le Coran, comme commandement central ».
Ou bien
« La politique de l'Occident par rapport au monde musulman se caractérise par une ignorance crasse des faits les plus simples ».
Ou bien
« La nécessité du moment s'appelle l'art de diriger l'État et non pas celui de mener des guerres, qu'il s'agisse de celle d'Iran, d'Irak ou du conflit en Palestine ».
Toutes ces thèses méritent d'être étudiées à fond et de provoquer des discussions larges – ce qui irait vraiment dans le sens de l'auteur.
Une bonne partie du livre est consacrée à de larges extraits de la Bible et du Coran. C'est une façon pour Jürgen Todenhöfer de réfuter la conception d'un inévitable « choc des civilisations » et du caractère irréconciliable du christianisme, du judaïsme et de l'Islam. Il se place ainsi dans la tradition du « Projet d'éthique planétaire », du théologien de Tübingen, Hans Küng. Il rappelle aussi que le monde des intellectuels avait accompli de plus grands progrès que l'idéologie néoconservatrice d'aujourd'hui, et bien plus loin que toute idéologie actuelle orientée vers le pouvoir et la violence qui l'accompagne. Il confirme aussi ce que 138 théologiens musulmans avaient écrit en octobre 2007 au pape Benoît XVI : « Le christianisme et l'Islam sont les deux plus grandes religions du monde, cela tout au long de l'histoire. Les chrétiens représentent un tiers de l'humanité, les musulmans un cinquième, ce qui fait 55% du total. La relation entre ces deux communautés religieuses prend donc une dimension particulière pour imposer la paix dans le monde. Si les chrétiens et les musulmans ne peuvent vivre en paix entre eux, alors il ne peut y avoir de paix dans le monde ».

combien de "11 septembre" en Irak par mois (morts)


Au nombre de morts, combien de "11 septembre" par mois en Irak ?

Par
Rue89.com

L’épidémiologue américain Les Roberts vient de publier une enquête sur la mortalité en Irak après l’invasion, dans le magazine médical britannique The Lancet, provoquant une grande controverse aux Etats-Unis. Rencontre avec celui qui estime à plus de 650 000 le nombre de morts depuis l’invasion de 2003. L’épidémiologue américain Les Roberts a mesuré la mort et la morbidité dans une douzaine de pays en tant qu’employé des Centers for Disease Control and Prevention à Atlanta (CDC), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’International Rescue Committee à New York.

Sa dernière enquête sur la mortalité en Irak, après l’invasion, récemment publiée dans le magazine médical britannique The Lancet, a provoqué une grande controverse aux Etats-Unis. Les auteurs ont estimé plus de 650 000 morts depuis l’invasion de 2003. Le Président Bush et les commentateurs conservateurs ont mis en cause ses résultats, les jugeant surélevés. Dans la communauté scientifique, les réactions sont mitigées. De nombreux experts soutiennent les méthodes employées par Dr Roberts et ses collègues pour estimer le nombre total des morts irakiens ; d’autres discréditent les résultats à cause de la taille de l’échantillon et de certains aspects méthodologiques du sondage.


Pourquoi essayer de chiffrer le nombre de morts ?


Cela nous aide à financer et à mettre en place des programmes humanitaires, mais aussi à évaluer les progrès. Par ailleurs, les estimations chiffrées aident à attirer l’attention sur des crises comme le Darfour et en Irak. Quand nous avons mesuré la mortalité au Congo (RDC), trois maladies (le paludisme, les diarrhées, et les infections respiratoires aiguës) y étaient responsable de la plupart des morts. Au Zimbabwe, la tuberculose et le VIH étaient les premières causes de mortalité. Ces profils différents de mortalité appellent des réponses complètement différentes de santé publique.


À quoi vous attendiez-vous en allant en Irak en 2004 ? Qu’y avez-vous trouvé ?


Dans chaque conflit que j’avais étudié jusqu’à présent (sept, je crois), à part la Bosnie, beaucoup plus de gens étaient morts des conséquences indirectes de la guerre que de la violence elle-même. Lors d’un conflit, les services publics cessent de fonctionner normalement : l’approvisionnement d’eau s’arrête, il se peut que les hôpitaux ferment, plus de femmes meurent en couches parce qu’elles n’arrivent pas à se rendre à l’hôpital à temps... Cela a toutes sortes d’effets nocifs sur la santé des habitants touchés par le conflit, soit à cause des dysfonctionnements de la société, soit à cause du stress de la vie quotidienne.

En Irak, nous nous attendions à trouver cette mortalité indirecte. Mais ce qui nous a surpris c’était que la plupart de l’accroissement du taux de décès était dû directement à la violence.


Vos résultats, y compris vos deux bilans sur la mortalité en Irak, sont basés sur des sondages auprès d’un échantillon de foyers -ce que l’on appelle en anglais, un "household cluster mortality survey"- et non pas un décompte du nombre de morts. Pourriez-vous expliquer cette méthodologie ?


Au lieu de choisir un échantillon de foyers répartis à travers le pays, vous choisissez un échantillon de villages ou de quartiers et beaucoup de foyers individuels dans ces quartiers, ce qui facilite grandement la logistique. Dans chaque foyer, vous demandez : "Qui habite ici ?" Nos questions en Irak étaient : "Qui a dormi sous votre toit pendant les soixante dernières nuits ?" puis "Qui dans la maison est né et qui est mort dans les derniers mois ?" A partir des réponses, vous calculez un taux de mortalité.

Qu’est-ce qui a changé en Irak depuis votre enquête de 2006 ?

La deuxième enquête était similaire dans sa conception et sa méthodologie, mais nous avons essayé de nous rendre dans cinquante endroits différents au lieu de trente-trois lors de la première enquête. Le taux de mortalité a beaucoup progressé. Nous estimons qu’il y a eu environ 650 000 morts "en excès", dont 90% étaient dues directement à la violence.


Le gouvernement irakien a mené une enquête similaire, publiée en janvier par le prestigieux magazine médical The New England Journal of Medicine. En quoi cette enquête diffère-t-elle de celle que vous avez publiée dans The Lancet en 2006 ?


Les conclusions générales de cette nouvelle enquête sont très similaires à celles de l’enquête du Lancet. Ils ont trouvé que la mortalité avait doublé dans les trois années suivant l’invasion américaine. Nous, nous avons conclu que la mortalité avait augmenté de 2,4 fois après l’invasion. Ils ont estimé un taux de mortalité avant-et-après qui était à peu près le même que celui de notre enquête. La grande différence entre les deux enquêtes, c’est leur estimation du pourcentage de ces décès supplémentaires dus directement à la violence. Pour notre enquête du Lancet, pratiquement toute la mortalité supplémentaire est attribuée à la violence. La nouvelle enquête du gouvernement irakien a trouvé que seulement un tiers de l’augmentation, soit un mort sur six, était dû à la violence. Cela ne correspond absolument pas aux données que nous avons recueillies à la morgue de Bagdad et sur les enterrements de Najaf. On peut imaginer que les civils irakiens n’admettent pas facilement aux employés du gouvernement menant l’enquête que les leurs sont morts de la violence.


En quoi le nombre de morts en Irak concerne-t-il les citoyens américains ?


D’abord, c’est très mauvais pour notre sécurité nationale d’entendre le Président déclarer, comme en décembre 2005, que plus ou moins 30 000 Irakiens sont morts depuis l’invasion, pour avoir ensuite le gouvernement irakien, partenaire des Etats-Unis, dire que ce chiffre est quatre fois trop bas. Cela creuse encore plus le fossé nous séparant des peuples du Proche-Orient. Deuxièmement, si notre commandant en chef ne sait pas, dans un facteur de 4 à 10, combien d’Irakiens sont morts, comment pouvons-nous dire si le "surge” (l’augmentation du nombre de troupes en 2007, ndlr) a marché ou pas ? Comment pouvons-nous évaluer les tendances dans ce cas ? Le troisième point, et le plus important, c’est que cette guerre était "pré-emptive". En tant que démocratie, comment pouvons-nous déterminer si les coûts ont surpassé les bénéfices si nous ne connaissons pas les vrais coûts ?


Comment faites-vous la différence entre votre rôle de scientifique et celui d’avocat d’une cause ?


En tant que scientifique, vous amassez des données et des preuves qui peuvent vous faire changer d’avis sur n’importe quel sujet. Les militants s’intéressent plus à l’action et aux preuves qui renforcent leur position. Moi, je suis avant tout un scientifique, même si tous les projets sur lesquels j’ai travaillé récemment sont fondamentalement politiques. Ce qui me fait avancer, ce sont les données, pas les jugements préconçus. La bonne réponse de santé publique à la violence est d’arrêter la violence, et ce processus est beaucoup plus clairement politique que la plupart des projets qu’entreprennent mes condisciples.


De tout ce que vous avez vu et vécu en Irak, quelle est l’expérience que vous aimeriez le plus faire partager et comprendre aux Américains ?


Quand j’étais en Irak en 2004, je demandais à toutes les personnes que je rencontrais : "Pourquoi pensez-vous que les Américains sont venus ?" Invariablement, leur première réponse était spontanément : "A cause du pétrole !" Peu importe si c’était vrai, ce qui compte, c’est que c’était leur perception des motivations américaines. Si nous pensons aux attaques du 11 Septembre et réalisons que l’Irak a une population à peu près équivalente à celle de la zone métropolitaine de New York, ce nouveau bilan du gouvernement irakien suggère que les Irakiens ont connu un nombre de morts violentes équivalant à deux attaques similaires au 11 Septembre par mois pendant les trois premières années de l’occupation. Ça, c’est d’après le gouvernement irakien. Quant à notre enquête, elle estime l’équivalent de six "11 Septembre" par mois ! In fine, peu importe que ces morts aient résulté directement de l’invasion américaine ou de conséquences indirectes imprévues. Ce qui est certain, c’est que des centaines de milliers d’Irakiens sont morts. Qui, parmi nos dirigeants, a exprimé du regret et du remord pour cela ? J’ai bien peur que notre orgueil à ce sujet nous aveugle et crée une perception dans le reste du monde à l’opposé de l’idée que nous nous faisons de nous-mêmes.

Propos recueillis par JUDITH WEINSTEIN